Hervé Bazin

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Hervé Bazin
Hervé Bazin à Cunault en 1993.
Fonction
Président ou présidente
Académie Goncourt
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
AngersVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière de Cunault (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Jean-Pierre Hervé-Bazin
Surnom
Hervé Bazin
Pseudonymes
Hervé Bazin, Jean MarbolivienVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Formation
Activité
Père
Jacques Hervé-Bazin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Odile Hervé-Bazin (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Marie Bazin (grand-mère paternelle)
René Bazin (grand-oncle)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Genre artistique
Distinctions
Œuvres principales
Vue de la sépulture.
L'Emeronce au bord de la Loire.
Entrée de la demeure de l'Emeronce.

Hervé Bazin, de son nom de naissance Jean-Pierre Hervé-Bazin, né le à Angers, commune où il est mort le [1], est un écrivain et romancier français.

Biographie

Hervé Bazin est né au sein d'une famille aisée. Son père, Jacques Hervé-Bazin (1882-1944), est docteur en droit, avocat de profession, et enseigne durant plusieurs années à l'université catholique d'Hanoï, en Indochine. Sa mère, Paule Guilloteaux (1890-1960), est la fille de Jean Guilloteaux (1865-1949), député puis sénateur du Morbihan. Sa grand-mère paternelle, Marie Bazin (1850-1919), auteur de plusieurs romans sous le pseudonyme de Jacques Bret, est la sœur du romancier et académicien René Bazin (1853-1932)[2].

Il passe son enfance à Marans, dans la propriété Le Patys, où il s'oppose à sa mère qui était une femme autoritaire et sèche. Il fugue plusieurs fois pendant son adolescence et refuse de passer les examens à la faculté catholique de droit d'Angers qu'on lui a imposée et, l'année de ses vingt ans, il rompt avec sa famille, et part étudier à la faculté de lettres de la Sorbonne (il emprunte la voiture de son père, a un accident, dont il sort amnésique, ce qui le condamne à une longue hospitalisation). Malgré les souvenirs douloureux de son enfance, il reste toute sa vie très attaché à sa région natale où il situe bon nombre de ses romans.

En parallèle de ses études, il exerce de nombreux petits métiers et écrit de la poésie, durant une quinzaine d'années, sans éclats. En 1946, il crée la revue poétique La Coquille (huit volumes seulement). En 1947, il obtient le prix Apollinaire pour Jour, son premier recueil de poèmes, qui sera suivi d'À la poursuite d'Iris en 1948.

Sur le conseil de Paul Valéry, il se détourne alors de la poésie pour se consacrer à la prose.

Les rapports conflictuels qu'il a eus avec sa mère pendant son enfance lui inspirent le roman Vipère au poing en 1948. Y est narrée la relation de haine entre Folcoche (contraction de « folle » et « cochonne »), mère sèche et cruelle constamment à la recherche de nouveaux moyens de brimade (par exemple, l'histoire de la fourchette) et ses enfants. Le narrateur est Jean Rezeau, surnommé Brasse-Bouillon. Maurice Nadeau apprécie ces « Atrides en gilet de flanelle », selon l'expression d'Hervé Bazin. Ce roman connaît un immense succès après-guerre et est suivi de nombreux autres qui décrivent, avec un certain naturalisme et un art du portrait psychologique, les mœurs de son époque. Plus tard, d'autres romans (La Mort du petit cheval et Cri de la chouette) auront comme héros les personnages déjà présents dans Vipère au poing.

En 1949, il s'engage dans le Mouvement de la paix, un mouvement d'extrême gauche proche du Parti communiste qu'il rejoint pour s'opposer à sa famille qui appartient à la droite bourgeoise et conservatrice.

En 1950, il participe, avec d’autres écrivains comme Marcelle Auclair, Jacques Audiberti, Émile Danoën, Maurice Druon et André Maurois, au numéro de la revue La Nouvelle équipe française de Lucie Faure, intitulé « L’Amour est à réinventer ».

En 1954, il veut témoigner, à la suite de son expérience personnelle, de l'état déplorable des établissements psychiatriques (qui pour lui n'avaient pas changé depuis ses démêlés familiaux de 1940), et entreprend un tour de France de ces hôpitaux (entre autres l'hospice Pasteur à Poitiers), accompagné du photographe Jean-Philippe Charbonnier, enquête qui sera publiée dans la revue Réalités de janvier 1955.

