Offensive du Donbass (août 1943)

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Offensive stratégique du Donbass
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Carte de l'offensive du Donbass (en allemand).
Informations générales
Date du au
Lieu Donbass (URSS)
Issue Victoire soviétique
Belligérants
Drapeau de l'URSS Union soviétique Drapeau de l'Allemagne nazie Reich allemand
Commandants
Drapeau de l'URSS Fiodor Tolboukhine
Drapeau de l'URSS Rodion Malinovski
Drapeau de l'Allemagne Erich von Manstein
Drapeau de l'Allemagne Karl-Adolf Hollidt
Drapeau de l'Allemagne Eberhard von Mackensen
Forces en présence
Front du Sud
Front du Sud-Ouest
1 053 000 hommes[1]
1 257 chars et canons d'assaut[1]
21 000 canons et mortiers[1]
1 400 avions de combat[1]
Groupe d'armées Sud
Environ 400 000 hommes
Pertes
273 522 hommes[1]
  • 66 166 tués, capturés ou portés disparus
  • 207 356 blessés ou malades
886 chars et canons d'assaut détruits[1]
814 canons et mortiers[1]
327 avions[1]
28 940 hommes (revendication allemande, du 11 août au 20 septembre[2])
  • 4 721 tués
  • 21 234 blessés
  • 2 985 disparus

Front de l'Est de la Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

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L'offensive stratégique du Donbass d'août 1943 est une opération stratégique de l'Armée rouge soviétique sur le front oriental de la Seconde Guerre mondiale, dans le but de libérer le bassin industriel du Donbass, avec comme principaux centres Vorochilovgrad et Stalino.

Situation avant l'offensive[modifier | modifier le code]

Coté allemand[modifier | modifier le code]

Avec la bataille de Koursk faisant rage au nord et d'importantes réserves retirées de la 1re Panzerarmee et de la 6e armée pour permettre une si grande offensive, la situation allemande dans la région du Donbass n'est pas particulièrement solide. La 1re Panzerarmee de Mackensen n'a pas de divisions blindée à sa disposition, et dispose à la place de neuf divisions d'infanterie, considérablement éclaircies pour la poussée du général Manstein sur la partie sud du saillant de Koursk. De même, la 6e armée, qui vient à peine d'être reconstituée après son anéantissement à Stalingrad, se voit attribuer huit divisions d'infanterie et une division de montagne[3].

Les troupes occupant ce secteur du front ne sont pas aussi bien équipées que leurs homologues du nord, et certaines divisions de terrain de la Luftwaffe sont incluses dans l'ordre de bataille des 6e et 1re Panzerarmee. Pour aggraver les choses, les remplacements n'avaient pas suivi les pertes croissantes sur le front de l'Est dans son ensemble, et ce secteur n'était pas différent. Une précédente offensive soviétique dans la région est repoussée avec l'aide des SS et de divisions Panzer régulières, mais celles-ci ont depuis été supprimées pour traiter des questions plus urgentes au nord ; en particulier les batailles autour de Kharkov[4]. Par conséquent, le , lorsque l'Armée rouge lance son attaque, les forces allemandes dans cette zone ont du mal à tenir la ligne sans l'aide des fleuves Donets et Mious, ou d'un solide soutien blindé pour repousser l'assaut soviétique.

Coté soviétique[modifier | modifier le code]

Après l'échec de l'offensive quelques semaines plus tôt, la Stavka ordonne aux fronts du Sud-Ouest et du Sud de reconsidérer leur attaque et de se préparer à une nouvelle offensive plus tard en août. Semblable à l'offensive de juillet, les Soviétiques ont pour objectif d'encercler le gros de la 6e armée en fermant l'écart autour de la ville de Stalino. Du nord, les 8e et 3e armées de la Garde doivent frapper vers le sud en direction de Debal'cevo, tandis que les 44e (ru), 28e, 2e et 5e armées de choc doivent pousser vers l'ouest et maintenir la pression sur les unités faibles de la 6e armée.

La principale préoccupation du commandant du front du Sud, Fiodor Tolboukhine, repose sur la faiblesse relative de ses unités après les attaques ratées de juillet. Pour cela, il obtient un léger délai de deux jours après le lancement de l'offensive du front du Sud-Ouest contre la 1re Panzerarmee. Ce répit, qui permettra aux Allemands de détecter les intentions des plans soviétiques, est jugé nécessaire pour prévenir un désastre[5].

Déroulement de l'opération[modifier | modifier le code]

L'opération Donbass débute le 13 août 1943 avec l'offensive de l'aile droite du front du Sud-Ouest. Ces troupes forcent le Donets et avancent le long de la rive droite de la rivière, aidant le front de la steppe à la libération de Kharkiv.

Le 16 août, les troupes du front du Sud passent à l'offensive et percent la défense allemande sur le fleuve Mious. Entre le et le matin du 27, les forces soviétiques s'arrêtent brièvement afin d'attendre le renfort de munitions et de fournitures. Malgré cette apparente chance de réformer la ligne et de se retirer vers l'ouest à la meilleure vitesse, le général allemand Hollidt n'obtient aucune approbation, qui entraînera des conséquences désastreuses pour le XXIXe corps. Le 27, l'assaut soviétique reprend pour de bon, et il devient rapidement évident que la 6e armée est sur le point de s'effondrer. Des combats désespérés se déroulent sur tout le front, mais les hommes des 2e armée de la Garde et 5e armée de choc forcent leur chemin, menaçant d'encercler le XXIXe corps[6]. Le 30 août, Taganrog est libéré en combinaison avec une opération navale. Pendant ce temps, la 13e Panzerdivision tente de rétablir le contact avec le corps isolé, mais en vain.

Le 31 août, une nouvelle tentative est initiée par la 6e armée pour relever et retirer les hommes restants piégés dans la poche. Avec la 17e Panzerdivision en tête et avec le soutien de la 3e division GebirgsJäger, un lien ténu est établi avec le XXIXe corps d'armée. Sous le feu impitoyable de l'artillerie soviétique, la poche est rapidement (bien qu'avec des coûts élevés) évacuée juste au sud de Konkowo. La 15e Luftwaffe Feld-Division subit à elle seule de lourdes pertes, son 30e régiment Lw. Jäger est réduit à 400 hommes, sur un effectif initial de 2 400.

Alors que le groupe d'armées Sud est menacé de démembrement et de destruction, Hitler autorise finalement Manstein à se replier à travers le Dniepr le 15 septembre.

Le 1er septembre, les troupes allemandes ont déjà commencé à battre en retraite sur tout le front du Donbass. Le 5 septembre 1943, les troupes soviétiques libèrent Horlivka et Artemivsk, et le 8 septembre, la plus grande ville du Donbass, Stalino (aujourd'hui Donetsk). Pendant ce temps, l'aile sud de la 1re Panzerarmee a du mal à rester en contact avec les éléments en retraite de la 6e armée allemande. Le , cette section du front est brisée par des combats incessants et la pression de l'Armée rouge. Après la chute de Stalino, le général Manstein est contraint de poursuivre sa retraite vers le Dniepr, tout en étant sous la forte pression des chars soviétiques et des unités mécanisées.

Le 9 septembre, cependant, une occasion se présente à la 1re Panzerarmee. La 3e armée de la Garde, en particulier son 1er corps mécanisé, était surexposée dans l'écart entre les armées allemandes et ses flancs manquent de protection. Un kampfgruppe est rapidement formé à partir d'éléments de la 23e Panzerdivision et de la 16e Panzergrenadier-Division et chargé d'attaquer le 1er corps mécanisé du nord et du sud. En l'espace de trois jours, l'écart est comblé avec succès, la majorité des deux corps soviétiques étant désormais derrière les lignes ennemies[7]. Malheureusement pour les Allemands, cette victoire ne put être pleinement exploitée et la retraite vers l'ouest se poursuivit.

Pendant le repli, Manstein mène la tactique de la terre la brûlée tandis que les partisans soviétiques gênent l'armée allemande en retraite.

Poursuivant l'ennemi, les troupes du front du Sud-Ouest chassent le 22 septembre les Allemands derrière le Dniepr à Dnipropetrovsk (Dnipro) et Zaporijjia, tandis que les troupes du front du Sud atteignent le même jour le fleuve Molotchna, mettant fin à l'opération Donbass[8].

Issue[modifier | modifier le code]

À la suite de la victoire soviétique, l'armée allemande est contrainte de se replier de plus de 300 kilomètres sur la ligne Panther-Wotan le long du Dniepr, alors encore en construction.

De plus, la contribution de l'importante région économique ne bénéficiait plus à l'Allemagne nazie et, en 1944, l'Union soviétique avait redémarré ses opérations industrielles dans la région.

Enfin, la liquidatio de la tête de pont du Kouban est la conséquence logique du succès soviétique : en effet, les troupes soviétiques menacent directement l'isthme de Perekop, conquis en après avoir conquis Melitopol.

Après-guerre[modifier | modifier le code]

En 1949, Erich von Manstein est jugé pour crimes de guerre en Ukraine, reconnu coupable de 9 chefs d'accusation sur 17 et condamné à 18 ans de prison. Il est libéré en 1953 en raison de problèmes de santé et du soutien de Konrad Adenauer, Winston Churchill et d'autres[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Frieser et al. 2007, p. 351.
  2. « Archived copy » [archive du ] (consulté le )
  3. Percy Schramm, War Diary of the High Command of the Wehrmacht Vol. 3, Bonn, , p. 732
  4. Erich von Manstein, Lost Victories, Munich, , p. 517
  5. AM Wassilewski, A Matter of Whole Life, Berlin (East), , p. 314
  6. SW Maljantschikow, The Most Important Operations of the Great Patriotic War 1941-1945, Berlin (East), p. 302
  7. Karl-Heinz Frieser, The Eastern Front 1943/44, Munich, , p. 358
  8. Erich von Manstein: Verlorene Siege.
  9. Mungo Melvin, Manstein: Hitler's Greatest General, London, Weidenfeld & Nicolson, (ISBN 978-0-297-84561-4)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Karl-Heinz Frieser, Klaus Schmider, Klaus Schönherr, Gerhard Schreiber, Ungváry et Wegner, Die Ostfront 1943/44 – Der Krieg im Osten und an den Nebenfronten, vol. VIII, München, Deutsche Verlags-Anstalt, (ISBN 978-3-421-06235-2)