Campagne de la Chaouïa

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Campagne de la Chaouïa

Informations générales
Date 1907 à 1914
Lieu Chaouïa
Issue Victoire française
Belligérants
République française
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Commandants

Pertes

86 soldats tués
377 soldats blessés
14 officiers tués
17 officiers blessés

Inconnues
Inconnues

Campagne du Maroc

La campagne de la Chaouïa est une expédition militaire dans la région historique de la Chaouïa au Maroc menée par la France entre 1907 et 1914, en représailles à la prise de Casablanca et au massacre de plusieurs Européens par des milliers de guerriers chaouis.

Contexte[modifier | modifier le code]

Guerre de la Chaouïa 1907-1914[modifier | modifier le code]

Au Maroc, les XVIIIe et XIXe siècles sont marqués par des désordres de plus en plus graves aussi bien dans le domaine intérieur que sur le plan international. L’Espagne et la France sont amenées à protéger leurs navires de commerce circulant en vue des côtes marocaines contre les attaques des pirates de Salé.

À partir de 1830, la France doit interdire l’accès de la frontière algéro-marocaine aux pillards marocains et aux partisans d’Abd el-Kader réfugiés au Maroc oriental. Les exactions de ces deux groupes sont sanctionnées en août 1844 par le bombardement de Tanger et de Mogador par l’escadre du prince de Joinville, pendant que le général Bugeaud inflige une sévère défaite à l’armée marocaine sur l’oued Isly.

Le problème de la sécurité de la frontière algéro-marocaine n’en est pas, pour autant, résolu. L’insécurité persiste jusqu’au XXe siècle, même après la signature par la France et le Maroc de la convention de Lalla-Maghnia portant sur ce que l’on a appelé par la suite la « zone des confins algéro-marocains ».

La convention ne définit pas avec précision les territoires relevant de chacune des deux nations. Entériné par les nations européennes directement concernées par la sécurité de la navigation dans le détroit de Gibraltar et en Méditerranée occidentale, cet accord est contesté par l’Allemagne.

Réputée se désintéresser des problèmes du Maroc après les déclarations du chancelier Bismarck, celle-ci n’a pas été consultée.

L’empereur Guillaume II, ne s’estimant pas lié par ces accords, multiplie les incidents diplomatiques dirigés contre la France. Le plus grave est la visite qu’il fait à Tanger en 1905 où il prononce, le , un discours par lequel il se proclame seul défenseur désintéressé du Maroc et signifie à la France, l’Espagne et l’Angleterre qu’il entend prendre part aux discussions que ces États auront entre eux à propos du Maroc.

Simultanément, le Kaiser envoie à Fès un plénipotentiaire pour recommander au sultan de refuser le programme d’assainissement des finances proposé par la France en lui démontrant l’incompatibilité de celui-ci avec les conventions existantes. Le sultan repousse donc les mesures préconisées et invite les nations concernées, Allemagne comprise, à une conférence pour définir un programme acceptable de réformes à introduire dans son pays.

Du au se tient, à Algésiras, une réunion qui aboutit à la signature de l’acte dit « d’Algésiras » par lequel les cosignataires garantissent la paix et la prospérité du Maroc moyennant une refonte de son administration. Ils chargent la France d’assister le maghzen dans la définition et la mise en œuvre du plan de réformes conforme aux recommandations de la conférence.

Le maghzen ne met aucune bonne volonté à se plier aux conclusions de la conférence. Il encourage une campagne de résistance antifrançaise et, dans la zone des confins, algéro marocains, il pousse au rassemblement de harka (bandes armées) devant contrecarrer les mesures de sécurité prises par la France.

Début de la campagne du Maroc en 1907 par la pénétration de la Chaouia à Casablanca[modifier | modifier le code]

Le bombardement de Casablanca, qui eut lieu du 5 au , est une attaque navale française qui détruisit la ville marocaine de Casablanca. La France utilisa principalement des bombardements navals et incendiaires avec des cuirassés, provoquant entre 1 500 et 7 000 morts. Elle fait suite à l’insurrection de Casablanca qui a vu les tribus marocaines de la Chaouia massacrer plusieurs Européens et prendre le contrôle de la ville pour s'opposer à la colonisation française[1].

Prémices[modifier | modifier le code]

Après avoir pris Oujda, les troupes françaises du général Lyautey avaient une visée sur Casablanca, fief des tribus Chaouia, réputées pour produire des guerriers farouches[2].

Cinq années avant le Protectorat, Casablanca est occupée mais les combats continuent. Des dizaines de combats sont livrés à l’intérieur de la ville, à sa périphérie et, enfin, plus profondément, dans le pays Chaouia.

En 1907, la présence dans le port de Casablanca d’agents français contrôlant les recettes douanières, avec le lancement d’intenses chantiers manifestement coloniaux mécontentant la population, atteint son paroxysme[3].

Le , une délégation de tribus de la Chaouia se rend chez Moulay Lamine, oncle du Sultan Moulay Abdelaziz et gouverneur de la province, et le somme de faire démolir les constructions entamées. Une autre délégation se présente chez le pacha de la ville, Si Boubker Ben Bouzid Slaoui (en), réclamant avec véhémence l'arrêt des travaux du port, la destruction du chemin de fer et la suppression des contrôleurs français de la douane. Le , l'effervescence augmente en ville. Le lendemain matin, un crieur public issu des Oulad Hriz invite les populations à cesser toute relation avec les Français[4].

