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Version du 24 décembre 2010 à 18:00

Modèle:Unicode hébreu

Le Tétragramme en phénicien, araméen ancien et en hébreu carré.

Le tétragramme (ou tétragrammaton)[1] YHWH (יהוה) est un nom hébraïque se composant des quatre lettres yōḏ (י), (ה), wāw (ו) (ה)[2]. Souvent présenté comme le « nom propre » de Dieu, ce mot est alors désigné comme « le Tétragramme ». Il s’agit d’une forme issue de la racine trilittérale היה (HYH) du verbe « être »[3]. Le Tanakh (la Bible hébraïque) rapporte que cette expression fut entendue par Moïse au sommet du mont Horeb dans le désert du Sinaï[4].

Pour les juifs, ce nom - dont la vocalisation, si elle a jamais existé, n'est pas connue - ne doit pas être prononcé, en vertu du Troisième Commandement, traduit par : "Tu ne prononceras pas le nom de YHWH en vain...". En revanche, les chrétiens (comme le chanoine Crampon) l’ont parfois transcrit dans les traductions par « Yahvé », « Yahweh » ou « Jehovah », en le prononçant. Cependant, depuis le début du XXIe siècle, l’Église catholique préconise de remplacer "YHWH" par l’appellation « le Seigneur »[5],[6].

Étymologie et origine

Le tétragramme YHWH serait, de l’avis général des grammairiens juifs du Moyen Âge, conforté par celui de Baruch Spinoza, une flexion verbale artificielle de la racine trilittère היה, HYH (« être, devenir, arriver »).

Louis Segond traduit par Je suis celui qui suis, ou par la locution l’Éternel. André Chouraqui transcrit IHVH plutôt que YHWH. Dans les milieux de langue allemande on écrit JHWH.

D’autre part, Henri Meschonnic indique que le Tétragramme aurait en partie à voir avec le nom d’une divinité sémitique plus ancienne, Yah[7].

L’explication du Tétragramme par la Bible elle-même se trouve en Ex 3,13-14 (épisode du Buisson ardent). Moïse dit à Elohim : « Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis : "Elohim de vos pères m’a envoyé vers vous." Mais s’ils me disent : "Quel est son nom ?", que leur dirai-je ? Elohim dit à Moïse : "Je suis ce que je suis" (Ehyéh Acher Ehyéh אֶֽהְיֶ֖ה אֲשֶׁ֣ר אֶֽהְיֶ֑ה) Et il dit : "Voici ce que tu diras aux Israélites : [mot à mot] "Je serai qui je serai" ou, plus métriquement, "que je sois qui je serai" (Ehyéh) m’a envoyé vers vous." » — traduction de la Bible de Jérusalem. L’expression est rendue par « Je suis celui qui suis » dans la traduction due à Louis Segond et par « Je suis qui je serai » dans la TOB[8]. La Bible du Rabbinat traduit par « Être invariable[9] », ce que regrette Meschonnic[10], disant qu’il s’agit d’une contamination du Theos grec de la Septante.

La plus ancienne mention épigraphique connue du tétragramme YHWH est un nom théophore daté de -820 sur la stèle de Tel Dan ; une autre inscription, explicite celle-là, datée de -810 a été trouvée sur la stèle de Mesha[11].

Prononciation

Interdit de prononciation directe et noms substitués dans le judaïsme

Les Juifs s’imposent une interdiction de prononcer le Tétragramme, fondée sur le troisième commandement : « Tu n’invoqueras pas le Nom de YHWH ton Dieu en vain » (Ex 20:7). Le grand-rabbin Lazare Wogue, traducteur de la Torah, précise : « Quant au saint Tétragramme, on sait que le judaïsme, de temps immémorial et dans toutes ses sectes sans exception, s’est abstenu de le prononcer selon sa forme véritable : les rabbanites ou pharisiens disaient Adônaï, les Samaritains Schimâ[12]. » Quand le lecteur rencontre le Tétragramme dans les Écritures hébraïques, d’autres expressions doivent lui être substituées à l’oral, le plus souvent Adonaï (אדני, « Mon Seigneur »), de temps en temps Elohim (« Puissances » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique)[13]. Cette substitution se nomme le Qéré permanent et explique les points-voyelles utilisés dans les transcriptions modernes du Pentateuque : e-o-a quand il faut lire Adonaï, e-o-i quand il faut lire Elohim. Dans la conversation on utilise de préférence haChem (« le Nom » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique - cf. Lévitique 24:11). À l’école, on utilise aussi « Eloqim » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique[14].

Pour ces deux raisons la prononciation exacte du Tétragramme, à supposer qu’elle soit possible, demeure incertaine. L’incertitude ne porte pas sur les consonnes, mais évidemment sur la place et le type des voyelles.

L’incertitude porte également sur l’existence de cette prononciation. Joel M. Hoffman, par exemple, dans In the Beginning, soutient que le Tétragramme n’a jamais eu de prononciation. Mais la plupart des hébraïsants sont d’un avis contraire. Ils s’appuient entre autres sur les noms théophores[15], comme Juda (Yehouda), et les chapitres du Pentateuque contenant le Tétragramme. En particulier un passage couramment appelé Le songe d’Isaïe, dont la prosodie et les assonances en « O » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et « OU » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique suggèrent une prononciation usitée à l’époque de la rédaction du texte, c’est-à-dire avant l’interdiction comme le signalent nombre de nom théophores composés avec le tétragramme[16].

Dans l’hébreu biblique on n’inscrivait pas les voyelles ; le lecteur devait reconstituer ou ajouter de mémoire (s’il était savant) les voyelles appropriées au contexte de la lecture. Ce furent les Massorètes qui créèrent au milieu du premier millénaire le système de notation actuellement utilisé pour transcrire les sons vocaliques.

Prononciations dans le christianisme

L’interdiction de prononcer le nom propre de Dieu ne concerne pas seulement les anciens Juifs, mais aussi les premiers chrétiens qui peut-être n’ont jamais connu sa prononciation[17].

Le Tétragramme sur la voûte de l’église Sant’Angelo, Milan

Dès le Moyen Âge[18], « certains chrétiens qui lisaient la Bible dans sa version originale ont lu YHWH en lui appliquant la vocalisation du terme Adonaï, c’est-à-dire en intercalant ses trois voyelles « a » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, « o » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique et « a » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique, et obtenu ainsi le nom Jéhovah[19] ». Ce nom, d’apparence scientifique et archéologique, est très contestable historiquement et théologiquement[20]. Longtemps tombée dans l’oubli, la transcription Jehovah a été popularisée au XIXe siècle par la traduction de la Bible de John Nelson Darby, par les Témoins de Jéhovah (XXe siècle) et dans la littérature francaise par exemple: Victor Hugo (Les Misérables, L'Homme qui rit, le poème Jéhovah), Alphonse de Lamartine (poème Jéhovah), Théophile Gautier (Le Roman de la momie), Anatole France (Thaïs, Les dieux ont soif, La Révolte des anges, La Rôtisserie de la reine Pédauque, Monsieur Bergeret à Paris) et beaucoup d'oeuvres d'autres auteurs[21].

Cependant le catholicisme a utilisé de préférence la transcription « Yahvé » durant tout le XXe siècle, pour les éditions non liturgiques de la Bible, par exemple la Bible de Jérusalem. Cette transcription avait été préconisée par le linguiste allemand Wilhelm Gesenius (1786-1842). Toutefois, à la fin du XXe siècle, l’Église catholique est devenue de plus en plus réticente à l’égard de cette transcription.

Ainsi, en 2001, « par directive du Saint-Père », la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a déclaré : « De plus, en se conformant à une tradition immémoriale, évidente déjà dans la Septante, le nom de Dieu tout-puissant, exprimé en hébreu dans le Tétragramme, et traduit en latin par le mot Dominus[22], doit être rendu dans chaque langue vernaculaire par un mot de la même signification[5]. » Cette directive a été rappelée, le , par une lettre aux conférences épiscopales, et mis en pratique en par le synode des évêques sur la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église. Le Tétragramme est donc traduit par « le Seigneur »[6].

Tétragramme sur un vitrail (1868) dans l'église épiscopalienne de Decorah, Iowa, USA.

Les Bibles protestantes, quant à elles, traduisent le Tétragramme par « l’Éternel », comme le fit Louis Segond.

Dans la Traduction œcuménique de la Bible (TOB), qui combine l’effort de spécialistes principalement catholiques et protestants, mais aussi orthodoxes (en particulier dans l’Ancien Testament), le Tétragramme a été traduit par « le Seigneur ».

Traditions et œuvres liées au Tétragramme

Le Tétragramme, vitrail de l’église Saint-Germain-des-Prés, Paris

La supputation d’une prononciation exacte du Tétragramme, et de ses effets de puissance — voire de ses effets « magiques » —, a beaucoup alimenté la production mystique. Le mythe du Golem en est une des nombreuses occurrences, popularisée à l’époque moderne par un roman de Gustav Meyrink, Le Golem.

La kabbale chrétienne, fondée par Pic de la Mirandole en 1486, a médité sur le rapport entre le Tétragramme et le nom « Jésus ». Un érudit de Bade, Johannes Reuchlin, dans le De verbo mirifico (Du verbe admirable, 1494), soutient que le nom de Jésus, traduit en hébreu, que l'on transcrit avec les cinq lettres du Pentagramme en YHSVH ou IHSUH, équivaut aux quatre lettres du nom sacré de Yahvéh, le Tétragramme, YHVH ou IHUH, au cœur duquel a été inséré un s : ש (shin) Une consonne s'introduit entre les quatre voyelles et rend le nom prononçable[23].

« La mort et la boussole », nouvelle de Jorge Luis Borges dans le recueil Fictions, met en scène une série de meurtres conçus en fonction du Tétragramme et ponctués par « La première lettre du Nom a été articulée », « La deuxième lettre du Nom a été articulée »… L'Aleph, du même auteur, reprend indirectement les thématiques de la « puissance » du nom divin.

L’Adversaire, roman policier d’Ellery Queen, offre la « lecture » de quatre crimes sur le modèle de la « lecture » du Tétragramme.

Yah Mo B There (en) est une chanson R&B de James Ingram et Michael McDonald. Elle a été écrite par Ingram, McDonald, Rod Temperton et produit par Quincy Jones. Selon Michael McDonald, le titre original était Yahweh be there.

Notes et références

  1. du grec ancien τετρα-, tetra-, « quatre » et -γράμμα, -gramma, « caractère d'écriture ». Voir l'étymologie de tetragramme sur le TLFi
  2. Valeur gématrique 26 : 10 (yōḏ) + 5 (hē) + 6 (wāw) + 5 (hē) = 26.
  3. Shmuel Bolozky, 501 hebrew verbs fully conjugated, p. 149.
  4. Livre de l’Exode (Chemoth) au chapitre 3, dans la Bible massorétique bilingue traduite en français sous la direction du grand-rabbin Zadoc Kahn, pages 107 et 108.
  5. a et b Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements - De l'usage des langues vernaculaires dans l'édition des livres de la liturgie romaine ) Cinquième instruction « pour la correcte application de la Constitution sur la sainte liturgie » (2001) sur le site du Vatican.
  6. a et b Lettre de la Congrégation pour la liturgie, article 41-c citée par l'agence de presse Zenit.org.
  7. Il s’appuie sur le fait que יה (Yah - ou Jah dans les transcriptions allemandes) est une graphie synthétique qu’on retrouve plusieurs fois dans le Pentateuque (cf. ainsi Ex 17,16) en lieu et place de YHWH ; préface de Gloires, Desclée de Brouwer.
  8. Traduction oecuménique de la Bible, avec l'intégralité des introductions et notes, site des éd. du Cerf.
  9. Bible du Rabbinat.
  10. Henri Meschonnic, op. cit.
  11. André Lemaire, Naissance du monothéisme : point de vue d'un historien, Bayard, 2003, page 27.
  12. Lazare Wogue, Le Pentateuque, Paris ,1860, t. 1, p. L.
  13. ´Èlohim est le pluriel de révérence de ´Èl, nom commun désignant la divinité (= « dieu » Le modèle {{Guillemets}} ne doit pas être utilisé dans l'espace encyclopédique avec une minuscule.)
  14. Lors des bénédictions, à la synagogue ou à la table familiale, les participants saluent la prononciation d’Adonaï par la révérence « Baroukh ouBaroukh Chemo » (« Béni, Béni deux fois [soit] son Nom »).
  15. Noms propres comportant une référence à la divinité - le plus souvent au Tétragramme.
  16. généralement considéré comme l’un des plus anciens du corpus biblique, rédigé vers le VIIIe siècle avant l’ère commune. Thomas Römer et alii, Introduction à l’Ancien Testament, Labor et Fides.
  17. L’écriture hébraïque ne notant que les consonnes, il faut que des voyelles soient ajoutées ou que l’on ait déjà entendu un mot pour savoir le lire. Ainsi, dans la liturgie chrétienne, comme dans la Septante et ensuite dans la Vulgate, le Tétragramme est-il remplacé par les mots Kurios (en grec) et Dominus (en latin), c’est-à-dire « le Seigneur ». Cependant, dans son Prologus Galeatus, préface aux livres de Samuel et des Rois, Jérôme de Stridon dit avoir rencontré le Nom en caractères archaïques dans certains rouleaux grecs.
  18. …Et quod est nomen tuum? YHWH (en caractères hébreux) Jehova, sive Adonay, quia Dominus es omnium in incunable de Pugio fidei, III.2.3., commentaire du Livre des Rois datant de 1270.
  19. Geoffrey Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Cerf-Laffont, coll. « Bouquins », 1996, article « Dieu, Noms de ».
  20. Selon André-Marie Gerard (Dictionnaire de la Bible, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1989, article « Noms de Dieu »), cette version « n’appartient à aucune langue… si ce n’est celles de Racine et de Victor Hugo ! ».
  21. Pierre Delanoë à écrit le text de chancon pour Michel Sardou - "En Chantant - "...On ne parle à Jehova/A Jupiter à Bouddha/Qu'en chantant..." Au début du XXe siècle et apres, le philologue Paul Joüon se réfère à l’édition de 1894 de la traduction Crampon, qui emploie le mot « Jehovah ». Il adopte à son tour cette solution, préférant Jéhovah, « forme littéraire et usuelle en français », à l’« hypothétique » forme Yahweh (Grammaire de l’hébreu biblique, 1923, note p. 49).
  22. La Congrégation se réfère ici à la Vulgate, où saint Jérôme traduit le Tétragramme par le mot latin Dominus, « le Seigneur ».
  23. Johannes Reuchlin, 'De verbo mirifico (Du verbe admirable) (1494), in Sämtliche Werke, t. 1, Stuttgart-Bad Cannstatt : Frommann-Holzboog, 1996, XV-445 p. François Secret, Les Kabbalistes chrétiens de la Renaissance, Dunod, Paris, 1964, rééd. Arma Artis 1985, p. 44-51.

Annexes

Bibliographie

  • André Chouraqui, L’Univers de la Bible, Éditions Lidis-Brépols, Turnhout / Paris, 1984.
  • Gilbert Dahan, L’exégèse chrétienne de la Bible en Occident médiéval, Le Cerf, Paris, 1999.
  • Henri Meschonnic, Gloires, Desclée de Brouwer, Paris, 2001.
  • Marc-Alain Ouaknin, Concerto pour quatre consonnes sans voyelles, Payot, 1998
  • Gershom Scholem, Le Nom et les symboles de Dieu dans la mystique juive, Cerf, 1983
  • José Seknadjé-Askénazi, La philosophie de la grammaire, Les Nouveaux Cahiers no 124, Paris, 1996.
  • Baruch Spinoza, Abrégé de grammaire hébraïque, Librairie philosophique Vrin, Paris, 2006 (traduit du latin).
  • Volume La mystique juive de l’encyclopédie Mythes et Croyances du Monde Entier, Éditions Lidis-Brépols, Paris, 1985.
  • La prononciation des noms divins et leur écriture chez les juifs sepharades, fichier PDF sur [1]

Articles connexes

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