Thierry Groensteen

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Thierry Groensteen
Biographie
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Voir et modifier les données sur Wikidata (67 ans)
UccleVoir et modifier les données sur Wikidata
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Noé SergentVoir et modifier les données sur Wikidata
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Thierry Groensteen, né le à Uccle (Bruxelles), est un historien et théoricien de la bande dessinée de nationalité belge et française.

Il contribue dans les années 1980 au développement de la théorie de la bande dessinée en dirigeant Les Cahiers de la bande dessinée, puis en travaillant pour Le Monde.

À travers missions institutionnelles, publications, expositions, enseignement et conférences, il poursuit depuis ses travaux de théorisation et légitimation de la bande dessinée.

C'est l'un des théoriciens francophones de la bande dessinée les plus visibles avec Benoît Peeters, Pierre Fresnault-Deruelle et Harry Morgan. Il écrit également de la fiction.

Biographie

Formation (1960-1970)

De 1960 à 1975, Thierry Groensteen est élève de l'École européenne de Bruxelles[1]. Au début des années 1970, il suit des cours de théâtre, tout en dirigeant Buck, le journal de son école, qu'il transforme progressivement en fanzine de bande dessinée. Tome y publie ses premières planches, Numa Sadoul et Didier Pasamonik rédigent des articles.

Après son baccalauréat, il étudie à partir de 1975 le journalisme à l'IHECS (Institut des hautes études des communications sociales), à Tournai, dont il sera diplômé en 1979. Après avoir été stagiaire pour Le Soir en 1978, il travaille à la Direction générale de l'Information de la Commission des Communautés européennes jusqu'en 1983. Cependant, dès cette époque, il s'oriente avant tout vers la bande dessinée, tout en se produisant comme comédien amateur dans plusieurs troupes bruxelloises.

Publications et théorie de la bande dessinée (année 1980)

En 1980, ses amis Didier et Daniel Pasamonik, qui viennent de fonder Magic Strip, publient son premier livre, une monographie consacrée à Jacques Tardi[2]. L'ouvrage délaisse la biographie pour une approche analytique de l'œuvre et a l'aspect d'un livre d'art. En 1983, il rédige l'essentiel du rédactionnel de Spirou et y crée, avec Glem, le personnage éphémère de Freddy Guidon. Il collabore également au rédactionnel d'(À suivre) et publie en 1982 chez Glénat L'Ingénue et le dictateur, premier volet des aventures africaines d'Antoine et Victor, avec le dessinateur Jean Lucas. Le deuxième épisode, Les Compagnons du Mashamba, est prépublié dans Circus, mais la trilogie projetée reste inachevée.

En , il prend en main Les Cahiers de la bande dessinée[2], l'ancien fanzine de Jacques Glénat qui était en perte de vitesse après cinquante-cinq numéros. Distribuée en kiosque, tirée à 12 000 exemplaires, la revue propose, sous la direction de Groensteen, une approche critique très poussée de la bande dessinée. Elle renouvelle la théorie de la bande dessinée[réf. nécessaire] et contribue à la faire reconnaître comme art véritable auprès du grand public et de l'université. Groensteen abandonne la tâche en , après vingt-huit numéros. La revue ne survit que quelques mois à son départ. De 1986 à 1990, Groensteen assure également la chronique mensuelle de bande dessinée du Monde.

En 1987, il organise le colloque « Bande dessinée, récit et modernité », qui se tient du 1er au à Cerisy. Jean-Christophe Menu y fait la connaissance de Lewis Trondheim. Les actes du colloque sont publiés par les éditions Futuropolis. De 1986 à 1989, il enseigne à l’Institut des Hautes Études des communications sociales le langage de la bande dessinée, d'abord seul, puis aux côtés de Thierry Smolderen. C'est sa première expérience de l'enseignement.

En , le Centre national de la bande dessinée et de l'image (CNBDI) d'Angoulême, prenant en considération sa place prééminente dans le paysage critique francophone[réf. nécessaire], le recrute comme « conseiller scientifique ». Groensteen s'installe à Angoulême l'année suivante. En parallèle à ses missions pour le CNBDI, il enseigne l'histoire et la théorie de la bande dessinée à l'École supérieure de l'image. Il monte au Centre d’action culturelle de la ville sa première exposition en 1990, Little Nemo et autres songes de Winsor McCay[3]. À Angoulême, il revient également à ses premières amours théâtrales, jouant Marivaux (La Dispute), Jean-Claude Grumberg (Rixe) ou encore Martial Courcier (L'Opposé du contraire).

