Politique extérieure française de 1814 à 1914

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Ayant perdu son premier espace colonial (bleu clair), la France va s'employer à se reconstruire, se rétablir sur la scène internationale, et se reconstituer un second espace colonial (bleu foncé)

La France, malgré une position de départ très délicate (1815), isolée, défaite, et montrée du doigt, a réussi (par un « marchandage » de ses choix diplomatiques) un notable retour sur la scène internationale (1818-1823). Et bien que les révolutions successives l'aient replacé dans des situations délicates (1830, 1848, 1852, 1870), elles permirent un renouveau des aspirations à la grandeur française, que les autres puissances européennes (Royaume-Uni exceptée) consentirent intelligemment à transformer en politique coloniale audacieuse.

Vue d'ensemble[modifier | modifier le code]

Restauration et Monarchie de Juillet[modifier | modifier le code]

La période des Restaurations propose d'abord une politique d'influence, puis d'expéditions, d'exploits brefs, dans le cadre strict du Congrès de Vienne (expédition d'Espagne, Grèce), davantage poussés par la nécessité -réfléchie- de se réaffirmer face à l'Europe, qu'a de réels objectifs nationaux dont elle n'a les moyens au vu de sa situation. L'opinion publique quoi qu'elle en dise, ne participe heureusement pas, et il paraît évident que la France ne pouvait agir librement en 1830.

Et même si déjà l'année 1830, par la campagne d'Algérie (Charles X) et la reconnaissance de la neutralité belge (Louis-Philippe) lui permet l'audace d'aller respectivement à l'encontre du Royaume-Uni colonial, et à l'encontre de l'Ordre de Vienne] cette audace se range du côté de la neutralité.

Premiers débuts, donc, d'une timide politique extérieure réellement française, les autres confrontations de l'époque se contentant prudemment de contenir les poussées concurrentes (Autriche en Italie, Britannique dans les crises des successions ibériques au Portugal puis en Espagne), réduite au silence ailleurs (Révolution polonaise de 1830 face à la Russie, Crise Égypte-turc (1830-1840)).

L'affaire Pritchard est révélatrice de la période : une France qui s'excuse lorsqu'elle s'impose (Tahiti).

Seconde République et Second Empire[modifier | modifier le code]

La révolution de 1848 et le Second Empire, bien que de nouveau surveillés (Royaume-Uni, Prusse, Autriche, Russie) proposeront davantage. Napoléon III affirme ainsi :

  • une volonté coloniale, qui froisse le Royaume-Uni ;
  • une défense des catholiques, dont les objectifs propagandistes (s'allier les catholiques français) qui satisfont à Rome, seront largement déçus au Mexique ;
  • une affirmation de l'aide aux Nations (Italie, prémices d'Allemagne), qu'elle tentera de monnayer par une politique des pourboires.

Cette dernière politique portera ses fruits en Italie, où la France intervient personnellement face à l'Autriche, mais pas en Allemagne, où, au contraire, son double jeu et son empressement (dépêche d'Ems) seront récompensés par la défaite de 1870.

Troisième République[modifier | modifier le code]

En 1871, la République proclamée, l'accumulation de maladresses françaises passées et en cours, l'accumulation de réussites bismarckiennes mènent à un isolement inquiétant de la France, qui s'emploie d'autant plus à étendre son empire colonial (par exemple en Indochine, au Maroc).

La France cherche aussi sortir de son isolement. Elle recherche l'alliance du Royaume-Uni et de la Russie, qui réalisent finalement que la menace n'est plus en la France, mais bien en l'hégémonie allemande. Alliances, donc, Triple-Alliance, Triple-Entente, alliances pour la paix, pour la conservation de l'équilibre, qui mèneront au déséquilibre de la Première Guerre mondiale.

L'influence française en Europe[modifier | modifier le code]

L'influence française en Europe est quasiment la seule à avoir vu sa crédibilité diminuer. L'Italie de Cavour, mais surtout l'Allemagne de Bismarck se sont constituées en nations désormais puissantes. La Russie a étendu son influence des portes de Constantinople à la Corée. L'Autriche, devenue Autriche-Hongrie en 1867, compense ses défaites par des victoires sur les Turcs, et reste donc un puissant empire. Le Royaume-Uni, lui, a su préserver l'unité de ses îles Britanniques au prix de quelques réformes. La France, défaite en 1870-1871 de l'Alsace-Moselle, ne compense que par l'acquisition « diplomatique » de la Savoie et de Nice.

L'empire colonial français[modifier | modifier le code]

L'Europe de Vienne encourage les ambitions coloniales de la France pour mieux l'éloigner de la scène européenne (Belgique, Suisse, Italie). Seul le Royaume-Uni, concurrent dans le domaine colonial, s'y opposera réellement, parfois violemment. C'est ainsi que la France se constitue un vaste empire colonial sur la terre africaine (AOF, AÉF), dans les îles du monde, puis en Indochine, points d'appui d'un empire commercial.

Bilan[modifier | modifier le code]

La France métropolitaine se retrouve donc diminuée relativement en 1815, mais face aux menaces de l'Europe sa diplomatie a su se faire un empire colonial, puis face à celle de l'Allemagne, elle sut se faire des alliés, se rapprochant du Royaume-Uni, position plus forte, donc, qu'au début du XIXe siècle. C'est donc bien par sa politique extérieure, sa diplomatie, un jeu de marchandage sur l'échiquier international, que la France s'est reconstruit une place éminente, devenant, avec le Royaume-Uni l'un des grands Empires coloniaux mondiaux. L'alliance France-Royaume-Uni est d'autant plus importante que leur maîtrise commune des mers et leur alliance avec l'Empire russe, vont leur permettre de prendre le dessus sur la Triplice d'Europe centrale également puissante, mais isolée, de 1914 à 1918.

Politique internationale française en 1815[modifier | modifier le code]

La France défaite et surveillée doit modérer ses actions, se faire docile et discrète, afin de diminuer le poids de la défaite et préparer à un futur retour parmi les grandes puissances européennes.

Un nouveau départ monarchique, une opinion agitée[modifier | modifier le code]

La monarchie française restaurée par les coalisés, par deux fois, consacrée et défendue par le congrès de Vienne permet d'oublier les erreurs de Napoléon et permet un renouveau de la France. La France est un pays vaincu, mais c'est un État monarchique rétabli. Sa diplomatie n'a plus la responsabilité des audaces napoléoniennes : elle est différenciée de la France révolutionnaire, elle est faite d'exilés revenant au pays, elle rassure. Mais elle est également responsable de la turbulente Nation française. Et le congrès de Vienne, s'il a bien pour but de rétablir le droit monarchique des Bourbons a surtout pour but de réprimer ce peuple trop turbulent. On se méfie de lui, on se méfie donc de la France, on la surveille, et on garde des alliances anti-françaises, même si l'opposition de plus en plus grande entre les partisans de l'équilibre européen (Autriche et Angleterre) et les États expansionnistes (Russie et Prusse) met la France représentée par Talleyrand en position d'arbitre. Le retour de Bonaparte va mettre fin à cette position avantageuse en fédérant tout le monde contre la France.

Aussi, la politique internationale de Louis XVIII (Talleyrand, Duc de Richelieu, Villèle, Montmorency, Chateaubriand, Decazes, Polignac) puis de Louis-Philippe Ier (Casimir Périer, Thiers, Guizot) et enfin Lamartine en 1848, restera prudente, tentant à peine quelques audaces.

Elle reste en effet soutenue par toute l'Europe royale, les dirigeants français demeurent redevables de l'étranger. L'épisode des Cent-Jours illustre bien la fragilité de leur position : ils doivent rester discrets sur le plan international, leur position est encore trop fragile, le mythe de l'Empire napoléonien demeure, et l'opposition n'est que somnolente (républicains, Gauche dynastique, nostalgiques de Bonaparte). Ils se contentent donc de stabiliser la position française, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur.

Ce nouveau départ va être l'occasion pour divers pays européens de tenter l'alliance française, fait qui accélèrera le retour de la France, et stratégie dont le tsar Alexandre Ier sera le champion : s'allier à cette France puissante mais docile. Ensuite seulement Charles X de France -plus absolutiste et voyant en la royauté un pouvoir se devant d'être fort- sera davantage tenté par la grandeur des actes et d'une conquête de l'Algérie.

Aspirations et Situation guidant sa diplomatie[modifier | modifier le code]

Ce qu'il faut en noter, tient en trois points :

– la France garde le souvenir de ses aptitudes passées : vastes colonies (1763), épopée de l'Empire (1792-1811) ;
– la France conserve des îles et comptoirs, ainsi qu'une marine commerciale notable, infrastructure permettant la mise en place d'un second espace colonial ;
– la France est surveillée et encerclée par la Sainte-Alliance.

Aussi, la politique internationale française subit donc la situation. La France est encerclée. Continentale par la Prusse, l'empire d'Autriche et la Russie - plus lointaine, mais dont le poids s'est agrandi -, et encerclement naval par l'Angleterre. Encerclement qui conseille aux dirigeants français de modérer leur ardeur. Mais la France subit aussi la poussée des aspirations populaires, défendues par la hardiesse bourgeoise et ses journaux, exaltant la gloire passée, proclamant à l'occasion que « La France doit se souvenir, que même étant seule, elle a tenu tête à l'Europe » (1840, crise d'Orient).

Il y a aussi l'agitation permanente, ici ou là, héritée de l'épopée révolutionnaire. L'Europe entière reste instable.

Surveillance rapprochée et isolement diplomatique[modifier | modifier le code]

Après la défaite de 1815 le second traité de Paris sanctionne le sursaut impérial des Cent-Jours de conditions à la sévérité accrue, notamment une occupation militaire de 150 000 hommes que la France doit entretenir à ses frais, ainsi qu'une forte indemnité de guerre.

La diplomatie française s'emploie donc à atténuer le poids de cette seconde défaite, mais doit également travailler à son retour parmi les puissances décidantes d'Europe. Elle se retrouve en effet comme mise au ban de l'Europe des puissants. Le , le pacte de Chaumont réunit à nouveau les Alliés victorieux afin de parer à une nouvelle révolution possible. Autriche, Prusse, Angleterre, Russie gardent un œil sur la nation française ainsi que sur ses affaires : les ambassadeurs étrangers ayant même un droit de regard sur les affaires de l'État.

Politique internationale française sous les Restaurations[modifier | modifier le code]

Récupérer son autonomie[modifier | modifier le code]

S’intégrer à la Sainte-Alliance (1815-1825)[modifier | modifier le code]

Après les longues guerres napoléoniennes, les monarchies européennes victorieuses aspirent à la paix. Le congrès de Vienne ayant redessiné la carte de l’Europe, le tsar Alexandre Ier – éduqué de l’expérience des Cent-Jours – propose la formation d’une Sainte-Alliance pour le maintien de la paix acquise. Signée à Vienne le par les royautés victorieuses de Napoléon (Russie, Autriche, Prusse). La Sainte-Alliance les unit -théoriquement- dans le cadre d’une Union chrétienne pacifique. Le Royaume-Uni rejoindra ce groupe de puissances axé sur la paix le , date de la création de la Quadruple Alliance, aux objectifs plus pragmatiques. La France de Louis XVIII y entrera en 1818 ; la Quintuple alliance est alors née.

