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Académie palatine

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Vue intérieure de la chapelle palatine d'Aix-la-Chapelle (Aquisgranum / Aachen), commencée vers 792 et achevée en 805

Académie palatine est le nom qui a été donné par les Modernes à un cercle de lettrés dont s'entourait le roi des Francs, puis empereur d'Occident, Charlemagne. Ce groupe fut longtemps animé par le poète, savant et théologien Alcuin († 804), à qui l'on attribue traditionnellement l'initiative de sa fondation, en (ou vers) 782[1]. La dénomination « académie palatine » n'est pas synonyme d'« école palatine » (en latin schola palatii), expression qui est, quant à elle, attestée dans les sources, mais désigne le complexe scolaire d'Aix-la-Chapelle où l'élite franque faisait instruire ses enfants, des études primaires jusqu'aux études supérieures : il importe donc de bien distinguer[2] entre la très réelle école du Palais et la très idéale (pour ne pas dire onirique) « académie palatine », même si l'on retrouve les enseignants du Palais parmi les membres du cénacle de Charles[3].

Présentation

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La locution « académie palatine » n’apparaît en fait qu’à la fin du XVIIIe siècle[4]. Elle pourrait sembler fondée, à première vue, puisqu'elle repose sur deux lettres d'Alcuin à Charlemagne, ou plutôt d'« Albinus Flaccus » au « roi David ». Dans la première (la plus souvent alléguée), qui porte le n° 170 et date de la fin du mois de , on lit : « Si un très grand nombre de gens suivait le programme d'études vers lequel tendent vos efforts, une nouvelle Athènes s'élaborerait peut-être en Francie. Que dis-je "nouvelle" ? Une Athènes encore bien plus distinguée que l'ancienne ! Car, ennoblie par le magistère du Seigneur Christ, la nôtre surpasse toute la sagesse de l'entraînement académique (omnem achademicae exercitationis superat sapientiam). L'ancienne, qui n'avait eu pour se dégrossir que les disciplines de Platon, tira son éclat de la formation par les sept arts libéraux ; la nôtre, enrichie de surcroît par la plénitude septiforme de l'Esprit saint[5], s'élève plus haut que toutes les compétences de la sagesse profane »[6]. Ce texte subtil, cité (et trahi !) d'innombrables fois, introduit une idée qui eut un grand succès au Moyen Âge et au-delà, celle de la translatio studii ou « transfert des études »[7], mais notons qu'Athènes est plus ici une métaphore qu'une réalité : ce qu'Alcuin célèbre dans ces lignes, au moyen d'une analogie frappante, n'est point la renaissance de la sagesse hellénique, mais la naissance d'une nouvelle culture supérieure à celle de la Grèce parce qu'elle est d'inspiration chrétienne. Alcuin conçoit plutôt celle « nouvelle Athènes » — et cela, dès avant le couronnement impérial par Léon III à la Noël de l'an 800 —, comme la quintessence intellectuelle de la « seconde Rome » idéale[8] que doit être Aix-la-Chapelle, par imitation non pas de l'Urbs antique et païenne, mais de la Rome chrétienne de Constantin et de Théodose[9] ; dans le même sens, mais en allant plus loin, certains de ses confrères poètes n'hésitèrent pas à faire de Charlemagne un « nouvel Énée »[10]. Le second texte pertinent d'Alcuin est un passage de la Lettre 308, adressée à Charles entre 801 et 804. L'adjectif ac(h)ademicus y reparaît, sous une forme substantivée et non sans une pointe d'ironie : « ... Vous nous demandez de faire éplucher par vos Académiciens des questions portant sur l'Évangile »[11]. Explicitement emprunté à l'Académie de Platon, le terme academicus est donc appliqué par Alcuin à une élite de lettrés constituée autour du souverain franc. Le premier des deux passages cités exprime l'admiration sincère, quoique relative[12], du docte Anglais pour la discipline intellectuelle de la Grèce antique ; le second, malgré une touche d'humour, ne dément pas l'impression produite par le précédent. Alcuin est, somme toute, un bon témoin de la révérence carolingienne envers la culture « classique ». Notker le Bègue, en 885, affirmera, quant à lui, que le travail d'Alcuin auprès de Charlemagne a fait des Francs les égaux des Romains et des Athéniens[13]. Reste à savoir si l'infatigable « Albin » pensait vraiment que son ambition se réalisait dans le cercle savant de la cour de Charles, où il fut présent de 782 environ à 790 (date de son retour temporaire en Angleterre), puis de 793 à 796 (date à laquelle il fut nommé abbé de Saint-Martin de Tours).

Certains historiens, surtout à l'époque romantique, ont imaginé la prétendue « académie palatine » comme une institution présidée et fondée par Charlemagne en personne, et qui était destinée à devenir la matrice de toutes les académies occidentales ultérieures[14]. Il s'agit là d'une vision anachronique, plus ou moins consciemment influencée par le fonctionnement des académies modernes (Académie française ; académies italiennes ou allemandes) ; ce cliché est encore bien vivant dans la littérature de vulgarisation et même chez un nombre non négligeable d'historiens. En réalité, la société de lettrés qui entourait Charles ne possédait aucune structure formelle et rien qui ressemblât, de près ou de loin, à des « statuts ». Elle continuait la tradition de l'entourage érudit de savants et de poètes gravitant autour des hauts dignitaires des temps impériaux, puis à leur exemple autour des rois « barbares » romanisés, austrasiens et francs de la première race[15] — comme celle de Clotaire II ou de Dagobert Ier[16], auquel on a aussi attribué la création d'une académie[17] —, car, ne l'oublions pas, Charlemagne, non plus que ces prédécesseurs qu'il convenait de surpasser, n'était pas un chevalier fier-à-bras et inculte du XIIe siècle, selon l'image déformée qu'ont laissée de lui dans les imaginations les chansons de gestes et les romans courtois écrits quatre siècles plus tard, mais un patrice romain de l'Antiquité tardive. La vocation du cénacle palatin à la discussion esthétique, théologique ou même philosophique, n'interdit pas de le comparer à la fois à un club anglo-saxon de l'ère victorienne, à un cercle chevaleresque et à un « salon » mondain de l'Ancien Régime, tous ces aspects se mêlant dans un esprit courtisan prompt à rendre hommage au génie tutélaire qu'était Charlemagne[18].

Pseudonymes et surnoms

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Les membres de ce cénacle prirent pour la plupart un pseudonyme assimilant son porteur à un poète classique, à un personnage littéraire, à une figure biblique (de l'Ancien ou du Nouveau Testament), à un(e) saint(e) ou à un grand homme de l'histoire profane. Ainsi, Charlemagne n'est guère appelé autrement que « le roi David »[19], un surnom qu'on peut juger essentiellement politique, mais à condition de ne pas oublier que David, en tant qu'auteur supposé des psaumes, était aussi un poète archétypal. Les autres « académiciens » et les proches de Charles dont le pseudonyme savant nous est connu avec certitude sont, pour la période allant de 782 à 814 :

Si l'on ne sait comment et par qui tous ces pseudonymes ont été donnés (encore que plus d'un indice nous conduise à Alcuin)[22], un examen attentif des sources permet d'en entrevoir la chronologie[23]. La strate la plus ancienne (années 780-793, donc avant l'installation définitive de la Cour à Aix) ne concerne que les lettrés faisant partie du cénacle de Charles, et encore pas tous : dans la liste, Pierre de Pise et Paul Diacre (qui certes ne séjourna à la cour des Francs que de 782 à 786) brillent par leur absence, tout comme Théodulf. Charles, devenu le « roi David », ne semble s'y ajouter qu'à partir de 794. Ensuite, le groupe s'élargit aux lettrés nouveaux venus, mais aussi à une série de personnages non « académiques » : parents du roi, officiers palatins (chambrier, échanson, écuyer tranchant...). Les pseudonymes ne correspondent donc pas strictement aux membres du cénacle ; la condition pour en mériter un était autre. Fleckenstein — dont la brève enquête, malgré quelques légères inexactitudes[24], éclaire bien le sujet —, a supposé que le pseudonyme savant était réservé à un cercle étroit d'amis ou de familiers du souverain, selon une conception de l'amicitia qui avait une place importante dans l'idéologie carolingienne[25]. Ce nom codé servait à délimiter une sorte de petite secte d'initiés rendus égaux par une désignation nouvelle et une proximité privilégiée avec le souverain[26]. On s'expliquerait ainsi l'absence curieuse, parmi les gens à pseudonymes, de personnages fort importants, mais dont les rapports personnels avec Charlemagne n'étaient pas étroits, ou pas affectivement satisfaisants. Ajoutons que ces noms codés, loin d'être toujours transparents, semblent posséder parfois un double sens. Ce petit jeu ésotérique accessible seulement à des doctes bilingues (maîtrisant le latin et bien sûr leur éventuelle langue vernaculaire d'origine) relevait pratiquement de la devinette ou plutôt de sa version savante, l'énigme, genre littéraire fort à la mode pendant le Haut Moyen Âge anglais[27] et plus tard dans les cours royales de l'Occident médiéval, et qui valut même à un des membres de l'« Académie palatine » post-alcuinienne, Amalaire de Metz, son pseudonyme de Symphosius (nom d'un poète énigmatiste de l'Antiquité tardive), renvoyant probablement à son goût pour l'interprétation allégorique. L'intérêt d'Alcuin lui-même pour les énigmes s'est manifesté dans un texte de lui que l'on cite souvent, à savoir la Disputatio Pippini cum Albino[28]. Ces jeux pour initiés ont parfois gardé leur mystère, et l'érudition moderne peine à identifier certains des individus que désignent ces « noms de guerre »[29].

Curieusement, aucun pseudonyme n'est connu pour la figure la plus influente du cercle après Alcuin, à savoir Théodulf[30], qui n'en avait probablement pas, en dépit de son éminente stature intellectuelle ; le pseudonyme « Pindare », si souvent mentionné (mais sans référence, et pour cause) dans les études modernes, n'est qu'une fiction gratuite de Friedrich Lorentz (1829)[31].

