Ganterie de Saint-Junien

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La ganterie de peau à Saint-Junien *
Image illustrative de l’article Ganterie de Saint-Junien
Siège de la ganterie Agnelle
Domaine Savoir-faire
Lieu d'inventaire Nouvelle-Aquitaine
Haute-Vienne
Saint-Junien
* Descriptif officiel Ministère de la Culture (France)

La ganterie de Saint-Junien comprend un ensemble de procédés de traitement et façonnage du cuir préalables à la fabrication de gants, dans la ville de Saint-Junien, située dans le département français de la Haute-Vienne, en région Nouvelle-Aquitaine.

Elle s'est développée dès le Moyen Âge par une importante tradition artisanale qui est devenue ensuite industrielle. Cette production a été encouragée par la présence de la Vienne, dont les eaux sont nécessaires au travail de la matière, et par la tradition d'élevage de la région.

Depuis 2008, le savoir-faire de la ganterie de peau à Saint-Junien est inscrit à l'Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France, pour ce qui concerne l'entreprise Agnelle[1]. Celui de la mégisserie, étape préalable indispensable à la conception des gants, l'est pour l'entreprise Colombier[2]. Au début du XXIe siècle, plusieurs entreprises continuent de produire des gants.

Le travail du cuir constitue l'une des activités manufacturières emblématiques de la région de Saint-Junien, dont la tradition industrielle se matérialise aussi par la production de feutre et de papier.

Contexte[modifier | modifier le code]

L'abondance et la qualité de l'eau, la présence d'ovins et bovins, de bois de châtaignier nécessaire à la production de tanins, sont historiquement présentés comme des facteurs déterminants dans l'essor de la ganterie saint-juniaude, même si ces paramètres sont discutables, les ressources naturelles n'étant par exemple que des « facteurs occasionnels d'apparition » de l'industrie[3], tandis que la capacité des artisans locaux à s'insérer dans les grands circuits commerciaux apparaît déterminante dès les premiers siècles de l'essor de l'activité[a 1]. Parmi les facteurs déterminants dans la réussite de l'industrie saint-juniaude, figure aussi la fréquentation importante des pèlerins visitant les reliques de saint Amand et saint Junien[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

La ganterie de Saint-Junien est évoquée à la fin du Moyen Âge, lors du passage que le roi Louis XI aurait effectué à Saint-Junien en 1463 pour engager la construction de l'église Notre-Dame-du-Pont[5], épisode commémoré lors des ostensions septennales[6]. À cette occasion, des gantiers lui auraient remis des gants, ainsi qu'à la reine[7]. Mais au XIVe siècle, dans la chronique qu'il fait de la cité sur plusieurs siècles, le chanoine Étienne Maleu évoque un artisanat des sacs de cuir dans le contexte du transfert de reliques saintes en l'an 1100[a 2]. La structuration de l'artisanat local est attestée au XVIe siècle, et d'ores et déjà le nombre important de gantiers, dont la production est prioritairement destinée à des clientèles urbaines, prouve que Saint-Junien est déjà exportatrice[a 2].

Au XVIIe siècle, l'activité se développe davantage, avec l'essor des foires, la proximité des marchands de Limoges, et la force acquise par la corporation des maîtres gantiers, créée en 1620[a 1]. La mégisserie constitue son propre quartier, au bord de la Vienne, près du pont Notre-Dame. Le développement de la ganterie entretient plusieurs métiers ; outre les gantiers et les mégissiers, couturières, bouchers mais aussi drapiers et papetiers, qui acquièrent la laine et la colle issus du délainage, profitent des affaires[a 3]. En 1655, 25 fabricants de gants sont répertoriés[8]. Le XVIIIe siècle est plus morose, tandis que les ganteries de Paris et de Grenoble prennent le dessus. À la veille de la Révolution, l'activité demeure artisanale (70 employeurs, 300 employés[8]).

Développement industriel (XIXe siècle)[modifier | modifier le code]

Après une phase de flottement qui se prolonge jusqu'aux années 1820, l'activité reprend. La production industrielle est véritablement enclenchée dans les années 1830, sous l'impulsion de certains acteurs comme les Rigaud, qui établissent des comptoirs de vente à Bayonne, Lille, Marseille et Toulouse[9], et profitent de la croissance d'une nouvelle population bourgeoise et raffinée[a 4]. D'une production modeste, la ganterie de Saint-Junien prend peu à peu les atours d'une fabrication de masse ; les conséquences démographiques de la crise agricole des années 1840 et la spécialisation économique croissante poussent les tanneries à muter en mégisseries, mieux équipées, plus spécialisées et pourvoyeuses d'emplois plus nombreux[3]. L'expérience des Rigaud inspire les concurrents ; en 1890, on dénombre en France un total de près de 80 magasins de gants de Saint-Junien[a 5].

