Guillaume Ier (empereur allemand)

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Guillaume Ier
(de) Wilhelm I
Illustration.
Guillaume Ier.
Titre
Empereur allemand

(17 ans, 1 mois et 20 jours)
Couronnement 1871, en la galerie des glaces du château de Versailles
Chancelier Otto von Bismarck
Prédécesseur Création du titre
Successeur Frédéric III
Roi de Prusse

(27 ans, 2 mois et 7 jours)
Prédécesseur Frédéric-Guillaume IV
Successeur Frédéric III
Président de la Confédération de l'Allemagne du Nord

(3 ans, 8 mois et 20 jours)
Chancelier Otto von Bismarck
Prédécesseur Poste créé
Successeur Poste supprimé
Biographie
Dynastie Hohenzollern
Nom de naissance Wilhelm Friedrich Ludwig von Hohenzollern
Date de naissance
Lieu de naissance Berlin (Prusse)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès Berlin (Empire allemand)
Père Frédéric-Guillaume III de Prusse
Mère Louise de Mecklembourg-Strelitz
Conjoint Augusta de Saxe-Weimar-Eisenach
Enfants Frédéric III Couronne rouge
Louise de Prusse
Résidence Château de Berlin

Signature de Guillaume Ier(de) Wilhelm I

Guillaume Ier (empereur allemand) Guillaume Ier (empereur allemand)
Rois de Prusse
Empereurs allemands

Guillaume Frédéric Louis de Hohenzollern, roi de Prusse (1861-1888), puis empereur allemand (1871-1888) sous le nom de Guillaume Ier (en allemand : Wilhelm I. ou Wilhelm Friedrich Ludwig von Preußen), né le à Berlin et mort le dans la même ville, est le septième roi de Prusse de 1861 à 1888, et le premier empereur allemand de 1871 à 1888.

Sa famille

Guillaume est le fils cadet de Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse, et de Louise de Mecklembourg-Strelitz, morte prématurément en 1810.

N'ayant pu épouser comme il le souhaitait Élisa Radziwiłł, une princesse de haute noblesse mais non de sang royal, il épouse le Marie-Louise-Auguste-Catherine de Saxe-Weimar-Eisenach (1811-1890), fille cadette du grand-duc Frédéric-Charles de Saxe-Weimar-Eisenach (1783-1853), et de Maria Pavlovna de Russie (1786-1859), tout en confiant à sa sœur la tsarine Alexandra Feodorovna — épouse du tsar Nicolas Ier de Russie et tante par alliance d'Augusta —, qui a favorisé son mariage, que son épouse le « laisse froid ».

La princesse est une femme de devoir. Cultivée, libérale, francophile et dotée d'un caractère fort, elle s'entend mal avec son mari, militariste et conservateur.

De cette union sont issus :

De la naissance à la révolution de mars

Comme le veut la tradition princière de la maison de Hohenzollern, le prince Guillaume est destiné à une carrière militaire. Fortement marqué par la défaite de Iéna en 1806, il prend part dès son adolescence aux campagnes contre Napoléon Ier en 1814 et en 1815.

La Prusse fait partie des vainqueurs et, au congrès de Vienne, augmente considérablement son territoire. Elle a désormais une frontière commune avec la France et avec la Russie.

L'union du prince n'est guère harmonieuse. La princesse Augusta est une femme intelligente, francophile, libérale, qui affirme sans détour des opinions totalement opposées à celles de son mari. Le couple n'aura que deux enfants en 9 ans. Un fils, destiné à succéder à son oncle, le Kronprinz Frédéric-Guillaume, en 1831 et une fille, la princesse Victoria, en 1838.

En 1840, à l'avènement de son frère Frédéric-Guillaume IV, Guillaume est nommé gouverneur de Poméranie. Il reçoit le commandement de plusieurs régiments en Prusse et à l'étranger.

Fier de son sang et ouvertement conservateur, il est le plus fort soutien de la répression par les armes du mouvement révolutionnaire de 1848. Il est la cible des libéraux qui le surnomment le « Prince la mitraille ». Son palais est incendié le et, le , il s'exile quelque temps en Angleterre, tandis que son épouse et ses enfants restent à Potsdam. L'année suivante, il écrase les révolutionnaires du grand-duché de Bade.

Gouverneur de Rhénanie

Coblence

En 1850, Guillaume est nommé par son frère gouverneur de Rhénanie, ce qui le protège de la rancœur des Berlinois. Il s'installe avec sa fille au confluent du Rhin et de la Moselle, à Coblence, dans l'ancienne résidence des archevêques-électeurs de Trèves.

En 1854, il est également nommé Generaloberst de l'armée prussienne et gouverneur de la forteresse fédérale de Mayence.

En 1856, il marie sa fille Louise au grand-duc de Bade Frédéric Ier, tandis que son fils Frédéric-Guillaume se réjouit à l'idée de conclure un mariage d'inclination avec la princesse Victoria du Royaume-Uni, fille aînée de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni et du prince consort Albert de Saxe-Cobourg et Gotha. C'est une alliance brillante pour les Hohenzollern, mais aussi la première fois qu'un futur souverain prussien épouse une princesse qui n'est pas de culture allemande.

Malgré les objections du gouvernement prussien, la reine Victoria impose ses volontés, et le mariage a lieu à Londres. Le couple a rapidement un fils – le futur Guillaume II – en 1859.

Un an auparavant, le roi Frédéric-Guillaume IV montrant des signes de déficience mentale et n'ayant pas d'enfant de son mariage avec la princesse Élisabeth de Bavière, Guillaume est nommé régent.

Frédéric-Guillaume IV meurt le sans avoir recouvré la santé. Guillaume lui succède ; il a soixante-trois ans.

Régent puis roi de Prusse

Le comte de Bismarck en 1860.

En 1858, la Prusse connaît un tournant libéral, les partis progressistes remportent plusieurs succès électoraux (1858, 1861). La question militaire va cependant opposer le roi au Parlement. Bloqué par le Landtag, qui refuse de voter les crédits militaires dans la mesure souhaitée par le roi et son ministre de la guerre Albrecht von Roon, Guillaume songe à abdiquer en faveur de son fils, le Kronprinz Frédéric-Guillaume, connu pour ses opinions libérales.

Le prince est l'époux de la princesse Victoria du Royaume-Uni, fille de la reine Victoria Ire du Royaume-Uni et du prince consort Albert. Intelligente et cultivée, la Kronprinzessin incite son mari à accepter le pouvoir. Elle y voit l'occasion de construire une Allemagne libérale sous l'égide de la Prusse, mais le Kronprinz, moins politique que son épouse, s'en tient à son devoir d'officier et refuse la couronne que lui propose son père.

Il reste à Guillaume Ier une dernière carte à jouer. Il appelle au pouvoir l'ultra-conservateur Otto von Bismarck, dont il craignait jusqu'alors les idées d'alliance avec la France et le caractère trop affirmé. Dès lors, son gouvernement évolue vers l'absolutisme. Bismarck, ministre-président de Prusse en 1862, veut résoudre les problèmes politiques par « le fer et le sang ». Il compte diriger la politique étrangère de la Prusse au service exclusif de la raison d'État prussienne. Pour cela, Bismarck va s'employer à dominer par tout moyen le roi : en l'isolant de sa famille — notamment du Kronprinz — et de ses autres conseillers, en corrompant la presse, en lui faisant des scènes, du chantage à la démission, etc. Le chancelier sera servi par ses succès.

Vers l'empire : le fer et le sang

L'Allemagne après le traité de Prague (1866) : la Prusse (en bleu-nuit) unifie son territoire en annexant divers États (en bleu-ciel), et préside la confédération d'Allemagne du Nord, les États du Sud (en rose) deviennent indépendants mais doivent se lier par des traités à la confédération, l'Autriche (en rouge) est totalement exclue de l'Allemagne.
La bataille de Saint-Privat () par Alphonse de Neuville.

En 1864, Bismarck entraîne l'Autriche dans une guerre victorieuse contre le Danemark (guerre des Duchés) et donne à la Prusse les duchés de Holstein et de Saxe-Lauenbourg.

Deux ans plus tard, Bismarck tend un piège à l'empereur d'Autriche François-Joseph en poussant celui-ci à déclarer la guerre à Guillaume Ier. Le roi de Prusse est maître de la Confédération allemande après la victoire de Sadowa sur les Autrichiens le . Lors des pourparlers de paix, si Bismarck, préparant l'avenir et contre les désirs de son souverain, ménage l'Autriche, il unifie et agrandit le royaume en annexant au profit de la Prusse le duché de Schleswig, le royaume de Hanovre, l'électorat de Hesse, le duché de Nassau et la ville libre de Francfort. Le grand-duché de Hesse-Darmstadt ne doit sa survie qu'à l'entremise du tsar Alexandre II, beau-frère du grand-duc.

Photographie de Guillaume Ier vers 1884.

La Prusse est désormais un Etat qui s'étend de la Moselle à la Baltique sur la quasi-totalité du nord de la Confédération germanique, laquelle est dissoute au profit d'une « confédération de l'Allemagne du Nord », créée pour l'occasion sous la présidence de la Prusse. Des traités secrets d'assistance et de défense mutuelles sont imposés aux souverains des États d'Allemagne du Sud, grand-duché de Hesse-Darmstadt, grand-duché de Bade, royaume de Wurtemberg et royaume de Bavière. L'Autriche est exclue du système allemand.

En 1870, c'est l'empereur des Français qui tombe dans le piège bismarckien. La dépêche d'Ems est le prétexte qui pousse Napoléon III à déclarer la guerre à la Prusse le 19 juillet. Celle-ci en appelle à ses « alliés » du Sud de l'Allemagne, grand-duché de Bade, royaume de Wurtemberg et royaume de Bavière, qui ne peuvent que répondre favorablement, tandis que la France est isolée. Après un début prometteur les armées françaises doivent reculer, la victoire de Saint-Privat (18 août) permet l'encerclement de Metz, la plus importante place forte d'Europe où est réduite à l'impuissance la majeure partie de l'armée française. Napoléon III est fait prisonnier à Sedan (2 septembre), son empire s'effondre, la République est proclamée tandis la moitié nord du pays est occupée et que Paris est assiégée.

La victoire de la Prusse est totale : le , Guillaume Ier est proclamé « empereur allemand » dans le cadre prestigieux de la galerie des Glaces du château de Versailles. Le traité de Francfort ampute la France des territoires dont la population est germanophone, et de Metz (francophone) et sa région, la plus importante place forte d'Europe, qui formeront une « terre d'Empire ». La France occupée doit payer une énorme indemnité.

Empereur allemand

Élévation, le , du roi Guillaume Ier de Prusse à l'empire au palais de Versailles, par Anton von Werner (1885). Guillaume Ier est entouré de son fils à sa droite et de son gendre le grand-duc de Bade à sa gauche. Au pied du trône, en uniforme blanc, se tient le chancelier Bismarck.
Guillaume Ier en 1887, à quatre-vingt-dix ans.
L'Empire allemand en 1871. En bleu, la Prusse, après les acquisitions de 1866.
L'empereur et ses successeurs : le Kronprinz, le futur Guillaume II et son arrière-petit-fils (1882).

Le , Guillaume Ier est proclamé « empereur allemand » dans la galerie des Glaces du château de Versailles[1].

Le titre de Deutscher Kaiser (« empereur allemand ») a été choisi après mûres réflexions de la part de Guillaume et de Bismarck ; « empereur d'Allemagne » eût été malvenu aux yeux des autres monarques fédérés. La formulation « empereur des Allemands » est rejetée par Guillaume Ier car elle fait écho à la révolution de 1848, et que le nouvel empereur ne veut pas de ce titre aux relents démocratiques, puisqu'il se considère souverain « par la grâce de Dieu ».

Guillaume Ier n'accepte son titre qu'avec réticence, la direction d'une Allemagne unie allant à l'encontre de son conservatisme, et l'unité de la nation faisant figure d'idéal libéral et progressiste. Bismarck saura habilement surmonter cette objection en faisant adresser à Guillaume une demande officielle des princes et rois du nouveau Reich d'accepter ce titre. Pour l'anecdote, c'est le frère du romantique roi Louis II de Bavière, Othon de Bavière, qui lui remettra la demande, rédigée par Bismarck, en échange d'une rétribution secrète de 100 000 thalers annuels.

La réticence de Guillaume s'explique aussi par sa crainte d'apparaître comme le « liquidateur » d'une Prusse absorbée, voire dissoute, dans le Reich, bien que la Constitution du Reich institue en fait un système fédéral où l'identité des États est préservée. Il attachera toujours autant d'importance à son titre de roi de Prusse qu'à celui d'empereur. Là aussi, Bismarck saura lever cette hypothèque, en réservant à la Prusse un statut dominant dans le système fédéral.

Guillaume Ier devient donc le chef, primus inter pares, d'un Reich allemand qui s'étend de la Lorraine à la Lituanie, et fédère les royaumes de Bavière, de Wurtemberg et de Saxe, les grand-duchés de Bade et de Hesse, sans oublier les villes libres de Hambourg, Lübeck et Brême, et la « terre d'Empire » d'Alsace-Lorraine. Lors de son discours d'ouverture au Reichstag, il fait allusion aux négociations avec la France pour avancer le paiement de l'indemnité de guerre et libérer le territoire français, ce qui fait monter la Bourse[2].

Tentatives d'assassinat

Durant son règne, Guillaume Ier échappe à plusieurs attentats perpétrés par des anarchistes qui le considèrent comme un tyran :

  • le , Max Hödel, un plombier de 21 ans, tire deux coups de revolver sans l'atteindre. Le jeune homme est condamné à mort et décapité.
  • le 2 juin de la même année, il est blessé par un coup de feu tiré par Karl Nobiling ; un philosophe de 30 ans qui tente en vain de se suicider et mourra en prison.
  • en 1885, la pluie fait avorter un attentat à l'explosif organisé par August Reinsdorf, un anarchiste de 36 ans considéré comme le père de l'anarchie allemande.

Ces attentats confortent le pouvoir personnel de Bismarck, qui s'en sert comme prétexte pour cerner les oppositions et rendre populaire ses législations sociales et anti-socialistes.

L'année des trois empereurs : 1888

Guillaume Ier s'éteint dans sa quatre-vingt-onzième année en . Son fils lui succède sous le nom de Frédéric III. Atteint d'une maladie incurable, il meurt trois mois plus tard au grand dam des libéraux du monde entier.

Le troisième empereur allemand de la maison de Hohenzollern, fils aîné de Frédéric III, parvient au trône à l'âge de vingt-neuf ans sous le nom de Guillaume II. Désirant gouverner seul, il renvoie le vieux prince de Bismarck.

Généalogie

Guillaume Ier de Prusse appartient à la première branche de la maison de Hohenzollern. Cette lignée donna des électeurs, des rois, des empereurs à la Prusse et l'Allemagne. Guillaume Ier de Prusse est l'ascendant de l'actuel chef de la maison impériale d'Allemagne, le prince Georges-Frédéric de Prusse.

Ascendance

Mémoriaux

Annexes

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Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

  1. Léon Strauss, « Guillaume Ier (1797-1888) », sur Encyclopædia Universalis.fr (consulté le ).
  2. Alfred Colling, La Prodigieuse histoire de la Bourse, Paris, Société d'éditions économiques et financières, , p. 290.