Hajj Hammou, caïd de la tribu des Oulad Hrriz lance des appels au djihad et les Ouled Hriz organisent une lutte contre les Espagnols, les Français et leurs partisans. C'est le début de l'insurrection. Les populations Chaouia envahissent les rues et l’après-midi même, des incidents violents débouchent sur la mort de neuf ouvriers étrangers de la compagnie concessionnaire des travaux du port. Les guerriers arrêtent le train, qui passe à proximité d'un cimetière, grâce à un amas de pierres amoncelées sur la voie et assassinent les ouvriers étrangers de la locomotive : quatre Français, trois Italiens et deux Espagnols.

Bombardement et prise de la ville (5-7 août)[modifier | modifier le code]

À la suite de l'insurrection du , des milliers de guerriers chaouis, proches, semble-t-il, du cheikh Ma El Aïnin, prennent la ville. Face à la défaillance de ses services de renseignement, la France, surprise, envoie dans l'urgence une flotte militaire, notamment celle basée en Algérie. Les consulats de France, de Suède et du Portugal étant assiégés, Saint-Aulaire, sur instruction de Paris, fait envoyer sur place plusieurs navires de guerre dont le croiseur Galilée qui se trouve à Tanger, rejoint aussitôt par le Condé, le croiseur cuirassé Amiral Aube et le Du Chayla en rade à Toulon et une dizaine de fusiliers. À l'annonce de cet événement, l'agitation en ville reprend de plus belle.

Casablanca fut presque entièrement détruite après le bombardement.

Au Galilée arrivé dès le s’ajoutent les croiseurs cuirassés "Gueydon" et "Jeanne d’Arc", le "Forbin"… avec, à leurs côtés, la canonnière espagnole "Álvaro de Bazán", soit entre 13 et 20 navires de guerre. Le au matin, soixante-six marins du Galilée débarquent après un échange nourri de feu qui fait cinq blessés du côté français[5].

Le bombardement de la ville commence, accompagné par le débarquement progressif des soldats qui n’épargnent ni civils, ni militaires marocains. Le "Galilée" et "la Gloire" bombardent la casbah, faisant de nombreuses victimes parmi les « rebelles » et la population. Le quartier populaire, dit Tnaker, situé près du port, paye le plus lourd tribut et reçoit des salves d’obus à la mélinite, alors que ses populations sont encore plongées dans leur sommeil. Les lieux saints ne sont pas épargnés, tels que la Grande Mosquée ou le sanctuaire de Sidi Kairouani.

Les portes d’enceinte sont particulièrement visées afin d’éviter l’entrée des combattants chaouis.

Le lendemain, le , le bombardement continue après avoir duré toute la nuit. Le Du Chayla débarqua trente-et-un soldats, le croiseur Forbin quarante-quatre. Et les Marocains, en dépit des pertes considérables subies dues aux incessants bombardements, continuent de lutter, semant l'inquiétude au sein des troupes françaises. L'escadre du contre-amiral Philibert qui amène les troupes du général Drude mouille en rade. Les chaloupes débarquent sur la plage de Sidi Belyout les premiers tirailleurs français et algériens. Les autochtones les accueillent avec des tirs nourris.

Le , les troupes débarquées du général Drude et les fusiliers-marins du contre-amiral Philibert réussissent, après des combats acharnés, à reprendre le contrôle de la ville. Selon des observateurs avisés et des sources diplomatiques, une « révolution » paraît avoir débuté au Maroc… Certains ont peur que ce ne soit le début d'une longue guerre avec les Marocains[6].

Pendant trois jours de pluie de bombes provenant de l’escadre, puis de carnages et de pillages exercés par les légionnaires au sol, la prospère cité de 30 000 habitants avant les faits est transformée en champ de ruines où nul endroit n'est épargné, si ce n’est le quartier européen.

Le nombre des victimes oscille, selon les versions, entre 600 et 1 500 chez les auteurs français, à 2 000 et 3 000 dans les rapports allemands, tandis que des sources marocaines, appuyées par des témoignages européens attestent qu’il ne subsistait que quelques rares habitants après le carnage et le départ des survivants terrorisés. Près de 10 000 morts[4].

Le , le bateau de commerce Magnus ramène de Gibraltar et de Tanger les quatre cents juifs qui s'y étaient réfugiés dès le commencement de l’insurrection.

Quatre cents ans après la destruction de la ville par la flotte portugaise, ce nouveau bombardement cause la destruction de la ville mais il marque aussi le début d’une prodigieuse métamorphose pour le petit port de Dar El Beida, qui va devenir le poumon économique du royaume chérifien.

Chaouia, terre dissidente, indépendante, révoltée contre le régime fiscal azzizien[modifier | modifier le code]

Le tertib s’inscrit dans le cadre de la réforme fiscale moderniste de 1901, décidée par Moulay Abdelaziz, visant officiellement à instaurer un nouvel impôt sur les biens qui remplacerait l'ancien système basé sur la zakat, la dîme et les taxes makhzaniennes.

Connue sous le nom de tertib (organisation), cette nouvelle réforme consisterait à suivre une politique fiscale basée sur la justice et l’égalité, ne concédant à personne aucun privilège ni immunité des taxes locales, dont jouissaient auparavant grand nombre de personnes.

Dès 1901, les Chaouis se retirent de la Be3a pour montrer leur contestation et gagnent leur indépendance. Ils rentrent en bled Siba : la région mi-plaine et mi-montagneuse de la Chaouia connaît une forte rébellion contre le sultan, avant même l'arrivée des Français.

