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Amitié franco-allemande

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L'amitié franco-allemande est une notion diplomatique franco-allemande née des suites de la Seconde Guerre mondiale, troisième conflit en moins d'un siècle entre la France et l'Allemagne. Pour éviter une nouvelle guerre et mettre fin au revanchisme, des efforts de rapprochement sont entrepris par les deux pays.

Elle s'est donc développée en parallèle avec l'Union européenne, le couple franco-allemand ayant toujours été un moteur de la construction européenne. Le traité de l'Élysée, en 1963, a officialisé ce rapprochement symbolique.

Historique

Premiers pas

Monument commémorant Charles de Gaulle et Konrad Adenauer.
  • L'amitié franco-allemande fait un premier pas décisif le lorsque le chancelier Konrad Adenauer accepte en moins de 24 heures le projet de constitution de la CECA (Communauté européenne du Charbon et de l'Acier) qui lui a été adressé personnellement par le ministre français Robert Schuman. Les lettres échangées par les deux hommes à cette occasion témoignent du degré de confiance mutuelle qu'ils avaient pu établir au cours de leurs contacts antérieurs. Comme le relèvent les deux intéressés, cette proposition, malgré son vague, règle d'emblée les problèmes récurrents de la Sarre et de la Ruhr et permet aux deux pays d'envisager une coopération sur un pied d'égalité[1].
  • En , les villes de Montbéliard et de Ludwigsbourg organisent le premier échange de jeunes et le premier jumelage de villes entre la France et l'Allemagne à l'initiative des maires Lucien Tharradin et Elmar Doch, qui se sont mis d'accord au cours d'une rencontre entre maires à Stuttgart. Ce jumelage franco-allemand a servi de modèle à de nombreux autres[2].
  • Du 4 au , le général de Gaulle parcourt l'Allemagne et y prononce une dizaine de discours dont 6 en allemand (appris par cœur), suscitant une vague d'enthousiasme en Allemagne. Son discours à la jeunesse, prononcé le au château de Ludwigsbourg est le véritable lancement de l'amitié franco-allemande scellée peu après par le traité de l’Élysée[3].

Le traité de l'Élysée

La signature du Traité de l'Élysée

En 1963, le président Charles de Gaulle et le chancelier Konrad Adenauer signent le traité de l'Élysée pour que la coopération franco-allemande devienne une réalité quotidienne. Depuis, de nombreuses villes, écoles, régions et universités sont jumelées et l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ) offre à des millions de jeunes la chance de participer à des échanges. Depuis 1999, et selon l'accord de Weimar, signé en 1997, l'Université franco-allemande (UFA) soutient des partenariats entre établissements d'enseignement supérieur français et allemands. Elle permet ainsi à des étudiants des deux pays de suivre des cours partagés entre France et Allemagne, et à des chercheurs de mettre en commun leurs savoirs.

En 2003, les parlementaires français et allemands se réunissent dans la salle du Congrès du château de Versailles pour commémorer le traité de l'Élysée de 1963.

Le couple franco-allemand a toujours été un moteur de la construction européenne.

Le traité d'Aix-la-Chapelle

Le , le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel signent le traité de coopération franco-allemand d'Aix-la-Chapelle, Le Traité instaure un « Conseil franco-allemand d'experts économiques », chargé de faire des recommandations sur la politique économique qui vise à mener entre les deux pays. L'objectif est, à terme, d'« instituer une zone économique franco-allemande dotée de règles communes », concernant le droit des affaires.

Les « couples » franco-allemands

L'existence d'un « moteur franco-allemand » ou d'un « couple franco-allemand » a souvent été renforcée par les bonnes relations entretenues par le chancelier fédéral d'Allemagne et le président de la République française :

Les activités

Parmi ces réalisations, on compte notamment :

Il est à noter que les programmes de jumelage et d'échange entre villes françaises et allemandes ne relèvent pas directement de compétences étatiques. Initialement de nature religieuse, elles remontent au Haut Moyen Âge (Ve-XIIe), et ont été réinitiés après guerre par le mouvement fédéraliste français, « La Fédération » (1944), avant d'être structurés dans le cadre du Conseil des communes et régions d'Europe.

La coopération technique et économique

Par le biais notamment:

Plan Lamy-Verheugen

Les efforts de coordination politique des gouvernements français et allemands ont amené certains politiciens à avancer l'idée d'une union allant jusqu'à la confédération entre la France et l'Allemagne. Une proposition avait été faite par Wolfgang Schäuble et Karl Lamers en 1994[4],[5].

Le , les commissaires européens Pascal Lamy et Günter Verheugen firent une nouvelle proposition. Selon leur plan, cette union aurait une armée commune, partagerait ses ambassades et rendrait obligatoire la connaissance des deux langues aux fonctionnaires des deux États[6].

La proposition a été évoquée en 2003 par les deux gouvernements[4] et diversement commentée dans l'optique générale de l'évolution de l'Union européenne, que ce soit pour replacer cette proposition dans la continuité de la coopération franco-allemande[7] ou dans le cadre d'une « Europe à deux vitesses »[5] centrée sur un partenariat très rapproché entre la France et l'Allemagne d'une part, et un autre groupe de pays autour du Royaume-Uni d'autre part.

Bilan et perspective

Malgré les réalisations passées et l'importance des sommets bilatéraux semestriels, la relation franco-allemande est à la recherche d'un nouveau souffle. Une certaine routine a pris le pas sur les initiatives franco-allemandes de coopération politique, économique et culturelle. Plusieurs facteurs de rapprochement concrets — ou de ralentissement — de nature politique et économique y ont contribué: l'Accord de Schengen (1996) l'Euro (1999) et inversement le déficit de certains dirigeants politiques en matière de sensibilité interculturelle, ont pu rendre difficile tout rapprochement voire échange avec leur homologue.

À l'exception des secteurs économiques controlés par les états, comme l'espace, l'aéronautique et l'armement, les grands groupes français et allemands ont ainsi de nouveau privilégié les alliances geo-entrepreunariales comme dans le reste des États-nations membres de l'Union européenne.

Les intellectuels sceptiques tant à l'égard de l'Europe que du couple franco-allemand, se sont empressés d'en tirer la conclusion que l'amitié franco-allemande est dénuée de repercussions économiques durables. Tel est le cas de Pierre Manent, professeur de philosphie à Sciences-Po, « il n'y a jamais eu de couple franco-allemand. Il y a eu une réconciliation franco-allemande qui a été conduite de manière à la fois politiquement judicieuse et humainement noble. Il est légitime d'y voir un des moments les plus significatifs de la formation de l’amitié européenne. Dans cette démarche où la composante chrétienne fut présente des deux côtés, les deux protagonistes ne cessèrent pas d’être deux nations guidées par leurs intérêts respectifs et le souci de leur liberté d'action »[8].

Un bilan culturel mitigé

Les relations privilégiées que l'Allemagne et la France veulent entretenir ont toujours eu un volet culturel. On constate, contrairement à des souhaits rituellement exprimés, que la connaissance de la langue de l'autre est en recul dans les deux pays.[réf. nécessaire]

Le couple franco-allemand dans les relations internationales

L'Allemagne s'est retrouvée avec la France pour s'opposer à la guerre en Irak en 2003. Mais dans le couple, c’est encore la France qui parle le plus fort sur la scène internationale, grâce à son siège permanent au Conseil de sécurité et à son droit de veto, et c'est elle qui a subi les foudres américaines pour avoir menacé de mettre son veto au conseil de sécurité de l'ONU. Mais il est important de souligner que cette situation a été possible par la volonté de parler d’une seule voix sur la scène internationale, notamment dans des organisations comme l’OMC. Cela n'empêche pas les différences. La France est ainsi beaucoup plus sensible aux problèmes africains, et l’Allemagne souhaite garder une relation particulière avec Israël.

Journée franco-allemande

La journée franco-allemande a lieu chaque année le depuis le 40e anniversaire du traité de l'Élysée en 2003[9]. Les établissements scolaires peuvent mettre en place des activités en lien avec la langue allemande, éventuellement avec des partenaires extérieurs.

Bibliographie

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Lucien Calvié,
    • Aux origines du couple franco-allemand. Critique du nationalisme et révolution démocratique avant 1848. Arnold Ruge, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail (PUM), 2004.
    • La question allemande. Histoire et actualité, Paris, Éditions du Cygne, coll. « Frontières », 2016, (ISBN 9782849244432).
  • Philippe Bedouret, L'influence du monde germanique sur Charles de Gaulle, Sarrebruck, Editions Universitaires Européennes, 2011 (ISBN 978-613-1-59983-5)
  • Hans Manfred Bock, Corine Defrance, Gilbert Krebs et Ulrich Pfeil (éd.), Les jeunes dans les relations transnationales. L’Office franco-allemand pour la jeunesse 1963–2008, Paris, PSN, 2008.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil, Histoire franco-allemande, vol. 10: Entre guerre froide et intégration européenne. Reconstruction et rapprochement 1945–1963, Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2012.
  • Corine Defrance, Ulrich Pfeil (éd.),
    • Le Traité de l’Élysée et les relations franco-allemandes 1945 – 1963 – 2003, Paris, CNRS Éditions, 2005.
    • La construction d'un espace scientifique commun ? La France, la RFA et l'Europe après le « choc du Spoutnik », Brüssel, Peter Lang, 2012.
    • La France, l’Allemagne et le traité de l’Élysée, 1963–2013, Paris, CNRS Éditions, 2012.
  • Jacques Demorgon,
    • L'histoire interculturelle des sociétés. L'horizon de la sociologieEconomica, 2005
    • Complexité des cultures et de l'interculturel. Contre les pensées uniques, Economica.
  • Hélène Miard-Delacroix, Histoire franco-allemande, vol. 11: Le défi européen. De 1963 à nos jours, Villeneuve d’Ascq, Septentrion, 2011.
  • Ulrich Pfeil, Die »anderen« deutsch-französischen Beziehungen. Die DDR und Frankreich 1949–1990 (Zeithistorische Studien des Zentrums für Zeithistorische Forschung Potsdam, Bd. 26), Cologne, Böhlau, 2004.
  • Michel Vidal, L'avion perdu de Brunan, Editions Guilhem, 2014 (ISBN 979-109-3-81702-6)
  • Nicolas Barotte, François et Angela, Grasset, 2015, 272 pages.
  • Marion van Renterghem, Elle et nous. Merkel : un ovni politique, Les Arènes, 2017.
  • Édouard Husson, Paris-Berlin. La survie de l'Europe, Gallimard, 2019.

Notes et références

  1. « La discrétion nécessaire », sur CVCE.eu (consulté le )
  2. « Débuts du jumelage », sur une exposition virtuelle de l'institut franco-allemand en collaboration avec l'école supérieure des media (Eine virtuelle Ausstellung des Deutsch-Französischen Instituts in Kooperation mit der Hochschule der Medien) (consulté le )
  3. Patrick Saint-Paul, « De Gaulle : «Vous êtes les enfants d'un grand peuple» », sur le site du Figaro, (consulté le )
  4. a et b France and Germany plan federal core pact within EU, The Times, 21 novembre 2003.
  5. a et b Two-Speed Europe, In the National Interest
  6. Henri de Grossouvre, World Affairs, Vol 8 No 1 Jan–Mar 2002. [PDF] paris-berlin-moscou.org
  7. From ex-foes to EU's driving force, BBC News, 31 mai 2004
  8. Pierre Manent, interviewé par Guillaume Perrault, « Pierre Manent : "Sortons de cet état de transe amoureuse envers l'Allemagne" », Le Figaro, samedi 14 / dimanche 15 octobre 2017, page 16.
  9. « Journée franco-allemande du 22 janvier 2015 », sur education.gouv.fr

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes