Café

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Grains de café sur un caféier
Grains de café torréfiés
Tasse de café noir

Le mot café désigne les graines du caféier, un arbuste du genre Coffea, et une boisson psychoactive obtenue à partir de ces graines. Il désigne aussi son lieu de consommation, le café ou bar ou bistro.

La culture du café est très développée dans de nombreux pays tropicaux, dans des plantations qui cultivent pour les marchés d'exportation. Le café est une des principales denrées d'origine agricole échangées sur les marchés internationaux, et souvent une contribution majeure aux exportations des régions productrices.


Botanique

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Caféier (Coffea arabica)
Plantation au Brésil
Fleurs de caféier (Coffea arabica)
Fruits de caféier (Coffea arabica) en cours de maturation

Les caféiers sont des arbustes des régions tropicales du genre Coffea de la famille des Rubiacées. Les espèces Coffea arabica (historiquement la plus anciennement cultivée) et Coffea canephora (ou caféier robusta), sont celles qui servent à la préparation de la boisson. D'autres espèces du genre Coffea ont été testées à cette fin ou sont encore localement utilisées, mais n'ont jamais connu de grande diffusion.

Les caféiers sont des arbustes à feuilles persistantes et opposées, qui apprécient généralement un certain ombrage (ce sont à l'origine plutôt des espèces de sous-bois). Ils produisent des fruits charnus, rouges ou violets, rarement jaunes, appelés cerises de café, à deux noyaux contenant chacun un grain de café (la cerise de café est l'exemple d'une drupe polysperme). Lorsqu'on dépulpe une cerise, on trouve le grain de café enfermé dans une coque semi-rigide transparente à l'aspect parcheminé correspondant à la paroi du noyau. Une fois dégagé, le grain de café vert est encore entouré d'une peau argentée adhérente correspondant au tégument de la graine.

Coffea arabica, qui produit un café fin et aromatique, nécessite un climat plus frais que Coffea canephora (robusta), qui donne une boisson riche en caféine. La culture de l'arabica plus délicate et moins productive est donc plutôt réservée à des terres de montagne, alors que celle du robusta s'accommode de terrains de plaine avec des rendements plus élevés.

Le plant mère de la plupart des plants d'arabica du monde est conservé au Hortus Botanicus d'Amsterdam.

Bien qu'il soit techniquement possible de produire des variétés de café génétiquement modifiés, contenant un gène de toxicité aux insectes ou produisant un grain sans caféine[1], aucune n’est commercialisée, pour l’instant. La seule expérience de plantation en plein champ organisée par le CIRAD en Guyane française a été détruite par des militants anti-OGM[2].

La principale maladie du café est causée par le champignon Hemileia vastatrix, ou rouille du café, qui donne une coloration caractéristique aux feuilles et empêche la photosynthèse de la plante. En 1869, ce parasite détruit complètement, en l'espace de 10 ans, les plantations du Sri Lanka, autrefois prospères[3]. Depuis, ce parasite est devenu ubiquiste. Il prolifère surtout sur les plants d'arabica. Le robusta semble y être assez résistant.
Les scolytes du café (Stephanoderes hampei) attaquent indifféremment les plants de robusta et d'arabica en détruisant les grains. La menace posée par ces insectes est considérable, d'autant que leur résistance aux insecticides augmente.[4]