Mais sous l’impulsion de Metternich (congrès de Troppau (1820), congrès de Laybach (1821)) et de son affirmation d’un « droit d’intervention » si la situation intérieure d’un État « menace la paix de ses voisins » ou plus exactement des monarchies, elle devient une alliance contre-révolutionnaire, réprimant les insurrections et aspirations nationales pour le maintien de l’ordre de Vienne (expédition d'Espagne, Italie, Pologne, etc.).

Récupérer son autonomie[modifier | modifier le code]

Dès les débuts de la Restauration, l’effort majeur du duc de Richelieu consiste donc à chercher à diminuer le poids de la défaite. La France, qui se relève rapidement, cherche donc à rassurer, à inspirer confiance aux alliés pour obtenir la libération du territoire, une diminution des indemnités de guerre, puis sortir de l’isolement diplomatique dans lequel elle est, surveillée de tous.

  • Retrait des forces d’occupation alliées :

Dès 1817, le duc de Richelieu obtient une réduction des forces d’occupation (−30 000), puis, grâce à une affinité du duc avec le Tsar Alexandre Ier, le congrès d'Aix-la-Chapelle, en 1818, anticipe le retrait des forces d’occupation et le retour « officiel » de la France dans le cercle des « Cinq Grands » : Autriche, Prusse, Russie, Royaume-Uni, et France (Quintuple alliance).

  • Indemnités de guerre : 700 millions de franc or.

Une politique d'influence[modifier | modifier le code]

Mais la France reste coincée entre aspiration et situation. Elle se contente donc dans un premier temps d'une simple influence, elle investit, à acquérir les faveurs de tel ou tel État, commence à se positionner sur le monde d'après Napoléon.

En Europe, sa diplomatie s'occupe de renforcer ses liens amicaux avec les autres monarchies, elle participe aux divers congrès, et y soutient la position diplomatique de certains pays, s'octroie, par une sorte de vassalité, les faveurs de telle ou telle monarchie (de la Sainte-Alliance ou autre : Royaume-Uni), faveurs dont elle tentera ensuite de tirer parti, mettant en avant les oppositions des alliés. Au-dehors, elle offre une aide technologique décisive à l'Égypte, joue de son influence culturelle (Brésil), conserve ses liens d'amitiés avec les États-Unis, etc.

Intervention en Europe : de la Sainte-Alliance à l'équilibre[modifier | modifier le code]

Son autonomie quasi récupérée, la France de Chateaubriand peut -et doit- retourner sur le terrain international pour y refaire sa réputation, et récupérer lentement son rang.

Missionné par la Sainte-Alliance[modifier | modifier le code]

La France de Chateaubriand, voit en la crise espagnole l'occasion désireuse de faire ses preuves et d'effacer le passé révolutionnaire, de s'affirmer comme gardienne de l'Ordre de Vienne. Grâce au soutien russe, elle passe la crainte britannique, et endosse le rôle de gendarme de la Saint-Alliance.

Cette intervention sera donc un test pour la fidélité de l'État français à la Sainte-Alliance, et pour la fidélité de son armée.

L’expédition, de 100 000 hommes, est malgré les craintes, un succès. L’ordre est rétabli.

L’Espagne monarchique en restera redevable. En Europe, la crédibilité de la France, de son armée est en partie restaurée.

C’est le début -docile- du retour de la France dans les affaires européennes.

Dans l’ordre opposé, la révolution grecque qui sera soutenue par une opinion publique et une Russie favorables (et Chateaubriand), la France ne bouge pas (Villèle). Prusse et Autriche, partisans de la stabilité y seraient plutôt opposés, et la France ne peut pas se poser en « protectrice des Révolutions ».

Les Russes souhaitant intervenir, et les Britanniques, voulant limiter l’influence russe, une Expédition navale de démonstration est lancée en 1827, à laquelle Russes, Français et Britanniques participent (traité de Londres (1827)). Et lorsqu’il s'agit de lancer une expédition terrestre : la France se propose, est missionnée, et confirme l’indépendance de la Grèce sur laquelle elle garde une certaine influence.

Modération de 1830[modifier | modifier le code]

Lors de la chute de Charles X, le choix de Louis-Philippe Ier, et non pas celui de La Fayette est argumenté ainsi, dans l’affiche de Thiers-Mignet :

« La république nous exposerait à d’affreuses divisions, elle nous brouillerait avec l’Europe. Le duc d’Orléans est un prince dévoué à la cause de la révolution. »
Thiers, organisateur de la solution orléaniste en 1830.

C’est un compromis entre aspirations et situations, guidé par la menace des nations extérieures. La monarchie de Juillet tend à affirmer qu’il n’y a que des changements intérieurs, et que la politique extérieure, elle, demeurera pacifique.

Elle rassure donc l’Europe par la concession d'« une Belgique indépendante, et à neutralité perpétuelle ». Louis-Philippe Ier et Talleyrand offrant ainsi un gage de bonne foi à l’Europe, et l’indépendance de la Belgique arrange finalement tout le monde, puisque Royaume-Uni, France, et Prusse divisent en deux l’ex-Royaume des Pays-Bas, et s’assurent au passage de la libre circulation sur l’Escaut. La question polonaise, elle, est tout simplement abandonnée à la Russie.

Endiguement et concessions[modifier | modifier le code]

Après 1830, la France commence à s’affirmer. Elle rétablit la neutralité belge face à son invasion par les Pays-Bas, puis elle s’oppose à l’Autrichienne, qui occupe Bologne par une occupation d’Ancône. Les deux pays doivent se retirer simultanément en 1838 : la France a repoussé l’hégémonie autrichienne sur l’Italie à naître.

La France tente aussi des solutions d’équilibre. Lors des deux crises de succession parallèles d'Espagne et du Portugal, la France et le Royaume-Uni confirmeront leur candidat respectif : Royaume-Uni sur le Portugal, France sur l’Espagne.

Mais on doit aussi signaler le silence français, face au mouvement anti-britannique Canadiens et Irlandais qui aspire à l'indépendance. Alors que la même situation, aux États-Unis (1776), avait permis à la France d’affaiblir le Royaume-Uni, la France, cette fois, même avec la question du Canada québécois, n’intervient pas. La France fait un geste envers le Royaume-Uni, dont les affinités de régimes la pose comme allié possible et nécessaire.

Base du 2e espace colonial, et reste du Monde[modifier | modifier le code]

Engrenages méditerranéens[modifier | modifier le code]

Motivée par la volonté de distraire l’attention d’une opinion publique agitée, encouragée par la Russie et l’absence d’opinion Autrichienne et Prusse, la France de Charles X et Polignac peut surmonter l’opposition britannique, et se lance dans la campagne d’Algérie en 1830. D’abord jugée comme risquée, la campagne est finalement rapidement victorieuse. Alger est prise, et des alliances locales assurent ensuite plus ou moins la paix.

D’abord destiné à un simple protectorat, divers accrochages avec les forces locales mènent la France vers une réelle colonisation qui ne verra que peu d’opposition.

Au contraire de ce succès, la montée de l’influence française dans l’Empire ottoman par le biais de l’Égypte qu'elle modernise soulève l’opposition commune du Royaume-Uni, de l’Autriche, la Prusse et la Russie. C’est la crise d’Orient de 1840. Thiers et l’opinion française ne veulent pas céder, mais c’est une reculade, Guizot remplace Thiers, la France doit abandonner son alliée égyptienne.

Ensuite, de retour en Algérie, l’extension du conflit aux portes du Maroc (1844) enclenche l’opposition du Royaume-Uni, Louis-Philippe – pacifiste – cède ici encore, mais l’audace d’un général français lui fera attaquer le Maroc, gagner, et repartir. On peut également signaler que l’affinité entre Tunisie et France (1846) inquiète encore le Royaume-Uni, qui y voit une menace sur sa maîtrise de la Méditerranée.

Ces affaires en restent là, mais certaines audaces françaises commencent à marquer les esprits.

Reste du monde[modifier | modifier le code]

Dans le reste du monde, la France se contente d’abord de peu, zone dont l’importance première est le commerce : elle se contentera de défendre ses intérêts.

En Amérique du Sud qui aspire à l’indépendance, elle hésite entre action, et inaction. Entre la voix de la Sainte-Alliance, ou la voix britannique, et opte pour la position de l’inaction britannique, rapprochement qui est tout simplement dans son intérêt local.

En Chine, elle profite de la première guerre de l'Opium et de la victoire britannique pour négocier au passage un comptoir, et l’ouverture du marché chinois.

Moins décidée aux Philippines, où elle s’était implantée, elle doit ici abandonner un comptoir pour rassurer et apaiser la couronne espagnole.

En Nouvelle-Zélande, qu’elle avait prévu de faire sienne, elle se fait devancer par le Royaume-Uni de quelques semaines, et se rabat sur Tahiti, y évinçant ici des missionnaires britanniques, qui s’y étaient déjà installés. L’affaire aurait pu s’arrêter là : Tahiti pour la Nouvelle-Zélande.

Mais cette affaire devient l'affaire Pritchard (1843), et Guizot, représentant la France doit s’excuser d’avoir « volé » les missionnaires, et l’Assemblée française leur vote une indemnité.

Politique internationale française sous le Second Empire[modifier | modifier le code]

D'abord sous une surveillance rapprochée à la sortie du congrès de Vienne de 1815, la France des Restaurations a réussi un notable retour « aux mêmes droits » diplomatiques que l'Empire d'Autriche ou le Royaume-Uni. La France est à nouveau tolérée, mais les Révolutions de 1848 viennent agiter l'Europe, et la nouvelle Seconde République, puis le Second Empire ne sont pas pour rassurer l'Europe des États conservateurs. Le Second Empire y parvient pourtant. Se rapprochant du Royaume-Uni, s'opposant à la lointaine Russie dans la guerre de Crimée, Napoléon III redore le blason de la France et permet l'impérialisme français. Mais son intervention pro-italienne, pour le « principe des nationalités », contre l'Empire autrichien, puis la maladresse et la malchance de l'expédition du Mexique pendant la guerre de Sécession, l'isolent diplomatiquement. L'unité de l'Allemagne devant se faire, Bismarck suscite un ennemi commun : la France, que la Dépêche d'Ems suffira à armer. La guerre de 1870 détruira l'Empire et fera naître l'hégémonie continentale allemande.

Napoléon III voulait un renouveau du prestige diplomatique français, couplé à une relance économique afin que le peuple le suive, tout comme il suivait son oncle.

L’affirmation française : 1848-1856[modifier | modifier le code]

La guerre de Crimée va permettre à Napoléon de jeter les bases de sa politique extérieure et de restituer la France sur la scène européenne. L'Empire ottoman subit la pression de l'Empire russe. Paris et Londres ont tout intérêt à conserver cet État déclinant, et à empêcher les Russes d'accéder à la Méditerranée, monopole maritime du Royaume-Uni. Pour les Français et les Britanniques, soutenir la renaissance culturelle roumaine (comme ils l'avaient fait auparavant pour la renaissance culturelle grecque) et se poser en protecteurs des peuples chrétiens des Balkans, c'est jouer l'équilibre entre Russes et Ottomans et se créer des « états clients » à proximité immédiate des détroits du Bosphore et des Dardanelles. Ainsi, lorsque la guerre éclate entre la Russie et l’Empire Ottoman le , la France et le Royaume-Uni, voulant préserver un équilibre dont ils seraient les arbitres, s'allient aux Turcs et déclarent la guerre aux Russes le .

L’expédition franco-britannique détruit la flotte russe basée à Sébastopol. La France et le Royaume-Uni prennent l'avantage. Malgré les importants moyens mis en œuvre, la forteresse de Malakoff ne tombe qu'après un long siège et d'importantes pertes dues aux maladies. La forteresse russe prise, la Russie capitule dans la foulée. C'est une guerre très coûteuse : 95 000 morts (dont 75 000 de maladie) côté français, plus de 110 000 Russes et autant voire plus côté turc.

Le s’ouvre le congrès de Paris qui réunit, outre le quatuor Russie-France-Ottomans-Royaume-Uni, la Prusse et l’Empire autrichien, invités par Napoléon III. Présidé par Walewski, ministre des Affaires étrangères français, le congrès de Paris est un grand succès diplomatique pour la France : l’empire napoléonien se replace aux côtés des grands royaumes européens. Mieux encore, le congrès de Vienne de 1815 s’efface des esprits. Même si ce congrès de 1856 n’apporte rien de concret pour Paris, la France remporte sa première vraie victoire et récupère une place de prestige au côté des Britanniques, avec qui Napoléon III s’est rapproché sans se mettre mal avec les Autrichiens ou Prussiens. Dans la foulée, en 1859, et au nom du droit des peuples qu’invoque Napoléon III, un nouvel État sous influence française apparaît aux bouches du Danube, entre Russes et Turcs : la Roumanie, née de la fusion des deux principautés danubiennes. La France occupe alors la position de quasi-arbitre des affaires européennes et cela durant une dizaine d’années ; c’est l’apogée de l’Empire.

L’apogée de l’empire : 1859-1866[modifier | modifier le code]

Napoléon III profite de l’élan de l’Empire pour poursuivre ses rêves de grandeur. La période qui suit est une période d’industrialisation et de prospérité pour la France, dont la vitalité économique est symbolisée par une augmentation importante de ses investissements à l'étranger.

Napoléon III encourage une politique d’expansion et d’intervention outre-mer, autant par souci de prestige, que dans le but de se concilier les puissants catholiques qui lui reprochent d’abandonner les missionnaires. Il renforce donc la présence française au Sénégal grâce au colonel Faidherbe, gouverneur de 1854 à 1865. La construction du poste de Médine en 1865 assure alors le contrôle de toute la vallée du fleuve Sénégal.

Il s'intéresse de plus en plus à l’Algérie, hésitant toujours entre la laisser seule se gouverner sous domination française ou la gérer pleinement, comme un département.

En Extrême-Orient, les premières expéditions d’envergure sont lancées, notamment en Cochinchine (Campagne de Cochinchine) et en Chine (seconde guerre de l'opium).

Face à la guerre américaine de Sécession (1861-1865), la France reste neutre, mais Napoléon III est tenté de reconnaître la Confédération sudiste. Ses ministres des Affaires étrangères parviennent à l’en dissuader.

Toujours au nom du droit des peuples, Napoléon III veut s’engager militairement aux côtés du Piémont-Sardaigne pour construire une Italie unie, contre l’Autriche qui domine l’Italie morcelée. Mais les militaires français refusent régulièrement une guerre ouverte, trop risquée, et d’un autre côté, l’unification italienne menace également les intérêts du pape catholique, tandis que les banquiers craignent les coûts et répercussions économiques possibles d’une telle guerre. Étrangement, l’attentat manqué d’Orsini convainc l’Empereur de la marche à suivre. Il contacte secrètement Cavour, ministre piémontais, et ensemble ils conviennent de projeter une Italie libre et unie, présidée par le pape.

Soucieux de ne pas s’engager sans précautions dans un conflit direct contre l’Autriche, Napoléon III s’assure de la neutralité de la Russie et de la passivité britannique. L’ultimatum adressé par l’Autriche au Piémont quant au désarmement de ses troupes fournit une occasion rêvée de déclarer la guerre. Après de durs mais victorieux combats (Magenta-Solférino en mai et juin 1859), Napoléon III décide de stopper les combats en raison des pertes françaises importantes, et de la mobilisation de la Prusse le . François-Joseph d’Autriche et Napoléon III se rencontrent à Villafranca pour régler l’affaire italienne. L’Autriche cède la Lombardie mais garde la Vénétie.

Exceptés la Vénétie et les États pontificaux, c’est toute l’Italie qui acclame son nouveau roi : Victor-Emmanuel II. Cavour, insatisfait, se sentant trahi par la modération franco-piémontaise, démissionne. Il active néanmoins les foyers révolutionnaires italiens par l’entremise de Garibaldi. Napoléon III a gagné des batailles, mais a ruiné sa diplomatie. L’Autriche et la Prusse lui sont clairement hostiles, le clergé français également. L’Italie lui est redevable, mais reste faible. L’Autriche perd également beaucoup : elle n’a pas su défendre ses possessions et est de plus en plus concurrencée par la Prusse, devenue la grande puissance de la Confédération germanique.

Cherchant à apaiser le mécontentement des milieux catholiques français à la suite de la campagne d’Italie, l’Empereur initie l’intervention en Syrie après le massacre en 1860 de populations chrétiennes par les musulmans, sans que le Sultan ottoman Abdülmecid Ier réagisse.

Le temps des échecs 1866-1871[modifier | modifier le code]

Afin de protéger les intérêts français au Mexique, Napoléon III s’allie le avec le Royaume-Uni et l’Espagne pour lancer une expédition militaire au Mexique. Il profite de la guerre civile qui divise les États-Unis.

Les troupes coalisées débarquent, mais Britanniques et Espagnols se retirent rapidement du conflit : elles n’y ont pas grand intérêt et laissent la France assumer seule les conséquences de ses initiatives. Pourtant, Puebla est prise () puis Mexico (). Alors que la victoire est acquise, Napoléon III rêve d’intervenir en Amérique du Nord en parrainant une grande alliance entre le Mexique et la Confédération sudiste. Mais la victoire de Gettysburg remet en cause ce dessein. En dépit du droit des peuples cette fois, le Mexique, foncièrement républicain, est transformé en une monarchie dont la couronne est intelligemment proposée à Maximilien de Habsbourg, frère de François-Joseph Ier d'Autriche, afin de resserrer l’alliance franco-autrichienne. Maximilien l’accepte et entre le dans Mexico.

Mais la résistance républicaine mexicaine, menée par Benito Juárez, oppose une résistance qui persiste. Pire, la fin de la guerre de Sécession américaine permet aux États-Unis de revenir à la doctrine Monroe et d’exiger le départ des troupes françaises. Napoléon III ne peut qu’accepter et l’annonce le . Seul, sans soutien véritable, Maximilien est fait prisonnier par les républicains puis exécuté le . Les ambitions napoléoniennes se sont brisées sur la résistance mexicaine et sur la puissance montante des États-Unis. La France ne récupérera jamais son influence en Amérique du Nord.

En Europe, Napoléon III espère récolter les fruits de son attitude conciliante vis-à-vis de la Prusse pendant la guerre austro-prussienne. Lors de l’entrevue de Biarritz (1865), le chancelier Bismarck lui avait bien laissé entendre qu’à défaut de « compensations » sur la rive gauche du Rhin, la Prusse garderait la neutralité en cas d’occupation française de la Belgique et du Luxembourg. L’annexion du Grand-duché, en particulier, paraît d’autant plus accessible que le roi des Pays-Bas, nécessiteux, se déclare ouvert à une compensation financière. Mais le retors chancelier prussien divulgue au moment opportun la teneur de ces pourparlers secrets, déchaînant une réaction indignée de l’opinion publique des états allemands : la crise luxembourgeoise tourne au fiasco pour le souverain français.

Plus important, l’affaire espagnole va discrètement amorcer la chute de l’Empire. En 1868, Isabelle, reine d'Espagne, abandonne le pouvoir, et Guillaume Ier de Prusse propose comme successeur Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, un Hohenzollern proche des prussiens. La France abandonnerait alors son influence et se verrait encerclée de pro-prussiens. Toute la diplomatie française s'active donc à faire échouer cette candidature et semble y parvenir : la proposition de Léopold de Hohenzollern est oralement abandonnée. Mais Bismarck a d'autres plans et s'emploie à « exciter le taureau gaulois ». C’est la fameuse dépêche d'Ems : une lettre habilement reformulée par Bismarck qui provoque la colère parisienne. Les journaux français sont scandalisés, la population demande à Émile Ollivier de punir la Prusse, personne n’écoute Thiers qui appelle au calme au vu de l'isolement français. Le 19 juillet, sous la pression populaire, c'est la France qui déclare la guerre à la Prusse. Mal préparée face à une Prusse efficace et militairement modernisée, la France perd à Wissembourg le , à Forbach le , et s'incline décisivement à la bataille de Sedan du  : Napoléon III, prisonnier, doit capituler. À Paris, il est remplacé par le gouvernement de la Défense nationale (4 septembre), mais Paris est encerclé le , et le gouvernement mène désormais la résistance depuis Tours.

Le Guillaume Ier est proclamé Empereur d'Allemagne dans la galerie des Glaces à Versailles, gravant l'identité nationale allemande face à la France. Le 28 février, des préliminaires de paix sont signés entre Bismarck et Jules Favre, l'Alsace-Moselle est cédée à perpétuité, sauf Belfort et une indemnité de six milliards de francs-or est demandée. Les négociations de paix sont définitivement ratifiées le .

Le Second Empire français est définitivement abandonné tandis que l'hégémonie allemande est maintenant indéniable.

Politique internationale française sous la Troisième République[modifier | modifier le code]

La défaite française de 1871 entraîne en France la chute du Second Empire et l'instauration d'une république s'affirmant conservatrice par la semaine sanglante et désireuse de restaurer une monarchie Bourbon en accord avec l'ordre des monarchies européennes de l'époque. Les monarchistes remplissent l'assemblée, désireux de se détacher des années passées : ils s’empressent de conclure l'humiliante, mais nécessaire paix de Francfort pour se consacrer pleinement à l'effort d'une restauration stable. L'hésitation monarchique accapara toutes les énergies, et lorsque les Lois constitutionnelles de 1875 affirment finalement la Troisième République, la France peut de nouveau se consacrer à sa diplomatie : le partage du monde, qui reste encore en grande partie à coloniser ; et faire renaître son influence sur le territoire européen. La France veut prendre sa revanche sur l'Allemagne, devenue l'hégémonique second Reich bismarckien.

