O Sanctissima

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Titre en latin :
O sanctissima (incipit)

Titre en français :
O Très Sainte

Genre :
hymne (liturgie locale)

Origine et auteur :
inconnus

Premier témoignage :
Charles Burney
1770 (Venise)

Première publication :
1792 (Londres)


Image :
Annonciation de Titien (cathédrale de Trévise)

L’O Sanctissima est une prière catholique dédiée à la Vierge Marie. Encore aujourd'hui, la version originale latine est beaucoup plus priée et chantée que les versions traduites.

La prière rappelle la sainteté, la piété et la douceur de la Vierge Marie. Elle souligne que Marie est aimée sans tache ; ceci fait allusion à l'Immaculée-Conception. Cette prière souligne la beauté de la Vierge Marie, notamment par la formule Tota Pulchra Es, qui est aussi le titre d'une autre prière.

Les deux premiers vers du troisième strophe font clairement allusion au Cantique des cantiques : « Comme un lis au milieu des épines, Telle est mon amie parmi les jeunes filles » (Ct 2:2). Enfin, la demande « Pour nous priez à l'heure de notre mort » peut aussi être trouvée dans l'Ave Maria.

Le texte de la prière[modifier | modifier le code]

latin français

O sanctissima O piissima
Dulcis Virgo Maria
Mater amata intemerata
Ora ora pro nobis.


Tota pulchra es O Maria
Et macula non est in te
Mater amata intemerata
Ora ora pro nobis.

Sicut lilium inter spinas
Sic Maria inter filias
Mater amata intemerata
Ora ora pro nobis.

In miseria in angustia
Ora Virgo pro nobis
Pro nobis ora in mortis hora
Ora ora pro nobis.

Ô Très Sainte, Ô Très Pieuse
Douce Vierge Marie
Mère ayant été aimée sans tache
Priez, priez pour nous.

[strophes ajoutées]

2. Tu es toute belle, ô Marie
Et la faute originelle n'est point en toi
Mère ayant été aimée sans tache
Priez, priez pour nous.

3. Comme un lis au milieu des épines
Telle est Marie parmi les jeunes filles
Mère ayant été aimée sans tache
Priez, priez pour nous.

4. En misère et en angoisse
Priez Vierge, pour nous
Pour nous priez à l'heure de notre mort
Priez, priez pour nous.

Le texte ne connaissait à l'origine qu'une seule strophe tandis que les strophes II - IV furent successivement ajoutées, avec assez de variantes[1].

Partition[modifier | modifier le code]

English and Latin hymns, New York 1884, version en usage aux États-Unis.

Historique[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

L'origine de l'hymne O sanctissima reste inconnue[2]. Toutefois, plus précisément, il existe peu d'études scientifiques par les chercheurs.

Il semble que l'hymne ne soit pas une composition tout à fait originelle, car son incipit se trouve dans plusieurs documents plus anciens. L'incipit Ave Virgo sanctissima, en tant que titre de la Sainte Vierge, était au XVe siècle en usage, par exemple à Aix-en-Provence[3]. Vers 1580, Francisco Guerrero composa un motet polyphonie Ave Virgo sanctissima[4].

D'ailleurs, une prière mariale se trouve dans le dit Office de la Vierge, début de Prime, Heures à l'usage de Thérouanne (sans doute XVe siècle), folios 114v - 115v, dont l'incipit est O sanctissima o dulcissima o piissima o misericordissima[5]. Un manuscrit des motets de Louis-Nicolas Clérambault, écrit au début du XVIIIe siècle, se commençait avec l'incipit O puissima, o sanctissima, Mater Virgo Maria.

Puis, l'hymne actuelle apparut et fut rapidement diffusée à partir de 1792, avec son attribution de l'origine à la Sicile.

Premières publications[modifier | modifier le code]

Avant que quelques compositions par les musiciens ne soient effectuées, la publication de mélodie apparut, pour la première fois, en 1792. Il s'agissait d'une partition dans la revue European Magazine and London Review [19][7]. La pièce était intitulée The Sicilian Mariner Hymn to the Virgin (L'hymne de marins de Sicile en hommage à la Sainte Vierge)[8]. La publication aux États-Unis avait apparu en 1794 tandis qu'elle fut suivi de celle de version anglaise à Londres en 1795 avec un texte différent qui était issu du psaume 19 (18)[2].

À la suite de ces publications, l'hymne devint très populaire au Royaume-Uni et aux États-Unis[6]. De surplus, l'usage dans les pays anglophones fit paraphraser la pièce en hymne protestante[6].

En France, si celle-ci était bien appréciée, la pratique restait assez modeste. Ainsi, un recueil, publié en 1850 sous l'approbation de l'archevêque de Paris, et qui était destiné à plus de vingt-trois paroisses parisiennes [20], présentait cette hymne sur la dernière page et en seule première strophe [21].

Attribution hypothétique[modifier | modifier le code]

En dépit du titre donné par la revue de Londres, l'attribution de l'origine à la Sicile n'est pas certaine.

On considérait que les marins de Sicile la chantaient à l'unisson et au soir, mais la tradition ne connaissait que la première strophe, d'après l'article de 1792, qui n'était autre qu'une citation du texte de Charles Burney ayant visité la république de Venise. Le docteur Burney soulignait l'effet de l'unisson par 3 000 voix qui chantaient l'hymne O sanctissima. Selon ce musicologue, tous ceux qui l'exécutaient étaient des marins de Sicile sur leurs bateaux et lors du coucher de soleil ainsi qu'à minuit[9].

Or, faute de manuscrit qui peut confirmer cette attribution, William Crump (2013) doutait l'origine de la tradition sicilienne[8]. Ce qui demeure plus certain est que la pratique était et est liée à Venise[1],[9], témoignée pour la première fois par Charles Burney[9] en août 1770[10],[N 1].

Il est à noter que la partition de Johann Gottfried Herder († 1803) fut publiée en 1807 [22][11]. S'il avait visité la Sicile en 1788, la publication de Stimmen der Völker in Liedern était posthume. Aussi l'attribution à la tradition sicilienne reste-t-elle hypothétique.

Composition musicale[modifier | modifier le code]

Cette pièce inspira un peu de compositeurs. Ludwig van Beethoven et Antonin Dvořák laissèrent leurs œuvres tandis qu'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann paraphrasa en faveur de sa musique de scène. Charles Gounod, en exil à Londres, en arrangea en quatre voix a cappella, ce qui était chanté au Royal Albert Hall[12].

Usage liturgique[modifier | modifier le code]

S'il s'agit d'une hymne catholique, elle ne fut jamais un chant officiel du rite romain (à savoir, liturgie locale sous autorisation). D'où il existe assez nombreuses variations, y compris des versions en anglais[8].

À l'origine, l'usage n'était pas fixé. Toutefois, cette pièce est de nos jours souvent chantée à Noël, à la suite de sa publication en 1792 en faveur de Noël[8]. L'usage fut évolué notamment chez les protestants. La version en allemand créée par Johannes Falk fut enrichie par des strophes de Heinrich Holzschuher, laquelle est capable de s'adapter à de grandes fêtes, Noël, Pâques et Pentecôte[1] .

Paraphrase[modifier | modifier le code]

En raison d'une ressemblance mélodique, l'hymne serait l'origine d'une chanson We Shall Overcome et encore d'autres[6].

Mise en musique[modifier | modifier le code]

Musique classique[modifier | modifier le code]

Musique contemporaine[modifier | modifier le code]

  • Paul Mealor (1975 - ) : hymne pour choœur à 4 voix a cappella (2009)[17]

Œuvre d'orgue[modifier | modifier le code]

Incipit O piissima o sanctissima[modifier | modifier le code]

Incipit O sanctissima[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Étant donné que la connaissance critique n'était pas établie jadis et que parfois la citation n'était pas effectuée correctement, encore faut-il retrouver le texte originel de Charles Burney. Aucun n'est disponible en ligne (consulté le 11 août 2021).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Eunice Anderson, Christmas Songs and Their Stories, p. 156 - 157, 2005 [1]
  2. a et b James Fuld, The Book of World-famous Music, p. 624, 2000 (en)[2]
  3. Étude de Michel Huglo (centre national de la recherche scientifique), cité dans The Divine Office in the Latin Middle Ages, p. 384, Oxford University Press [3]
  4. Notice Bnf [4]
  5. Catalogue raisonné des livres d'Heures conservés au Québec, p. 422, Presses de l'Université du Québec 2018 [5]
  6. a b c et d Victor Bobetsky, We Shall Overcome, p. 2, 2015 (en)[6]
  7. Alison Morgan, Ballads and songs of Peterloo, p. 164, Manchester University Press 2018 (en)[7]
  8. a b c et d William Crump, The Christmas Encyclopedia, 3e édition, p. 328, 2013 (en)[8]
  9. a b et c The European Magazine, and London Review, tome 22, p. 342, 1792 (en)[9]
  10. Katy Romanou, Serbian & Greek Art Music, p. 105, 2009 (en)[10]
  11. Philip Bohlman, The Cambridge History of World Music, p. 302, Cambridge University Press 2013
  12. a et b Gérard Condé, Charles Gounod, p. 725, 2009 [11]
  13. Notice Bnf [12]
  14. Notice Bnf [13]
  15. a b et c Éditions Schott Music, Kataloge, 1866, p. 26 [14]
  16. Notice Bnf [15]
  17. Éditions Novello [16]
  18. The Monthly Musical Record, tome III, p. 64, 1873 (en)[17]
  19. Notice Bnf [18]