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La Fédération de Russie n'a, du moins officiellement, pas utilisé la doctrine [[Panslavisme|panslave]] dans sa politique extérieure. Cependant, les [[Nationalisme|nationalistes russes]] et les [[Communisme|communistes]] ont joué la carte d'influence culturelle et linguistique russe pour promouvoir l'idée d'union entre les anciennes républiques soviétiques voire la restauration de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Le parti d'extrême droite nationaliste russe, le [[Parti libéral-démocrate de Russie]], ainsi que le parti d'extrême gauche nationaliste russe, le [[Parti national-bolchevique]], ont même prôné le retour par la force à une forme de l'Empire russe faisant preuve de [[chauvinisme]] et de [[xénophobie]].
La Fédération de Russie n'a, du moins officiellement, pas utilisé la doctrine [[Panslavisme|panslave]] dans sa politique extérieure. Cependant, les [[Nationalisme|nationalistes russes]] et les [[Communisme|communistes]] ont joué la carte d'influence culturelle et linguistique russe pour promouvoir l'idée d'union entre les anciennes républiques soviétiques voire la restauration de l'[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]. Le parti d'extrême droite nationaliste russe, le [[Parti libéral-démocrate de Russie]], ainsi que le parti d'extrême gauche nationaliste russe, le [[Parti national-bolchevique]], ont même prôné le retour par la force à une forme de l'Empire russe faisant preuve de [[chauvinisme]] et de [[xénophobie]].


Sur le plan officiel, la Russie s'est par ailleurs engagée dans un rapprochement poussé avec la Biélorussie en vue de créer avec elle une union de type confédéral. Les liens entre la Russie, la Bulgarie<ref group="N">En effet, l'actuel Premier ministre de la [[Bulgarie]], [[Sergueï Stanichev]], est né à [[Kherson]], alors encore en [[République socialiste soviétique d'Ukraine|RSS d'Ukraine]], et a fait une grande partie de ses études universitaires à [[Moscou]].</ref> et la Serbie restent également encore assez marqués par la doctrine panslave.
Sur le plan officiel, la Russie s'est par ailleurs engagée dans un rapprochement poussé avec la Biélorussie en vue de créer avec elle une union de type confédéral. Les liens entre la Russie, la Bulgarie<ref group="alpha">En effet, l'actuel Premier ministre de la [[Bulgarie]], [[Sergueï Stanichev]], est né à [[Kherson]], alors encore en [[République socialiste soviétique d'Ukraine|RSS d'Ukraine]], et a fait une grande partie de ses études universitaires à [[Moscou]].</ref> et la Serbie restent également encore assez marqués par la doctrine panslave.


=== Ressources naturelles considérables (''Géostratégie énergétique'') ===
=== Ressources naturelles considérables (''Géostratégie énergétique'') ===
{{article détaillé|contenu=Voir aussi : ''[[Énergie en Russie]]'', ''[[Gazprom]]'', ''[[Nord Stream]]'', ''[[South Stream]]'', ''[[Lukoil]]'', ''[[Rosneft]]'', ''[[Unified Energy System]] (RAO UES)'', ''[[Géopolitique du pétrole]]'', ''[[Politique énergétique de l'Union européenne]]''}}
{{article détaillé|contenu=Voir aussi : ''[[Énergie en Russie]]'', ''[[Gazprom]]'', ''[[Nord Stream]]'', ''[[South Stream]]'', ''[[Lukoil]]'', ''[[Rosneft]]'', ''[[Unified Energy System]] (RAO UES)'', ''[[Géopolitique du pétrole]]'', ''[[Politique énergétique de l'Union européenne]]''}}
Aujourd'hui, la géostratégie russe ne peut s'appréhender sans tenir compte de l'importance grandissante du [[secteur énergétique]] ([[gaz naturel|gaz]] et [[pétrole]]) sur le plan économique depuis 2001, période où débute la hausse fulgurante des prix des hydrocarbures dans le monde. En effet, la Russie est le premier producteur mondial (environ 600 milliards de {{m3}}) et le premier exportateur mondial (environ 200 milliards de {{m3}}) de gaz et le {{2e}} producteur mondial et exportateur majeur du pétrole. Ses réserves gazières s'élèvent à plus de 23 % des réserves mondiales. Compte tenu de sa situation géographique, la Russie est le premier fournisseur de l'Union européenne (UE)<ref group="N">30 % du gaz consommé par l'UE est du gaz russe.</ref> dont la demande est en constante progression. Avec son contrôle des hydrocarbures, la Russie détient actuellement une position géopolitique inégalée par laquelle elle tente de renforcer sa place d'acteur majeur dans le « Grand Jeu » des superpuissances.
Aujourd'hui, la géostratégie russe ne peut s'appréhender sans tenir compte de l'importance grandissante du [[secteur énergétique]] ([[gaz naturel|gaz]] et [[pétrole]]) sur le plan économique depuis 2001, période où débute la hausse fulgurante des prix des hydrocarbures dans le monde. En effet, la Russie est le premier producteur mondial (environ 600 milliards de {{m3}}) et le premier exportateur mondial (environ 200 milliards de {{m3}}) de gaz et le {{2e}} producteur mondial et exportateur majeur du pétrole. Ses réserves gazières s'élèvent à plus de 23 % des réserves mondiales. Compte tenu de sa situation géographique, la Russie est le premier fournisseur de l'Union européenne (UE)<ref group="alpha">30 % du gaz consommé par l'UE est du gaz russe.</ref> dont la demande est en constante progression. Avec son contrôle des hydrocarbures, la Russie détient actuellement une position géopolitique inégalée par laquelle elle tente de renforcer sa place d'acteur majeur dans le « Grand Jeu » des superpuissances.


Le gouvernement russe participe activement dans les travaux du [[Forum des pays exportateurs de gaz]] (FPEG). Le but de ce forum serait principalement de mettre en place un mécanisme de coordination des prix de gaz naturel. La Russie considère ce forum gazier comme une structure qui devrait s'occuper de projets communs, et de la création, entre autres, de réseaux de transport du gaz. Selon les analystes, la Russie, le [[Qatar]] et l'[[Iran]] formeraient la « grande ''troïka'' gazière », un noyau dur de l'organisation, susceptible de la transformer en cartel de type [[Organisation des pays exportateurs de pétrole|OPEP]].
Le gouvernement russe participe activement dans les travaux du [[Forum des pays exportateurs de gaz]] (FPEG). Le but de ce forum serait principalement de mettre en place un mécanisme de coordination des prix de gaz naturel. La Russie considère ce forum gazier comme une structure qui devrait s'occuper de projets communs, et de la création, entre autres, de réseaux de transport du gaz. Selon les analystes, la Russie, le [[Qatar]] et l'[[Iran]] formeraient la « grande ''troïka'' gazière », un noyau dur de l'organisation, susceptible de la transformer en cartel de type [[Organisation des pays exportateurs de pétrole|OPEP]].
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La nouvelle doctrine militaire russe, adoptée en 2000, multipliant les références à la [[Guerre du Kosovo|crise du Kosovo]], évoque abondamment l’ensemble des facteurs qui ont provoqué la dégradation des perceptions que les responsables russes ont de l’Occident. Néanmoins, la Tchétchénie et les instabilités dans la périphérie Sud de la Russie sont également présentes dans la doctrine. Et différents éléments, dans ce texte comme dans la politique aujourd’hui mise en œuvre par le ''Kremlin'', permettent de relativiser l’idée selon laquelle la Russie est revenue à des postures anti-occidentales.
La nouvelle doctrine militaire russe, adoptée en 2000, multipliant les références à la [[Guerre du Kosovo|crise du Kosovo]], évoque abondamment l’ensemble des facteurs qui ont provoqué la dégradation des perceptions que les responsables russes ont de l’Occident. Néanmoins, la Tchétchénie et les instabilités dans la périphérie Sud de la Russie sont également présentes dans la doctrine. Et différents éléments, dans ce texte comme dans la politique aujourd’hui mise en œuvre par le ''Kremlin'', permettent de relativiser l’idée selon laquelle la Russie est revenue à des postures anti-occidentales.


Grâce au redressement économique des dernières années et aux excédents budgétaires sans précédent, le gouvernement russe accélère le renouvellement de l'arsenal militaire du pays, et ce dans tous les domaines concernés : de l'aviation stratégique<ref group="N">Par exemple, en achevant la mise en production des avions de chasse de {{5e}} génération</ref> aux nouveaux systèmes balistiques et de défense anti-missile (notamment les missiles ''[[S-400]]'', sans doute les systèmes de ''[[Lutte antiaérienne|DCA]]'' à long rayon d'action le plus performant actuellement; les missiles ''[[Topol-M]]'' et ''[[R-30 Boulava|Bulava]]''<ref group="N">Voir aussi [http://fr.rian.ru/infographie/20081128/118587731.html les caractéristiques des Bulava].</ref> à la mise en orbite de la constellation des satellites de positionnement global<ref group="N">La ''[[GLONASS]]'' est un programme qui a été souvent gelé sous Gorbatchev ou Eltsine à cause des manques de financement. Fin juillet 2007, Poutine annonçait également la reprise des vols des bombardiers stratégiques russes partout dans les zones jugées stratégiques pour la Russie. Au cours des années 2006 à 2008, les [[sous-marins nucléaires]] ont repris leurs patrouilles dans les eaux proches de la Russie. Un programme de fabrication de sous-marins nucléaires de nouvelle génération a été décidé.</ref>.
Grâce au redressement économique des dernières années et aux excédents budgétaires sans précédent, le gouvernement russe accélère le renouvellement de l'arsenal militaire du pays, et ce dans tous les domaines concernés : de l'aviation stratégique<ref group="alpha">Par exemple, en achevant la mise en production des avions de chasse de {{5e}} génération</ref> aux nouveaux systèmes balistiques et de défense anti-missile (notamment les missiles ''[[S-400]]'', sans doute les systèmes de ''[[Lutte antiaérienne|DCA]]'' à long rayon d'action le plus performant actuellement; les missiles ''[[Topol-M]]'' et ''[[R-30 Boulava|Bulava]]''<ref group="alpha">Voir aussi [http://fr.rian.ru/infographie/20081128/118587731.html les caractéristiques des Bulava].</ref> à la mise en orbite de la constellation des satellites de positionnement global<ref group="alpha">La ''[[GLONASS]]'' est un programme qui a été souvent gelé sous Gorbatchev ou Eltsine à cause des manques de financement. Fin juillet 2007, Poutine annonçait également la reprise des vols des bombardiers stratégiques russes partout dans les zones jugées stratégiques pour la Russie. Au cours des années 2006 à 2008, les [[sous-marins nucléaires]] ont repris leurs patrouilles dans les eaux proches de la Russie. Un programme de fabrication de sous-marins nucléaires de nouvelle génération a été décidé.</ref>.