À la tentative de leur appliquer le tertib, ils ripostent par le sac de Settat, puis de Dar Ber-Rechid ; les actes de brigandage se multiplient et des bandes de malandrins parcourent le pays, pillant casbahs et marchés, razziant les troupeaux, vidant les silos, enlevant les caravanes, paralysant le trafic et répandant partout l'insécurité et la terreur. L'anarchie s'étend rapidement à tout le Maroc[7].

Mohamed ben El Hajj Hammou, caïd des Oulad Harriz, fils de l'ancien gouverneur de Casablanca, conçoit le projet de créer, avec l'aide des tribus de la Chaouia, une résistance farouche et des troubles graves dirigés contre les étrangers et les collaborateurs.

Les Chaouis, révoltés contre le Makhzen, riches des sommes considérables qu'ils auraient dû lui payer comme impôts, ont accru rapidement leur puissance militaire par l'achat de munitions, de chevaux et de fusils à tir rapide. Très mal disposés envers les chrétiens, ils considèrent les Français comme leurs ennemis particuliers, surtout lorsque commencent les travaux du port et l'établissement d'un poste de télégraphie sans fil. Aiguisés par les prédictions du cheikh Ma El Aïnin (1831-1910), excités par les appels pressants d'El Hajj Hammou, fiers de leur force et leur indépendance, cavaliers brillants et infatigables, tireurs habiles, ils brûlent du désir de piller la ville et de chasser les Européens.

Durant cette campagne commencée en août 1907, qui va durer onze mois, dont sept d'opérations très actives pendant lesquelles l'ennemi est pourchassé sans trêve ni repos, au cours d'au moins vingt-neuf combats, pour certains acharnés[4]. 14 officiers tués et 17 blessés, 86 hommes tués et 377 blessés, tel fut le bilan des pertes. Mais l'honneur de la France exigeait de pénibles sacrifices et son drapeau a pu, à la fin, être porté victorieusement au milieu d'un peuple justement réputé pour sa bravoure.

Guerre de la Chaouïa (1907-1914)[modifier | modifier le code]

L’occupation d'Oujda et de Casablanca par les Français restreint profondément le reste de prestige de Moûlay Abd-el-Azîz. Dès le 16 août 1907, son frère et khalîfa Moûlay Hafîd se fait proclamer sultan à Marrakech, et le 23 septembre Moûlay Abd-el-Azîz arrive à Rabat, en route pour Marrakech. Tout en cherchant à éviter le conflit avec les troupes françaises, Moûlay Hafîd se laisse acclamer comme le champion de l'indépendance marocaine contre l'infidèle, auquel il accuse son frère d'avoir ouvert le pays. En septembre, la colonne de soldats (méhalla) qu'il envoie vers Settat, bien qu'ayant reçu l'ordre d'ignorer les Français, se voit grossie de cavaliers des tribus Rehâmna et Srâghna qui ne songent qu'à en découdre avec les Chrétiens et se joignent volontiers aux Chaouïa dans leurs raids contre Casablanca[8].

Ce méllaha est composé de tribus arabes comme celles des Tadla, Abda, Doukkala, Saharaoui du Cheikh El Hiba, des chleuhs du Tafilalet ainsi que de chleuhs Zayan. Hammou Zayani est présent ainsi que Saïd El Mouzaouari.

La situation embarrasse pour le gouvernement français, dont l'attitude traduit cet embarras. Quand les « Azizistes » sont défaits par les « Hafidistes » sur l'oued Takaout le 19 août 1908, et que la défaite se change en déroute, le sultan battu part se réfugier, avec les restes de son Makhzen, à Casablanca[9], mais se voit refuser fermement l'aide qu'il sollicitait des Français pour reconstituer une force armée[10]. Pendant que la France et l'Espagne négocient avec Moûlay Hafîd les conditions de sa reconnaissance, Moûlay Abd el-Azîz s'embarque, le 24 novembre 1908, pour Tanger. Alors seulement, khalîfa, caïd et oumana décident que la prière serait faite à Casablanca, désormais, au nom de Moûlay Hafîd.

Jusqu'à la fin de 1907, le corps expéditionnaire français, campé en dehors de la ville, aux emplacements dont la Place des Nations unies (ex-Lyautey) occupe actuellement le centre, reste sur la défensive, se contentant de brèves sorties pour détruire les campements d'où partent les attaques des tribus. Le 1er janvier 1908, le général Drude (en) (1853-1943), dont le remplacement par d'Amade est déjà décidé, marche sur la kasba des Medioûna, à 25 km de Casablanca, s'en empare et y laisse une garnison. Il passe ses consignes au général d'Amade (1856-1941) le 5 janvier et s'embarque le 6. Son successeur occupe les kasbas de Fedâla le 10 janvier, et de Bou-Znîqa le lendemain (entre Casablanca et Rabat), le 12 Dâr-Ber-Rechîd à 37 km de la ville. Le 15, il entre à Settat, après avoir défait une mehalla hafidiste, mêlée aux Châouïa, et ramène ses troupes à Ber-Rechîd. Le 7 février, après une série de combats assez durs, il revient en force à Settat et y laisse une garnison. Fin février et début mars, les opérations se portent chez les Mdâkra, les Zyaïda et les Mzâb, et la kasba de Ben Ahmed est occupée. Après une mission du ministre Regnault et du général Lyautey à Casablanca en mars 1908 et l'envoi de renforts, une série de postes fixes sont établis et reliés par des colonnes volantes, cependant que s'organise, à l'exemple de ce qu'a réalisé Lyautey chez les Beni-Snassen, un « service des renseignements indigènes ». En mai, les Ouled Bou-Zîri font leur soumission et un poste est installé chez les Zyaïda, à la kasba Ben-Slîmân. Mzâb et Mdâkra se soumettent.