Études et directions de publications (années 1990)

En 1991, il publie chez Casterman L'Univers des Mangas : une introduction à la bande dessinée japonaise, premier ouvrage de langue française entièrement consacré à la bande dessinée japonaise[2], et ce avant l'arrivée massive des mangas sur le marché francophone. Cet ouvrage, mis à jour en 1996, passe alors assez inaperçu, mais reste une référence valable à la fin des années 2000.[réf. nécessaire]

En 1992, il démissionne du CNBDI[3] et soutient à Toulouse-Le Mirail un mémoire de DEA, Le système spatio-topique de la bande dessinée, afin de faire valider par l'université ses acquis professionnels. En 1996, il y soutient sa thèse en Lettres modernes, Système de la bande dessinée, devant Mireille Dottin-Orsini, Pierre Fresnault-Deruelle, Bernard Magné et Pascal Ory[4]. Elle obtient la mention « très honorable » avec les félicitations du jury. Elle est publiée aux Presses universitaires de France en 1999, sous le même titre. L'ouvrage, assez complexe, propose une approche sémiotique de la bande dessinée. Il sera traduit dans de nombreux pays (États-Unis, Japon, Italie, République tchèque, Chili...) et sera complété en 2011 par un tome 2 intitulé Bande dessinée et narration.

En 1993, il est un des membres fondateurs de l’Oubapo, Ouvroir de bande dessinée potentielle, groupe fondé sur le modèle de l'Oulipo. Il contribue en 1997 à la première publication du groupe, l’Oupus 1, publié par L'Association, avec un texte fondateur recensant les contraintes formelles spécifiques à la BD. Il se met en congé du groupe en 1999. Fin 1993, il réintègre le CNBDI comme directeur du musée[3]. En 1994, il crée et dirige, avec Henry Dougier, la collection « Histoires graphiques » aux éditions Autrement. Cinq titres sont publiés jusqu'en 1997. La même année, il rédige avec Benoît Peeters un ouvrage sur Rodolphe Töpffer, dont il fait rééditer les histoires en estampes aux éditions du Seuil.

En 1996, alors que Groensteen vient d'obtenir la nationalité française, paraît le premier numéro de la revue du musée de la bande dessinée, Neuvième Art, qu'il dirige. Reprenant l'héritage des Cahiers de la bande dessinée, Neuvième Art, éditée par le CNBDI, est un annuel luxueux portant un regard critique avancé aussi bien sur le patrimoine de la bande dessinée que sur ses manifestations les plus contemporaines.

Multipliant ses participations institutionnelles, Groensteen entre au Centre d’Étude de l’Écriture (groupe de recherche Paris VII-CNRS) comme chercheur associé en 1998, et tient à partir de 1999 la chronique de bande dessinée de Vient de paraître, publié par l'Association pour la diffusion de la pensée française (ministère française des Affaires étrangères).

Maison d'édition et activités diverses (années 2000)

En 2001, il démissionne de son poste de directeur du musée de la bande dessinée[3]. Durant ses années à ce poste, il a organisé ou participé à de nombreuses expositions, souvent assorties de catalogues, qui ont donné des ouvrages sur George Herriman, Caran d'Ache, Alberto Breccia, Alex Barbier ou encore Popeye. Il monte également des expositions en Allemagne (à Hambourg et à Hildesheim) et est le commissaire de « Maîtres de la bande dessinée européenne », que la Bibliothèque nationale de France présente à l'automne 2000.

Recevant une bourse dite « d'année sabbatique » du Centre national du livre en , il se consacre à l'écriture. En 2002 paraît un ouvrage sur La Cage de Martin Vaughn-James et l'année suivante un autre, Lignes de vie, consacré au visage dans la bande dessinée.

En 2002, après être devenu administrateur de la Maison des Auteurs[3], il crée, toujours à Angoulême, sa structure d'édition, les Éditions de l'An 2[5], qui publie des bandes dessinées contemporaines (révélant Jens Harder, Barbara Yelin, Olivier Schrauwen, Anthony Pastor ou encore Florent Grouazel et Younn Locard), réédite des grandes œuvres du passé (A.B. Frost, Fletcher Hanks, Guido Crepax, H.M. Bateman, Antonio Rubino, Ernie Bushmiller, Cliff Sterrett...), et propose divers ouvrages critiques, écrits par Groensteen ou par Harry Morgan. L'An 2 coédite les numéros 8 à 13 de Neuvième Art, devenu semestriel. Cependant, Jean-Marie Compte, alors directeur du CNBDI, décide de dématérialiser la revue, qui devient un site en ligne. En 2006, Groensteen publie un nouvel ouvrage critique, consacré au comique chez Hergé et l'essai Un objet culturel non identifié, qui fait le bilan de trente années de légitimation progressive de la bande dessinée, tout en expliquant pourquoi certains clichés perdurent. Mais le , L'An 2 dépose le bilan après 67 titres publiés. Dès l'année suivante, Groensteen dirige pour Actes Sud la collection "Actes Sud-L'An 2", poursuivant son travail d'éditeur en faisant l'économie d'une structure autonome[2].

En 2009, il publie La Bande dessinée, son histoire et ses maîtres, volumineux ouvrage qui sert de catalogue au nouveau musée de la Bande dessinée, désormais implanté dans les Chais Magelis. Il prend la rédaction en chef de la revue numérique NeuvièmeArt2.0 et lance en son propre blog, Neuf et demi, où, pendant un an, il publie de nombreux billets critiques. La médiathèque de Poitiers lui consacre une exposition : Une vie pour la bande dessinée[2]. En 2010, avec Gilles Ciment et d'autres collaborateurs est publié 100 cases de maître : un art graphique, la bande dessinée (éd. La Martinière), qui analyse l'œuvre de cent auteurs[6].

Il participe à l'ouvrage collectif L'Art de la bande dessinée, chez Citadelles & Mazenod (2012).

À partir de 2012, il devient chargé de mission au Conseil départemental détaché auprès de la Cité internationale de la BD (CIBDI)[3], pour laquelle il monte de nouvelles expositions (Parodies, Nocturnes, Mode et bande dessinée...). 2014 voit la parution de M. Töpffer invente la bande dessinée (éd. Les impressions nouvelles), ouvrage sur les origines de la bande dessinée[7]. Toujours en 2014, avec Patrice Cablat (fondateur du collectif d'auteurs Coconino), Groensteen signe en tant que scénariste un album sur le fanatisme religieux au Yémen : Les Pierres aveugles, publié aux éditions Actes Sud[8].

En 2017, Groensteen possède, une collection d'environ 7 000 à 8 000 bandes dessinées. Cette même année, il fait don au Musée de la BD de nombreuses archives personnelles[3]. C'est également en 2017 qu'est publié La bande dessinée au tournant (éd. Les Impressions nouvelles), portant sur les évolutions du statut et du marché de la bande dessinée[9].

Œuvres

Ouvrages sur la bande dessinée

  1. Système de la bande dessinée, 1999 (ISBN 2-13-050183-4).
  2. Bande dessinée et Narration : Système de la bande dessinée 2, 2011 (ISBN 978-2-13-058487-2).

Bandes dessinées

Direction d'ouvrages sur la bande dessinée

Romans

Autres essais

Vidéographie

  • Alberto Breccia (concept, interview), avec Bertrand Désormeaux (réalisation), Angoulême : Centre national de la bande dessinée et de l'image, 1999, 26 min. (BNF 38417107).
  • Alex Barbier : Les Paysages de la nuit (interview), avec Jean-Pierre Delvalle (réalisation), Angoulême : Centre national de la bande dessinée et de l'image, 1999, 26 min. (BNF 38417133).

Commissariat d'expositions

  • Little Nemo et autres songes de Winsor McCay, Angoulême, , remontée à Sierre et à Rio
  • Alberto Breccia, Angoulême, , remontée à Paris
  • Storyboard : 90 ans de dessins pour le cinéma, Paris, Palais de Tokyo, , remontée à Angoulême
  • Couleur directe, Hambourg, , remontée à Blois, Trévise et Barcelone
  • Alex Barbier, les paysages de la nuit, Angoulême,
  • Anges et démons, Angoulême, , remontée à la Martinique
  • Saint-Ogan l’enchanteur, Angoulême, , remontée à Sierre
  • Naissance de la bande dessinée : les histoires en estampes de Rodolphe Töpffer, Angoulême, , remontée à Genève, Hanovre et Bruxelles
  • Krazy Herriman, Angoulême,
  • Les années Caran d'Ache, Angoulême,
  • Tout’an BD, L’Égypte dans la bande dessinée, Angoulême, Musée de la bande dessinée, été 1998, remontée à Angers et à Chatou
  • 49-956 : 50 ans de démoralisation de la jeunesse, Angoulême,
  • Astérix, Barbarella et Cie - Trésors du musée de la bande dessinée d'Angoulême, Hildesheim, Basse-Saxe, Roemer- und Pelizaeus Museum, -
  • Maîtres de la bande dessinée européenne, Bibliothèque nationale de France, Site François Mitterrand, Grande Galerie, du au Remonté au CNBDI du au
  • Popeye est c'qu'il est et voilà tout c'qu'il est, Musée de la bande dessinée, juin-
  • Parodies. La bande dessinée au second degré, Angoulême, Musée de la bande dessinée, janvier à
  • Le Musée privé d’Art Spiegelman, Angoulême, Musée de la bande dessinée, janvier à
  • Nocturnes. Le rêve dans la bande dessinée, Angoulême, Musée de la bande dessinée, à . Remontée en 2015 à la Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône.
  • Un siècle d'affiches politiques et sociales en bande dessinée (Groensteen co-commissaire d'exposition avec Michel Dixmier)[14], Angoulême, Musée de la bande dessinée, octobre à
  • La bande dessinée d’expression française aujourd’hui, Francfort, Foire internationale du livre, Pavillon "Francfort en français", 11-.Remontée en 2018 à Liège (festival de la BD, février), au Vietnam – Hue (avril) et Hanoi (juillet) – et en Charente (médiathèque Alpha + Epiphyte, juillet-août)
  • Mai 68 et la bande dessinée, Angoulême, Musée de la bande dessinée, mai à
  • Roman graphique, Montricher, Fondation Jan-Michalski, du au
  • Alfred : Vagabondages graphiques, Angoulême, Musée de la bande dessinée, février à
  • Mode et bande dessinée, Angoulême, Musée de la bande dessinée, du au

Prix

  • 1995 : Prix Bloody Mary pour la direction de L'Argent roi
  • 2004 : Prix du patrimoine au Festival d'Angoulême pour L'Anthologie Arthur Burdett Frost[15]
  • 2010 : Prix de l'audace au Festival d'Angoulême pour Alpha... directions, de Jens Harder
  • 2013 : Prix SNCF polar au Festival d'Angoulême pour Castilla Drive, d'Anthony Pastor
  • 2013 : Prix de la Nouvelle Revue Pédagogique pour le roman Parole de Singe
  • 2015 : Prix Artémisia pour Irmina, de Barbara Yelin
  • 2017 : Prix Artémisia pour Frapper le sol, de Céline Wagner

Références

  1. Sauf note complémentaire, toute la biographie provient de l'esquisse biographique présente sur le site officiel de Thierry Groensteen.
  2. a b c d et e Haude Giret, « Trente ans de BD : exposition à Poitiers », Sud Ouest,‎
  3. a b c d e f et g Frédéric Sabourin, « BD: Groensteen entre au Musée », Charente Libre,‎
  4. « Système de la bande dessinée par Thierry Groensteen : Thèse de doctorat en Littérature et civilisation comparées », sur Theses.fr, Université Toulouse 2,
  5. Julien Eynard et Thierry Groensteen (int.), « L'aventurier de l'édition », Sud Ouest,‎
  6. Richard Tallet, « Onze auteurs pour cent maîtres », Charente Libre,‎
  7. La rédaction, « Rodolphe Töpffer a eu un jour cette idée folle d'inventer la BD », Tribune de Genève,‎
  8. Alexandre Le Boulc'h, « Un album angoumoisin au rayon BD. Thierry Groensteen et Patrice Cablat deux Angoumoisins viennent de publier un récit de voyage original qui traite du fanatisme religieux au Yémen », Charente Libre,‎
  9. David Barroux, « La BD victime de son succès », Les Échos,‎
  10. Évariste Blanchet, « L'Essence interdite », Critix, no 3,‎ , p. 23-26.
  11. (en) David Kunzle, « Töpffer invente la bande dessinée », dans European Comic Art, vol. 7, , chap. 2, p. 115-120
  12. Évariste Blanchet, « L'Humour graphique fin de siècle », Critix, no 10,‎ 1999-2000, p. 51-55.
  13. Évariste Blanchet, « On tue à chaque page », Critix, no 11,‎ , p. 49-58.
  14. Frédéric Potet, « La BD fait le mur », Le Monde,‎
  15. Xavier Alexandre, « Thierry Groensteen, Prix du Patrimoine au 31e festival de la bande dessinée », Ouest-France,‎

Annexes

Documentation

  • Thierry Groensteen (int. Franck Aveline), « Entretien avec Thierry Groensteen », dans L'Indispensable no 1, , p. 17-24.
  • Thierry Groensteen (int. par Fabien Tillon), « Out of Angoulême », BoDoï, no 42,‎ , p. 6-7.
  • Ariel Herbez, « Tintin rit, les filles dessinent : Théoricien incontesté de la bande dessinée, Thierry Groensteen, devenu éditeur, milite pour la publication d'auteurs femmes, et s'effraye du manque de mémoire de ce milieu. », Le Temps,‎

Liens externes