Le budget de la défense de la Fédération de Russie est en hausse sous la présidence Poutine. Cependant, l'opacité de l'attribution des fonds de la défense fut critiquée<ref name="figaro">{{fr}} {{Lien web |titre=L'armée russe se remuscle mais reste un monde en crise |url=http://www.lefigaro.fr/international/2008/10/10/01003-20081010ARTFIG00020-l-armee-russe-se-remuscle-mais-reste-un-monde-en-crise-.php |site=www.lefigaro.fr |consulté le=8 août 2010}}</ref>. La [[deuxième guerre d'Ossétie du Sud]] a montré une armée russe moins hétéroclite qu'en Tchétchénie : des unités entières disciplinées et bien équipées, des conscrits bien entraînés, mais sans soutien d'hélicoptères<ref name="figaro" />. Cependant la récente guerre contre la Géorgie a relevé de nombreuses lacunes, tant sur le plan de l'utilisation de matériel obsolète que vis-à-vis de la doctrine calquée sur le modèle soviétique<ref>{{fr}} {{Lien web |titre=L'armée russe se remuscle
Le budget de la défense de la Fédération de Russie est en hausse sous la présidence Poutine. Cependant, l'opacité de l'attribution des fonds de la défense fut critiquée<ref name="figaro">{{fr}} {{Lien web |titre=L'armée russe se remuscle mais reste un monde en crise |url=http://www.lefigaro.fr/international/2008/10/10/01003-20081010ARTFIG00020-l-armee-russe-se-remuscle-mais-reste-un-monde-en-crise-.php |site=www.lefigaro.fr |consulté le=8 août 2010}}</ref>. La [[deuxième guerre d'Ossétie du Sud]] a montré une armée russe moins hétéroclite qu'en Tchétchénie : des unités entières disciplinées et bien équipées, des conscrits bien entraînés, mais sans soutien d'hélicoptères<ref name="figaro" />. Cependant la récente guerre contre la Géorgie a relevé de nombreuses lacunes, tant sur le plan de l'utilisation de matériel obsolète que vis-à-vis de la doctrine calquée sur le modèle soviétique<ref>{{fr}} {{Lien web |titre=L'armée russe se remuscle
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L’OCS a donc été créée pour des raisons sécuritaires et économiques strictement régionales et non comme un outil d'opposition à la présence des États-Unis en Asie. Cependant, l’OCS a été utilisée, de manière croissante, tant par Moscou que par Pékin, comme un vecteur pour limiter « l’expansionnisme politique » américain, sur la scène internationale comme régionale<ref name=":5" />. Elle sert largement les intérêts de Moscou en ce qu'elle pérennise son influence en Asie centrale et lui permet de ne pas laisser Pékin développer seule une politique de leadership régional. Ce dernier facteur explique l'insistance des Russes à ce que l'Inde et le Pakistan rejoignent l'OCS, ce qui advient finalement en 2017<ref>{{Article|langue=|auteur1=|titre=L'Inde et le Pakistan rejoignent l'Organisation de coopération de Shanghaï|périodique=RT|date=10 juin 2017|issn=|lire en ligne=https://francais.rt.com/international/39477-inde-pakistan-rejoignent-organisation-cooperation-shanghai|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=|titre=Russie-Chine-Inde : un vieux triangle dans un nouvel ordre mondial ?|url=https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/bobolo_triangle_russie_chine_inde_2017.pdf|site=Ifri|date=avril 2017|consulté le=6 septembre 2018}}</ref>.
L’OCS a donc été créée pour des raisons sécuritaires et économiques strictement régionales et non comme un outil d'opposition à la présence des États-Unis en Asie. Cependant, l’OCS a été utilisée, de manière croissante, tant par Moscou que par Pékin, comme un vecteur pour limiter « l’expansionnisme politique » américain, sur la scène internationale comme régionale<ref name=":5" />. Elle sert largement les intérêts de Moscou en ce qu'elle pérennise son influence en Asie centrale et lui permet de ne pas laisser Pékin développer seule une politique de leadership régional. Ce dernier facteur explique l'insistance des Russes à ce que l'Inde et le Pakistan rejoignent l'OCS, ce qui advient finalement en 2017<ref>{{Article|langue=|auteur1=|titre=L'Inde et le Pakistan rejoignent l'Organisation de coopération de Shanghaï|périodique=RT|date=10 juin 2017|issn=|lire en ligne=https://francais.rt.com/international/39477-inde-pakistan-rejoignent-organisation-cooperation-shanghai|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=|titre=Russie-Chine-Inde : un vieux triangle dans un nouvel ordre mondial ?|url=https://www.ifri.org/sites/default/files/atoms/files/bobolo_triangle_russie_chine_inde_2017.pdf|site=Ifri|date=avril 2017|consulté le=6 septembre 2018}}</ref>.


L'OCS<ref group="N">* États membres :
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==== Coopérations économiques (Doctrines économiques dans l'étranger « proche ») ====
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{{article détaillé|Communauté des États indépendants|Organisation de coopération centre-asiatique}}
{{article détaillé|Communauté des États indépendants|Organisation de coopération centre-asiatique}}
En 1992, un accord sur le partage de la dette extérieure de l'ex-URSS (notamment Russie : 61,4 %, Ukraine : 16,37 %) est conclu. En 1993, la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et la Géorgie<ref name="Géorgie2" group="N">La Géorgie a quitté la CEI en 2008 à l'occasion de la guerre d'Ossétie du Sud. La Géorgie a mis un terme à sa participation à tous les projets de la CEI.</ref> signent un accord-cadre d'union économique dans le cadre de la CEI (l'Ukraine et le Turkménistan s'y sont associés). En 1994, le Comité inter-étatique économique, première structure supranationale de la CEI, est créé. En 1996, l'Arménie, l'Ukraine, la Russie, le Kazakhstan, la Moldavie, le Tadjikistan et la Géorgie<ref name="Géorgie2" group="alpha" /> créent un ministère des Finances de la CEI.
En 1992, un accord sur le partage de la dette extérieure de l'ex-URSS (notamment Russie : 61,4 %, Ukraine : 16,37 %) est conclu. En 1993, la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et la Géorgie<ref name="Géorgie2" group="alpha">La Géorgie a quitté la CEI en 2008 à l'occasion de la guerre d'Ossétie du Sud. La Géorgie a mis un terme à sa participation à tous les projets de la CEI.</ref> signent un accord-cadre d'union économique dans le cadre de la CEI (l'Ukraine et le Turkménistan s'y sont associés). En 1994, le Comité inter-étatique économique, première structure supranationale de la CEI, est créé. En 1996, l'Arménie, l'Ukraine, la Russie, le Kazakhstan, la Moldavie, le Tadjikistan et la Géorgie<ref name="Géorgie2" group="alpha" /> créent un ministère des Finances de la CEI.


En {{date-|octobre 2000}}, une nouvelle formation économique, ''l'[[Communauté des États indépendants|Eurasec]]''<ref group="alpha">* États membres :
En {{date-|octobre 2000}}, une nouvelle formation économique, ''l'[[Communauté des États indépendants|Eurasec]]''<ref group="alpha">* États membres :
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</ref>, a été créée réunissant certains membres de la CEI.
</ref>, a été créée réunissant certains membres de la CEI.


En effet, l'''Eurasec''<ref name="domination2" group="N">La Russie possède un poids prépondérant au sein de la [[Communauté des États indépendants]], l'[[Organisation du traité de sécurité collective]], la [[Communauté économique eurasienne]] et l'[[Organisation de coopération centre-asiatique]].</ref> s'inscrit dans la poursuite de l'objectif initial de la CEI : la création d'un espace économique commun dans lequel une commission supranationale légifèrerait sur les relations commerciales et tarifaires entre les pays membres, créant ainsi un véritable bloc économique de libre-échange.
En effet, l'''Eurasec''<ref name="domination2" group="alpha">La Russie possède un poids prépondérant au sein de la [[Communauté des États indépendants]], l'[[Organisation du traité de sécurité collective]], la [[Communauté économique eurasienne]] et l'[[Organisation de coopération centre-asiatique]].</ref> s'inscrit dans la poursuite de l'objectif initial de la CEI : la création d'un espace économique commun dans lequel une commission supranationale légifèrerait sur les relations commerciales et tarifaires entre les pays membres, créant ainsi un véritable bloc économique de libre-échange.


