Aller au contenu

Antoine d'Orléans (1824-1890)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 9 janvier 2022 à 16:41 et modifiée en dernier par Foscolo (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Antoine d’Orléans
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait d'Antoine d'Orléans par Federico de Madrazo en 1851.
Fonctions militaires
Grade militaire Maréchal de camp
Capitaine général espagnol
Conflits Conquête de l’Algérie
Biographie
Titulature prince du sang
duc de Montpensier
infant d'Espagne
duc de Galliera
Dynastie maison d'Orléans
maison d'Orléans-Galliera (fondateur)
Nom de naissance Antoine Marie Philippe Louis d’Orléans
Naissance
Neuilly-sur-Seine (France)
Décès (à 65 ans)
Sanlúcar de Barrameda (Espagne)
Sépulture Panthéon des Infants du monastère de L’Escurial
Père Louis-Philippe Ier, roi des Français
Mère Marie-Amélie de Naples et de Sicile
Conjoint Luisa Fernanda de Borbón
Enfants Marie-Isabelle
Marie-Amélie
Marie-Christine
María de la Regla
Ferdinand
María de las Mercedes
Philippe-Raymond
Antoine
Louis-Marie
Religion catholicisme romain

Signature

Signature de Antoine d’Orléans

Description de l'image Coat of Arms of Prince Antoine of Orléans, Duke of Montpensier as an Infante of Spain.svg.

Antoine Marie Philippe Louis d’Orléans, duc de Montpensier, devenu don Antonio de Orleans, infant d'Espagne par son mariage et duc de Galliera après la renonciation de la duchesse Maria de Brignole-Sale, est né le à Neuilly-sur-Seine, en France, et mort le , à Sanlúcar de Barrameda, en Espagne.

Il est un prince franco-espagnol et un fils du roi des Français Louis-Philippe Ier et de son épouse Marie-Amélie de Bourbon-Siciles.

Membre de la maison capétienne d’Orléans, il est le fondateur de la branche d'Orléans-Bourbon, appelée par la suite d'Orléans-Galliera.

Famille

Famille et mariage

Marie-Amélie, reine des Français, et ses deux fils cadets, par Louis Hersent, 1835.

Le prince Antoine est le dernier et dixième enfant du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850) et de son épouse Marie-Amélie de Bourbon (1782-1866), princesse des Deux-Siciles.

Né le au château de Neuilly, Antoine est baptisé en la chapelle du château des Tuileries le suivant. Ses parrain et marraine sont Louis, duc d'Angoulême et son épouse Marie-Thérèse de France[1].

Le , le duc de Montpensier épouse l’infante espagnole Louise-Fernande de Bourbon (1832-1897), fille du roi Ferdinand VII d’Espagne (1784-1833) et de sa quatrième épouse Marie-Christine de Bourbon, princesse des Deux-Siciles.

Il s’agit là d’un mariage prestigieux car la princesse Louise-Fernande est alors l’héritière présomptive de sa sœur, la jeune reine Isabelle II d’Espagne (1830-1904), elle-même mariée à un prince réputé impuissant. Le duc de Montpensier s'établit en Espagne, est naturalisé espagnol et déclaré infant d'Espagne le . Ses enfants, successibles sur le trône d'Espagne, sont également titrés infants d'Espagne[1]. Antoine d'Orléans et Louise-Fernande sont les fondateurs de la Maison d'Orléans-Galliera[2].

Postérité

Le duc et la duchesse de Montpensier entourés de leurs quatre filles : Marie-Isabelle, Marie-Amélie, Marie-Christine et Maria de la Regla, vers 1860 par Jean Laurent.

Le couple a dix enfants, mais seulement six d’entre eux atteignent l’âge de quatorze ans[3],[4] :

Biographie

Premières années

Le duc de Montpensier en 1844 par Franz Xaver Winterhalter.

Son père Louis-Philippe est proclamé roi des Français le . Deux ans plus tard, en 1832, l'homme de lettres Antoine Tenant de Latour devient son précepteur[6].

En 1842, après ses études au collège Henri-IV, où il était pensionnaire comme son frère Henri duc d'Aumale, de deux ans son aîné[7], Antoine devient lieutenant du 3e régiment d’artillerie et, le , Antoine est élevé au grade de capitaine du 4e régiment d’artillerie, à la tête de la 7e batterie[1].