Structure du fruit et de la graine du caféier



Histoire

Origine en Éthiopie et Arabie

Café en Palestine vers 1900
Carte stéréoscopique de Keystone View Company

Le caféier est probablement originaire d'Éthiopie, dans la province de Kaffa, mais la question n'est pas absolument tranchée. La légende veut qu'un berger d'Abyssinie (actuelle Éthiopie) ait remarqué l'effet tonifiant de cet arbuste sur les chèvres qui en avaient consommé. Sa culture se répandit d'abord dans l'Arabie voisine, où sa popularité a très certainement profité de la prohibition de l'alcool par l'Islam. Il est alors appelé K'hawah, qui signifie revigorant. Ses effets sont tels qu'il est interdit à l'appel d'imams orthodoxes et conservateurs à la Mecque en 1511 et au Caire en 1532, mais la popularité du produit, en particulier auprès des intellectuels, pousse les autorités à annuler le décret. En 1583, un médecin allemand de retour d'un voyage de dix ans au Moyen-Orient, Léonard Rauwolf, est le premier occidental à décrire le breuvage : « une boisson aussi noire que l'encre, utile contre de nombreux maux, en particulier les maux d'estomac. Ses consommateurs en prennent le matin, sans se dissimuler, dans une coupe en porcelaine qui passe de l'un a l'autre et où chacun prend une rasade sonore. Elle est composée d'eau et du fruit d'un arbuste appelé bunnu »[5]. Ces commentaires attirent l'attention de marchands, que l'expérience du commerce des épices a rendu sensibles à ce genre d'informations. Au XVe siècle, les musulmans introduisent le café en Perse, Égypte, Afrique du Nord et en Turquie, où le premier café, Kiva Han, ouvre en 1475 à Constantinople. L'engouement est tel qu'une loi turque de l'époque sur le divorce précise qu'une femme peut divorcer de son époux si celui-ci ne parvient pas à lui fournir une dose quotidienne de café. En 1511, l'émir Khair Bey fait fermer tous les cafés et mène une campagne de désinformation contre les méfaits du café lorsqu'il apprend que les critiques contre son pouvoir émaneraient toutes de buveurs de café. La fermeture des cafés provoque des révoltes, ce qui incite le gouverneur d'Égypte à annuler l'interdiction. La consommation de café peut alors poursuivre son essor. On dénombre un millier de cafés au Caire en 1630. Une telle interdiction sera rencontrée à nouveau en Europe après l'ouverture des cafés et, étrangement, pour les mêmes raisons, à croire que la prise de café développe l'esprit critique, probablement en favorisant les échanges intellectuels entre consommateurs.
Le café arrive en Europe aux alentours de 1600 par les marchands vénitiens. On conseille au pape Clément VIII d'interdire le café car il représente une menace d'infidèles. Après l'avoir goûté, ce dernier baptise au contraire la nouvelle boisson, déclarant que laisser aux seuls infidèles le plaisir de cette boisson serait dommage. Le café est très vite prisé des moines, pour les mêmes raisons qu'il l'est des imams : il permet de veiller longtemps et de garder l'esprit clair. Les musulmans, jaloux de leurs plants de Coffea arabica, interdisent leur exportation. En 1650, un pèlerin musulman, Baba Budan[6] parvient à ramener sept plants en Inde, qu'il plante à Mysore et dont les descendants subsistent encore aujourd'hui.

Introduction en Europe et dans le Nouveau Monde

La buveuse de café (1888)
Huile sur toile de Ivana Kobilca (1861-1926), Musée national de Ljubljana

On considère que c'est le botaniste allemand Léonard Rauwolf qui, le premier, décrit le café dans un livre publié en 1583. Vers les années 1650, il commence à être importé et consommé en Angleterre, et des cafés ouvrent à Oxford et à Londres. Les cafés deviennent des lieux où les idées libérales naissent, de par leur fréquentation par des philosophes et lettrés. Les pamphlets et libelles sont distribués dans les cafés. En 1676, cette agitation incite en Angleterre le procureur du Roi à ordonner la fermeture des cafés, citant des crimes de lèse-majesté contre le roi Charles II et le royaume. Les réactions sont telles que l'édit de fermeture doit être révoqué. Les flux d'idées alimentées par le café modifieront profondément le Royaume-Uni. On y compte plus de deux mille cafés en 1700. La célèbre compagnie d'assurance Lloyd's [7] est à l'origine un café fondé en 1688.

En 1670, le premier café ouvre à Berlin. À Paris, le café Procope est le premier à ouvrir dans cette ville, en 1686, et on y invente une nouvelle manière de le préparer : en faisant percoler l'eau chaude dans le café retenu par un filtre. L'histoire des célèbres cafés de Vienne commence avec la Bataille de Vienne de 1683. Des Turcs défaits, on saisit des sacs de fèves vertes qui se révèlent être du café. Au milieu du XVIIIe siècle, chaque ville d'Europe possède des cafés, et, en 1732, Jean-Sébastien Bach compose une ode au café.

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Boston Tea Party, 1773

Le café traverse l'Atlantique en 1689 avec l'ouverture du premier établissement à Boston. La boisson gagne en popularité et obtient le rang de boisson nationale après que les rebelles jettent à la mer le thé surtaxé par la couronne Britannique au cour de la Boston Tea Party. Cette opération coup de main est préparée dans le café du Dragon Vert.

Le café commence à être cultivé dans les colonies anglaises, en particulier à Ceylan, mais les plantations sont ravagées par une maladie et sont finalement remplacées par des plantations de thé. Les Hollandais le font cultiver en Indonésie.

En 1714, le capitaine d'infanterie Français Gabriel Mathieu Desclieux dérobe une bouture d'un plant offert par la Hollande à Louis XIV et conservé dans les serres royales pour le planter sur les pentes de la Montagne Pelée en Martinique et à Saint Domingue. Cinquante ans plus tard, on dénombre 19 millions de plants en Martinique.

La première plantation au Brésil est établie en 1727. Son industrie dépend de la pratique de l'esclavage qui est aboli en 1888.


Popularité occidentale jusqu'à nos jours

Quantité de caféine absorbée par jour et par habitant par boisson de café (brun) ou de thé (vert) ainsi que la somme des deux (blanc) pour l'année 1995, d'après les données de la FAO. L'apports de caféine des boissons gazeuses n'est pas représenté. L'apport de caféine du cacao ne depasse pas 15 mg/jour/hab pour le Danemark, premier consommateur, et est negligé ici. L'Argentine et le Paraguay sont les deux pricipaux consommateurs de maté, soit un apport en caféine de 100 et 50 mg/jour/habitant (respectivement), non représenté ici.

Au cours du XVIIIe siècle, la boisson devient populaire en Europe, et les colons européens introduisent la culture du café dans de nombreux pays tropicaux, comme une culture d'exportation pour satisfaire la demande européenne. Au XIXe siècle, la demande en Europe était souvent supérieure à l'offre et a stimulé l'usage de divers substituts au goût proche, comme la racine de chicorée.

Les principales régions productrices de café sont l'Amérique du Sud (avec notamment le Brésil et la Colombie), le Viêt Nam, le Kenya, la Côte d'Ivoire, et d'autres encore. Hawaii a une petite production de café de grande qualité et de prix élevé, mais parmi les nombreuses variétés développées, le café le plus cher et le plus fameux reste le Blue Mountain provenant de la Jamaïque.

Les pays où l'on consomme le plus de café par habitant sont indiqués dans l'histogramme ci-contre. Pour comparaison, les valeurs pour le thé sont indiquées. Une troisième source de caféine non incluse dans ce graphique sont les boissons gazeuses, en constante augmentation. L'évolution de la consommation de ces trois sources de caféine aux États-Unis est présentée dans le graphique ci-dessous. Il semble étonnant de voir la place qu'occupe le Brésil dans le classement des pays consommateurs. Cela tient probalement au fait que la consommation locale doit échapper aux chiffres officiels sur lequels ce graphique est construit.


Culture

Plantations

Plantation à São João do Manhuaçu City - Minas Gerais - Brésil

Bien que l'image des plantations de café soit souvent associée à celle d'immenses domaines tels que l'on peut en rencontrer dans divers pays, comme au Brésil, la production mondiale de café provient, pour environ 70 %, d'exploitations principalement familiales de superficie inférieure à 10 hectares, voire même le plus souvent en dessous de cinq hectares.[8]
Qu'il s'agisse des petits exploitants ou des ouvriers agricoles, la culture du café fait vivre un très grand nombre de personnes, car la cueillette, très rarement mécanisée, requiert un temps de main d'œuvre important qui forme l'essentiel du coût de production. Ainsi, pour le seul Brésil, on estime à 230 000 à 300 000 le nombre de fermiers vivant du café et à 3 millions le nombre de personnes employées.

Le temps nécessaire à un jeune caféier que l'on plante pour commencer à produire est de 3 à 4 ans. Ensuite l'arbuste peut vivre pendant de nombreuses décennies. La cime est rabattue pour éviter un trop grand développement en hauteur.

Les plantations peuvent être faites à plein découvert, ce qui facilite l'organisation des opérations culturales et augmente la production fruitière, mais diminue la longévité et la résistance aux maladies des caféiers. Les plantations peuvent aussi être faites à mi-ombre (on parle de café d'ombre), ce qui correspond mieux à l'autécologie de l'espèce, mais réduit la productivité et complique la gestion. De nombreuses variations existent sur les modes de culture d'ombre, depuis la plantation directement en forêt jusqu'à de savantes combinaisons d'arbres d'abri taillés en fonction du stade de fructification des caféiers ou jusqu'à des systèmes de polyculture. Les plantations d'ombre induisent généralement une meilleure biodiversité, cependant très variable en qualité selon les systèmes employés et par rapport à l'état initial naturel.

Récolte et préparation des grains

Femme récoltant le café en Éthiopie
Transport du café en Indochine, vers 1900
Publicité de Lavazza

Récolte

Lorsque les fruits parviennent à maturité, 6 à 8 mois après la floraison pour l'arabica, 9 à 11 mois pour le robusta, la récolte du café peut commencer. Deux méthodes sont employées : la cueillette ou l'égrappage.
La cueillette consiste à cueillir manuellement uniquement les cerises mûres à point. C'est la technique la plus coûteuse qui oblige à repasser plusieurs jours de suite sur le même arbuste mais qui procure les meilleures qualités de café.
L'égrappage consiste au contraire à racler la branche de toutes ses cerises, le procédé pouvant éventuellement être mécanisé. On récolte par cette technique expéditive un mélange hétérogène de cerises plus ou moins mûres, à l'origine de cafés plus acides (à cause des fruits encore verts).

Séchage ou lavage

Grains à différentes étapes du séchage

Le fruit du café est un type de drupe, c'est-à-dire que les fèves sont recouvertes de la chair d'un fruit. Après la récolte, le café doit être rapidement débarassé de son enveloppe charnue par séchage ou par lavage.

Séchage traditionnel à la main, Panama

Le séchage se pratique sur des aires de séchage, où les cerises de café sont étalées et régulièrement ratissées. En quelques jours, la partie charnue se déshydrate et se désagrège en partie.

Le lavage ne peut concerner que des fruits bien mûrs (récoltés par picking). Le processus consiste, après avoir rompu la peau de la cerise, à faire tremper les fruits dans l'eau assez longtemps pour qu'une fermentation assure la dégradation de la partie charnue. On obtient des cafés lavés, décrits comme « propres et brillants », généralement moins acides et de meilleure teneur en bouche. La technique, souvent mécanisée, nécessite de disposer de cuves et d'un approvisionnement en eau suffisant.

Triage des grains par séparation dans des vates d'eau

A l'issue du séchage ou du lavage, le grain de café se trouve encore enfermé dans le noyau du fruit (l'endocarpe) : c'est le café coque (après séchage) ou le café parche (après lavage). Il faut le trier, afin d'éliminer toute fève pourrie, décolorée ou endommagée. Le triage peut être mécanisé, dans les installations industrielles, à l'aide de caméras à capteur de photoscope (CCD), mais cette opération se fait encore souvent manuellement, dans les pays en développement.

Le café peut être conservé, protégé par sa coque pendant un certain temps. Certaines récoltes sont même ainsi vieillies pour améliorer la saveur du café.

La dernière opération de préparation, permettant d'obtenir le café vert, consiste donc à décortiquer mécaniquement les grains. Elle débarrasse également le grain de sa peau fine argentée (le tégument). Les coques sont généralement récupérées et valorisées comme combustible.

Ce sont les grains séchés ou lavés, puis décortiqués qui s'échangent sur les marchés internationaux.

Décaféination

La sensation du café sans l'excitation : c'est pour satisfaire à une telle demande que l'on a développé les processus de décaféination. Cette diminution de la teneur en caféine se fait cependant aux dépens des qualités gustatives. Plusieurs procédés sont utilisés. Leur principe général consiste à faire tremper les grains dans de l’eau puis à extraire la caféine du liquide ainsi obtenu par ajout de solvant organique ou par adsorption sur du charbon activé, et enfin à refaire tremper les grains dans le liquide appauvri en caféine afin qu’ils réabsorbent les autres composés toujours présents. Le solvant, principalement l’acétate d’éthyle trouvé dans les fruits, n’est jamais en contact avec les grains, uniquement avec l’eau dans laquelle le grain a trempé. Il existe aussi une méthode de décaféination utilisant un jet de dioxyde de carbone sous pression.

Variétés

Selon l'espèce et la variété cultivée, selon la provenance et le mode de préparation des grains, les cafés présentent un grand éventail de saveurs, appréciées pour leur diversité par les amateurs, les variétés les plus cotées et les plus rares atteignant des prix très élevés.


Consommation

Préparation de la boisson

La torréfaction

Torréfaction, four en fonte
Toko Aroma à Bandung, Indonésie
Grains de café
Grains de café

Arrivés à destination, les grains sont torréfiés (fortement chauffés, on parle aussi de brûlage ou de grillage), ce qui développe leur arôme et leur donne leur couleur foncée. Ils sont ensuite moulus.

Niveaux de torréfaction
blond, cannelle, médium, robe de moine, brun, brun foncé, français (ou mi-noir), italien (noir)

Avec la torréfaction, les grains doublent de grosseur. Au début de l'application de la chaleur, la couleur des grains verts passe au jaune, puis au brun cannelle. C'est à ce moment que le grain perd son humidité. Lorsque la température à l'intérieur atteint environ 200 ° C, les huiles sortent des grains. En général, plus il y a d'huile, plus le café a de saveur.

Durant la torréfaction, les grains se fissurent d'une façon semblable à celle du maïs soufflé qui explose sous la chaleur. Il y a deux moments « d'explosion », qui sont utilisés comme indicateurs du niveau de torréfaction atteint.

Les grains deviennent plus foncés et libèrent davantage d'huile jusqu'à ce qu'on mette fin à la torréfaction, et les retirant de la source de chaleur.

Jusqu'au XIXe siècle, les grains étaient achetés verts et leur torréfaction se faisait à la poêle.

L'infusion

Moulin à café de style ancien

La boisson est obtenue par infusion du café moulu dans de l'eau chaude. Il existe de nombreuses variantes de cette méthode :

  • le café turc (ou : café grec), préparé en faisant bouillir dans l'eau le café très finement moulu (il s'agit de la méthode la plus ancienne) ;
  • le café filtre, préparé en faisant lentement passer de l'eau bouillante dans un filtre rempli de café moulu ;
  • l'expresso, préparé en faisant passer rapidement de l'eau bouillante sous pression sur le café moulu ;
  • le Ristretto, encore plus court que l'expresso.
  • le café en dosette, variante récente du café filtre et de l'expresso.
Café instantané

Idéalement, pour conserver sa saveur, le café doit être moulu juste avant l'infusion. Par souci pratique, il est cependant fréquemment commercialisé moulu sous vide.

Il existe de nombreux moyens de préparer la boisson très rapidement : café instantané, à dissoudre simplement dans une tasse d'eau chaude, ou machine à café. Toutes techniques que l'amateur de café évite en général, préférant la tradition de grains fraîchement moulus et infusés, ainsi que de la cafetière manuelle ou semi-automatique.

Le service

Le café peut être servi tel quel, ou mélangé avec du lait ou de la crème. Il est fréquemment sucré, et on lui ajoute parfois du chocolat ou des épices comme la cannelle, la noix de muscade, ou la cardamome. Il est en général servi chaud, mais des boissons glacées à base de café se sont récemment répandues. Le goût pour le café n'est pas spontané, mais doit se cultiver, puisque sa saveur est forte et amère.

Parmi les variantes les plus répandues de boissons au café, on peut mentionner :

Café crème avec crème chantilly
Un café expresso
  • le café au lait, ou caffè latte, obtenu en mélangeant un volume de lait pour un volume de café ;
  • le café crème, un café dans lequel on ajoute un peu de crème fraîche ou un nuage de lait ; en Suisse romande, le café additionné de lait est appelé « renversé ».
  • le cappuccino, un expresso sur lequel on dépose de la mousse de lait, généralement saupoudré de poudre de cacao ;
  • le café chocolaté, un café dans lequel on fait fondre un volume égal de chocolat ;
  • le café liégeois, une boisson froide au café et à la crème glacée ;
  • l'Irish coffee, une boisson alcoolisée préparée avec un volume de whisky pour trois volumes de café.
  • le café viennois, ou espresso con panna, une préparation composée d'un expresso allongé assez clair, à laquelle on ajoute du lait chaud battu avec de la crème fouettée, et comme le cappucino, le café viennois est agrémenté de chocolat en poudre ou en copeaux.

Propriétés stimulantes

Fichier:Caffeine molecule.png
La molécule de caféine

Le café contient de la caféine, alcaloïde ayant entre autres, des propriétés stimulantes. Pour cette raison, il est surtout consommé le matin, ou pendant les heures de travail, et parfois, tard dans la nuit, par ceux qui veulent rester éveillés et concentrés. Le café décaféiné, ou « déca », dont l'essentiel de la caféine a été retiré, permet de profiter du goût du café sans la stimulation. Il existe aussi des tisanes dont le goût s'approche du café, mais qui ne contiennent pas de caféine.

La dépendance au café (à la caféine) est très répandue, et le sevrage donne lieu à des symptômes observables.

Lors de la préparation d'un café la caféine apparaît en dernier. Lorsque l'eau traverse la mouture de café elle va dans un premier temps s'imprégner des arômes et ensuite seulement de la caféine. On trouve le schéma inverse pour la théine. Donc contrairement à une idée préconçue, un expresso allongé sera plus excitant qu'un café serré. Le taux de caféine dépend aussi du type de café. L'arabica, plus onéreux que le robusta, contient plus de saveur et moins de caféine. C'est pour cette raison que l'on trouve souvent des mélanges d'arabica et de robusta.

Propriétés gustatives

Comme pour d’autres produits, tels que le vin, l’arôme joue un rôle prépondérant dans le plaisir qu’on éprouve à boire une tasse de café. Cet arôme est perçu par la muqueuse nasale soit directement, par le nez, soit rétronasalement par le pharynx lorsque les composés volatils remontent vers la muqueuse olfactive.

On dénombre au moins 800 composés chimiques dans le café. Leur proportion et leur nature détermine la spécificité du café en question. À titre d’exemple, et pour citer quelques composés majoritaires, on trouve : la vanilline, le gaïacol et le 4-Ethylguaïacol (phénoliques et épicés), le 2,3-butadione (arôme de beurre), le 2-Methoxy-3-isobutylpyrazine (terreux), le methional (pomme de terre et sucré) et enfin le 2-Furfurylthiol (arôme, simplement, de café). D’autres composés procurent des sensations de noisette, noix, caramel et, de façon plus surprenante, de champignon, viande, etc.

La plupart de ces composés se dégradent à l’air et à la lumière, ce qui explique le conseil usuel de conserver le café moulu dans un récipient hermétique sous vide, à l’abri de la chaleur et de la lumière. Conserver le café sous forme de grains et le moudre au dernier moment minimise la surface de contact avec l’air, et donc la probabilité de dégradation des arômes.

Propriétés thérapeutiques

Une étude menée sur 12 années en Finlande, pays qui détient le record de la consommation de café avec une moyenne de neuf tasses par jour par adulte, par l'Institut national de santé publique d'Helsinki sur 14 600 personnes âgées de 35 à 64 ans sans antécédents de maladies cardiovasculaires, vient de livrer d'étonnantes conclusions que les chercheurs ne s'expliquent pas. Il semblerait que plus la consommation de café par un individu est importante, plus les risques de diabètes de type II auraient tendance à diminuer[9].

Il ne faut toutefois pas tirer de conclusions hâtives : d'une part, on sait d'après les connaissances scientifiques actuelles que le café agit positivement sur le système cardiovasculaire, mais le mécanisme d'action reste inconnu ; d'autre part, le café possède un effet hypertenseur[10], et est déconseillé aux patients atteints de troubles cardiovasculaires graves ou chroniques. Notons cependant qu'une étude récente suggère un effet anti-hypertenseur des grains de cafés vert sur un modèle animal d'hypertension[11].


Petit café nord-américain
Centre-ville de Sherwood, Oregon

Aspects sociaux de la consommation

Un café est aussi l'endroit où l'on consomme typiquement du café. Un « café » peut d'autre part signifier un événement culturel ou social, ou simplement un lieu propice au travail personnel, à la détente, à la création ou aux rencontres.