==== Coopérations militaires (Doctrines militaires par rapport à l'étranger « proche ») ====
==== Coopérations militaires (Doctrines militaires par rapport à l'étranger « proche ») ====
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En 1991, un accord est conclu entre les quatre puissances nucléaires de la CEI (la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan) sur l'instauration d'un commandement unique russe des forces nucléaires stratégiques. En 1992, la force collective de maintien de la paix de la CEI est créée à Kiev. Il y a 1 mission de maintien de la paix encore actuellement en cours : la ''PKF'' (Transnistrie, Moldavie). Ces missions sont indépendantes de l'OTSC et servent ''de facto'' à maintenir une présence russe dans les régions concernées. Des mercenaires de la CEI ont pris part sans le couvert du mandat de maintien de la paix aux guerres d'[[Deuxième guerre d'Ossétie du Sud|Ossétie du Sud]] et du [[Guerre du Haut-Karabagh|Haut-Karabagh]] auprès des divers belligérants sans distinction (le camp de la Russie, l'Arménie, le Haut-Karabagh, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, d'un côté - par exemple, le Kazakhstan et la Biélorussie -, et le camp de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan, de l'autre - par exemple, l'Ukraine).
En 1991, un accord est conclu entre les quatre puissances nucléaires de la CEI (la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan) sur l'instauration d'un commandement unique russe des forces nucléaires stratégiques. En 1992, la force collective de maintien de la paix de la CEI est créée à Kiev. Il y a 1 mission de maintien de la paix encore actuellement en cours : la ''PKF'' (Transnistrie, Moldavie). Ces missions sont indépendantes de l'OTSC et servent ''de facto'' à maintenir une présence russe dans les régions concernées. Des mercenaires de la CEI ont pris part sans le couvert du mandat de maintien de la paix aux guerres d'[[Deuxième guerre d'Ossétie du Sud|Ossétie du Sud]] et du [[Guerre du Haut-Karabagh|Haut-Karabagh]] auprès des divers belligérants sans distinction (le camp de la Russie, l'Arménie, le Haut-Karabagh, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, d'un côté - par exemple, le Kazakhstan et la Biélorussie -, et le camp de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan, de l'autre - par exemple, l'Ukraine).


L'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)<ref name="domination" group="N">La Russie possède un poids prépondérant au sein de la [[Communauté des États indépendants]], l'[[Organisation du traité de sécurité collective]], la [[Communauté économique eurasienne]] et l'[[Organisation de coopération centre-asiatique]].</ref> est une organisation à vocation politico-militaire, créée en 1992<ref name="colisee">{{fr}} {{Lien web |titre=La Communauté des États Indépendants |url=http://colisee.org/article.php?id_article=560 |site=colisee.org |consulté le=10 août 2010}}</ref>{{,}}<ref group="N">* {{Russie}}
L'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)<ref name="domination" group="alpha">La Russie possède un poids prépondérant au sein de la [[Communauté des États indépendants]], l'[[Organisation du traité de sécurité collective]], la [[Communauté économique eurasienne]] et l'[[Organisation de coopération centre-asiatique]].</ref> est une organisation à vocation politico-militaire, créée en 1992<ref name="colisee">{{fr}} {{Lien web |titre=La Communauté des États Indépendants |url=http://colisee.org/article.php?id_article=560 |site=colisee.org |consulté le=10 août 2010}}</ref>{{,}}<ref group="alpha">* {{Russie}}
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Version du 19 décembre 2020 à 16:48

GEOPOLITIQUE DE LA RUSSIE

Géopolitique de la Russie

Date 1991 -
Chronologie des années 1991 - 1999
Création de la CEI
Fin de l'URSS, la Russie lui succède sur le plan international
Chronologie des années 2000 - 2009
Russie : élection de Vladimir Poutine à la présidence
OTAN : élargissement à 7 pays de l'ancien bloc soviétique
Russie : Poutine dénonce les projets de défense antimissile des États-unis en Europe
Kosovo : Russie et Serbie rejettent le plan d'indépendance de l'ONU
Géorgie : début de la deuxième guerre d'Ossétie du Sud
Ukraine - Russie : conflit gazier

Chronologie des années 2010 - 2020
Ukraine - Russie : crise de Crimée

Introduction générale

La géopolitique de la Russie est relative à la compréhension de la stratégie de la Russie vis-à-vis du reste du monde, à l’étude des leviers d’action privilégiés et à l’analyse des facteurs historiques, géographiques, économiques et de politique intérieure la sous-tendant.

La notion de géopolitique met l’accent sur les objectifs de pouvoir et d’influence d’un pays dans le but de conquérir ou au moins de contrôler de nouveaux espaces, mais aussi dans celui de protéger son territoire et celui de ses alliés les plus fidèles.

Dans le cas de la Russie, la vision géopolitique de ses dirigeants s’enracine dans le temps long et l’histoire de cet ancien empire est utilisée pour légitimer les ambitions de Moscou dans le monde d’aujourd’hui.

Avec 17 millions de kilomètres carrés la Russie dispose d'une superficie deux fois supérieure à celle des États-Unis ou à celle de la Chine ce qui en fait le plus vaste état du monde. Puissance continentale, la Russie occupe le centre de l’Eurasie, un concept aujourd'hui majeur dans les représentations géopolitiques russes. Cette position centrale lui offre des possibilités naturelles d’extension dont pendant trois cents ans la maison Romanov a profité. Elle se traduit aussi par de longues frontières terrestres à l’Ouest, au Sud et à l’Est avec des voisins toujours perçus comme menaçants qui créent un sentiment d’encerclement. Au Nord, l'océan glacial Arctique dont la valeur géostratégique est accrue par le réchauffement climatique est aussi une zone de contact avec l'Amérique du Nord[1].

Pour construire et défendre l’Empire, le régime tsariste est fortement autocratique et militarisé aux dépens d’une société civile asservie. L’État soviétique conserve ces caractéristiques fondamentales d’un pouvoir autoritaire centralisé, cette fois entre les mains du seul Parti communiste, qui donne la priorité au secteur militaro-industriel. Après l’effondrement des années 1990, un nouvel État russe fort renaît sous la direction de Vladimir Poutine qui développe depuis le début du XXIe siècle une vision géopolitique inspirée de la grandeur russe historique et d’une vision du monde largement fondée sur les théories du Heartland et de l'eurasisme.

Après la dissolution de l'URSS le , la Russie est réduite aux frontières existantes du temps des premiers Romanov avec à peu près la même population qu'en 1917. Près de 25 millions de russes se retrouvent dans les États postsoviétiques. Créée pour compenser cette perte, la Communauté des États indépendants (CEI) regroupe 11 États postsoviétiques. Elle est vue comme le moyen de construire un « empire libéral » dans lequel la Russie bénéficiera de sa position économiquement et politiquement dominante. Mais un courant conservateur et eurasiste favorable à un contrôle fort voire à la réannexion de certains de ces territoires se développe au Kremlin qui provoque la méfiance des dirigeants de ces nouveaux États et empêche finalement que la CEI ne devienne une communauté d’États forte selon un modèle proche de celui des Communautés européennes.

Alors que le panslavisme classique repose sur une vision de la Russie centrée sur l'Europe, l'eurasisme repose sur l'idée d'un Empire du milieu russo-touranien dont le centre gravité est déplacé vers l'Est, englobant l'Asie centrale et s'étendant jusqu'au Pacifique[2]. Fortement soutenue par Poutine, l'Union économique eurasiatique est une des concrétisations spectaculaires de la vision géopolitique actuelle de la Russie[3].

La « grande stratégie » russe se construit aussi sur une opposition à l'Occident, nourrie par la nostalgie des années Brejnev où la puissante Union soviétique traitait en pleine guerre froide d'égal à égal avec les États-Unis et par l'avancée vers l'Europe de l'Est et les Balkans de l'OTAN et de l'Union européenne qui sont rejoints par quatorze pays anciennement du bloc de l'Est ou, pire encore, de l'URSS elle-même[1]. Les conflits en Ukraine et en Géorgie en sont la conséquence directe, car la Russie ne peut accepter que ces pays si proches et si liés à son histoire rejoignent le camp occidental. La détérioration marquée des relations entre Moscou et les capitales occidentales depuis 2010 s'accompagne d'un usage croissant des moyens du Soft power et fait l'objet de deux écoles de pensée opposées.

La première école soutient que les occidentaux sont les premiers responsables de l'évolution anti-occidentale du Kremlin et du caractère agressif de la politique étrangère russe pour avoir largement empiété sur son « étranger proche » et pour avoir humilié la Russie en lui refusant de prendre une place de choix au sein d'une vaste communauté atlantique qui reconnaîtrait sa prépondérance sur l'ancienne zone d'influence de l'URSS[1].

La seconde école insiste sur la longue histoire expansionniste de la Russie et la tradition autonomiste et nationaliste de la politique russe. La politique étrangère de Boris Eltsine, principalement tournée vers l'Occident, s'explique d'abord par la situation catastrophique du pays, obligé d'obtenir l'aide du FMI et de composer avec Washington. Au fur et à mesure du redressement du pays, le Kremlin développe et dévoile sa stratégie inscrite dans des représentations géopolitiques cohérentes, fortement teintées de nationalisme néo soviétique et d'eurasisme, et centrée sur la revendication d'un « étranger proche » dont la première formulation remonte à 1992[1].

La montée des tensions entre la Russie et le monde occidental est parallèle au développement d'une politique étrangère active en Asie d'abord puis au Moyen-orient.