En 1957, il obtient le grand prix de littérature de Monaco.

De 1959 à 1960, Hervé Bazin réside à Anetz dans la maison de l'Emeronce avec une vue imprenable sur la Loire et la rive opposée située en Anjou. C'est en ce lieu qu'il écrira son roman Au nom du fils.

Il est élu membre de l'Académie Goncourt en 1960, au couvert de Francis Carco. Il en deviendra président en 1973 et contribuera au développement du prix Goncourt des lycéens.

En 1970, il publie Les Bienheureux de La Désolation, récit racontant l'histoire vraie des 264 habitants de l'Île Tristan da Cunha, nommée aussi « île de la Désolation », rapatriés en Angleterre à la suite de l'éruption du volcan en 1961. Le roman relate le choc des cultures qui attendait les habitants de Tristan à leur arrivée en Angleterre.

De 1984 à 1992, Hervé Bazin vit à Mont-Saint-Aignan. Il passe les dernières années de sa vie à Cunault sur les bords de la Loire. Il meurt le à Angers. Conformément à son souhait, il est incinéré et ses cendres sont dispersées dans la Maine. Toutefois, une pierre tombale à son nom est visible au cimetière de Cunault.

Hervé Bazin est considéré comme « un romancier de la famille », thème central de tous ses romans. Sa vision de la famille traditionnelle y est toutefois très négative et destructrice, conformément à ses idées personnelles. Il a écrit également des nouvelles et des essais, comme Ce que je crois en 1977.

Politiquement, Hervé Bazin a appartenu au Mouvement de la Paix, en relation avec le Parti communiste dont il était proche. Il a d'ailleurs soutenu en France les époux Rosenberg durant leur procès. Il obtint le prix Lénine pour la paix en 1980, ce qui fit dire plaisamment à Roger Peyrefitte : « Hervé Bazin avait deux prix qui faisaient pendant : le prix Lénine de la Paix et le prix de l'humour noir[3] ». En 1985, il signe avec Albert Jacquard, Suzanne Prou, et Léon Schwartzenberg un article affirmant que « l'arme nucléaire est une arme de suicide autant qu'une arme de menace[4]. »

Unions et enfants

Jean-Pierre Hervé-Bazin se marie en premières noces à Paris (5e arrondissement) le 3 février 1934 avec Odette Danigo (1914 - 2003), dont il divorce en 1948. De cette première union est issu :

  • Jacques (1934-1976)

Il épouse en secondes noces à Paris (11e arrondissement) le 30 avril 1948, Jacqueline Dussollier (1920-2007), dont il divorce en 1967. De ce second mariage sont issus :

  • Jean-Paul (né en 1948)
  • Maryvonne (née en 1950)
  • Catherine (née en 1953)
  • Dominique (né en 1957)

Il épouse en troisièmes noces à Paris (13e arrondissement) le 9 mai 1967, Monique Serre (née en 1933), dont il divorce en 1987. De cette troisième union est issu :

  • Claude (né en 1970)

Il épouse en quatrièmes noces à Barneville-sur-Seine (Eure) le 8 août 1987 (il a 76 ans), Odile L'Hermitte (1950-2017) de trente-neuf ans sa cadette. De cette quatrième union est issu :

  • Nicolas (né en 1986, dans la soixante-quinzième année d'Hervé Bazin)[5].

Manuscrits

En 1995, lors d'un déménagement, Hervé Bazin avait déposé ses manuscrits et sa correspondance aux archives municipales de la ville de Nancy, déjà en possession du fonds des frères Goncourt, originaires de la ville. Après sa mort, à la suite d'un imbroglio juridique, cinq de ses premiers enfants ont obtenu, contre l'avis de sa dernière épouse et de son dernier fils, la vente de ce fonds à l'hôtel Drouot, le 29 octobre 2004. La bibliothèque universitaire d'Angers parvint à préempter la quasi-totalité de ce patrimoine, soit 22 manuscrits et près de 9 000 lettres : seuls manquent celui de Vipère au poing, vendu par l'auteur dans les années 1960, et celui des Bienheureux de la désolation, recueilli par son fils Dominique le jour de la vente.

Citations

Sur les autres projets Wikimedia :

  • « Écrire est un aveu doublé d’un camouflage. » - Abécédaire (1984)
  • « Quand la loi redevient celle de la jungle, c'est un honneur que d'être déclaré hors-la-loi. »Un feu dévore un autre feu (1978)
  • « Il est significatif que le statut de la femme demeure à peu près inchangé là où les religions sont encore très puissantes. Partout ailleurs, il est remis en question. »Ce que je crois (1977)
  • « Mais plutôt que d'enseignement, c'est d'éducation que manque aujourd'hui la jeunesse. »Ce que je crois (1977)
  • « Je suis, je vis ; j'attaque, je détruis ; je pense donc je contredis. » - Vipère au poing (1948)
  • « J'entre à peine dans la vie et, grâce à toi, je ne crois plus à rien, ni à personne. » - Vipère au poing (1948)
  • « Merci, ma mère ! Je suis celui qui marche, une vipère au poing. » - Vipère au poing (1948)
  • « Familles, je vous hais ! disait Gide (qui pourtant en fit une). Disons plus simplement, à deux lettres près : Familles, je vous ai. »Ce que je crois (1977)

Œuvres

  • Jour, poèmes, 1947
  • À la poursuite d'Iris, poèmes, 1948
  • Vipère au poing, roman autobiographique, 1948
  • La Tête contre les murs, roman écrit d'août 1948 à février 1949, publié en 1949
  • La Mort du petit cheval, roman autobiographique, suite de Vipère au poing publié en 1948, écrit de décembre 1949 à août 1950, publié en 1950
  • Le bureau des mariages, nouvelles, 1951
  • Lève-toi et marche, roman, écrit en 1951, publié en 1952
  • Humeurs, poèmes, 1953
  • Contre vents et marées, roman, 1953
  • L'Huile sur le feu, roman, écrit d'oct. 1953 à février 1954, publié en 1954
  • Qui j'ose aimer, roman, écrit de novembre 1955 à oct. 1956, publié en 1956, puis en 1966 avec illustrations originales de Viko (Éditions Rombaldi)
  • La Fin des asiles, essai/enquête, 1959
  • Au nom du fils, roman, écrit d'avril 1959 à septembre 1960, publié en 1960
  • Chapeau bas, nouvelles, 1963 : Chapeau bas, Bouc émissaire, La hotte, M. le conseiller du cœur, Souvenirs d'un amnésique, Mansarde à louer, La Clope
  • Plumons l'oiseau, essai, 1966
  • Le Matrimoine, roman écrit en 1966, publié en 1967
  • Les Bienheureux de La Désolation, récit / enquête, 1970, sur l'évacuation des habitants de l'île de Tristan da Cunha suivant une éruption volcanique en 1961, leur malaise au sein de la société de consommation britannique où l'on tentait de les intégrer, puis leur volonté inébranlable de retourner vivre sur leur île, l'un des lieux les plus durs de la planète.
  • Cri de la chouette, roman autobiographique (suite de Vipère au poing et de La Mort du petit cheval), écrit en 1971, publié en 1972, adapté à la télévision en 1986 sous le titre Le Cri de la chouette
  • Madame Ex, roman, écrit en 1974, publié en 1975
  • Traits, 1976
  • Ce que je crois, 1977
  • Un feu dévore un autre feu, 1978
  • L'Église verte, roman, 1981
  • Qui est le prince ?, 1981
  • Abécédaire, 1984
  • Le Démon de minuit, 1988
  • L'École des pères, roman, 1991
  • Le Grand Méchant Doux, 1992
  • Œuvre poétique, 1992
  • Le Neuvième jour, 1994

Décorations

Notes et références

  1. Archives du Maine-et-Loire, commune d'Angers, 1er arrondissement, acte de naissance no 396, année 1911 (avec mention marginale de décès)
  2. Il est donc cousin par alliance de Paul Claudel, celui-ci ayant épousé la fille d'une cousine germaine du père d'Hervé Bazin.
  3. Roger Peyrefitte, L'illustre écrivain : roman, Paris, A. Michel, , 434 p. (ISBN 978-2-2260-1482-5, OCLC 252393996), p. 126.
  4. Hervé Bazin, Albert Jacquard, Suzanne Prou et Léon Schwartzenberg, « Vers le suicide collectif ? », Le Monde,‎
  5. Généalogie et descendance d'Hervé-Bazin publiée dans "A la découverte de leurs racines" de Joseph Valynseele et Denis Grando, éditions L'intermédiaire des chercheurs et curieux, 1988, page 118.
  6. Décret du 31 décembre 1994 portant élévation à la dignité de grand'croix et de grand officier

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes