Congrès de Marseille (2023)

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Congrès de Marseille
Image illustrative de l’article Congrès de Marseille (2023)
Logo du 80e Congrès du Parti socialiste
Date 27 au
Lieu Marseille

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Olivier Faure, Premier secrétaire sortant et reconduit.

Premier secrétaire élu Olivier Faure
Vote sur les motions
Élection du premier secrétaire

Le congrès de Marseille est le 80e congrès ordinaire du Parti socialiste, réuni au Centre des congrès du Palais du Pharo à Marseille du 27 au 29 janvier 2023.

Modalités[modifier | modifier le code]

Conformément au texte du Parti socialiste, un congrès devant avoir lieu dans les six mois suivant une élection présidentielle[1]. Le retard de la tenue de ce congrès est dû aux redoutables dissentions internes encore exacerbées par la défection de figures politiques importantes et le cuisant recul des voix obtenues lors de l'élection présidentielle de 2022.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le congrès de Marseille fait suite à l'élection présidentielle de 2022, où le Parti socialiste subit une défaite historique : sa candidate Anne Hidalgo, maire de Paris, réalise le plus faible score de toute son histoire avec 1,74 % des suffrages, arrivant en 10e position sur les 12 candidats présents.

En vue des élections législatives de 2022, le Parti Socialiste engage des pourparlers avec la France insoumise pour établir un accord avec les autres partis de gauche, dont le Parti communiste français et Europe Écologie les Verts. Après plusieurs jours de négociations, un accord est finalement trouvé le 4 mai puis validé par le conseil national du PS deux jours plus tard[2]. Un candidat de gauche unique est ainsi présent dans chaque circonscription avec une répartition basée sur les derniers résultats électoraux de chaque parti, avec une priorité donnée aux députés sortants. Le PS obtient 70 circonscriptions et en remporte une trentaine, lui permettant de sauver son groupe parlementaire[3].

Des tensions apparaissent néanmoins rapidement dès l'engagement des discussions avec le parti de Jean-Luc Mélenchon : de nombreux cadres historiques, les « éléphants », sont farouchement hostiles à toute alliance avec la France Insoumise, notamment Anne Hidalgo, Stéphane Le Foll et Carole Delga[4]. Certains annoncent, à la suite de l’approbation de l'accord, leur départ du parti comme l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve[5].

Malgré le succès relatif de la NUPES aux législatives, Olivier Faure est fortement contesté en interne[6], certains élus souhaitant une sortie immédiate de la NUPES, y voyant une soumission à Jean-Luc Mélenchon[7], tandis que d'autres sont plus mesurés[8]. Le secrétaire sortant, qui joue son élection à un troisième mandat, veut lui poursuivre l'union de la gauche[9].

Le 6 janvier 2023, le PS confirme que le corps électoral est d'environ 41 000 votants, soit quasiment le double que lors du précédent congrès à Villeurbanne.

Trois motions sont alors en lice, représentant chacune l'une des trois tendances du Parti socialiste vis à vis de la NUPES : favorable, réservée et hostile. De nombreux observateurs affirment que le résultat du congrès déterminera l'avenir de l'union de la gauche[10],[11].

Organisation du congrès[modifier | modifier le code]

Lieu de réunion[modifier | modifier le code]

Le lieu de réunion choisi est le Centre des congrès du Palais du Pharo à Marseille, principale ville française du littoral méditerranéen de Provence (Sud-Est de la France), chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône et préfecture de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est la première fois depuis 1937 et le 34e congrès national de la SFIO que les Socialistes organisent leur congrès dans cette ville.

Calendrier du congrès[modifier | modifier le code]

  •  : Conseil national de dépôt des contributions générales ;
  •  : Conseil national de synthèse - Dépôt des textes d’orientation ;
  •  : Vote sur les textes d’orientation ;
  • , et  : Congrès fédéraux ;
  •  : Vote sur la Première ou le Premier secrétaire ;
  • , et  : 80e congrès du Parti socialiste à Marseille ;
  • du au  : Vote des Premiers secrétaires fédéraux et des secrétaires de sections.

Un débat télévisé est organisé le sur France Info entre les trois candidats au poste de Premier secrétaire[12].

Contributions[modifier | modifier le code]

Contributions générales[modifier | modifier le code]

Plusieurs contributions générales, ayant pour but de présenter et faire s'exprimer les différents courants du Parti, ont été déposées[13] :

Contributions thématiques[modifier | modifier le code]

Un grand nombre de contributions thématiques a été déposé sur l'art, l'Union européenne, la démocratie interne du Parti[14]...

Textes d'orientation[modifier | modifier le code]

Textes d'orientation déposées[modifier | modifier le code]

Vote sur les textes d'orientations[modifier | modifier le code]

Conditions de vote et corps électoral[modifier | modifier le code]

Le Parti socialiste est parmi les derniers partis politiques français à proposer un vote uniquement physique, sauf pour les Socialistes de l'étranger, qui votent sur une plateforme internet dédiée. Les adhérents à jour de cotisation doivent se déplacer dans leur section ou leur fédération départementale pour voter, à bulletin secret, de 17h à 22h. Il a été décidé de rendre possible le fait de se mettre à jour de cotisation le jour du vote et ainsi permettre aux adhérents ou ex-adhérents ayant cotisé en 2019 pour la dernière fois de voter au congrès (en rattrapant donc leurs cotisations de 2020, 2021 et 2022).

Résultats[17]
Textes d'orientation Titre Premier signataire Résultat
Voix %
2 Pour Gagner ! Olivier Faure 11 277 49,15 %
3 Refondations Nicolas Mayer-Rossignol 7 001 30,51 %
1 Refonder - Rassembler - Gouverner Hélène Geoffroy 4 666 20,34 %
 
Inscrits 42 365 100,00
Votants 23 185 54,76
Abstentions 19 180 45,24
Suffrages exprimés 22 944 99,41
Blancs ou nuls 241 0,59

Élection du premier secrétaire[modifier | modifier le code]

Candidats[modifier | modifier le code]

Nom et âge Fonctions et notes
Olivier Faure Olivier Faure
(54 ans)
Nicolas Mayer-Rossignol Nicolas Mayer-Rossignol
(45 ans)

Vote[modifier | modifier le code]

Les premiers signataires des deux motions ayant récolté le plus de voix peuvent se présenter à l'élection du Premier secrétaire du Parti socialiste. Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol s'affrontent ainsi le 19 janvier. Le vote se déroule selon les mêmes dispositions que pour le vote sur les motions, en présentiel, à bulletin secret, dans les sections ou les fédérations départementales de 17h à 22h.

Résultats et contestations[modifier | modifier le code]

Durant le dépouillement la nuit qui suit le vote, les deux candidats revendiquent la victoire[18], une situation qui n'est pas sans rappeler le congrès de Reims en 2008 qui avait vu la victoire de justesse de Martine Aubry sur Ségolène Royal sur fond d'accusations d'irrégularités[19]. Au matin du 20 janvier, le Parti socialiste proclame la victoire de Olivier Faure et son élection à un troisième mandat avec 50,83 % des voix[20]. Le maire de Rouen et ses soutiens contestent néanmoins les résultats[21].

Une commission de récolement, chargée de recompter les voix, se réunit finalement le 21 janvier[22] et confirme après vérification des irrégularités la victoire de Olivier Faure avec cette fois 51,09 % des suffrages[23]. Le scrutin est également validé par un huissier[24].

Nicolas Mayer-Rosignol poursuit néanmoins sa contestation des résultats du scrutin, dénonçant un « passage en force »[25], et les fraudes « ayant lieu depuis trop longtemps » au sein du parti[26] et demande la création d'une direction collégiale[27]. Son adversaire affirme de son côté n'avoir « aucun doute » et que le résultat est « incontestable »[28].

Le déroulement du vote laisse alors craindre un affrontement fratricide lors du congrès[29],[30].

Synthèse[modifier | modifier le code]

La crise se résout le samedi avec la confirmation de la réélection d'Olivier Faure au poste de Premier secrétaire à la quasi-unanimité des délégués au Congrès[31]. Après de longues négociations entre les trois premiers signataires des trois motions, un "pacte de gouvernance" est annoncé le même jour, avec Olivier Faure en tant que Premier secrétaire, et Nicolas Mayer-Rossignol et Johanna Rolland en tant que Premiers secrétaires délégués, alors qu'Hélène Geoffroy qui ne souhaite pas intégrer le secrétariat national devient présidente du Conseil national[31].

Après le vote des Premiers secrétaires fédéraux et des secrétaires de sections en février, la motion 2 menée par Olivier Faure acquiert la majorité absolue au Conseil National du Parti[32].