Au XIXe siècle, Saint-Junien figure parmi les quatre principaux centres de production gantière de France, aux côtés de Grenoble, Millau et Paris, et se spécialise dans les gants de luxe et de mode. Sous le Second Empire, la ville devient le premier centre mégissier français, comptant 13 entreprises dans ce domaine[3]. À la fin du siècle, Millau et Saint-Junien prennent le dessus sur Grenoble, à la faveur d'un choix de démocratisation de la production, quand Grenoble persiste sur le créneau du luxe (gant en peau d'agneau parfumée)[9]. La mégisserie prend le dessus en termes de puissance et d'emploi sur la ganterie, et concentre peu à peu ses effectifs en quelques grandes usines créées de toutes pièces (Mégisserie et Laines de Saint-Junien, Desselas, usine Dumas & Raymond dite usine du Goth…), dont l'esthétique (cheminées, grands volumes destinés à faciliter l'installation des machines et monte-charges, usage de la vapeur pour le séchage en toutes saisons…) signale l'ambition.

L'urbanisme de la ville s'en trouve modifié : agrandissement du champ de foire, arrivée du chemin de fer et création de la gare en 1875[3].

Pour autant, la demande demeure supérieure aux capacités des mégisseries locales, poussant les industriels à solliciter des opérateurs italiens pour les peaux les plus qualitatives[4].

Les conséquences sociales sont nombreuses. Les acteurs de l'industrie se structurent, avec la fondation d'une première société de secours mutuel en 1855, puis d'une société de musique[3].

Apogée industriel et mouvements sociaux (années 1880-XXe siècle)[modifier | modifier le code]

Les années 1870 sont difficiles, marquées par le début d'une longue période de crise économique. Le travail à domicile se développe alors, à l'initiative de chefs d'entreprise convaincus des avantages qu'il procurera, la machine à coudre ayant fragilisé les petits ateliers[3]. La déconcentration du travail permet en outre le cumul des emplois. L'essor de ce travail à domicile rural accusé de tirer vers le bas les salaires suscite toutefois des tensions entre les travailleurs, à l'origine de premiers conflits sociaux dans les années 1880[3]. De premiers syndicats ouvriers sont fondés. Au sein des ouvriers, certains sont associés à une élite, notamment les « coupeurs », qualifiés d'artistes, mieux considérés et payés que les femmes couturières, chargées des finitions[a 5].

En 1903, la Chambre syndicale des fabricants de gants de Saint-Junien est créée. Une première coopérative de consommation est instituée en 1902. Des grèves émaillent la décennie 1900[3] ; elles mettent parfois en tension la relation entre gantiers et ouvriers[a 6], et trouvent aussi leur déclenchement dans les revendications salariales.

La faible concentration des emplois dans la ganterie, à la différence de la mégisserie, se traduit par une hausse du nombre d'ateliers et d'emplois jusqu'aux années 1920[8].

Plusieurs entreprises démarquent par leurs produits, leur ampleur et leur technicité. Ainsi, la société gantière Codet et Teilliet, récipiendaire d'une médaille d'or à l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925[10]. La mégisserie du Goth, qui emploie 420 ouvriers en 1895, s'étend sur près de 600 m de long dès 1904[4].

Bénéficiant des réussites de la mécanisation et ayant su saisir le créneau de la démocratisation, l'industrie gantière de Saint-Junien connaît son apogée dans les premières années du XXe siècle, avec 40 entreprises employant alors plus d'un millier d'ouvriers, ce qui place la localité en seconde position derrière Millau, qui demeure le centre dominant[9]. En 1932, on dénombre 1 350 ouvriers[11], sur une population de 10 000 habitants. Le développement parallèle de l'industrie du papier de paille contribue au dynamisme démographique et économique de la cité.

La ganterie connaît encore de belles heures dans les années 1930, alors que les nouvelles sociétés (Deslys, Ganterie coopérative…) côtoient quelques raisons sociales historiques (Codet & Teilliet, Rigaudy, Nicolet…). En 1939, Saint-Junien accueille le premier Congrès national de la ganterie[a 7]. Les exportations vers les voisins européens se poursuivent. Un territoire de production s'est constitué avec la présence de nombreuses couturières dans les communes voisines, comme Rochechouart ou Saint-Brice[a 7].

Après 1945, de nouvelles stratégies commerciales, visant la conquête du marché américain d'une part, et la persévérance sur le luxe d'autre part, aboutissent à de nouveaux succès. La société Le Gant Saint-Amant obtient une exclusivité pour fournir Hermès, et Codet & Teilliet successeurs (Lionel Le Grand) fait de même avec Christian Dior[a 8].

Difficultés[modifier | modifier le code]

N'ayant pas suivi l'élan de la nécessaire modernisation, la mégisserie décline dès les années 1930, et périclite après la Deuxième Guerre mondiale, en dépit de quelques relances, notamment sur le site du Goth, où une entreprise demeure de 1948 à 2009[4]. Portée par ses créneaux prometteurs, la ganterie, bien que fragilisée par son caractère demeuré largement artisanal, tient bon jusqu'aux années 1970, quand le marché américain se ferme, causant la chute des principales entreprises de Saint-Junien[a 8].

De nos jours[modifier | modifier le code]

Au XXIe siècle, l'activité de ganterie persiste avec des entreprises encore présentes, par exemple Ganterie de Saint-Junien (1919) ou Agnelle (1937). Certaines d'entre-elles bénéficient du label Entreprise du patrimoine vivant. Les entreprises ou créateurs (Hermès, Dior, Christian Lacroix, Kenzo, Inès de La Fressange, Ralph Lauren[12], etc.) travaillent beaucoup avec les unités de production locales, dont certaines leur appartiennent.

Cette activité industrielle a aussi laissé plusieurs friches à Saint-Junien, dont la réhabilitation est un chantier en cours au début des années 2020[13].

Fabrication des gants[modifier | modifier le code]

La fabrication de gants suit différentes étapes :

  • Travail sur les peaux
  • Préparation du modèle et coupe des différents éléments du gant par le gantier
  • Couture à la machine ou à la main
  • Doublage du gant
  • Dressage
  • Finition

La mégisserie est nécessairement effectuée en usine, dans des établissements situés dans les faubourgs de la ville, tandis que les étapes de la ganterie peuvent se faire en atelier ou à domicile, partagées entre des tâches alternativement plutôt traditionnellement masculines (la coupe) ou féminines (la couture)[3]. Au XXe siècle, plusieurs membres d'une même famille travaillent pour la ganterie, mais souvent pour des employeurs différents.

Sites de production[modifier | modifier le code]

Implantations historiques[modifier | modifier le code]

L'activité gantière est génératrice d'un patrimoine paysager et bâti important. Plusieurs sites sont édifiés sur les bords de la Glane et de la Vienne, et au cœur de la ville de Saint-Junien. Leur connaissance est facilitée par la réalisation d'une opération d'd'inventaire dans les années 2010.

Les principaux sont les suivants.

En ville :

  • anciens locaux de la ganterie coopérative de Saint-Junien, rue Louis-Codet[14] ;

Sur les bords de Vienne :

  • mégisserie Élie Limousin[15] ;
  • mégisserie du Goth, avec plusieurs sociétés successives (Dumas & Raymond, Vaugelade & cie, Granet, Perrin) ;

Entreprises en activité[modifier | modifier le code]

Au début du XXIe siècle, quelques entreprises poursuivent leur activité :

Valorisation patrimoniale[modifier | modifier le code]

La tradition gantière, présentée sur les panneaux touristiques routiers.

Inventaire[modifier | modifier le code]

Une opération d'inventaire du patrimoine industriel de la mégisserie et de la ganterie a également été menée de 2013 à 2018[18].

La Cité du cuir[modifier | modifier le code]

Une Cité du cuir mettant en valeur les savoir-faire du cuir et de la ganterie doit ouvrir en 2020. Implantée sur un ancien site industriel en bord de Vienne, elle prévoit la mise en place d'un espace d'interprétation, l'extension d'une activité de petite maroquinerie portée par l'entreprise Hermès, la création d'un restaurant, de salles de séminaires et d'un site d'hébergement[19],[20],[21].

Bien qu'ayant pris du retard, le projet est maintenu et modifié en 2020 : du fait de l'installation d'Hermès dans le bâtiment initialement destiné à la Cité du Cuir, cette dernière doit dès lors prendre place dans les locaux laissés par l'entreprise. L'ensemble doit accueillir un espace muséographique, un atelier professionnel, une salle d'exposition, un centre de documentation et une boutique[22].

En septembre 2023, la mairie fait appel au prêt de documents auprès des habitants, pour enrichir la scénographie de la Cité[23].

Dans les arts et la littérature[modifier | modifier le code]

Les frères Jean et Jérôme Tharaud, académiciens récipiendaires du Prix Goncourt en 1906, natifs de Saint-Junien, citent cette industrie parmi leurs souvenirs d'enfance[24].

Le roman Deux âmes dans la tourmente, publié en 2022 par Christine Malgorn aux éditions Mon Limousin, dépeint aussi l'histoire syndicale de Saint-Junien[25].

Références[modifier | modifier le code]

Références principales[modifier | modifier le code]

  1. a et b p. 8.
  2. a et b p. 7.
  3. p. 11.
  4. p. 14.
  5. a et b p. 15.
  6. p. 18.
  7. a et b p. 20.
  8. a et b p. 22.

Autres références[modifier | modifier le code]

  1. Ministère de la Culture, « La ganterie de peau à Saint-Junien. Création et tradition de la ganterie de peau. », sur pci-lab.fr (consulté le ).
  2. Ministère de la Culture, « La mégisserie à Saint-Junien. Travail des peaux de chevreau. », sur pci-lab.fr (consulté le ).
  3. a b c d e f g h et i Yvon Lamy, Marie-Hélène Restoin-Evert et Jacques Lefebvre, L'artiste et la gantière. Sens du cuir à Saint-Junien à la fin des années 1980 : Rapport de recherche, Direction du patrimoine du Ministère de la Culture et de la Communication, , 125 p. (lire en ligne).
  4. a b c et d Frank Bernard et Blandine Lamy, « Saint-Junien : de la mégisserie du Goth à la Cité du cuir », Patrimoine industriel, no 71,‎ , p. 86-95.
  5. Yannick Frizet, « Louis XI et le partage familial de la dévotion », dans Christiane Raynaud, Familles royales : Vie publique, vie privée aux XIVe et XVe siècles, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, (ISBN 9782821882942, lire en ligne), p. 145-184.
  6. « Saint-junien: Ostensions: le roi Louis XI est arrivé dans la ville », Le Populaire du Centre, (consulté le ).
  7. Jacques Teillet, « L'industrie de la ganterie et de la mégisserie à Saint-Junien », Ganterie : revue technique des industries du gant,‎ (lire en ligne sur Gallica).
  8. a b et c Jean-Pierre Larivière, L'industrie à Limoges et dans la vallée limousine de la Vienne, Clermont-Ferrand, Institut d'Études du Massif Central, Faculté des lettres et sciences humaines de l'université de Clermont-Ferrand, , 180 p..
  9. a b et c Jean-Marc Olivier, « Le caractère dual de la main-d’œuvre en France et ses conséquences sociales. Rareté des grandes usines et multiples formes du travail dispersé (1830-années 1930) », dans J.-M. Olivier, Le travail en Europe occidentale des années 1830 aux années 1930. Mains-d'oeuvre artisanales et industrielles, pratiques et questions sociales, Paris, Armand Colin, (lire en ligne), p. 108-191.
  10. Encart publicitaire de l'entreprise Successeurs de P. Codet et Teilliet, Ganterie : revue technique des industries du gant, 1927 (lire en ligne sur Gallica).
  11. J.-B. Faure, « Nos gantiers », La Vie limousine,‎ (lire en ligne sur Gallica)
  12. « Les gants de Melania Trump ont été fabriqués à Saint-Junien », sur lepopulaire.fr, (consulté le )
  13. « Un projet lancé pour redonner aux friches des bords de Vienne de Saint-Junien leur lustre d'antan », sur Le Populaire, (consulté le ).
  14. Jérôme Decoux, « Ganterie coopérative, puis de l'Union syndicale ouvrière, puis Ganterie de Saint-Junien », sur patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr, (consulté le ).
  15. Jérôme Decoux, « Mégisserie Limousin », sur patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr, (consulté le ).
  16. « AGNELLE SAS », sur patrimoinevivantnouvelleaquitaine.com (consulté le ).
  17. « GANTERIE MAROQUINERIE DE SAINT JUNIEN », sur patrimoinevivantnouvelleaquitaine.com (consulté le ).
  18. Jérôme Decoux, « Présentation de l'opération : le patrimoine industriel de Saint-Junien », sur inventaire.nouvelle-aquitaine.fr (consulté le ).
  19. « 40,2 millions d'euros de fonds européens pour des nouveaux projets en Nouvelle-Aquitaine », sur nouvelle-aquitaine.fr, (consulté le )
  20. Jérôme Edant, « Les travaux de la Cité du Cuir de Saint Junien vont bientôt débuter », sur francebleu.fr, (consulté le ).
  21. « Hermès inaugure deux sites de production en France et crée 220 emplois », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  22. « Cité du Cuir : le projet repensé pour intégrer un nouvel écrin », Le Populaire du Centre,‎
  23. Alexandre Coucaud, « Un appel à la population est lancé pour consolider les fonds d’archives de la future Cité du Cuir de Saint-Junien », Le Populaire du Centre, (consulté le ).
  24. Jean et Jérôme Tharaud, « Ma petite ville », La Vie limousine,‎ (lire en ligne sur Gallica).
  25. « Un roman pour revisiter Saint-Junien au début du XXe siècle », Le Populaire du Centre, (consulté le ).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]