En 1844, il combat en Algérie et se distingue à Biskra, lors de la campagne des Zibans où, confronté à quelque 3 000 ennemis, il reçoit une légère blessure, près de l'œil gauche, ce qui lui vaut d’être fait chevalier de la Légion d'honneur par son père, le (). Il est ensuite nommé chef d’escadron le et lieutenant-colonel le . Après avoir accompagné son père lors d'un voyage en Grande-Bretagne, Antoine revient en Algérie où il se distingue encore au combat contre les Kabyles dans l'Ouarsenis[1],[8].

En , Antoine débute une mission diplomatique. Parti d'Alger, il débarque de la frégate Gomer au port de La Goulette à Tunis, point de départ du voyage qu'il entreprend au Proche-Orient, Égypte, en Turquie et en Grèce. Il est accompagné par son ancien précepteur, Antoine de Latour, devenu secrétaire de ses commandements en 1843 et son ami. Leur voyage dure un peu plus de trois mois, au cours desquels, le prince est notamment reçu successivement par le bey de Tunis, Ahmed Ier, le vice-roi d'Égypte Méhémet Ali, le sultan ottoman Abdülmecid Ier et le roi de Grèce Othon Ier. Le , le duc de Montpensier revient en France, à Toulon[9].

Pendant ce temps, la France et le Royaume-Uni négocient un traité d’État concernant le mariage des deux héritières du roi Ferdinand VII d’Espagne: l’infante Louise-Ferdinande est promise au duc de Montpensier tandis que sa sœur aînée, la reine Isabelle II, doit épouser son cousin germain l’infant d’Espagne François d’Assise de Bourbon[10].

Le , le duc de Montpensier est élevé au grade de colonel et son père le nomme maréchal de camp et commandant d’artillerie à Vincennes le [1].

Le de la même année est célébré le mariage d’Antoine et de Louise-Fernande : le fiancé est alors âgé de 22 ans et sa femme de 14 ans. Le même jour, la reine Isabelle épouse don François d'Assise[1].

En Espagne

Le duc de Montpensier en habit de l'ordre de Calatrava.
Armoiries d'alliance d'Antoine et sa femme.

En éclate en France une révolution qui renverse Louis-Philippe Ier. Le duc de Montpensier se trouve alors auprès de son père mais, effrayé par les événements, il ne fait rien pour le pousser à résister. Il presse au contraire le roi à abdiquer et pousse sa famille à l’exil[11]. Alors que la famille royale fuit les Tuileries prises d’assaut par la foule, le duc de Montpensier oublie sa jeune épouse de 16 ans, séparée de la reine et de son petit cortège, qui n’échappe à la multitude que grâce à l’intervention d’un député, Ferdinand Charles Léon de Lasteyrie[12].

Après avoir gagné l’Angleterre avec le reste de la famille royale, Antoine d’Orléans s'établit brièvement en Hollande, puis décide de partir en Espagne avec sa femme. Le couple s’installe d’abord à Séville, au palais de San Telmo, en 1848, puis à Sanlúcar de Barrameda, au Palais d’Orléans[1].

Le , le duc de Montpensier est nommé par sa belle-sœur la reine Isabelle II d'Espagne grand commandeur d'Aragon de l'ordre de Calatrava et capitaine général de l'armée espagnole. Promu au rang d'infant d'Espagne par la reine le , il est cependant écarté de la cour de Madrid, quelque temps après, par sa belle-sœur du fait de son tempérament comploteur. Cette mise à l'écart constitue un échec pour la reine, car Antoine continue à influencer la politique nationale depuis le palais de San Telmo.

Le commence la révolution espagnole du général Juan Prim y Prats. Parmi les principaux financeurs de cet événement qui finit par renverser la reine Isabelle se trouve le duc de Montpensier, son beau-frère. Malgré cela, le prince ne devient ni prince-consort ni régent car le nouveau gouvernement de Luis González Bravo demande au duc de Montpensier et à sa famille de quitter l’Espagne. Le prince s’exécute le et s’installe pour un an au Portugal[8].

Bannissement et exil

Duel entre le duc de Montpensier et le duc de Séville (1870). Gravure de Tomás Carlos Capuz.
Antoine d'Orléans vers 1860.