Cependant, l'agitation des Chiâdma amène d'Amade à entrer à Azemmour au début de juillet. À la suite d'une interpellation à la Chambre et d'une protestation allemande, les troupes françaises repassent l'Oum-er-Rebî'a. L'agitation continue chez les Beni Meskîn, les Doukkâla, les Za'er, provoquant l'envoi de colonnes qu'il faut toujours ramener en arrière. La résistance s’étend jusqu’aux tribus de l’orientale chaouia, Oued Zem, Ouled Nasser, et Tadla, pour un harcèlement de sept ans.

L'installation des Français à Casablanca est menacée, en France même, par l'opposition d'extrême-gauche ; elle l'est aussi de l'extérieur, par l'hostilité de l'Allemagne. Les crises marocaines, jusqu'en 1912, sont effectivement presque toujours aussi des crises franco-allemandes, donc européennes. Une de ces crises, en 1908, est provoquée par un incident survenu à Casablanca, connu sous le nom d'affaire des déserteurs de la Légion. La Légion étrangère a toujours été l'objet, en France même mais surtout à l'étranger, à la fois d'un romantisme idéalisant et de campagnes de dénigrement. L'Allemagne, dont les ressortissants ont toujours figuré en nombre parmi les recrues de ce corps illustre, n'a cessé non plus de se distinguer dans les dites campagnes. Il existait outre-Rhin, en 1908, une « ligue allemande contre la légion étrangère », qui ne se contentait pas de lancer des campagnes de presse mais organisait aussi la désertion des légionnaires, surtout, mais non exclusivement, allemands. Le gouvernement du Reich, on s'en doute, ne faisait rien pour contrarier cet effort. La présence d'unités de la légion dans les Châouïa, depuis le 7 août 1907, fournit le prétexte de plusieurs incidents.

Malgré les instructions des autorités coloniales d’évacuer l’intérieur du pays et de se maintenir uniquement autour des villes côtières, Lyautey, nommé résident général en avril 1912, entreprend de rétablir l'ordre à Fès, à la suite des émeutes du . En outre, l'abdication du sultan Moulay Hafid et la succession de Moulay Youssef visent à l'enracinement d'un État aux structures modernes.

Le , le colonel Charles Mangin défait Ahmed al-Hiba, surnommé le « sultan bleu », qui a occupé Marrakech à la tête de 10 000 rebelles lors de la bataille de Sidi Bou Othmane.

Pendant ce temps là résistance continue à l’ouest de la Chaouia, menée par M'Hamed Al Trihi caïd de la tribu El Haouzia (Doukkala) ayant combattu le protectorat français.

Appelé le "détrousseur d'Azemmour", il attaque plusieurs fois les forces françaises en leur infligeant plusieurs défaites.

Il rejoint ensuite la résistance Zayane de 1914 à 1921.

Sous la conduite de Lyautey, devenu résident général après l'établissement du protectorat français sur le Maroc, l'armée française lutte contre les tribus marocaines insoumises qui échappaient (bled Siba) à l'autorité Makhzen, dans le cadre de la pacification du Maroc. L'offensive est appuyée par l'équipement du 1er régiment d’artillerie de montagne, débarqué à Casablanca le , et par quatre avions Blériot XI16.

Les bastions de la résistance tombent les unes après les autres : Médiouna, le  ; Oued Zem le , Tadla, Beni Mellal (Sidi Ali ben Brahim du 27 au ). El Kssiba tombe aussi le , devant les forces du colonel Gueydon de Dives (1860-1919), malgré les attaques des chefs résistants des Ouirra Mouha Ou Saïd Ouirra de la bourgade d'El ksiba et Mouha ou Hammou Zayani, le roi des montagnes. La défaite des rebelles, avec 400 morts, le devant Khénifra, puis la prise de la ville le , semble avoir marqué la fin de la rébellion chaouia.

Les tribus Zayanes, bien qu'engagées n'ont pu empêcher Mangin d'atteindre ses objectifs et la prise de Tadla ainsi que de Bejaad les laissent isolées au sein de leurs montagnes. « Notre offensive a vivement impressionné les tribus de la montagne déclare le colonel Mangin qui félicite les hommes du 1er régiment d’artillerie de montagne. »[11].

Première défaite militaire coloniale (française) du XXe siècle à El Heri[modifier | modifier le code]

Batailles de Taddert, Oued Mzarben, Dar Bouazza, Sidi Miki et Settat.[modifier | modifier le code]

Dans la campagne de la Chaouia, entre 1907 et 1908, les tribus adoptent une stratégie de guérilla, dans pas moins de 29 batailles, dont certaines avec la même intensité que les guerres européennes : tir par salve, dispersion. Les armes sont des fusils Martini-Henry, Winchester, Mauser, Vetterli, Remington, mais aussi des fusils français Gras, modèle de 1874. Les tribus de la Chaouia étaient reconnues pour l’excellence de leur technique de combats de cavaliers, appelée « Zenatia ». Cette technique fût utilisée en Andalousie au XIVe siècle par les soldats marocains du corps d’armée de Grenade pour amorcer les engagements militaires. Elle consiste à envoyer un léger corps de cavaliers qui s’approchent des rangs ennemis à toute vitesse, tout en tournant avec dextérité sur leurs montures, tirant sur des cibles de commandement pour susciter la réaction de l’adversaire. Leur unique moyen d’action est le feu et leur principale qualité est la mobilité.

Les français se voyaient confrontés à de terribles guérillas urbaines dans les murs de la ville de Casablanca face aux guerriers Chaouis. Mais fort de cette expérience de l’époque de  la présence de l’armée napoléonienne en Espagne, contre la réaction des Espagnols, entre 1807 et 1812. Les soldes français purent défendre les murs de la ville.

Le docteur Weissberg nous raconte que LE 10 août 1907 eu lieu le premier rassemblement d’importance à Taddert, après l’appel de HAJJ HAMMOU, toutes les tribus du SUD de la Chaouia de la province de SETTATE appelé les Oulâd Bou Rezq, qui se composaient  essentiellement des Oulad Saïd, Mzamza, Oulad Bou Ziri, Oulad Si Ben Daoud, et des Zenata arrivèrent les premiers. Taddert devint dès lors le centre de l'agitation et de la propagande anti-française. Des lettres appelant les tribus à la résistance avaient déjà été envoyées aux différentes tribus. En voici une :

"Louanges à Dieu seul; que Dieu répande ses bénédictions sur notre Seigneur Mohammed et sur sa famille. À tous nos frères de la tribu des Oulâd Hariz que Dieu vous protège : vous n'ignorez pas que nous sommes au courant de ce qui s'est passé à Casablanca et au port de cette ville relativement à l'installation du chemin de fer et de l'arrivée des « Roumi ».

Dieu avait décidé l'accomplissement d'un fait qui devait être exécuté par les Musulmans, les employés du chemin de fer ont été tués et le chemin de fer a été entièrement détruit et l'infidèle qui s'était installé au port, l'a quitté ainsi que toute la DAIHIRA française.

Tous les Châouïa présents se sont réunis et ont conclu une alliance, pour la protection de Casablanca, des routes des Châouïa et des voyageurs.

Il est utile que vous soyez avertis afin que vous puissiez prendre les mesures nécessaires.

Signé: les notables de toute la tribu des Châouïa. En marge : Envoyez cette lettre elle-même à nos frères des Oulâd Bou Rezq."

Au début du siècle. Les Chaouia. Victorieux des mahallas (armées chérifiennes) repoussées sans avoir pu percevoir les redevances, les Chaouias s'étaient peu à peu affranchis du sultan Moulay AbdelAziz, s'administraient eux-mêmes par une assemblée de notables (zofferal), et se constituaient des réserves d'armes et de munitions. Ainsi Disposées du plus grands nombres confréries militaires appelées « LES ZAOUIA RIMAYA. » La chaouia était un vivre de Moudja-hidine ainsi que tel nous le rapportera le docteur Weissberg.

Le premier janvier 1908 le sultan Moulay HAFID se replia de ce point sur Settat, avec Moulay RACHID établissant ses campements au sud de la ville.

À cette aide matérielle donnée par les mehallas, allait bientôt. s’ajouter l’appui moral que Moulaye Hafid devait apporter aux Chaouïa. Si les Chaouïa nous étaient très inférieurs par l’organisation et l’armement, ils avaient l’avantage du nombre et de la mobilité.

À la vue DE CETTE ARMÉE L’ARMÉE FRANÇAISE COMMANDÉE PAR LE GÉNÉRAL D’AMADE.  TENTERA UNE PÉNÉTRATION QUI SE SOLDERA PAR UN ÉCHEC.

Elle fera demi-tour jugeant les moyens de transport étant encore insuffisantes pour cette opération mais surtout impressionné par le surnombre des résistants marocains. Elle se repliera à Casablanca où elle continuera le combat contre les tribus Mdakra et Ouled Hriz.

LA TRIBU CHAOUIA de ZIAYDA chassèrent les derniers soldats du traître BAGHDADI qui parti se réfugier à rabat.

Indépendamment des munitions qui lui sont fournies par des négociants sans scrupules, durant même les opérations miliaires, le Marocain Chaoui, à court de munitions, avec patience et habileté, fera de la poudre, fondra des balles, remandrinera des douilles de cuivre, les réamorcera, ressoudera des étuis ramassés sur le champ de bataille.

En septembre 1907, l’armée du sultan venu en soutien au guerrier CHAOUIA. Se réunira à settat. Fils du sultan Hassan ben Mohammed (Hassan Ier) et de Lalla Aliya al-Settatiya.

Il détacha dans la tribu des Medakra, la plus hostile aux Français, un contingent de sept cents hommes sous les ordres d’Omar Sketani afin d harceler les troupes du générale d’Amade.

La fraction principale se trouvait à Médiouna. Il appuiera les OULED HRIZ dans leur combat contre le général DRUDE. Ces FRANCTIONS infligeront de terrible pertes à l’armée française commandé par Ouled Moulay-Rachid et le Fqi Bouazzaoui.

La guerre de la CHAOUIA ne tardera pas à susciter un éveil patriotique et national elle entraînera un soulèvement sur tout le territoire marocain.

La guerre de la CHAOUIA ne tardera pas à susciter un éveil patriotique et national elle entraînera un soulèvement sur tout le territoire marocain jusqu’à l’extrémité orientale du Maroc où les Béni Snassen se soulèveront une nouvelles fois excitées par l’Amel D’oujda.


En début 1908 après avoir été défaites à Taddert, Dar Bouazza et Sidi Mekki, les troupes du Général Drude décident d’appliquer une guerre totale. Plusieurs officiers y perdirent la vie. Le capitaine de la cavalerie Ilher notamment.

Les français préfèreront épuiser les poches de résistance avant de revenir sur settat quelques mois plutard. L’armée française adaptera une POLITIQUE BASÉE SUR LA TERREUR et déclarera LA GUERRE TOTALE.

EN FÉVRIER 1908 se détachera des colonnes du général D’amade de BERRECHID POUR SE DIRIGER VERS la zaouïa SIDI EL Mekki.

Il parvint jusqu’à Dar Kseibat sans apercevoir de Marocains, mais à peine son mouvement de repli avait-il commencé que de nombreux cavaliers apparurent de tous côtés ; le détachement se trouva bientôt vivement pressé. Pendant ce temps, les troupes restées à el Mekki se voyaient également attaquées par des forces très supérieures. Les deux compagnies de tirailleurs furent rappelées vers le gros de la colonne les troupes battront en retraite.

Au  mois de mars 1908. Après avoir essuyés plusieurs défaites. Et dans un esprit de vengeance, résolument, décidé à punir les chaouia. Le général D’amade se remettra en marche en direction de settat. Résolument, décidé à en finir avec cette cité de résistants. Une politique de la terreur sera appliquée. Une guerre totale.

Le 15 MARS 1908 alors profitant DE L’ABSENCE DES guerriers. Les troupes françaises commettront un véritable crime de guerre, on estime que le massacre causera entre 1500 et 3000 innocents. Selon les auteurs marocains. Il y aurait eu jusqu’à 10 000 morts. Les chiffres de l’armée coloniales avaient tendances à minimiser les pertes humaines et militaires. Enfants, femmes, Vieillards ou handicapés. Tout ça dans le but de briser l’opinion populaire partisane aux guerriers chaouis.

À plusieurs reprises, dans des articles notamment, Jean Jaurès avait souligné à quel point les actions militaires françaises au Maroc, sanglantes et inutiles, allumaient et attisaient la haine des Marocains contre la France.

Le , en représailles, elles se rendent au village Sidi-Ghlimi, près de Settat, en absence de guerriers, appliquant une politique de la terreur, et commettent un massacre : 1 500 tués, femmes, enfants, personnes, âgées et handicapés selon les chiffres coloniaux de l’époque et 10 000 morts selon les auteurs marocains et l’opinion publique.

La même année, une première tentative de pénétration à Settat est refoulée, par la méllaha de Moulay Hafid composé des chaouis et de tribus du Haouz environnant ainsi que de chleuhs zayan dont un contingent de 5000 guerriers fut t’envoyer par le Caïd Hammou Zayan afin de prêter mains fortes aux chaouia.

Réaction de Jaurès[modifier | modifier le code]

À la Chambre des députés, le 27 mars 1908, après le massacre de Settat, Jean Jaurès (1859-1914) clame :

« Messieurs, nous refuserons, mes amis et moi, des crédits qui sont une première conséquence et qui sont l’expression d’une politique que, dès l’origine, nous avons jugé mauvaise. […] messieurs, ce n’est pas là un rassemblement de combattants, ce n’est pas une armée, ce n’est pas un camp : c’était un douar où des familles entières, des enfants, des femmes et des vieillards vivaient sous la tente.

À mesure que notre occupation se prolonge et s’aggrave, à mesure que notre intervention au Maroc est plus étendue, plus dure et plus brutale, je me demande, avec une angoisse croissante et sincère, de quel droit nous portons la guerre, le fer et le feu au cœur même du Maroc.

Au Maroc, il y a un peuple effervescent et indépendant, ombrageux, qui a plus que nous ne l’imaginons, plus que nous ne le savons, la fierté de sa vieille histoire, qui se rappelle qu’il a successivement refoulé de son sol les Portugais, les Espagnols, les Anglais, qu’il a secoué le joug des Turcs. Il se rappelle même les temps héroïques où il était le maître d’une partie de l’Espagne.

Il a eu des chefs, mais qu’il a élevés librement et déposés ; ce n’est pas un peuple plié, ce n’est pas un peuple accoutumé à subir en silence une domination tyrannique et qui pourrait être un jour passé comme un objet d’échange. C’est un peuple guerrier, c’est un peuple farouche auquel il ne suffirait pas, nous l’avons vu, d’une combinaison diplomatique ou de je ne sais quelle longue tolérance de l’Europe pour lui faire accepter notre domination. »

Bataille d'Elhri (1914) - fin de la guerre de la chaouia début de la guerre des Zayans.[modifier | modifier le code]

En 1914 les derniers guerriers chaouis quittent leur région trop difficile à défendre et partent rejoindre les résistances Zayan dans les montagnes.

Moha Ou Akka, commandant en chef des Aït Harkat, meurt, laissant deux fils et un gendre : Saïd, Moha Ou Hammou et El Haj Ali. Saïd, l'aîné, est désigné par les Aït Harkat pour succéder à son père. Il domina tous les Zayanes après quinze années de luttes ininterrompues. À sa mort en 1877, Moha Ou Hammou lui succède, âgé d'à peine vingt ans.

Moha Ou Hammou El Harkati Zayani (1841c-1921) est vigoureux, intrépide, cavalier sans rival, tireur infaillible, joignant à ces qualités guerrières un physique agréable dont la tradition a retenu la souplesse et l'harmonieuse proportion de la taille, le regard brillant et la pureté du teint, à peine ombragé alors d'une courte barbe naissante.