Apparu dès 1992, le terme d'« étranger proche » est utilisé en Russie pour désigner les quatorze autres ex-républiques soviétiques. En 1993 Boris Eltsine exige que les organisations internationales y compris l'ONU reconnaissent à la Russie des droits particuliers en tant que garant de la paix de la stabilité de ces ex-républiques soviétiques. Les tensions deviennent visibles en 1999 avec le premier élargissement de l'OTAN à trois pays de l'ex bloc de l'Est — Hongrie, Pologne et Tchéquie — et plus encore avec l'intervention militaire de l'OTAN en Serbie. Faisant suite aux attentats du 11 septembre 2001, la lutte contre le terrorisme relance la coopération entre la Russie et l'Occident qui laisse les mains libres à Poutine en Tchétchénie. Mais la poursuite de l'extension vers l'Est de l'OTAN et de l'Union européenne ruine les ambitions russes sur l'« étranger proche » et achève de détériorer les relations. Souvent cité, le discours de Poutine du 10 février 2007 est clairement anti-occidental. La Russie intervient militairement en Géorgie en 2008 pour éviter qu'un État de plus ne bascule dans le camp occidental. Les interventions dans le Donbass et en Crimée de 2014 relèvent de la même logique. Les débuts de la présidence de Barack Obama se traduisent par une brève embellie qui se concrétise par la signature du traité New Start sans lendemain[1].

Parallèlement, bien que l'orientation européenne de la Russie soit forte jusqu'au début des années 2000, un partenariat stratégique est conclu avec la Chine en 1996 et le groupe de Shangai institué avec la Chine et l'Inde pour

Au sud le Moyen-Orient et globalement perçu comme un arc de crise en proie à l'islamisme dont les contrecoups se ressente dans le Caucase et en Asie centrale au nord

Leviers de la puissance russe

La stratégie de puissance russe s'appuie sur une large palette de leviers : un pouvoir centralisé fort et affranchi des contraintes du modèle occidental, l'existence d'une vaste population russophone et du mouvement panslaviste, la possession de vastes ressources naturelles notamment en gaz et en pétrole, une puissance militaire retrouvée et la maîtrise du « soft power ».

Pays-continent

blabla

Pouvoir centralisé fort et indépendance

Sous la direction de Vladimir Poutine, la suprématie du pouvoir central a été affirmée dans toute la Fédération de Russie, et celle-ci qui au tournant du XXIe siècle n'était plus considérée comme une puissance mondiale, est revenue sur la scène mondiale comme l'un des acteurs géopolitiques et militaires les plus importants et les plus actifs depuis le milieu des années 2010[4].

Le rétablissement d'un État fort s'est fait sur un mode autoritaire habituel en Russie mais éloigné du modèle démocratique occidental, et au profit d'une élite qui exploite les ressources du pays. Simultanément, la croissance des revenus tirés de l'exploitation largement nationalisée du gaz et du pétrole a permis à la Russie de retrouver sa pleine souveraineté en s'affranchissant de la dépendance financière à l'égard des Occidentaux des années Eltsine.

Diaspora russophone et panslavisme

Part russophone de la population
Pays Pop.
(M. hab.)
Part
Drapeau de la Russie Russie 141,7 86 %
Drapeau de la Biélorussie Biélorussie 9,5 70 %
Drapeau de la Lettonie Lettonie 1,9 34%
Drapeau de l'Estonie Estonie 1,2 30%
Drapeau de la Lituanie Lituanie 2,7 8%
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan 30,6 14%
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan 19,1 94%
Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan 6,0 9%
Drapeau de l'Ukraine Ukraine 43,9 30%
Drapeau de la Moldavie Moldavie 3,4 10%

Moscou compte sur le levier d'influence politique et le cas échéant d'action que constitue la présence dans les anciennes RSS d'une population russophone nombreuse[5]. Ces valeurs moyennes masquent les disparités régionales.

Ainsi en Ukraine, dans plusieurs régions plus des deux tiers de la population est russophone. L'annexion de la Crimée[6] par un coup de force en est aux yeux des autorités russes rendue légitime par un référendum organisé dans la foulée où 97 % des votants se prononcent en faveur du rattachement à la Russie. Le scrutin ne s'est pas tenu dans des conditions normales, mais six ans plus tard, en 2020, les habitants demeurent très largement favorables à cette annexion[7].

La Fédération de Russie n'a, du moins officiellement, pas utilisé la doctrine panslave dans sa politique extérieure. Cependant, les nationalistes russes et les communistes ont joué la carte d'influence culturelle et linguistique russe pour promouvoir l'idée d'union entre les anciennes républiques soviétiques voire la restauration de l'Union soviétique. Le parti d'extrême droite nationaliste russe, le Parti libéral-démocrate de Russie, ainsi que le parti d'extrême gauche nationaliste russe, le Parti national-bolchevique, ont même prôné le retour par la force à une forme de l'Empire russe faisant preuve de chauvinisme et de xénophobie.

Sur le plan officiel, la Russie s'est par ailleurs engagée dans un rapprochement poussé avec la Biélorussie en vue de créer avec elle une union de type confédéral. Les liens entre la Russie, la Bulgarie[a] et la Serbie restent également encore assez marqués par la doctrine panslave.

Ressources naturelles considérables (Géostratégie énergétique)

Aujourd'hui, la géostratégie russe ne peut s'appréhender sans tenir compte de l'importance grandissante du secteur énergétique (gaz et pétrole) sur le plan économique depuis 2001, période où débute la hausse fulgurante des prix des hydrocarbures dans le monde. En effet, la Russie est le premier producteur mondial (environ 600 milliards de m3) et le premier exportateur mondial (environ 200 milliards de m3) de gaz et le 2e producteur mondial et exportateur majeur du pétrole. Ses réserves gazières s'élèvent à plus de 23 % des réserves mondiales. Compte tenu de sa situation géographique, la Russie est le premier fournisseur de l'Union européenne (UE)[b] dont la demande est en constante progression. Avec son contrôle des hydrocarbures, la Russie détient actuellement une position géopolitique inégalée par laquelle elle tente de renforcer sa place d'acteur majeur dans le « Grand Jeu » des superpuissances.

Le gouvernement russe participe activement dans les travaux du Forum des pays exportateurs de gaz (FPEG). Le but de ce forum serait principalement de mettre en place un mécanisme de coordination des prix de gaz naturel. La Russie considère ce forum gazier comme une structure qui devrait s'occuper de projets communs, et de la création, entre autres, de réseaux de transport du gaz. Selon les analystes, la Russie, le Qatar et l'Iran formeraient la « grande troïka gazière », un noyau dur de l'organisation, susceptible de la transformer en cartel de type OPEP.

Puissance militaire restaurée (Puissance militaire / Puissance nucléaire)

Budget de la défense des 4 pays d'Europe consacrant le plus de moyens à leurs forces armées (en euros courants) - Source OTAN[8] et SIPRI[9].

Le budget de défense de la Russie a augmenté de 175 % en termes réels de 2000 à 2019, et de 30 % de 2010 à 2019, passant de 49,2 à 64,1 milliards USD constant de 2018. Sur cette période 2010-2019, les dépenses militaires représentent entre 3,4 % et 5,5 % du PIB. Converti en euros, le budget de défense de la Russie est le plus élevé d'Europe, mais dans des proportions qui paraissent faibles au regard de l'importance des moyens alignés par ses forces armées. Cette distorsion tient au moins en partie au fait que la Russie importe très peu de technologies militaires et que ses coûts de production d'armements sont inférieurs à ceux des pays occidentaux. Les salaires et pensions des personnels militaires sont également très inférieurs aux standards occidentaux. Enfin, la Russie rend très visible la priorité accordée à la modernisation de ses forces nucléaires et à la production d'armements nouveaux, soignant ainsi son image de forte puissance militaire[10],[9],[8].

La Russie et les États-Unis demeurent les deux seules superpuissances nucléaires dans le monde. En 2020, elles possèdent encore chacune autour de 6 000 têtes nucléaires, dont 1570 et 1750 respectivement sont prêtes à l'emploi[11]. Leurs arsenaux nucléaires stratégiques sont encadrés par le traité New Start qui arrive à échéance début 2021. Depuis la dénonciation du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire en 2019 par D. Trump, les deux pays sont libres de développer ce type d'armes.

Bien qu'amoindrie par rapport à l'Union soviétique sur les plans économique et géographique, la Russie reste une superpuissance nucléaire dotée d'un arsenal fonctionnellement équivalent à celui des États-Unis, elle possède une industrie de la défense qui produit des armes qui s'exportent bien et elle possède des forces militaires qu'elle n'hésite pas à engager en Tchétchénie, en Géorgie, en Ukraine ou en Syrie. Alors que la plupart des nations européennes ne consacrent que des moyens limités à leurs forces militaires, la puissance militaire est devenu dans les années 2010 le principal avantage comparatif de la Russie[12].

Puissance militaire

Avec 1 140 000 militaires dans le service actif et 2 000 000 réservistes, les Forces armées de la fédération de Russiesont la quatrième plus grande armée du monde, pour un budget estimé à 70 milliards de dollars en 2008[13].

La doctrine militaire des forces armées de la Fédération de Russie est l'héritière d'une réforme datant de l'URSS, organisée par Mikhaïl Frounze. Celui-ci a lancé une série de réformes essentielles pour l'Armée rouge. Il est partisan d'une organisation militaire permanente, unique moyen de mener les guerres de mouvement offensif que les « spécialistes », comme le chef de l'état-major général de l'Armée rouge, Toukhatchevski proposent de mettre sur pied en prévision d'éventuelles agressions extérieures.

La nouvelle doctrine militaire russe, adoptée en 2000, multipliant les références à la crise du Kosovo, évoque abondamment l’ensemble des facteurs qui ont provoqué la dégradation des perceptions que les responsables russes ont de l’Occident. Néanmoins, la Tchétchénie et les instabilités dans la périphérie Sud de la Russie sont également présentes dans la doctrine. Et différents éléments, dans ce texte comme dans la politique aujourd’hui mise en œuvre par le Kremlin, permettent de relativiser l’idée selon laquelle la Russie est revenue à des postures anti-occidentales.

Grâce au redressement économique des dernières années et aux excédents budgétaires sans précédent, le gouvernement russe accélère le renouvellement de l'arsenal militaire du pays, et ce dans tous les domaines concernés : de l'aviation stratégique[c] aux nouveaux systèmes balistiques et de défense anti-missile (notamment les missiles S-400, sans doute les systèmes de DCA à long rayon d'action le plus performant actuellement; les missiles Topol-M et Bulava[d] à la mise en orbite de la constellation des satellites de positionnement global[e].

Le budget de la défense de la Fédération de Russie est en hausse sous la présidence Poutine. Cependant, l'opacité de l'attribution des fonds de la défense fut critiquée[14]. La deuxième guerre d'Ossétie du Sud a montré une armée russe moins hétéroclite qu'en Tchétchénie : des unités entières disciplinées et bien équipées, des conscrits bien entraînés, mais sans soutien d'hélicoptères[14]. Cependant la récente guerre contre la Géorgie a relevé de nombreuses lacunes, tant sur le plan de l'utilisation de matériel obsolète que vis-à-vis de la doctrine calquée sur le modèle soviétique[15].

De plus, les problèmes de l'armée restent nombreux : détournement d'une partie du budget (corruption), utilisation d'un matériel obsolète dont la masse peine à être remplacée, difficultés de mobilisation des conscrits dans une armée réputée par la violence de ses « bizutages », mais surtout pour ses solutions de communication ainsi que ses moyens de combats de nuit inadaptées aux besoins militaires de l'après-guerre froide[14].

Depuis 2005, la doctrine militaire est en cours de révision sous l'autorité du général Makhmout Gareev. Les menaces ne seraient plus les armées contre-révolutionnaires mais :

  • L'instabilité de certains États déchirés par des conflits ethniques ;
  • L'aventurisme militaire des États-Unis à la recherche de ressources énergétiques.

Les forces armées devraient donc être capables, non seulement de défendre la Patrie, mais aussi de peser dans le monde comme arbitre géopolitique en évitant tout affrontement direct avec les États-Unis[16].

Lutte contre le terrorisme
Puissance nucléaire

L'industrie nucléaire en Russie est héritière du programme nucléaire de l'URSS. La Russie possède, en conséquence, la totalité de l'arsenal nucléaire soviétique dont le commandement unifié lui a été transféré, en 1991, par le Kazakhstan, l'Ukraine et la Biélorussie. En 2005, la Russie possédait 31 réacteurs de production ce qui la place en 4e position mondiale des pays producteurs d'énergie nucléaire. Par ailleurs, elle possède un nombre très important de sites avec des réacteurs de recherche civils ou militaires, dont environ 109 réacteurs de recherche ou à vocation militaire à l'origine[17].

La Russie est l'un des cinq pays reconnus officiellement par le Traité de non-prolifération nucléaire comme possédant l'arme nucléaire. Elle possède d'ailleurs le plus vaste arsenal nucléaire au monde avec plus de 16 000 têtes nucléaires[18],[19] dont 5 830 sont opérationnelles[20].

Maîtrise du « soft power » (L'activation d'outils de « soft power » / Internet)

Depuis 2004 et la dégradation de son image en Occident, la Russie manifeste une volonté d'améliorer son image et de maintenir son rôle de puissance centrale dans la zone postsoviétique au moyen d’outils de « soft power » et de diplomatie publique dont la mise en œuvre a été favorisée par une croissance économique forte (jusqu’à la crise mondiale).

Cependant, cet effort de soft power se manifeste en parallèle du raidissement de la politique étrangère russe, notamment par le recours à la contrainte et à la force avec deux points d’orgue : les crises gazières avec l’Ukraine (en et 2009) et la guerre en Géorgie en .

Dans la foulée de son retour à la présidence peu après les grandes manifestations de l'hiver 2011-2012, Vladimir Poutine décide de renforcer sa propagande à l'étranger en développant l'audience des médias RT et Sputnik, mais aussi en soutenant l'activisme sur les forums de discussions sur internet[21].

La Russie mène une politique d'influence traditionnelle auprès des acteurs institutionnels d'internet, notamment l'Union internationale des télécommunications, organisme onusien dont Moscou demande qu'il soit plus influent sur la gouvernance d'internet, ainsi que Governmental Advisory Committee qui est le comité consultatif pour les gouvernements auprès de l'ICANN, l'association de droit américain gérant les noms de domaines. La Russie conteste ce qu'elle considère comme la mainmise américaine sur les infrastructures et le Web ; pour elle, Google et le département d’État ne font qu'un, la firme de Mountain View étant considérée comme au service du soft power des États-Unis. La Chine est traditionnellement proche des positions russes, même si elle s'est lancée dans une politique de re-territorialisation numérique beaucoup plus poussée. La Russie compte aussi sur le soutien des pays du BRICS, des pays arabes (Algérie, Arabie saoudite, Émirats arabes unis), de la Turquie, voire de l'Iran[22],[23].

Ambitions mondiales de la Russie

Une grande puissance retrouvée ?

À l'aune des critères d'évaluation de la puissance d'un pays sur le plan géopolitique, la Russie de la fin des années 2010 est clairement redevenue une grande puissance : elle dispose d'une autonomie de décision et de moyens financiers et militaires lui permettant de mener une politique extérieure active et le cas échéant conflictuelle au moins en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Sa politique dynamique au Moyen-Orient et son intervention militaire en Syrie depuis 2015 ont ainsi largement contribué au rétablissement de son statut de grande puissance avec laquelle il faut désormais compter[4].

Cette puissance retrouvée comporte cependant d'importantes limites. La Russie n'a pas, à la différence des États-Unis et des Européens, un vaste réseau d'alliés stables et fiables dans le temps, capables de se mobiliser en situation de crise. Elle a échoué à fédérer autour d'elle les pays de sa zone d'influence de l'ère soviétique, et à conclure une forme d'intégration dans l'Union européenne. La Russie est une puissance indépendante mais isolée. Ses relations en dent de scie avec la Biélorussie ou la Turquie en sont l'illustration. Puissance continentale, la Russie interagit dans toutes les directions avec ses nombreux voisins, sans qu'en ce début de troisième décennie du XXIe siècle un ou deux axes d'alliance privilégiés puissent être mis en évidence[4].

Du « Forum de Shangai » à l'Organisation de coopération de Shanghai (Organisation de coopération de Shanghai)

Pour contrecarrer sa perte d'influence en Europe, et ne pas laisser le champ libre à la Chine en plein développement, la Russie initie une nouvelle alliance de sécurité collective avec la Chine et ses alliés traditionnels d'Asie centrale. Une première étape est franchie en avec la constitution du « Forum de Shanghai » par la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan et la signature des « accords visant à renforcer la confiance dans le domaine militaire dans la région de la frontière ». L'année suivante, les cinq signent un « accord sur la réduction conjointe des forces militaires dans les régions frontalières ». Il s'agit en premier lieu pour Moscou et Pékin de mettre fin aux tensions sur leur longue frontière qui existaient depuis 1964, et en second lieu de stabiliser la région d'Asie centrale considérée comme un enjeu commun de sécurité au regard notamment de la montée des phénomènes terroristes et extrémistes dans la région.

En 2001, les cinq sont rejoints par l'Ouzbékistan et transforment le forum en une organisation structurée de coopération dans de nombreux domaines dont la priorité demeure la sécurité collective, et la lutte contre le terrorisme, les séparatismes et les extrémismes[24],[25]. L'Inde et le Pakistan rejoignent l'OCS en 2017[26].

L’OCS a donc été créée pour des raisons sécuritaires et économiques strictement régionales et non comme un outil d'opposition à la présence des États-Unis en Asie. Cependant, l’OCS a été utilisée, de manière croissante, tant par Moscou que par Pékin, comme un vecteur pour limiter « l’expansionnisme politique » américain, sur la scène internationale comme régionale[25]. Elle sert largement les intérêts de Moscou en ce qu'elle pérennise son influence en Asie centrale et lui permet de ne pas laisser Pékin développer seule une politique de leadership régional. Ce dernier facteur explique l'insistance des Russes à ce que l'Inde et le Pakistan rejoignent l'OCS, ce qui advient finalement en 2017[27],[28].

L'OCS[f], dont l'Inde est devenu membre observateur, s'inscrit dans cette nouvelle alliance eurasiatique. Ce triangle Russie-Chine-Inde se transforme en une structure de plus en plus solide. En effet, des exercices militaires conjoints avec la Chine (Mission de Paix 2005) ont remporté un vif succès et New Delhi a déjà fait savoir qu'elle serait intéressée à participer à des exercices similaires (Indra 2009). Le maintien de la stabilité en Asie centrale et la sécurité des voies maritimes de transport d’hydrocarbures semblent être les objectifs les plus primordiaux de ce rapprochement eurasiatique. Un autre point de convergence des intérêts des trois pays est la lutte contre le terrorisme international. Le Caucase pour la Russie, le Cachemire pour l'Inde et le Xinjiang pour la Chine sont des régions abritant une mouvance islamique extrémiste et fondamentaliste. Plus globalement, ces relations triangulaires inter-étatiques, en permettant d'établir un partenariat militaire, unissent ces trois États dans leur volonté de mettre un terme à la stratégie américaine du monde unipolaire en créant une véritable force régionale. Le développement économique rapide de l'Inde et par conséquent ses besoins croissants en énergie ont permis à Moscou de conclure des accords pesant plusieurs milliards de dollars, ce qui a fait de la Russie l'un des plus importants partenaires de l'Inde non seulement dans le secteur énergétique mais aussi en matière de défense et de recherche spatiale. Il est de plus en plus évident que la Russie tente d'attirer ce pays géant dans la sphère de ses intérêts géopolitiques et économiques, rapprochant le moment de l'adhésion indienne à l'OCS.

Avec la Chine et l'Inde, la Russie entre dans une phase de relations sans précédent. Une déclaration conjointe signée par Pékin, New Delhi et Moscou a formulé la nécessité d'établir une stratégie globale de développement en Eurasiereposant à la fois sur la confiance et le profit mutuels, l'égalité et la coordination.

BRICS (BRICS)

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Enjeux stratégiques en Arctique et Baltique (Revendications russes en Arctique)

Le réchauffement climatique redonne à l'arc arctique un intérêt stratégique quelque peu diminué par la fin de la guerre froide. Simultanément, la Russie accepte mal l'ancrage occidental des pays baltes et de façon plus large de tous les pays scandinaves. Il en résulte une activité militaire accrue qui va de pair avec le renforcement des capacités militaires aériennes et navales de la Russie stationnées dans la région.

L'OTAN apporte un soutien visible et concret à la souveraineté des États baltes par des moyens aériens (Baltic Air Policing), terrestres (Présence avancée renforcée) et navals. La Suède augmente fortement son budget militaire et développe sa coopération avec les autres pays scandinaves[29],[30].

En Arctique[31].

Dotée de la plus longue frontière arctique, la Russie mène depuis le début des années 2000 une politique revendicative dans la région du Grand Nord. À la différence de la période de la guerre froide pendant laquelle elle était un no man’s land, l’Arctique revêt, avec le regain des tensions russo-américaines depuis 2003-2004, une dimension stratégique certaine[32].

En 2001, Moscou a déposé devant l'ONU une demande de fixation des limites extérieures de son plateau continental en Arctique (les dorsales Lomonossov et Mendeleïev), qu’elle considère comme un prolongement du plateau de la Sibérie occidentale. Elle affirme ainsi ses revendications, contestées par les états riverains du cercle polaire (Canada, États-Unis, Norvège, Danemark), qui ne souhaitent pas voir la Russie étendre de plus de 1 million de km2 sa zone de souveraineté sur les ressources sous-marines. En effet, la région arctique est riche en hydrocarbures. Selon le US Geological Survey, le Grand Nord pourrait receler 13 % du pétrole et 30 % du gaz non découverts dans le monde[33]. En outre, en raison des étés libres de glaces à partir de 2015, de nouvelles voies maritimes seront accessibles, en particulier le passage du Nord-Ouest (souveraineté défendue par la Canada) et la voie maritime du nord (souveraineté défendue par la Russie)[34].

La commission onusienne des limites du plateau continental (chargée de définir les limites du plateau continental conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982), a conclu que les données fournies par Moscou ne suffisaient pas pour considérer les zones de l'océan Arctique indiquées comme faisant partie du plateau continental russe, et a recommandé une étude complémentaire. En , une expédition polaire russe a effectué une plongée inédite à −4 200 m de profondeur dans l'océan Arctique afin de collecter des preuves supplémentaires permettant d'appuyer les revendications russes. Un drapeau russe y a également été symboliquement planté.

Plus globalement, ces démarches de la Russie illustrent que l'Arctique tend à devenir une composante à part entière de la politique extérieure russe[35]. Le président Medvedev a ainsi identifié l'Arctique à l'« héritage national » [russe], affirmant « nous devons protéger sur le long terme les intérêts nationaux de la Russie dans l'Arctique. » De même, la "Stratégie de sécurité nationale pour 2020" a ajouté le Grand Nord au rang de ses priorités, l'identifiant comme un lieu de potentiel conflit militaire, notamment en raison de son abondance en ressources énergétiques[36].

Certains pays, experts et médias ont dépeint les manœuvres russes dans la région comme agressives, se concentrant sur l'aspect militaire de la politique russe envers l'Arctique[37]. En réalité, l'approche de Moscou vis-à-vis de l'Arctique est plus complexe et multidimensionnelle, reflétant non seulement les nombreux intérêts de la Russie dans la région mais aussi l'influence de facteurs inhérents à la politique étrangère russe[38]. En , le secrétaire général du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev, a déclaré que son pays ne participerait pas à la militarisation de l’Arctique, préférant axer sa stratégie sur le développement économique de la région à l’horizon 2020[39].

Toutefois, le ministère de la Défense russe a annoncé qu'une brigade de commandement interarmées stratégique conçue pour l'Arctique sera formée à la fin mars 2015 alors qu'une seconde brigade devrait se déployer en Iamalie et Nouvelle-Zemble[40],[41],[42].

Rivalités avec les États-Unis et les puissances européennes

Les avancées enregistrées durant vingt ans dans l'intégration de la Russie au système occidental finissent par échouer au début des années 2010 en raison du double refus de Washington de lui accorder des droits réservés en Eurasie, et de Moscou d'accepter la prédominance américaine. Les élites russes, et la population dans une large proportion, continuent de se projeter dans une vision de la Russie héritière de l'Empire et de la puissance soviétique[4].

Hégémonie américaine vs. sphère d'influence russe

Au-delà des évènements qui affectent de façon conjoncturelle les relations entre les États-Unis et la Russie, celles-ci sont de façon permanente affectées par le refus des Russes de considérer l'hégémonie américaine comme une donnée immuable de la géopolitique mondiale et par le refus des États-Unis de reconnaître à la Russie une zone d'influence[43],[12].

Bien qu'en creux la stratégie d'« endiguement » adoptée par les Américains durant la guerre froide signifia l'acceptation bon gré mal gré d'une zone d'influence soviétique en Europe de l'Est et plus largement communiste à partir du moment où la Chine passa irrémédiablement entre les mains du PC chinois, les États-Unis tout au long de leur histoire se sont efforcés de dénier à leurs rivaux le droit d'établir une zone d'influence tout en développant la sienne au nom de l'exceptionnalisme américain. La Russie ne veut pas d'un monde unipolaire et promeut au contraire un monde multipolaire dominé par quelques grandes puissances — a minima les États-Unis, la Chine, l'Inde et la Russie — et des puissances moyennes dont les BRICS. Aussi la Russie a-t-elle d'une part établi des coopérations avec la plupart des puissances émergentes capables de contribuer à contester l'hégémonie américaine, et d'autre part utilisé tous les moyens possibles du « soft power » et de la « guerre hybride », bien au-delà des pratiques diplomatiques, pour contrecarrer la présence américaine dans son ancienne zone d'influence de l'ère soviétique où sa faiblesse dans les années 1990 l'a mise en mauvaise posture[43].

Lente dégradation des relations avec les Occidentaux

Coopérations prometteuses au lendemain de la guerre froide

Participation de la Russie aux organisations internationales
Organisation Membre Coopérations
Union européenne ❌
OTAN ❌ Conseil OTAN-Russie (2002)
OCDE ❌
G7/G8 ✔️ (1994 -)

❌ (2014 -)

OSCE ✔️ (1995)
Conseil de l'Europe ✔️ (1996)
OMC ✔️ (2012)

Après la guerre froide, les institutions multinationales occidentales s'ouvrent largement à la Russie et la coopération entre les États-Unis et la Russie débouchent sur plusieurs accords stratégiques. La Russie bénéficie de partenariats taillés sur mesure pour elle avec l'OTAN et l'Union européenne, mais elle n'est toutefois pas devenue membre à part entière. Le Conseil OTAN-Russie mis en place en 2002 institutionnalise un système de consultations réciproques. Plusieurs accords de partenariat sont signés entre la Russie et l'Union européenne qui constitue aussi un débouché majeur pour le gaz russe.

Ces partenariats sont motivés par le postulat fondamental que la Russie post-soviétique est engagée dans une transition vers la démocratie libérale et l'économie de marché, et que l'Occident doit la favoriser malgré les accrocs et les postures anti-occidentales qui sont vues comme faisant partie du jeu normal de pouvoir dans les négociations internationales[44].

Entre 2009 et 2012, l'administration Obama et les gouvernements européens poursuivent une politique active de partenariat avec la Russie. Barack Obama et Dmitri Medvedev s'accordent sur le Traité New Start de réduction des armes stratégiques, une résolution de l'ONU sur le nucléaire iranien et un accord logistique sur l'Afghanistan. L'OTAN convie la Russie à ses sommets et l'UE propose un « partenariat de modernisation » en 2010[44]. La relance de l'idée de la « maison commune européenne » lancée par Gorbatchev à la fin des années 1980 ne peut aboutir car les Européens ne sont pas prêts à abandonner leurs liens transatlantiques.

(Organisation mondiale du commerce)

La Russie négocie depuis 1993 son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce. Il s'agit du seul pays membre du G-20 à ne pas en faire partie[45]. Son adhésion, envisagée dès 2006, n'a pas abouti en raison des freins politiques que certains pays alors en froid avec Moscou exerçaient (ou exercent) à l'égard de la Russie, notamment la Géorgie et l'Ukraine.

Depuis son accession au Kremlin en 2008, Dmitri Medvedev a fait de l'entrée de la Russie dans l'OMC l'une des priorités de politique étrangère de son mandat, fondé sur l'intégration de la Russie dans le commerce international et la modernisation de l'économie russe.

La prise de position de D. Medvedev se heurte aux déclarations du Premier ministre Vladimir Poutine, qui livre, à intervalles réguliers, des propos relativement critiques sur le retard de l'intégration de la Russie à l'OMC. Ainsi, en , V. Poutine a déploré devant la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton la lenteur des négociations avec les États-Unis sur l'adhésion de la Russie à l'OMC[46]. Le président russe avait vertement critiqué dans le passé le refus de Washington d'abolir l'amendement Jackson-Vanik de 1974, un texte datant de la Guerre froide et qui limite les relations commerciales russo-américaines, le qualifiant d'« anachronisme ». La levée de ce texte est une condition nécessaire à l'entrée de la Russie dans l'OMC[47].

De la coopération à l'opposition

Malgré l'existence de sujets de tension comme le Kosovo ou la Géorgie, la volonté de coopération prévaut jusqu'en 2012, année ou Poutine redevient le président de la Russie. Depuis lors les relations sont devenues majoritairement conflictuelles, en Europe avec principalement la crise ukrainienne et la remontée en puissance militaire de l'OTAN et de la Russie, mais aussi au Moyen-Orient où la politique menée par Moscou avec la Syrie et la Turquie s'oppose à celle poursuivie par les capitales occidentales.

La crise ukrainienne ouverte en par la décision de ne pas signer l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne, puis l'annexation de la Crimée par la Russie et son engagement militaire au Donbass dans le cadre d'une guerre hybride sont à l'origine de sanctions prises par les États-Unis et l'UE. Les premières sanctions diplomatiques prises concernent la suspension de la participation russe au G8 et le retrait du soutien occidental à la candidature russe à l'OCDE. Ces sanctions sont élargies et durcies après le crash du vol Malaysia Airlines 17 atteint par un missile de fabrication russe. Les États-Unis visent de grands groupes énergétiques (Rosneft, Novatek), des banques de premier plan (Gazprombank, VEB) et des groupes d'armement. L'UE gèle des programmes de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), et prend des sanctions qui visent le secteur bancaire russe, le complexe militaro industriel, les groupes pétroliers, l'exportation d'armes et de technologies sensibles. La suspension d'une partie de ces mesures est conditionnée au respect des accords de Minsk. En représailles, Moscou adopte des contre sanctions portant notamment sur les exportations agroalimentaires européennes[44].

Diabolisation de l'OTAN et retour de la course aux armements (Organisation du traité de l'Atlantique Nord)

L'OTAN est un autre sujet de crispation de la politique russe. Héritage de la Seconde Guerre mondiale et de la volonté de Staline de créer un glacis aux frontières occidentales de l'URSS, Moscou ne se résout pas à la présence à ses frontières de pays membres de l'OTAN et entretient une polémique sur les engagements qui auraient pris par George H. W. Bush de ne pas étendre l'OTAN vers l'Est.

Dans ses relations avec l'OTAN, la Russie est surtout préoccupée des problèmes du déploiement en Europe d'éléments du bouclier antimissile américain (ABM), aujourd'hui abandonné par l'administration Obama[48], du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE), de l'indépendance du Kosovo et de l'éventualité de l'élargissement de l'OTAN à certains États postsoviétiques (Ukraine et Géorgie, notamment).

Face aux changements de la donne géostratégique en Europe, le , la Russie suspend l'application du FCE ce qui crée un remous au sein de l'OTAN et à Washington[49].

Lors de la réunion de l'OTAN d' à Bucarest, alors qu'invité pour discuter de l'autorisation du transport logistique de matériel non militaire sur le sol russe, Poutine a déclaré que l'élargissement de l'OTAN vers les ex-républiques de l'URSS constituait une menace pour la Russie. En parlant de l'Ukraine, il a notamment précisé que son éventuelle adhésion à l'OTAN ne va pas constituer une garantie pour sa démocratisation[50].

À la suite de la guerre d'Ossétie du Sud, provoquée par la Géorgie durant l'été 2008, la Russie a violemment riposté et a pris militairement positions sur une partie du territoire, la Russie et l'OTAN ont décidé de geler leur coopération militaire jusqu'à ce que la crise en Géorgie soit « résolue »[51],[52].

Relations avec l'Union européenne (Union européenne / Dépendance énergétique de l'UE / L'Axe Paris-Berlin-Moscou (2003-2006))

La Russie dispose d'un espace frontalier avec l'UE depuis 1995 (adhésion de la Finlande). Les pays de l'UE ne disposant pas d'une politique extérieure commune et unique, celle-ci est décidée au niveau bilatéral entre Moscou et chaque pays concerné.

L'élargissement de l'Union européenne entre parfois en conflit avec certains intérêts russes (notamment en Ukraine ou en Biélorussie). L'exclave russe de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lituanie, devient dans ce cadre l'objet de préoccupation pour l'UE.

Du point de vue économique, l'Union européenne est le premier partenaire commercial de la Russie et représente plus de 50 % de son commerce extérieur. Au sein de l'Union européenne, l'Allemagne est le premier partenaire commercial, loin devant l'Italie et la France. La Russie est notamment le principal fournisseur d'énergie de l'Europe[53].

Les négociations politiques entre Moscou et Bruxelles, entre autres, dans le cadre du Sommet UE-Russie, sont souvent longues et ardues sur pratiquement toutes les questions depuis le jour où l'Union européenne a admis dans ses rangs ses anciens satellites. L'embargo russe sur la viande de provenance de Pologne en 2006-2007 fut à l'origine du vetopolonais à la signature de l'accord UE-Russie, mettant les négociations entre les deux partenaires dans une impasse et conduisant au refus de renégocier un nouvel accord de partenariat et de coopération (APC) en vigueur depuis 1997.

Début 2008, les divergences entre la Russie et l'Union européenne sur la question de l'indépendance de la province serbe de Kosovo se sont également exacerbées. La majorité de membres de l’Union européenne soutenaient l’indépendance de la province, alors que Moscou s'y opposait, affirmant que cette indépendance était contraire au principe de l’unité territoriale serbe et à la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies[54].

La présence de troupes russes en Géorgie à la suite du conflit d'août 2008 en Ossétie a conduit Bruxelles à geler les pourparlers sur le nouveau partenariat stratégique avec Moscou[55],[56]. Les Vingt-Sept, et en particulier la Grande-Bretagne, la Pologne et les pays baltes, ont condamné « fermement » la décision du président Medvedev de reconnaître unilatéralement l'indépendance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du Sud[55],[56]. Le partenariat a finalement été relancé à l'hiver 2009.

Dépendance énergétique de l'UE

La dépendance énergétique européenne a été le fer de lance de l'établissement de relations cordiales avec Moscou. Les pays baltes dépendent de Moscou à 100 % pour leur approvisionnement en gaz, la Slovaquie à 100 %, la Finlande à 100 %, la Grèce à 86,8 %, la République tchèque à 80,8 %, l'Autriche à 73,4 %, l'Allemagne à 44,9 %, la France à 26,8 %[57]. Moscou peut donc utiliser cette dépendance énergétique pour faire pression sur les pays concernés, pression potentiellement mise en évidence par les conflits gaziers avec l'Ukraine. La Russie, quant à elle, refuse de signer la Charte énergétique européenne qu'elle juge discriminatoire à son égard. La construction d'un gazoduc via la mer Baltique a été lancée avec l'appui de Berlin, contournant la Pologne et l'Ukraine. La remise en service des pipelines qui débouchaient dans la mer Adriatique via la Croatie et le Monténégro ou encore ceux qui conduisaient en mer Blancheet sur golfe de Finlande s'ajoutent également à la liste grandissante des pipelines à destination de l'Europe.

L'Axe Paris-Berlin-Moscou (2003-2006)

Cet axe représentait la position des trois pays (Allemagne, France et Russie) contre celle des États-Unis par rapport à la guerre d'Irak. Durant cette période, des sommets, des rencontres et des actes de coopération se mirent en place. L'apparition de Angela Merkel à la chancellerie allemande causa la fin de l'Axe[58].

Relations avec l'« étranger proche »

Stratégie de contrôle des pays de l'« étranger proche »

Alliances multilatérales des pays de l'« étranger proche »[g]
Pays OTAN UE CEI OTSC OCS UEE
Mb. P.Or.
Drapeau de la Russie Russie 1991 1992 2001 2015
Europe
Drapeau de la Biélorussie Biélorussie 2009 1991 1992 2015
Drapeau de l'Estonie Estonie 2004 2004
Drapeau de la Lettonie Lettonie 2004 2004
Drapeau de la Lituanie Lituanie 2004 2004
Drapeau de la Moldavie Moldavie 2009 1991
Drapeau de l'Ukraine Ukraine 2009 2018
Asie occidentale (Caucase)
Drapeau de l'Arménie Arménie 2009 1991 1992 2015
Drapeau de l'Azerbaïdjan Azerbaïdjan 2009 1991 1999
Drapeau de la Géorgie Géorgie 2009 2008 1999
Asie centrale
Drapeau du Kazakhstan Kazakhstan 1991 1992 2001 2015
Drapeau du Kirghizistan Kirghizistan 1991 1992 2001 2015
Drapeau de l'Ouzbékistan Ouzbékistan 1991 2012 2001
Drapeau du Tadjikistan Tadjikistan 1991 1992 2001
Drapeau du Turkménistan Turkménistan

La Russie ne peut résister dans les années 1990 à l'extension vers l'Est du monde occidental, qui trouve son accomplissement dans l'adhésion à l'OTAN et à l'Union européenne de tous les pays de l'ex-bloc de l'Est européen et des trois anciennes républiques socialistes soviétiques baltes, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie.

Pire encore pour Moscou, les autres ex-RSS situées géographiquement en Europe se rapprochent de l'UE qui met en place à leur intention un « partenariat oriental » en 2009. Les six pays concernés d'Europe orientale et du Caucase du Sud sont : l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Biélorussie, la Géorgie, la République de Moldavie et l'Ukraine. La mise en place du partenariat oriental est accélérée à la suite du conflit en Géorgie de 2008. Ses objectifs officiels sont de promouvoir « la sécurité, la stabilité et la prospérité, la démocratie et l'État de droit » dans ces pays[59].

La Russie tente de contrebalancer ces avancées du monde occidental par des initiatives dans la zone eurasiatique. Les principales organisations créées dans cette optique sont la Communauté des États indépendants (CEI) en 1991, l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) en 1992, l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en 2001 et l'Union économique eurasiatique[h] (UEE) en 2015.

Moscou s'appuie sur ces nombreuses structures multilatérales pour régénérer sur le plan international son influence et son rayonnement, sensiblement amoindris depuis l’éclatement de l’URSS. Conçue par V. Poutine comme un moyen de faire barrage aux contrats d'association proposés par l'UE, l'UEE compte cinq membres à sa fondation en 2015, la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan et le Kirghizistan[60]. L'Ukraine choisit finalement de ne pas y adhérer et de signer un accord d'association avec l'UE, décision qui constitue le point de départ de la crise ukrainienne. Les États membres de l'UEE sont très attachés à préserver leur indépendance vis-à-vis de Moscou ; l'UEE n'est pas un véritable centre de pouvoir géopolitique en Eurasie et demeure avant tout une zone de libre-échanges.

Le multilatéralisme n'est pas le seul levier utilisé par Moscou pour tenter de préserver une zone d'influence exclusive dans son voisinage immédiat. Les Russes s'appuient aussi sur des conflits ethniques préexistant ou non à la dislocation de l'URSS, soit en soutenant les factions qui leur sont favorables, soit en intervenant directement. La Géorgie se retire de la CEI en 2008 à la suite du bref conflit armé qui l'oppose à la Russie pour le contrôle de sa province séparatiste d'Ossétie du Sud. L'Ukraine en fait autant en 2018 en raison des interventions russes en Crimée et dans le Donbass.

En Europe de l'Est, la zone d'influence russe s'est fortement réduite. La Biélorussie est le seul État allié indéfectible de la Russie. Membre de la CEI, de l'OTSC et de l'UEEA , elle est aussi liée à la Russie par de forts accords bilatéraux. Sa frontière ouest avec la Pologne, la Lituanie et la Lettonie est stratégique pour la Russie qui stationne des troupes sur le sol biélorusse. La rupture entre la Russie et l'Ukraine fait de la Biélorussie le dernier état « tampon » face au territoire des États membres de l'OTAN. Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, fait face depuis sa réélection contestée du 9 août 2020 à d'importantes manifestations qui obligent Moscou à lui renouveler un soutien sans faille[61] et conduisent l'UE à prendre des sanctions[62].

La Moldavie, pays de 3,5 millions d'habitants, entre la Roumanie et l'Ukraine, de moindre importance stratégique, est partagée entre fidélité à la Russie et volonté de se rapprocher de l'UE avec laquelle elle signe un accord de partenariat en 2014. L'Arménie, géographiquement aux marges de l'Europe dans le Caucase et dépendante de la Russie, s'en rapproche dans les années 2013 à 2015 et devient membre de l'UEE[63]. Cependant, elle négocie en 2016 et 2017 un nouvel accord de coopération avec l'UE[64].

En marge des organisations animées par les grandes puissances régionales, quatre États de l'ex-Union soviétique, la Géorgie, l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et la Moldavie, forment l'Organisation pour la démocratie et le développement, dite GUAM, d'orientation plutôt pro-occidentale[65].

Coopérations économiques (Doctrines économiques dans l'étranger « proche »)

En 1992, un accord sur le partage de la dette extérieure de l'ex-URSS (notamment Russie : 61,4 %, Ukraine : 16,37 %) est conclu. En 1993, la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et la Géorgie[i] signent un accord-cadre d'union économique dans le cadre de la CEI (l'Ukraine et le Turkménistan s'y sont associés). En 1994, le Comité inter-étatique économique, première structure supranationale de la CEI, est créé. En 1996, l'Arménie, l'Ukraine, la Russie, le Kazakhstan, la Moldavie, le Tadjikistan et la Géorgie[i] créent un ministère des Finances de la CEI.

En , une nouvelle formation économique, l'Eurasec[j], a été créée réunissant certains membres de la CEI.

En effet, l'Eurasec[k] s'inscrit dans la poursuite de l'objectif initial de la CEI : la création d'un espace économique commun dans lequel une commission supranationale légifèrerait sur les relations commerciales et tarifaires entre les pays membres, créant ainsi un véritable bloc économique de libre-échange.

Coopérations militaires (Doctrines militaires par rapport à l'étranger « proche »)

En 1991, un accord est conclu entre les quatre puissances nucléaires de la CEI (la Russie, l'Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan) sur l'instauration d'un commandement unique russe des forces nucléaires stratégiques. En 1992, la force collective de maintien de la paix de la CEI est créée à Kiev. Il y a 1 mission de maintien de la paix encore actuellement en cours : la PKF (Transnistrie, Moldavie). Ces missions sont indépendantes de l'OTSC et servent de facto à maintenir une présence russe dans les régions concernées. Des mercenaires de la CEI ont pris part sans le couvert du mandat de maintien de la paix aux guerres d'Ossétie du Sud et du Haut-Karabagh auprès des divers belligérants sans distinction (le camp de la Russie, l'Arménie, le Haut-Karabagh, l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, d'un côté - par exemple, le Kazakhstan et la Biélorussie -, et le camp de la Géorgie et de l'Azerbaïdjan, de l'autre - par exemple, l'Ukraine).

L'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC)[l] est une organisation à vocation politico-militaire, créée en 1992[66],[m] :

Certains experts pensent que l'OTSC serait, à moyen terme, un contre-poids de l'OTAN. Cet état de fait penser à l'opposition entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie[67].

En 1995, la Russie, la Biélorussie, l'Arménie, le Kazakhstan, le Tadjikistan, la Géorgie[n] et le Kirghizistan signent dans le cadre de la CEI un traité de défense commune des frontières extérieures avec l'établissement de gardes russes sur leurs frontières. En 2000, la création d'une force d'intervention, ou force de réaction rapide dans le cadre de l'OTSC est décidée par la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l'Arménie, le Tadjikistan et le Kirghizistan, son premier élément est créé en 2001 pour l'Asie centrale.

Crise ukrainienne

blabla

Défense des minorités russes dans l'ex-URSS

Les plus grandes diasporas russes vivent dans les anciens États soviétiques, comme l'Ukraine (environ 8 millions), le Kazakhstan (environ 4 millions), la Biélorussie (environ 1 million), l'Ouzbékistan (environ 700 000), la Lettonie(environ 700 000), le Kirghizistan (environ 600 000) et la Moldavie (environ 500 000). En Biélorussie, au Kazakhstan et au Kirghizistan, la langue russe est l'une des langues officielles. Enfin, le russe est encore très présent dans d'autres pays de l'ancien bloc soviétique comme l'Arménie. Depuis les années 1990, beaucoup de Russes originaires des anciens territoires soviétiques ont émigré vers la Russie, souvent en fuyant les politiques nationalistes, voire discriminatoires à leur égard. Nombre d'entre eux sont devenus des réfugiés (c'est le cas de certains régions d'Asie centrale et du Caucase, comme en Tchétchénie à l'époque séparatiste), forcés de fuir l'oppression politique, les actes russophobes ou les agressions à l'égard des Russes. Le gouvernement de la Russie a souvent exprimé son souci au sujet des droits des minorités russes ou russophones dans plusieurs pays, notablement en Lettonie. La Russie octroie par ailleurs relativement facilement les passeports russes aux populations d'origine russe des anciennes républiques de l'URSS (par exemple, en Crimée et en Transnistrie) ou même aux peuples non-russes vivant dans les régions séparatistes (par exemple, en Abkhazie ou en Ossétie du Sud), ce qui lui sert de prétexte pour « défendre les intérêts de ses citoyens à l'étranger », y compris par des moyens militaires (l'intervention russe en Ossétie du Sud et en Abkhazie en 2008l'envoi de troupes de la mission PKF des forces de maintien de la paix de la CEI en Transnistrie en 1992 et les diverses autres missions des forces de maintien de la paix de la CEI). ====

Relations avec les pays alliés

Insertion

Relations avec les pays neutres ou pro-occidentaux

Insertion

Notes

  1. En effet, l'actuel Premier ministre de la Bulgarie, Sergueï Stanichev, est né à Kherson, alors encore en RSS d'Ukraine, et a fait une grande partie de ses études universitaires à Moscou.
  2. 30 % du gaz consommé par l'UE est du gaz russe.
  3. Par exemple, en achevant la mise en production des avions de chasse de 5e génération
  4. Voir aussi les caractéristiques des Bulava.
  5. La GLONASS est un programme qui a été souvent gelé sous Gorbatchev ou Eltsine à cause des manques de financement. Fin juillet 2007, Poutine annonçait également la reprise des vols des bombardiers stratégiques russes partout dans les zones jugées stratégiques pour la Russie. Au cours des années 2006 à 2008, les sous-marins nucléaires ont repris leurs patrouilles dans les eaux proches de la Russie. Un programme de fabrication de sous-marins nucléaires de nouvelle génération a été décidé.
  6. * États membres :
  7. Seules les ex-RSS figurant dans ce tableau. Les pays de l'« étranger lointain » comme la Chine qui sont membres de certaines de ces organisations multilatérales n'y figurent pas.
  8. L'Inde et le Pakistan négocient des accords de libre-échange avec l'UEE en 2017 et 2018.
  9. a et b La Géorgie a quitté la CEI en 2008 à l'occasion de la guerre d'Ossétie du Sud. La Géorgie a mis un terme à sa participation à tous les projets de la CEI.
  10. * États membres :
  11. La Russie possède un poids prépondérant au sein de la Communauté des États indépendants, l'Organisation du traité de sécurité collective, la Communauté économique eurasienne et l'Organisation de coopération centre-asiatique.
  12. La Russie possède un poids prépondérant au sein de la Communauté des États indépendants, l'Organisation du traité de sécurité collective, la Communauté économique eurasienne et l'Organisation de coopération centre-asiatique.
  13. * Drapeau de la Russie Russie
  14. La Géorgie a quitté la CEI en 2008 à l'occasion de la guerre d'Ossétie du Sud. La Géorgie a mis un terme à sa participation à tous les projets de la CEI.

Sources

Références

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Bibliographie

Ouvrages généraux

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Forces armées

Compléments

Articles connexes

Liens externes