Le , Antoine de Montpensier, qui est alors candidat à la succession de sa belle-sœur sur le trône espagnol, est condamné, par un conseil de guerre, à un mois d’exil hors de Madrid et à une amende de 30 000 francs pour avoir tué en duel, le , l’infant Henri de Bourbon, duc de Séville et beau-frère de la reine Isabelle, qui avait publié contre lui un pamphlet injurieux dans le journal La Epoca[8].

Quelques mois plus tard (le ), à la recherche d’un roi, les Cortes élisent, par 191 voix sur 307, le prince Amédée de Savoie, duc d'Aoste (1845-1890), qui devient alors Amédée Ier d'Espagne. Les autres candidats à l’élection arrivent bien derrière lui : le duc de Montpensier obtient 27 votes, le général Espartero 8 et l'infant Alphonse, fils d’Isabelle, âgé de 13 ans et futur Alphonse XII, seulement deux voix. La république obtient quant à elle le soutien de 60 députés tandis que 19 autres votent blanc à l’élection[8].

Peu de temps après, en , le prince Antoine est banni dans une forteresse militaire de Minorque pour avoir refusé de prêter serment de fidélité à Amédée Ier, comme son grade de capitaine général le lui demandait. Plus tard, le prince est exclu de l’armée et perd son grade militaire. Cependant, en , Antoine est élu pour la province de Cadix comme membre des Cortes, mais ne siège que quelques jours[8].

Dernières années

Le duc de Montpensier reçoit la demande en mariage pour sa fille Mercedes d'Orléans avec le roi Alphonse XII d'Espagne le (gravure de Juan Comba).

Amédée Ier abdique en 1873 et la couronne est confiée, le au fils d'Isabelle II, Alphonse XII, soutenu par son oncle Antoine de Montpensier[8].

En 1875, à la faveur de l'avènement de son neveu Alphonse XII au trône d’Espagne, le duc de Montpensier obtient l’autorisation de rentrer dans son pays d’adoption. En effet, le jeune roi est amoureux d'une de ses cousines, fille d'Antoine. En 1878, la réconciliation de sa famille avec celle d’Isabelle II est totale puisqu’une des filles d’Antoine, la princesse Mercedes d’Orléans, épouse Alphonse XII. Cependant, la jeune reine meurt peu après ses noces et Alphonse XII se fiance à une autre fille du duc de Montpensier, l'infante Marie-Christine, mais la jeune fille meurt avant les noces et le roi se remarie avec une archiduchesse d'Autriche.

Le duc de Montpensier partage désormais son temps entre Paris et les environs de Séville[8]. Lorsque meurt, le , Maria Brignole Sale De Ferrari, dernière duchesse de Galliera, qui lui avait déjà légué des biens, Antoine d'Orléans relève le titre de duc de Galliera[5].

Il meurt d’une apoplexie cérébrale au palais de Sanlúcar de Barrameda le , à l'âge de 65 ans[13],[1]. Le suivant, il est inhumé au panthéon des Infants du monastère de L’Escurial[1]. Son épouse l’infante Louise-Fernande lui survit jusqu’en 1897[1].

Titulature et décorations

Titulature

  •  : Son Altesse Sérénissime Antoine d'Orléans, duc de Montpensier, prince du sang de France
  •  : Son Altesse Royale Antoine d'Orléans, duc de Montpensier, prince du sang de France
  •  : Son Altesse Royale le prince Antoine d'Orléans, duc de Montpensier
  •  : Son Altesse Royale Antoine d'Orléans, duc de Montpensier, infant d'Espagne
  •  : Son Altesse Royale Antoine d'Orléans, duc de Montpensier et de Galliera, infant d'Espagne

Décorations dynastiques

Drapeau du Grand-duché de Bade Grand-duché de Bade
Ordre de la Fidélité Grand-croix de l'ordre de la Fidélité (1846)[14]
Ordre du Lion de Zaeringen Grand-croix de l'ordre du Lion de Zähringer (1846)[15]
Drapeau de la Belgique Royaume de Belgique
Ordre de Léopold Grand-croix de l'ordre de Léopold (1844)
Drapeau du Royaume des Deux-Siciles Royaume des Deux-Siciles
Ordre de Saint-Ferdinand et du Mérite Grand-croix de l'ordre de Saint-Ferdinand et du Mérite[16]
Drapeau de l'Espagne Royaume d'Espagne
Ordre de la Toison d'Or Chevalier de l'ordre de la Toison d'Or ()
Ordre de Charles III Grand-croix de l'ordre de Charles III ()
Ordre du mérite militaire (Espagne) Grand-croix de l'ordre du Mérite militaire
Ordre royal et militaire de Saint-Herménégilde Grand-croix de l'ordre royal et militaire de Saint-Herménégilde (1858)
Ordre de Calatrava Commandeur majeur d'Aragon de l'ordre de Calatrava
Chevalier de la corporation royale de chevalerie de Ronda
Premier chevalier de la corporation royale de chevalerie de Grenade
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Ordre national de la Légion d'honneur Chevalier () puis Grand-croix () de l’ordre royal de la Légion d'honneur
Drapeau de la Grèce Royaume de Grèce
Ordre du Sauveur Grand-croix de l'ordre du Sauveur[17]
Drapeau du Royaume du Portugal Royaume de Portugal
Ordre de la Tour et de l'Épée Chevalier de l'ordre de la Tour et de l'Épée
Drapeau de la Tunisie Tunisie
Nichan ad-Dam ou ordre du Sang Chevalier de l'ordre du Sang (1839)[18]

Notes et références

  1. a b c d e f g h i et j Van Kerrebrouck 1987, p. 603.
  2. Van Kerrebrouck 1987, p. 604-609.
  3. Van Kerrebrouck 1987, p. 604-605.
  4. Tourtchine 1996, p. 89-90.
  5. a et b Tourtchine 1996, p. 90.
  6. Manuel Bruña Cuevas, « L’hispaniste Antoine de Latour (1808-1881) », Cahiers de civilisation espagnole de 1808 au temps présent, vol. 16,‎ , p. 1-30 (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Munro Price, The Perilous Crown: France Between Revolutions, 1814-1848, Pan Macmillan, , 416 p. (ISBN 978-0-33053-937-1), p. 99.
  8. a b c d e f et g Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des contemporains contenant toutes les personnes notables de la France et des pays étrangers, vol. 2, Paris, Hachette, , 1740 p. (lire en ligne), p. 1130-1131.
  9. Antoine de Latour et André Louis de Sinety, Voyage de S.A.R. le duc de Montpensier à Tunis, en Égypte, en Turquie et en Grèce, Paris, Arthus Bertrand, , 261 p. (lire en ligne), p. 174-224.
  10. Van Kerrebrouck 1987, p. 359.
  11. Arnaud Teyssier, « Une journée particulière : le 24 février 1848 », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. G. Vauthier, « Notes de Villemain sur les journées de Février 1848 », Revue d'Histoire du XIXe siècle, vol. 52,‎ , p. 258.
  13. « Le Figaro », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  14. « Inhouse-Digitalisierung / Marggräflich-Baden-Badischer... [56] », sur digital.blb-karlsruhe.de (consulté le )
  15. « Inhouse-Digitalisierung / Marggräflich-Baden-Badischer... [68] », sur digital.blb-karlsruhe.de (consulté le )
  16. (it) « Almanach du royaume des Deux-Siciles pour l'année 1855 » (consulté le )
  17. « Le duc de Montpensier et sa suite visitant les ruines d'Athènes »
  18. http://www.beaussant-lefevre.com, « Nichan ad-Dam, ou ordre du Sang, institué vers 1840, important bijou en », sur http://www.beaussant-lefevre.com (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (es) José Carlos García Rodríguez, Montpensier, biografía de una obsesión, Almuzara, 400 p. (ISBN 978-8-41639-200-1).
  • Ricardo Mateos Sáinz de Medrano, Le duc de Montpensier ou la descendance espagnole du dernier roi des Français, traduit de l'espagnol par Emmanuelle Dunoyer, Paris, 2016 (ISBN 2360134035)
  • Patrick Van Kerrebrouck, Nouvelle Histoire généalogique de l'auguste Maison de France : La Maison de Bourbon, vol. IV, Villeneuve d'Ascq, Patrick Van Kerrebrouck, , 795 p. (ISBN 978-2-9501509-1-2). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Jean-Fred Tourtchine, Les Manuscrits du CEDRE : Le Royaume d'Espagne, vol. III, t. 17, Clamecy, Imprimerie Laballery, , 216 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :