Ganymède

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Fig. 1 : Ganymède, cratère à figures rouges du Peintre de Berlin, Ve siècle av. J.-C., musée du Louvre
Fig. 2 : Ganymède et Zeus en aigle. Bronze, Zurich Bürkliplatz.

Dans la mythologie grecque, Ganymède (en grec ancien Γανυμήδης / Ganumếdês) est un amant de Zeus et l'échanson des dieux[1]. Sa beauté est devenue proverbiale[2], successeur de la déesse Hébé dans la fonction[3].

Mythe

Selon l’Iliade, il est réputé être le plus beau des mortels[4] : prince troyen, fils de Tros (roi de Dardanie) et de la nymphe Callirrhoé, fille du dieu fleuve Scamandre, il est donc un descendant de Zeus. Homère mentionne dans l’Iliade qu’il est enlevé par « des dieux »[5].

Alors que le jeune prince fait paître le troupeau familial sur le mont Ida de Troade, Zeus l’aperçoit et se transforme en aigle afin de l'enlever et d'en faire son amant. À la suite de cela, il devient l’échanson des dieux. En compensation de la perte de son fils, Tros reçoit de Zeus quatre chevaux qu’il tenait de Poséidon. Ceux-ci figurent dans le mythe d’Héraclès : Laomédon, père de Ganymède selon d’autres versions, les promet au demi-dieu s’il sauve sa fille Hésione. Une autre tradition veut que Zeus offre une coupe en or, œuvre d’Héphaïstos. Héra est jalouse de ce nouvel amant et de sa fonction d’échanson, que Zeus avait enlevée à Hébé, sa fille. Elle tente de forcer son mari à renvoyer Ganymède chez les mortels mais au lieu de cela, Zeus l’élève alors au ciel sous la forme de la constellation du Verseau. Dans une version tardive, c’est Éos qui enlève Ganymède et Tithon. Zeus, apercevant Ganymède, le réclame à la déesse, et l’obtient à condition qu’il exauce un vœu. D’après Platon, tout comme Xénophane, Socrate rejetait les mythes qui faisaient de Zeus et des autres dieux des personnages immoraux et dévergondés. Lucien de Samosate dit qu'il était berger et phrygien[6], le met en scène en échanson dans son Icaromènippe, le Jugement des déesses[7] et l’Assemblée des dieux[8], représente l'aigle[9] ravisseur comme une métamorphose de Zeus lui-même, et implique Hermès[10]

Le Ganymède de Platon[11]

Au livre I de ses Livres des Lois, Platon attribue aux Crétois l’invention du mythe des rapports de Ganymède et Zeus, justifiant par là que, selon la tradition qui dit que leurs lois leur viennent de Zeus par Minos, son fils, leurs pratiques étaient en accord avec celles des dieux[12].

Ganymède dans Le Banquet de Xénophon

Au chapitre VIII de son Banquet[13], Xénophon fait dire à Socrate que Zeus n’a non pas enlevé Ganymède par amour pour son corps – amour physique – mais par amour pour son âme et sa sagesse – par amour spirituel.

Ganymède dans Phèdre de Platon

Dans le Phèdre de Platon, qui parle d'éthique, les sentiments de Zeus pour Ganymède son décrits comme du « désir »


Dans les arts

Antiquité

Statuette de Ganymède aux côtés de Zeus, du musée paléo-chrétien de Carthage.
Fig. 2 : Zeus enlevant Ganymède, terre cuite peinte, v. -480, musée archéologique d'Olympie.

Il est utile de distinguer dans les arts l'Antiquité de la période postérieure. Après la fin du paganisme, les représentations de Ganymède font uniquement référence au mythe, alors qu'auparavant il avait une incidence dans la vie quotidienne, justifiant des objets votifs ou funéraires.

En sculpture, l'une des plus célèbres représentations de Ganymède est le groupe sculpté par Léocharès au IVe siècle av. J.-C., admiré par Pline l'Ancien[14] : Léocharès a sculpté un aigle ravissant Ganymède, sachant qui il enlève et pour qui, et prenant garde de blesser sa proie même à travers ses vêtements. Cette délicatesse de l'aigle est souvent louée par la suite : Straton de Sardes l'évoque dans l'une de ses épigrammes[15], de même que Martial[16]. La légende de Ganymède a également inspiré un groupe en terre cuite

En céramique, le thème de Ganymède est fréquemment repris, le plus souvent sur des cratères, ces vases dans lesquels on mélangeait l'eau et le vin à l'occasion des banquets (symposions), tenus entre hommes, au cours desquels les convives rivalisaient d'imagination pour célébrer les mérites de leurs éromènes respectifs. Parmi les plus célèbres, figure le cratère à figures rouges du Peintre de Berlin (fig. 1) : d'un côté, Zeus est figuré en pleine poursuite ; de l'autre, Ganymède joue avec un cerceau, symbole de sa jeunesse. Il tient également un coq, présent pédérastique traditionnel. Le motif du coq est repris sur le tondo d'un célèbre kylix du Peintre de Penthésilée, conservé au musée archéologique national de Ferrare : Ganymède, en train de s'enfuir, se retourne vers Zeus, qui vient de se saisir de lui.

Époque moderne

Fig. 3 : L'Enlèvement de Ganymède, gravure de François Chauveau, XVIIe siècle
Fig. 4 : Jupiter métamorphosé en Aigle, enlève Ganimède, gravure de Charles-Dominique-Joseph Eisen, XVIIIe siècle

La Renaissance a vu ressurgir d'innombrables représentations de ce mythe (Michel-Ange, Benvenuto Cellini, Antonio Allegri), mais aussi le néoclassicisme du XIXe siècle (Thorvaldsen), y compris une représentation Art nouveau à Washington, fort loin de la culture d'origine, à la Bibliothèque du Congrès, en 1883.

D'une manière générale, toute représentation d'un aigle enlevant un jeune homme, comme on en voit sur de nombreux plafonds peints aux XVIIe et XVIIIe siècles dans les demeures privées, doit a priori être rapportée à la représentation de ce mythe. Dans les années 2000, les artistes Pierre et Gilles ont réalisé un triptyque intitulé Ganymède.[réf. souhaitée]

Sources


Notes

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Bibliographie