La présence, parmi les porteurs de pseudonymes, de plusieurs femmes (toutes des parentes de Charles), révèle une ambiance mondaine, d'ailleurs bien perceptible dans le surnom galant donné à Gisèle la Jeune (appelée « Délie », épiclèse de la déesse Diane, mais surtout nom d'une des maîtresses du poète élégiaque Tibulle)[32]. Il se pourrait en outre que les pseudonymes Columba, Lucia et Eulalia — donnés respectivement à Rotrude, Gisèle l'Aînée et Gondrade — fussent délibérément équivoques et renvoyassent à la fois au monde sacré (pour faire plaisir à Alcuin) et au monde profane (parce qu'il faut aussi vivre, si possible). Ils peuvent certes désigner trois célèbres vierges martyres (suppliciées respectivement à Sens, à Syracuse et à Mérida et/ou Barcelone), et le premier suggèrera sans doute le Saint-Esprit à une âme pieuse. Mais columba est aussi en latin un appellatif tendre, voire érotique : l'oiseau était associé à la déesse Vénus et son nom servait volontiers à désigner l'être aimé[33], jusque dans la Bible avec le Cantique des Cantiques (4, 1 ; 5, 2 ; 6, 8). Alcuin lui-même exhorte son jeune disciple Fridugise à ne pas laisser venir à sa fenêtre les « colombes couronnées qui volent à travers les chambres du Palais » [34]. Que le terme soit appliqué à la princesse Rotrude ne doit pas surprendre quand on connaît l'inconduite des filles du souverain, signalée par Éginhard avec un mélange de franchise et de tact[35]. Le surnom Lucia semble assimiler Gisèle, sœur de Charlemagne et abbesse de Chelles, à la vierge martyre de Syracuse, mais conviendrait également à une dame au visage lumineux ou aux yeux brillants. Quant au nom Eulalia donné à la royale cousine Gondrade, il peut tout autant faire référence à la sainte espagnole chantée par Prudence, que désigner de manière pédante « celle qui parle bien » (grec εὖ λαλεῖν), dans une appellation n'ayant rien d'indécent pour une abbesse.

Précisons enfin que ces pseudonymes littéraires ou doctes pouvaient, à l'occasion, s'ajouter à des surnoms plus familiers. Certains personnages eurent un surnom mais pas de pseudonyme. Tel est le cas de : Adalbert de Ferrières surnommé Magus (« le magicien » [?], ou allusion à son hypothétique patrie Maguntia / Mayence ?) ; Arn de Salzbourg appelé Aquila (« l'Aigle ») parce que son nom, en vieil allemand mais aussi en vieil anglais, veut dire « aigle de mer »[36] ; Higbald ou Hygbald de Lindisfarne (selon l'ancienne identification) ou bien Unuuona de Leicester (selon une hypothèse récente)[37], devenu Speratus, « l'Espéré » ; Théodulf, que l'on nomma (ou qui se nomma) Geta, « le Goth », à cause de ses origines[38] ; Witto ou Wizo alias Candidus[39]. D'autres cumulaient surnom et pseudonyme. Ainsi, Éginhard alias Beselel (voir plus haut) avait en outre pour sobriquet Nardus (par aphérèse du nom complet Eginhardus ou Einhardus) ou son diminutif Nardulus, ce dernier faisant allusion à la petite taille de l'intéressé[40]. Dans un autre esprit, Alcuin alias Flaccus (c'est-à-dire Horace) avait modifié son nom courant Alcuinus — qui, même latinisé, rappelait encore trop le vieil anglais Alcwin — en Albinus (de l'adjectif albus, « blanc »), de consonance bien latine et qui pouvait, par surcroît, faire allusion à la pâleur de son teint[41].

Outre Charlemagne, et abstraction faite de la famille de celui-ci et des domestiques composant sa suite, le cercle que l'on appelle un peu abusivement « académie palatine » comptait parmi ses membres (liste non exhaustive) : Adalbert de Ferrières, Adalhard, Alcuin, Amalaire, Angilbert, Anségise, Arn de Salzbourg, Éginhard, Fridugise, Hildebold, Modoin, Paul Diacre, Paulin d'Aquilée, Pierre de Pise, Raban Maur, Richbod, Riculf, Théodulf, Wala et les Irlandais Cadac, Clément, Dungal et Witto.

Charlemagne présidant l'académie du palais. Illustration d'Alphonse de Neuville pour l'ouvrage L'histoire de France : depuis les temps les plus reculés jusqu'en 1789, racontée à mes petits-enfants de François Guizot

Les activités littéraires de l’« académie » s'organisaient autour de Charlemagne, pour l'essentiel (quand le souverain ne voyageait pas) dans le palais d'Aix-la-Chapelle à partir du moment où Charles établit là sa résidence définitive (794), mais pas forcément dans un bâtiment précis[42] : Charles aimait à discuter avec Alcuin en prenant des bains chauds[43], mais aussi à entendre lire des œuvres de saint Augustin pendant ses repas (Éginhard, Vita Karoli, 24).

On ne saurait définir avec précision les « études » qui occupèrent les membres du cercle, ni même être certain de leur caractère collectif. Aucun programme ni aucun « calendrier » de sessions ne paraissent avoir été fixés, faute d'un président réel, fonction que n'exercèrent ni le fondateur Alcuin, ni son hypothétique successeur Clément l'Irlandais[44]. La langue de la conversation était le latin, et le latin seul[45]. Charlemagne ne devait utiliser sa langue maternelle, qui était le vieux francique rhénan, qu'avec ses proches ou les moins instruits des Francs. Rappelons que le souverain s'intéressait beaucoup, à titre personnel, à la littérature germanique transmise en « langue tudesque » (lingua Theodisca), au point de faire copier « les très antiques poèmes barbares où étaient chantées l'histoire et les guerres des vieux rois » et même d'ébaucher une grammaire de sa langue maternelle, comme le rapporte Éginhard (Vita Karoli, 29)[46]. La lecture à voix haute (recitatio) de poèmes, en particulier celle des dernières compositions des membres, tenait probablement une place importante dans les rencontres, et devait flatter le goût du souverain pour les vers[47]. Mais on parlait aussi d'astronomie (un domaine où Alcuin avait des lumières et qui fut plus tard une des spécialités de Dungal), de théologie et de philosophie. Fridugise composa après 804, pour Charlemagne et peut-être aussi pour l’« académie », un court traité (joint à une lettre) intitulé « Sur la substance des ténèbres et du néant» (De substantia tenebrarum et nihili)[48]. Ce curieux opuscule laissa perplexe l'empereur, qui interrogea à ce sujet Dungal dans une brève lettre que nous avons conservée[49]. Les grandes controverses religieuses du moment (Querelle des Images, procession du Saint-Esprit, lutte contre l'adoptianisme espagnol, etc.) étaient certainement matière à débat. Pour nourrir la discussion, on ne devait pas se priver de puiser dans la riche bibliothèque du Palais[50].

Ce qui a été dit plus haut touchant la liberté des mœurs palatines doit nous mettre en garde contre une perception trop purement intellectuelle de l'« académie » caroline. Les occupations de nos porteurs (et porteuses) de pseudonymes pourraient bien, en effet, avoir relevé tout autant du divertissement de cour et du « jeu de masques » — ou plus exactement du théâtre[51] — que des débats d'un salon littéraire ou philosophique. Le cénacle n'avait rien d'un cloître, dans ce comitatus d'Aix-la-Chapelle dont la vie quotidienne, entre parties de chasse et jacuzzi, ressemblait plus à celle de la cour impériale de Rome au temps de Trajan ou d'Hadrien qu'au régime austère des moines de Corbie ou de Saint-Martin de Tours[52]. Les nombreuses filles de Charlemagne étaient non seulement ravissantes (Éginhard en témoigne)[53], mais encore peu farouches (comme le laisse entendre le même biographe, qui fait écho, trente ans plus tard, à l'avertissement précité d'Alcuin)[54]. Il y a lieu de croire que ces colombes couronnées s'employaient avec diligence à égayer les études de nos lettrés. On passait aisément du Salon à l'alcôve : c'est ainsi que l'Homère du Nord, Angilbert, vécut deux ans en concubinage avec la princesse Berthe, péché dont il finit par se repentir (il quitta la cour, comme on sait, pour devenir abbé de Centula / Saint-Riquier), mais seulement après avoir engendré de la sorte deux fils, nommés plaisamment Hartnid et Nithard (ce dernier n'étant autre que le futur comte et historien, sans qui nous n'aurions pas le texte des Serments de Strasbourg)[55]. Comment faire comprendre que l'Académie Palatine n'a jamais existé à ceux qui lui doivent l'existence ? Qu'il nous soit donc permis de conclure l'exposé par une formule de l'Exultet attribuée faussement, mais selon une tradition vénérable, à saint Augustin, l'auteur favori de l'« empereur à la barbe fleurie » : Felix culpa !

Notes et références

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  1. Un exemple de résumé classique (mais sujet à caution) figure chez J.-B.-J. de Chantal, Manuel des dates. Paris & Lyon, 1839, p. 9 : « ALCUIN (Alcuinus-Flaccus), le maître et l'ami de Charlemagne, né en 732 à York ou à Londres, fonde à la cour de France l'académie palatine vers 782 ». En réalité, la chronologie de cette période de la vie d'Alcuin est mal connue. La date précise de son arrivée en France (fin 781 ? début 782 ?) nous échappe, et le début de son enseignement des arts libéraux à la cour du roi Charles n'est placé en 782 que par approximation. Nous suivons ici la chronologie commune que propose Fleckenstein (19673 ; voir infra, n. 23), p. 36 et n. 93.
  2. Et cela malgré Émile Lesne, qui a péremptoirement écrit que l'école du palais « ne se distingue pas de l'académie palatine » (Histoire de la propriété ecclésiastique en France, tome V, 1940, p. 42).
  3. Sur l'organisation de l'école du Palais à partir de Charlemagne, voir Franz Brunhölzl, « Der Bildungsauftrag der Hofschule », dans Wolfgang Braunfels (éd.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben. Tome II : Das geistige Leben, éd. B. Bischoff. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, 19673, p. 28-41, spéc. p. 29-31 ; cf., traduit en français, l'aperçu donné par le même dans son Histoire de la littérature latine du Moyen Âge. Tome I : De Cassiodore à la fin de la renaissance carolingienne. Volume II : L'époque carolingienne. Louvain-la-Neuve, Brepols, 1991, p. 10-11.
  4. Son équivalent prépositionnel « académie du palais » était déjà usuel en 1811, quand Louis-Gabriel Michaud (1773-1858), dans le tome II de sa Biographie universelle ancienne et moderne (p. 170), définit Angilbert comme un « membre de l'académie du palais ».
  5. Allusion à la doctrine des sept dons du Saint-Esprit, élaborée à l'époque de saint Ambroise de Milan (témoin son Expositio evangelii in Lucam, VII, 98 [PL 15, 1722 D] : [ecclesia] in qua septiformis spiritus relucet gratia, passage d'ailleurs cité en 792 (et non 791) par le pape Adrien Ier dans sa Lettre au roi Charles répondant à la préface du Capitulare de imaginibus, lui-même ébauche des Libri Carolini, éd. K. Hampe, dans MGH, Epistolae Karolini aevi, III [Berlin, 1899], p. 31, lignes 18-19) sur la base de la 1re épître aux Corinthiens 12, 12-13 combinée à la version augmentée d’Isaïe 11, 2 donnée par la Vulgate. Cf. le neuvième vers de l'hymne Veni Creator Spiritus, œuvre de Raban Maur, élève d'Alcuin : Tu septiformis munere...
  6. Alcuin, Lettre 170 (fin mars 799), éd. E. Dümmler, dans Monumenta Germaniae Historica, Epistolae Karolini aevi, II (Berlin, 1895), p. 279, lignes 21-26 : Si, plurimis inclitum vestrae intentionis studium sequentibus, forsan Athenae nova perficeretur in Francia, immo multo excellentior. Quia haec, Christi domini nobilitata magisterio, omnem achademicae exercitationis superat sapientiam. Illa, tantummodo Platonicis erudita disciplinis, septenis informata claruit artibus ; haec, etiam insuper septiformi sancti Spiritus plenitudine ditata, omnem saecularis sapientiae excellit dignitatem. Voir Pierre Riché, Dictionnaire des Francs. Les Carolingiens. Paris, Bartillat, 1997, p. 26-27 (malgré l'erreur dans la référence à la page des MGH, et une traduction approximative, notamment dans l'usage curieux du conditionnel là où Alcuin emploie l'indicatif et décrit une réalité bien actuelle).
  7. Sur ce sujet, voir entre autres Edouard Jeauneau, Translatio studii. The transmission of learning : a Gilsonian theme. Toronto, Pontifical Institute of Medieval Studies, 1995.
  8. Certes, la « seconde Rome » est en principe Constantinople, et Alcuin le reconnaît (Lettre 174, de juin 799 ; MGH, Epistolae Karolini aevi, II, p. 288, 20), mais il est contemporain de l'émergence d'une nouvelle conception franque de la translatio imperii, qui fait de la capitale de Charles l'héritière véritable de la Rome constantinienne. Cette nouvelle vision s'exprime en poésie chez Modoin (Nasonis ecloga, liber prior, vers 24) et dans l'épopée (voir infra, notes 10 et 52) De Karolo rege et Leone papa (vers 97-98 : Stat pius arce procul Karolus loca singula signans, / altaque disponens venturae moenia Romae).
  9. Voir Adrian Gerard Jongkees, « Translatio studii : les avatars d'un thème médiéval », dans Miscellanea Mediaevalia in memoriam Jan Frederik Niermeyer. Groningen, Wolters, 1967, p. 41-51, spéc. p. 46-47 ; Claudio Leonardi, « Alcuino e la Scuola Palatina : le ambizioni di una cultura unitaria », dans Nascita dell'Europa ed Europa carolingia : un' equazione da verificare (= SSCISAM, 27). Spoleto, 1981, tome I, p. 459-496. Sur la fortune de l'idée de « seconde Rome » au Moyen Âge, on lira William Hammer, « The concept of the new or second Rome in the Middle Ages », dans Speculum, 19 (1944), p. 50-62.
  10. Tel est le cas de l'auteur anonyme (en 799 ou vers 802 ?) du poème épique De Karolo rege et Leone papa (voir infra, note 52). Voir à ce sujet Peter Godman, Poets and emperors. Frankish politics and Carolingian poetry. Oxford, Clarendon Press, 1987, notamment p. 92 ; Christine Ratkowitsch, Karolus Magnus — alter Aeneas, alter Martinus, alter Iustinus : Zu Intention und Datierung des « Aachener Karlsepik ». Wien, 1997 (Wiener Studien, Beiheft 24) ; Francine Mora, « Réceptions de l'Énéide au Moyen Âge », dans Cahiers de l'Association internationale des études françaises, 53 (2001), p. 173-189, spéc. p. 176-177.
  11. Alcuin, Lettre 308, dans MGH, Epistolae Karolini aevi, II (Berlin, 1895), p. 471, lignes 20-21 : ... evangelicas quaestiones achademicis vestris a nobis enucleandas inquiritis )
  12. Remarquons la nuance de dédain que comporte ici le mot exercitationis (Achademicae), que nous avons traduit par « entraînement ». L'académie platonicienne façonnait, pour ainsi dire, la surface de l'esprit, au lieu que l'université chrétienne dont rêve Alcuin en configure la substance.
  13. Notker Balbulus, Gesta Karoli Magni imperatoris, I, 2 (éd. Hans F. Haefele, dans Monumenta Germaniae historica. Scriptores rerum Germanicarum. Nova series. Tomus XV. Berlin, Weidmann, 1959, p. 3, lignes 15-16) : Cuius [scil. Albini] in tantum doctrina fructificavit ut moderni Galli sive Franci antiquis Romanis et Atheniensibus aequarentur.
  14. Théodore Juste, Histoire de Belgique (…) illustrée par l'élite des artistes belges. Bruxelles, A. Jamar, 1848, p. 39 : « L'académie palatine, créée en 780, et présidée par le prince lui-même, fut le modèle de toutes les autres ».
  15. Lucien-Jean Bord, OSB (Abbaye de Ligugé), « Entre Antiquité tardive et royaumes barbares : le milieu où vécut un poète de cour », dans Camenae, n° 11, 2009, p. 10 : "Au VIe siècle, la cour — particulièrement la cour austrasienne —, centre de formation et d’éducation pour les fils des élites, fait encore place, dans ce cadre, à des divertissements culturels dans lesquels une poésie comme celle de Fortunat trouvait sa place et le succès que rencontra le poète italien nous montre bien qu’il répondait alors parfaitement à l’attente de ce milieu".[1]
  16. Jacques Brosse, Histoire de la chrétienté d'Orient et d'Occident : de la conversion des Barbares au sac de Constantinople, 406-1204. Paris, Albin Michel, 1995 : « Les cours de certains rois mérovingiens, celle de Clotaire II, celle de Dagobert, avaient déjà été des pépinières de lettrés ».
  17. Certains historiographes attribuaient à Dagobert Ier, outre le monastère d'Erfurt, la fondation d'une académie au même endroit : Johann Jacob Hofmann, Lexicon Universale historiam sacram et profanam ..... explanans, tome II, « D à L », Lugduni Batavorum (Leyde), 1698, p. 179 : « ERDFORDIA ..... Academia etiam celebris existit quam Dagobertus, Francorum rex fundavit ».
  18. Charles Stallaert et Philippe van der Haeghen, « De l'instruction publique au Moyen Âge », dans Mémoires couronnés de l'Académie royale de Belgique, volume XXIII, 1848-1850, Bruxelles, 1850, p. 19 : « Ce concours d'hommes savants et studieux, qui accompagnaient sans cesse Charlemagne, même dans ses voyages; des conférences littéraires présidées par Alcuin, par Amalaire ou par d'autres, conférences auxquelles assistaient Charlemagne, ses fils Pépin, Charles et Louis, sa sœur Gisla, sa fille Gisla et les amies de cette princesse, Richtrude et Guntrade, ont fait supposer l'existence d'une académie, d'une école palatine, ou d'une école ambulatoire. Quelques auteurs français ont même voulu rattacher à cette école l'origine de l'université de Paris. Les historiens contemporains, cependant, ne voient dans cette prétendue académie palatine qu'un cercle littéraire sans organisation, sans stabilité dans sa composition ni dans sa résidence. C'étaient, pensent-ils, de simples entretiens scientifiques amenés par le hasard, par les circonstances, par le goût de la cour, résultat naturel de la réunion des sommités intellectuelles de l'époque ».
  19. Jean-Ignace-Joseph Bourgon, Abrégé de l'histoire de France, vol. I. Besançon, Bintot, 1832, p. 230 : « Tous ces savans faisaient partie d'une académie palatine dont le roi était membre sous le nom de David, et dont chaque académicien avait pris un surnom allégorique ».
  20. Ce dédoublement peut paraître étrange, d'autant que les deux pseudonymes ne semblent jamais attestés simultanément, et nous faire supposer non pas un changement de pseudonyme, mais un accident de la tradition manuscrite, par exemple le développement erroné d'une abréviation. Mais de quel « Antoine » s'agit-il ? Le pseudonyme pourrait dans l'absolu renvoyer à saint Antoine le Grand († 356), le Père des ermites. Toutefois, le fait qu'Adalhard était cousin de Charlemagne rend plus probable une allusion au chef romain Marc Antoine, qui était, par sa mère Julia, un petit-cousin éloigné de Jules César ; voir dans ce sens Jean Favier, Charlemagne. Paris, Fayard, 1999, p. 469. La valeur politique de ce surnom est d'autant plus probable que Pépin, fils de Charlemagne, fut appelé Jules (i.e. Jules César) parce qu'il était roi d'Italie, et qu'Adalard devint son conseiller en 796. Dans le cas d'Adalhard, l'image globalement très négative de Marc Antoine dans la tradition (avec le dénigrement dont il a été l'objet de la part de Cicéron, Horace, etc.), jointe peut-être à la volonté de « recentrer » ce personnage sur ses fonctions abbatiales, serait alors la cause du changement de pseudonyme au profit d'une figure non seulement respectable, mais encore vénérable et même sainte, Augustin d'Hippone.
  21. Plus que d'un pseudonyme pieux renvoyant à un des saints ascètes de l'Antiquité tardive appelés Macaire, il s'agit peut-être d'une hellénisation du nom de l'intéressé (Richbodus ou Ricbodus en latin), rendant l'adjectif germanique reich (« riche »), qui constitue sa première partie, par l'adjectif grec μακάριος, dont le sens ordinaire est certes « bienheureux », mais qui parfois signifie « prospère », « riche ».
  22. Ainsi, nous savons par la correspondance d'Alcuin qu'Edilburga, fille du roi de Mercie Offa, avait pour pseudonyme Eugenia : qui, sinon son compatriote Alcuin, pouvait lui avoir trouvé ce surnom, apparenté en outre au reste de la série hagiographique féminine (Columba, Eulalia, Lucia) ?
  23. Ce travail a été esquissé par Josef Fleckenstein, « Karl der Grosse und sein Hof », dans Wolfgang Braunfels (éd.), Karl des Grosse. Lebenswerk und Nachleben. Tome I : Persönlichkeit und Geschichte, éd. Helmut Beumann. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, 19673, p. 24-50, spécialement p. 43-46. Cette enquête précieuse demanderait à être poursuivie.
  24. J. Fleckenstein, « Karl der Grosse und sein Hof » (19673), p. 45, classe les noms Macharius et Nemias parmi ceux des « grands poètes de l'Antiquité et des personnages de leurs œuvres » : or le premier (donné à Richbod ou Ricbod, abbé de Lorsch puis archevêque de Trèves) traduit probablement le nom même de Richbod tout en renvoyant peut-être à l'un des saints nommés Macaire (voir supra, note 21), et le second est simplement la dénomination latine du prophète Néhémie.
  25. J. Fleckenstein, p. 43-44.
  26. Voir J. Favier, Charlemagne (1999), p. 469.
  27. Témoin la centaine d'Énigmes en hexamètres d'Adlhelm de Malmesbury (639-709). Voir l'édition qu'en donne Nancy Porter Stork, « Through a gloss darkly » : Aldhelm's riddles in the British Library MS Royal 12. C. XXIII. Toronto, Pontifical Institute of Medieval Studies, 1990. Sur l'ensemble de la question, on lira Dieter Bitterli, « Say what I am called » : The Old English riddles of the Exeter Book and the Anglo-Saxon riddle tradition. Toronto, University of Toronto Press, 2009.
  28. Le texte de la Disputatio se lit dans la Patrologia Latina, tome 101 (1851), col. 975 C — 980 B. Voir Martha Bayless, « Alcuin's Disputatio Pippini and the Early Medieval riddle tradition », in Guy Halsall (éd.), Humour, history and politics in Late Antiquity and Early Middle Ages. Cambridge (GB), Cambridge University Press, 2002, 20042, p. 157-178 ; D. Bitterli (2009), p. 110-111.
  29. Ainsi, nous ignorons qui est l'homme chenu auquel Alcuin (Carmen XXVI, 23) donne le nom virgilien de Drances, et ne pouvons mettre un nom sur le porteur de fruits que Théodulf (Carmen XXV, 151-152) appelle Lentulus. Voir Alejandra de Riquer, Teodulfo de Orleans y la epístola poética en la literatura carolingia. Barcelona, 1991, p. 195-196.
  30. Théodulf lui-même se désigne seulement, dans son Poème XXV (v. 165) comme Geta, « le Goth ».
  31. Friedrich Lorentz, Alcuin's Leben. Beitrag zur Kirchengeschichte der karolingischen Zeit. Halle, 1829, p. 175. Cette fantaisie a été signalée par Ernst Dümmler, MGH, Poetae Latini aevi Karolini, tome I (Berlin, 1881), p. 438, n. 1, mais beaucoup n'y ont pris garde.
  32. Alcuin, Carmina, XII, 7-8 ; XXXIX, 10 ; XL, 9. Théodulf, Carmina, XXVII, 29-32 et 44.
  33. Plaute, Asinaria, 693 ; Casina, 138 ; etc.
  34. Alcuin, Lettre 244 (année 801 ou 802), éd. E. Dümmler, dans MGH, Epistolae Karolini aevi, II (Berlin, 1895), p. 392, lignes 26-27 : Non veniant coronatae columbae ad fenestras tuas, quae volant per cameras palatii.
  35. Éginhard, Vita Karoli, 19 : Charlemagne, à cause de ses chères filles, « fit l'expérience de la malignité du sort » (aduersae fortunae malignitatem expertus est).
  36. Dans ses lettres à son cher Arn, Alcuin joue volontiers avec ce surnom : Epist. 146, 157, 165...
  37. Celle de Donald A. Bullough, « What has Ingeld to do with Lindisfarne ? », dans Michael Lapidge, Malcolm Godden & Simon Keynes (éd.), Anglo-Saxon England, volume 22. Cambridge (GB), Cambridge University Press, 2007, p. 93-126, spéc. p. 114-115, avec une explication étymologique quelque peu far fetched.
  38. Voir supra, note 29.
  39. Voir infra, note 41.
  40. Alcuin, Carmina, XXX, 7-8 (Nardulus) ; Modoin, Nasonis ecloga, liber prior, 92 (Nardus) ; Théodulf, Carmina, XXV, 155 et 177 (Nardulus, Nardus).
  41. La blancheur de la peau est peut-être aussi ce qui valut à l'Irlandais Witto son surnom Candidus (« le blanc »), à moins que le terme n'eût été choisi pour son acception morale (« pur », « innocent »).
  42. Il y avait peut-être une salle du palais d'Aix qui servait aux réunions du cercle, mais celle-ci n'a pas été repérée par les archéologues : Leo Hugot, « Die Pfalz Karls des Grossen in Aachen. Ergebnisse einer topographisch-archäologischen Untersuchung des Ortes und der Pfalz », dans Wolfgang Braunfels (éd.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben. Tome II : Das geistige Leben, éd. B. Bischoff. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, 19673, p. 534-572, spéc. p. 568.
  43. Alcuin, Lettre 262 (à Fridugise), dans MGH, Epistolae Karolini aevi, II, p. 420, lignes 9-12.
  44. Clément fut-il vraiment le successeur d'Alcuin comme animateur du cénacle carolin ? C'est possible, mais il faudrait, pour en être sûr, d'autres témoignages que celui (tardif et idéalisé) de Notker le Bègue, qui montre seulement en Clément le maître de la schola du Palais chargé de l'instruction des enfants (Gesta Karoli Magni, I, 3, éd. H.F. Haefele, p. 4, lignes 2-3) : ... pueros quos Clementi commendaverat ....
  45. Les Francs du temps de Charlemagne, même les plus doctes, ignorant le grec, à l'exception probablement de Théodulf — voir Pascal Boulhol, « Grec langaige n'est pas doulz au françois ». L'étude et l'enseignement du grec dans la France ancienne (IVe siècle-1530). Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, "Héritages méditerranéens", 2014, p. 34-37 —, le latin était à la fois la seule langue savante accessible et le seul idiome de communication possible entre des personnes aux origines ethniques très diverses (Gaulois, Francs, Hispaniques, Italiens, insulaires).
  46. Voir Werner Betz, « Karl der Grosse und die Lingua Theodisca », dans Wolfgang Braunfels (éd.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben. Tome II : Das geistige Leben, éd. B. Bischoff. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, 19673, p. 300-306.
  47. Ce goût est attesté par Angilbert, Carmen II, 2 (MGH, Poetae Latini aevi Carolini, I, p. 360) : David amat versus. On sait que Charles composait volontiers des poèmes, dont certains nous sont parvenus.
  48. Texte édité par E. Dümmler, dans MGH. Epistolae Karolini aevi, II (Berlin, 1895), p. 552-555, no 36.
  49. Elle a été éditée par E. Dümmler, dans MGH. Epistolae Karolini aevi, II, p. 552, no 35. La théorie réaliste de Fridugise quant au néant et aux ténèbres suscita plus tard (vers 816 ?) les objections d'Agobard de Lyon.
  50. Sur la bibliothèque palatine au temps de Charlemagne, voir Bernhard Bischoff, « Die Hofsbibliothek Karls des Grossen », dans Wolfgang Braunfels (éd.), Karl der Grosse. Lebenswerk und Nachleben. Tome II : Das geistige Leben, éd. B. Bischoff. Düsseldorf, L. Schwann, 1965, 19673, p. 42-62.
  51. Comme le fait remarquer Johan Huizinga, Homo ludens, a study of the play-element in culture. Boston, The Beacon Press, 1955, p. 154 : "It would be a rewarding endeavour to try to find out whether a certain play-quality was not an essential part of what is called the Carolingian Renaissance — that pompous display of erudition, poetry and pietistic sententiousness where the leading lights adorned themselves with classical or Biblical names : Alcuin as Horace, Angilbert as Homer, and the Emperor Charles himself as David. Courtly culture is particulary prone to adopt the play-form ; it moves in a small and restricted circle".
  52. Éginhard (Vita Karoli, 22) montre Charlemagne et ses proches pratiquant régulièrement l'équitation, la chasse, la natation, et prenant souvent des bains chauds dans les thermes du palais. De ces thermes, le poème De Karolo rege et Leone papa, de datation discutée (799 ? 802 ? premières années du siècle ?), vante la magnificence (vers 106-110) : Hic alii thermas calidas reperire laborant, / balnea sponte sua ferventia mole recludunt, / marmoreis gradibus speciosa sedilia pangunt. / Fons nimio bullantis aquae fervore calore / non cessat.... Ce poème, encore attribué à Angilbert dans les MGH (par G.H. Pertz dans Scriptores, II, 1829, p. 391, et classé dans les dubia d'Angilbert par E. Dümmler qui le réédite dans Poetae Latini aevi Carolini, I, 1881, p. 366-379, p. 368 pour notre passage) est aujourd'hui définitivement rendu à l'anonymat. Il a été édité à nouveau en 1966 par Franz Brunhölzl, édition réimprimée en 1999 (Paderborn, Bonifatius).
  53. Éginhard, Vita Karoli, 19 : Quae cum pulcherrimae essent…
  54. Voir supra, notes 34 et 35.
  55. L'information nous vient de Nithard lui-même (Historiarum libri quattuor, IV, 5 ; éd. G.H. Pertz, MGH, Scriptores, II, 1829, p. 671, lignes 36-37) : Qui [scil. Angilbertus] ex eiusdem magni regis filia nomine Berchta Hartnidum, fratrem meum, et me Nithardum genuit.

Article connexe

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Bibliographie

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  • Émile Durkheim, « La Renaissance carolingienne », dans L'Évolution pédagogique en France, Librairie Félix Alcan, (lire en ligne)