Résultats[33],[34]
Candidat Motion Résultat
Voix %
Olivier Faure 2 12 020 51,09 %
Nicolas Mayer-Rossignol 3 11 507 48,91 %
 
Inscrits 42 365 100,00
Votants 23 759 56,08
Abstentions 18 606 43,92
Suffrages exprimés 23 527 99,02
Blancs ou nuls 232 0,08

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Réforme des statuts », sur Parti Socialiste (consulté le )
  2. « Législatives: le Conseil national des socialistes valide l'accord avec les insoumis », sur BFMTV (consulté le )
  3. « Législatives : le PS sauve son groupe à l'Assemblée », sur Les Echos, (consulté le )
  4. « Faure contre les éléphants: le PS se déchire en public à propos de l’accord avec LFI », sur Le HuffPost, (consulté le )
  5. « Bernard Cazeneuve quitte le PS après l’accord passé avec LFI, « une formation politique dont j’ai eu à subir la violence » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Faure répond à Cazeneuve : il n’est pas « toutouisé » par Mélenchon », sur L'Obs, (consulté le )
  7. La rédaction, « Parti socialiste. Si elle l'emporte, Hélène Geoffroy veut sortir de la Nupes », sur Tribune de Lyon, (consulté le )
  8. « Candidat à la tête du Parti Socialiste, Nicolas Mayer-Rossignol fait campagne à Cherbourg », sur actu.fr (consulté le )
  9. « Manifeste pour "une autre gauche" : le socialiste Olivier Faure fustige les "gens qui cherchent à créer de la tension" », sur Franceinfo, (consulté le )
  10. Olivier Biffaud, « L'avenir du PS va sceller celui de la Nupes », sur Slate.fr, (consulté le )
  11. Par Julien Duffé et Pierre Maurer Le 4 janvier 2023 à 06h06, « Au congrès du PS, Olivier Faure joue son avenir et celui de la Nupes », sur leparisien.fr, (consulté le )
  12. « Parti socialiste : ce qu'il faut retenir du débat entre les trois candidats à la tête du parti », sur Franceinfo, (consulté le )
  13. « Les contributions générales », sur Parti Socialiste (consulté le )
  14. « Les contributions thématiques », sur Parti Socialiste (consulté le )
  15. « Les signataires », sur Gagner ! (consulté le )
  16. « Qui ? », sur Refondations, (consulté le )
  17. À propos de l'auteur Parti socialiste Twitter Site web, « Résultat du vote du jeudi 12 janvier 2023 sur les textes d’orientation dans le cadre du 80e Congrès du Parti socialiste », sur Parti Socialiste (consulté le )
  18. Par Julien Duffé Le 20 janvier 2023 à 04h44 et Modifié Le 20 Janvier 2023 À 09h57, « Congrès du PS : la nuit où Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol ont revendiqué la victoire », sur leparisien.fr, (consulté le )
  19. Sacha Nelken et Charlotte Belaïch, « Congrès PS : Olivier Faure revendique la victoire, Nicolas Mayer-Rossignol aussi », sur Libération (consulté le )
  20. « Le Parti socialiste annonce la réélection d’Olivier Faure au terme d’une nuit de contestation », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « « On ne les laissera pas voler le congrès » : le Parti socialiste bascule dans la crise », sur L'Obs, (consulté le )
  22. Pierrick Baudais, « Congrès du PS : nouvelle journée de confusion, Faure réaffirme sa victoire », sur Ouest-France,
  23. Lucas Biosca et Sacha Nelken, « PS : Faure déclaré vainqueur par le parti, Mayer-Rossignol dénonce des «fraudes électorales» », sur Libération (consulté le )
  24. « Crise à la tête du PS: un huissier appelé pour valider les résultats du vote des adhérents », sur BFMTV,
  25. « Le PS confirme Olivier Faure vainqueur, Nicolas Mayer-Rossignol dénonce un «passage en force» », sur LEFIGARO, (consulté le )
  26. « Crise au PS : "La fraude a cours depuis trop longtemps", dénonce Nicolas Mayer-Rossignol sur franceinfo », sur Franceinfo, (consulté le )
  27. Orange avec Media Services, « Crise au PS : Nicolas Mayer-Rossignol dénonce des "pratiques qui relèvent de la fraude" au sein du parti », sur Orange Actualités, (consulté le )
  28. « Crise au PS : "Je n'ai aucun doute, il y a un résultat qui est incontestable", assure Olivier Faure », sur Franceinfo, (consulté le )
  29. « Crise au PS : résultat "incontestable", "passage en force"... Que va-t-il se passer maintenant ? », sur Franceinfo, (consulté le )
  30. Par Pierre Maurer Le 22 janvier 2023 à 21h34, « PS : «On est en train de se suicider»… les clans de Faure et de Mayer-Rossignol plus divisés que jamais », sur leparisien.fr, (consulté le )
  31. a et b « Au Parti socialiste, Olivier Faure confirmé comme premier secrétaire, Nicolas Mayer-Rossignol devient délégué », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Olivier Faure majoritaire au conseil national du Parti socialiste », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  33. Selon la direction sortante du PS, le 20/01/2023 au matin
  34. À propos de l'auteur Parti socialiste Twitter Site web, « Résultat de la commission de récolement des votes du Parti socialiste : Olivier Faure confirmé vainqueur », sur Parti Socialiste (consulté le )