En 1880, le Sultan Moulay Hassan 1er le nomme caïd des Zayanes, mission qu'il accomplit avec abnégation et dévouement au service du trône alaouite et de la nation jusqu'à la proclamation du protectorat français. Alors commence sa lutte armée cotre l'occupant français, lorsque ce dernier se met à parcourir et à occuper les plaines du Royaume. Ces premières interventions consistent en l'envoi de renforts aux combattants de la Chaouia pour participer aux combats contre les troupes françaises commandées par le général Drude lors de la bataille de Médiouna en 1907 et 1908.

En 1911, Moha Ou Hammou mène des attaques contre les troupes françaises lors de leur marche sur Fès. En 1912, il mène également ses troupes contre les Français installés sur les lignes d'étapes Rabat-Meknès. En 1913, il s'oppose au commandant Aubert au nord du Tadla et au colonel Mangin, à Oued Zem.

Moha Ou Hammou, toujours d'une dignité et d'une correction parfaites, se défend avec acharnement, repoussant toutes les offres flatteuses de l'occupant français.

Après l'occupation d'un ensemble de régions du Maroc par les troupes françaises, le général Lyautey déclare le que le pays zayane constitue un grand danger pour les positions françaises, et qu'il est de son devoir d'éliminer les Zayanes installés sur la rive droite de l'oued Oum Rebia. Cette déclaration concrétise un plan d'action pour occuper le pays zayane, sous la responsabilité du général Henrys (1862-1943).

Le , trois colonnes partent simultanément de trois points différents. La première de Kasba-Tadla au sud ouest de Khénifra, commandée par le colonel Garnier Duplessis (en) (1860-1926), la seconde de l'ouest, commandée par le colonel Cros (1861-1915) et la troisième d'Ifrane au nord de Khénifra. Elles font irruption dans la cuvette de Khénifra, s'en emparent après un combat acharné. Moha Ou Hammou Zayani installe alors son campement à une quinzaine de kilomètres de Khénifra, aux abords du petit village d'El Herri.

Khénifra, 1914.

Le poste de Khénifra est commandé par le lieutenant-colonel Laverdure (1862-1914). Le , à 21 heures, Laverdure réunit ses commandants et décide d'enlever le campement de Moha Ou Hammou Zayani en dépit de l'avis de ses services de renseignements. À 2 heures 30 du matin du vendredi , le lieutenant-colonel Laverdure quitte Khénifra en grand secret, divise ses troupes (43 officiers et 1 230 soldats) en quatre groupes, puis lance l'attaque à 6 heures du matin.

Le campement est surpris, et quelques tentes dévastées. Entre 6 et 8 heures du matin de la même journée, Moha Ou Hammou alerte et rassemble 2 000 hommes des Ichakirènes et des Aït Ishaq et 2 500 cavaliers zayanes. Moha Ou Hammou regroup ses hommes en “fer à cheval” autour des troupes françaises venues de Khénifra.

À 10 heures, les premiers accrochages ont lieu entre les troupes françaises et celles de Moha Ou Hammou et plusieurs officiers, sous-officiers et hommes de troupes sont tués. À 13 heures, toutes les troupes françaises sont harcelées et tués par les hommes de Moha Ou Hammou.

La victoire de Moha Ou Hammou contre le lieutenant-colonel Laverdure et ses troupes est sans appel avec 33 officiers et 580 soldats français morts au combat : le lieutenant-colonel Laverdure, trois commandants, neuf capitaines, treize lieutenants, trois médecins et des officiers de l'administration.

Les Français peuvent ramener 179 blessés et quelques centaines d'hommes. Moha Ou Hammou s'empare de huit canons, dix mitrailleuses et de nombreux fusils.

Après la défaite des troupes françaises, Moha Ou Hammou, replié sur la région de Taoujgalt, rassemble ses hommes et prépare d'autres attaques contre l'occupant français. Au combat d'Azelag-N'Tazemourt, près de Taoujgalt, contre le général Poeymireau (1869-1924), Moha Ou Hammou Zayani trouve la mort le .

Il est inhumé à Tamalakt près de Taoujgalt où un mausolée et une mosquée ont été construits[12].

Rimaya : culture de guerre en terre chaouia[modifier | modifier le code]

La confrérie religieuse des Rimaya (également à vocation militaire de formation en équitation et en tir) est dirigée principalement par Sidi Ahmed ben Xàcerqui et Sidi 'Ali ben Nàcer.

Elle est dérivée de la zaouïa Naciria de Tamegroute (Drâa), fondée autour de Mohammed ben Nacer (en), un disciple d'Abou Hafs Omar ben Ahmed Al Ansari qui l'a chargé d'inculquer les principes de la tariqa Chadhiliyya.

Chaque région ayant eu à faire la guerre sainte a sa propre confrérie militaire locale. Placées sous l'invocation du khalife Ali, gendre du Prophète, les confréries militaires marocaines ont d'autres patrons, dont Sidi Bou Abid Ech-Cherqi (de la Zàouïa de Boul-Dja'd), Moulay Boucheta (le saint de la tribu des Fichtala), Sidi 'Allai El-Hâdj El-Baqqâl (dont le tombeau et la Zàouïa se trouvent à El-Haraïaq), El-Miçbahi Moulagla (dans le Khlot, au sud de Larache), Moulay Bou Selhâm (sur le canal qui fait communiquer la Merdja Ez-Zerga dans le Gharb avec la mer), etc.

Chaque société de tir est dirigée par un moqaddem, auxiliaire administratif nommé par le chef du douar ou de la tribu. D'après le manuel d'un moqaddem, les devoirs des adeptes envers leur chef, énumérés par Ali ben Nàcer lui-même, sont les suivants : corvées (labour, moisson), fourniture à chaque fête (une livre de savon, plus un mouton pour l'Aïd al-Adha (fête du sacrifice)). et et reçoivent en échange ; enfin, lors de la Fête des Sacrifices, ils lui achètent encore un mouton.

Le moqaddem doit en retour fournir à l'Aïd une livre de poudre, quarante balles et dix silex, et le reste du temps enseigner aux affiliés les règles de conduite des Rimaya, maintenir entre eux la concorde, ne pas les traiter avec dureté, n'en réprimer aucun en présence des autres. Comme tout croyant, il doit s'abstenir lui-même du mensonge, du vol, de la sodomie, de l'adultère, de tout ce qui est interdit aux musulmans.

Les Rimaya comptent de nombreux membres dans la région chaouie, si nombreux même que des fractions de tribu forment elles-mêmes des groupes avec des moqaddems[13].

Ironie du sort où une destinée au nom providentiel par les deux meneurs de cette guerre : Caïds El Hajj Hammou et Hammou Zayani. L’un entamera cette guerre et l’autre la conclura.

Après que tous les chefs Chaouis trouvèrent le champ de gloire sous les balles françaises, dépourvu de leadership les tribus prêtèrent allégeance à leurs nouveaux émirs : le sultan bleu ainsi que Hammou Zayani.

Postérité[modifier | modifier le code]

En 1955 la résistance reprend dans la région avec les événements de Oued Zem qui comme une traînée de poudre entraîne un soulèvement général de la Chaouia qui prépare l’indépendance du Maroc. Le Casablancais Mohamed Zirktouni (1927-1954), mort en martyr, est l’un des visages de cette résistance.

En mars 1956 le Maroc obtient son indépendance.

Plusieurs révoltes se succéderont en période post-coloniale dont celle des carrières ou la révolte du pain.

La Chaouia reste aujourd’hui la région phare de la culture populaire marocaine et les gardiens de la culture équestre[14]. À travers son art traditionnel musical dit aïta ou le bendir elle rappelle et remémore les batailles passées contre les différents envahisseurs, tenant toujours à raviver la flamme patriotique aux nouvelles générations. Les groupes les plus populaires comme les Nass El Ghiwane, Jay Jilala ou bien les Messnawa ont pu sauvegarder la mémoire grâce à leurs différentes adaptations des poésies guerrières du passé ainsi marquées leurs époques et s’imposant comme de véritables icônes musicales en leur temps. Ils ont aussi été la voix du peuple pendant les années de plombs, dénonçant ségrégation sociale, corruption et différentes revendications de luttes ouvrières.

Une des plus connues d’entre elles : Dak Rami[15], qui refera tendance dans les années de plomb et en 2023 avec une adaptation moderne d'Aber Sabeel[16].

Annexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Docteur Weissberg, Sur la piste des Chaouia
  2. Capitaine Grasset, A travers la Chaouia
  3. Média Dafina
  4. a b et c Capitaine Grasset, A travers la Chaouia
  5. Édition Ernest le Roux, Casablanca et ses tribus
  6. Média Dafina.
  7. Paul Morez, ACHEVÉ D'IMPRIMER EN SEPTEMBRE 1935 SUR LES PRESSES DES IMPRIMERIES REUNIES DE LA « VIGIE MAROCAINE » ET DU « PETIT MAROCAIN » CASABLANCA
  8. L'Afr. Fr., 1907, p. 367.
  9. Si Feddoul Gharnit, vizir de Moûlay 'Abd-el-'Azîz, arrivant dans la nuit en vue de Sîdi Bellioût, improvisa ces vers, que je dois à l'érudition et à l'amabilité de Si EI-Hâjj Mokhtar ben 'Abdesselem., ANFA
  10. L'Afr. Fr., 1908,, « p. 344. », 1907,‎
  11. Pierre Soulié, Sources : 1901-1935 : la Légion étrangère au Maroc Pierre Soulié Dans Guerres mondiales et conflits contemporains 2010/1 (n° 237), pages 7 à 24
  12. Lematin.ma, « Lematin.ma »
  13. Mission scientifique au Maroc, MISSION SCIENTIFIQUE DU MAROC [les et Tribus du Maroc i-j.1 3 DOCUMENTS ET RENSEIGNEMENTS PUBLIÉS SOUS LES AUSPICES DE LA RESIDENCE GENERALE CASABLANCA ET LES CHÀOUÏA TOME I PARIS ERNEST LEROUX, ÉDITEUR 28, RUE BONAPARTE (VIe ), p. 228-229
  14. « LES TRIBUS DU MAROC », sur tribusdumaroc.free.fr (consulté le )
  15. « Moorish Renaissance 1001Prod©️ sur TikTok », sur TikTok (consulté le )
  16. « Aber Sabeel - TAFRA III (Dak Rrami) | (عابر سبيل - طفرة 3 (مسناوة - داك الرامي » (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Joseph Grasset, 118e régiment d'infanterie, A travers la Chaouïa avec le corps de débarquement de Casablanca (1907-1908), Hachette, , 270 p. (ISBN 978-2-01-362730-6, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marie François Auguste Alfred Segonds, La Chaouïa et sa pacification : étude sommaire de l'action française dans la région de Casablanca jusqu'au 1er janvier 1909, H. Charles-Lavauzelle, , 143 p. (lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article