La France et le monde[modifier | modifier le code]

Concernant le monde hors-Europe, l'expansion mondiale se fait d'abord contre le Royaume-Uni, de 1870 à 1904. La France cherche à agrandir sa puissance par un « arrière pays colonial ». Mais cette quête de puissance a également pour but de se renforcer pour pouvoir rivaliser avec l'écrasant Reich allemand. L'alliance britannique sera donc cultivée de 1904 à 1914, mettant en lumière la rivalité franco-allemande.

L'Afrique devient le principal lieu d'action des volontés coloniales françaises. Alors que les influences britannique et française s'affrontent pour le contrôle de la Tunisie, le ministère Ferry (1880-1881 et 1883-1885) parvient à imposer le traité du Bardo (1881) et la convention de La Marsa (1883). La Tunisie, surendettée envers la France, accepte l'établissement d'un protectorat. L'Italie, second investisseur en Tunisie, tente de s'opposer, mais sans succès.

En Afrique occidentale, l'exploration-conquête part du Sénégal et traverse l'Afrique vers l'est, vers la Guinée, la Côte d'Ivoire, jusqu'au Soudan, où l'escarmouche de Fachoda stoppe l'avancée française au profit de l'avancée britannique qui, partie du Nil, traverse l'Afrique jusqu'à l'Afrique du Sud. La tension franco-britannique, déjà vive sur la question de l’Égypte où les Britanniques revendiquaient la possession pleine du canal de Suez et où ils s’installèrent militairement, faillit dégénérer en guerre ouverte à la suite de cet incident de Fachoda (1898). Mais la France, isolée diplomatiquement, ne peut s'opposer à ce point aux vues britanniques, et recule.

Plus au sud, l'Afrique équatoriale est explorée par Brazza entre 1875 et 1884. Il prend possession de la rive ouest du fleuve Congo mais, là encore, le Royaume-Uni, le Portugal et surtout la Belgique tentent d'y défendre leurs intérêts. La Conférence de Berlin (1884-1885), créant « l’État indépendant du Congo », donnera raison à Léopold II de Belgique qui en reçoit la responsabilité. Portugais et Britanniques sont parvenus à amoindrir les ambitions françaises. L'île de Madagascar est tout de même prise sous protectorat français (1885). Une guérilla locale apparaît bientôt, mais s'épuise en deux ans. Madagascar est annexée en 1896.

Forte de cette expansion et des pacifications imposées, la France proclame la fédération d'Afrique-Occidentale française en 1895, celle d'Afrique du Nord en 1900 et celle d’Afrique-Équatoriale française en 1910. Les colonies françaises d'Afrique sont créées.

En Asie, la pénétration continue dans la péninsule indochinoise. Le Tonkin attire toute l’attention et cela malgré les échecs répétés (expédition Garnier en 1873, expédition Rivière en 1883). En 1885, Ferry, que l’on surnomme « le Tonkinois », signe le traité de Tien-Tsin reconnaissant le protectorat de la France sur l’Annam et le Tonkin. En 1887 est formée l’Union indochinoise, complété par le protectorat sur le Laos en 1895.

La poursuite d’intérêts communs entre Britanniques et Français, notamment en Asie, va permettre un rapprochement des deux pays dès 1904 et ouvrir une nouvelle ère dans l’expansionnisme français, celui-ci se heurtant à la Weltpolitik allemande.

La question marocaine va contribuer à accentuer les relations déjà tendues entre la France et l'Allemagne. La France cherchait alors à réaliser l’unité de ses territoires d’Afrique du Nord et avait signé un traité avec l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie, reconnaissant des droits français au Maroc ; mais les industriels allemands et les partisans d’une politique à l’échelle mondiale avaient porté leur attention sur ce même Maroc, riche en perspectives minières.

La conférence d'Algésiras (1906) reconnaît la libre ouverture commerciale du Maroc aux Allemands. Les incidents sont nombreux entre les deux pays jusqu'à la crise d'Agadir en 1911, crise qui se dénoue cependant grâce à un accord commun, la France cédant des territoires à l'Allemagne en AEF contre la liberté d’action au Maroc. Cela permet à la France de signer avec le sultan le traité de Fez, établissant le protectorat en 1912.

La France en Europe[modifier | modifier le code]

La défaite française de 1871 a donné à la Prusse - devenue l'Empire allemand - un prestige qui, couplé à sa puissance industrielle, va faire d’elle l’arbitre européen, tandis que le Royaume-Uni reste confiné dans son isolement européen et son expansion mondiale.

À l'issue de la guerre, La France, avec une majorité conservatrice à l’Assemblée et Thiers à la tête du gouvernement, a pour l’instant une vocation pacifique. Mais dès juillet 1872, le vote de la loi militaire et la chute du gouvernement Thiers le inquiétèrent assez Bismarck pour que celui-ci réunisse à Berlin l'empereur Alexandre II de Russie et l’empereur François-Joseph d'Autriche. Entre 1878 et 1890, Bismarck parvient à nouer autour de l’Allemagne tout un réseau d’alliances qui semblent lui donner toutes les garanties contre une volonté de revanche française. Dès 1879, la France voit se liguer contre elle une « Duplice » entre Allemands et Autrichiens, rejoints en 1882 par l’Italie, formant alors la « Triplice ». La crise atteint son paroxysme lors de l’année 1887 lorsque, en plus de la Triplice, Bismarck s’assure de la neutralité russe en cas de conflit et de l’amitié britannique.

Cependant petit à petit, dès 1890, la France rompt son isolement. D’abord avec la Russie, après de longues négociations et un important appui. Le , l'empereur de Russie ratifiait la Convention militaire de 1892 et en faisait une véritable alliance franco-russe. Et même si elle est d'abord quelque peu fragile, c’est la première qu’obtient la France depuis 1871 avec une puissance de premier plan. Des visites bilatérales de chefs d’État (visites de Nicolas II en 1896, 1901 et 1909, et des présidents français) et un soutien matériel à l'armée russe vont s'établir à un rythme régulier, jusqu'à la chute de l'Empire russe.

Avec l’Italie, plusieurs obstacles empêchaient une possible alliance. Mais la chute de Crispi, premier ministre et chef de la gauche nationaliste puis le règlement du contentieux franco-tunisien en septembre 1906 ouvrirent la porte aux négociations. La visite de Victor-Emmanuel à Paris en 1903 et celle d’Émile Loubet à Rome l’année suivante traduisirent ce rapprochement, même s’il faut le nuancer car l’Italie renouvela son adhésion à la Triplice jusqu'à la guerre.

L’amitié britannique fut beaucoup plus difficile à obtenir, essentiellement à cause de la rivalité coloniale. Mais la mort de la reine Victoria en 1901 et la montée sur le trône d’Édouard VII du Royaume-Uni - francophone et francophile - permirent une réconciliation. Les différents voyages de celui-ci à Paris et de Loubet à Londres permirent d’établir un accord le . Ce n’était ni un traité d’alliance ni un accord militaire, mais il prévoyait seulement le règlement du contentieux colonial entre les deux pays.

Dès lors, la position de la France dans l’Europe a bien changé, elle possède des alliés et des amis, et c’est maintenant l’Allemagne qui parle d’encerclement. La seconde conférence d’Algésiras en 1906, à la suite d'une nouvelle crise marocaine entre France et Allemagne démontrait l’isolement diplomatique de celle-ci, seulement soutenue par le fidèle « second » autrichien, face à une France forte appuyée par la Russie, le Royaume-Uni, l’Italie et l’Espagne. Cependant la rivalité britanno-russe rendait le système un peu bancal et poussait la Russie vers l'Empire Allemand. Mais le traité de 1907 régla les derniers différends et on put alors véritablement parler de Triple-Entente entre le Royaume-Uni, la France et la Russie. Face à eux, l’Allemagne consolidait ses rapports avec l’empire austro-hongrois. Chacun des deux blocs cherchait à stabiliser ses positions en prévision d’une guerre que tous attendaient et redoutaient à la fois.

Liste des « Affaires »[modifier | modifier le code]

1814-1848[modifier | modifier le code]

1848-1870[modifier | modifier le code]

À compléter...

1870-1914[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Outils de travail[modifier | modifier le code]

  • Atlas : Georges Duby, Atlas historique, Ville, Édition, Année.
  • Atlas : LEBRUN F. (direction de), Atlas historique, Paris, Hachette Éducation, 1re édition 2000.
  • Chronologie : DELORME J., coll. « Que sais-je ? », no 1192 : Les Grandes Dates du XIXe siècle, Paris, PUF*, 1re édition 1985, 9e 1998.

Ouvrages généraux, manuels fondamentaux[modifier | modifier le code]

  • FRÉMY M. et D., Quid 2002, Paris, Robert Laffont, 2001.
  • BARJOT D., CHALINE J-P., ENCREVÉ A., La France au XIXe siècle 1814-1914, Paris, PUF (Presses universitaires de France), 1re édition 1995, 5e 2002.
  • coll. « Que sais-je ? », Paris, PUF (Presses universitaires de France), éditions diverses :
    • Jean-Pierre Chaline, coll. « Que sais-je ? », n'1214 : La Restauration, Paris, PUF, 1re édition 1998.
    • ROBERT H., coll. « Que sais-je ? », n'1002 : La Monarchie de Juillet, Paris, PUF, 1re édition 1994, 2e 2000.
    • VIGIER P., coll. « Que sais-je ? », n'295 : La Seconde République, Paris, PUF, 1re édition 1967, 8e 2001.
    • ENCREVÉ A., coll. « Que sais-je ? », n'739 : Le Second Empire, Paris, PUF, 1re édition 2004.
    • BOUJOU P.M. et DUBOIS H., coll. « Que sais-je ? », no 520 : La Troisième République, Paris, PUF, 1re édition 1952, 14e 2000.

Ouvrages spécialisés[modifier | modifier le code]

  • C. Anbrosi, Apogée de l'Europe, Armand Collin, 1976, 6e ed. 1996.
  • Louis Dollot, coll. « Que sais-je ? », no 307 : Histoire diplomatique (1814-1914), Paris, PUF, édition 1948.
  • Stella Ghervas, Réinventer la tradition. Alexandre Stourdza et l'Europe de la Sainte-Alliance, Paris, Honoré Champion, 2008. (ISBN 978-2-7453-1669-1)
  • S.Sainlaude, Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession, 2011
  • S.Sainlaude, La France et la Confédération sudiste, 2011
  • Jules Hansen, L'Alliance franco-russe, Flammarion, 1897
  • C. Liauzu, Colonisation : droit d'inventaire, coll. « Les Enjeux de l'histoire », Armand Collin, 2004.