Dans la culture des cafés, on distingue les cafés littéraires et leurs dérivés, les café-concerts, les manga café, etc.

Autres usages du café

L'extrait de café est employé en confiserie et en pâtisserie pour aromatiser glaces, bonbons, macarons,... ainsi que pour confectionner le moka traditionnel (un biscuit de Savoie enrobé d'une épaisse couche de crème au beurre, au sucre et au café).

La caféine, qui peut être extraite du café, entre, pour ses propriétés stimulantes, dans la composition de certains sodas ou de certains médicaments appréciés par les potaches passant des nuits blanches à réviser.


Economie

Évolution du prix du café sur les marchés internationaux.

Le café est la seconde marchandise échangée dans le monde, derrière le pétrole. On estime à 125 millions le nombre de personnes vivant de la caféiculture, incluant 25 millions de petits producteurs. 400 milliards de tasses de café sont bues par ans[12]. Les enjeux économiques et sociaux sont donc extrêmement importants.

L'Organisation internationale du café à laquelle adhèrent quasiment tous les pays producteurs mais aussi les principaux pays consommateurs, collecte en continu les éléments d'information statistique.


Production

Principaux producteurs
Récoltes de café vert (milliers de tonnes)
déclarées à l'OIC

Année 1984 1994 2004
Drapeau du Brésil Brésil 1 284 25 % 1 692 30 % 2 356 35 %
Drapeau de la République socialiste du Viêt Nam Viêt Nam 14 0 % 212 4 % 831 12 %
Drapeau de la Colombie Colombie 662 13 % 779 14 % 684 10 %
Drapeau de l'Indonésie Indonésie 373 7 % 377 7 % 443 7 %
Drapeau de l'Éthiopie Éthiopie 139 3 % 152 3 % 300 4 %
Drapeau de l'Inde Inde 196 4 % 169 3 % 231 3 %
Drapeau du Guatemala Guatemala 170 3 % 227 4 % 221 3 %
Drapeau du Mexique Mexique 260 5 % 250 4 % 204 3 %
Drapeau du Pérou Pérou 70 1 % 71 1 % 201 3 %
Drapeau de l'Ouganda Ouganda 153 3 % 144 3 % 165 2 %
Drapeau du Honduras Honduras 86 2 % 131 2 % 155 2 %
Drapeau du Costa Rica Costa Rica 151 3 % 150 3 % 107 2 %
Drapeau de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire 289 6 % 180 3 % 105 1 %
Drapeau du Salvador Salvador 134 3 % 138 2 % 85 1 %
Drapeau du Nicaragua Nicaragua 51 1 % 41 1 % 68 1 %
Drapeau de la Papouasie-Nouvelle-Guinée Papouasie-Nouvelle-Guinée 45 1 % 68 1 % 60 1 %
Drapeau de l'Équateur Équateur 83 2 % 143 3 % 56 1 %
Drapeau de la Thaïlande Thaïlande 28 2 % 84 1 % 48 1 %
Drapeau de la Tanzanie Tanzanie 50 1 % 41 1 % 48 1 %
Drapeau du Cameroun Cameroun 95 2 % 24 0 % 44 1 %
Drapeau du Kenya Kenya 93 2 % 100 2 % 43 1 %
Drapeau du Venezuela Venezuela 59 1 % 56 1 % 42 1 %
Autres pays 554 11 % 397 7 % 264 4 %
Total 5 039 100 % 5 624 100 % 6 760 100 %

S'agissant de café, l'unité de mesure est le sac de 60 kg.

Depuis plusieurs années, la production mondiale annuelle dépasse les 100 millions de sacs (120 millions en 2002, 102 millions en 2003) ce qui correspond à 6 à 7 millions de tonnes, alors qu'en 1825, on ne produisait seulement que 100 000 tonnes. Plus de 80 millions de sacs sont exportés chaque année (88 millions en 2002, 84 millions en 2003).

Cette production ne cesse d'augmenter, elle a progressé de 20 % entre 1997 et 2005, soit deux fois plus vite que la demande. [13]

Le plus gros producteur est de loin le Brésil, particulièrement l'État de São Paulo où se situe le premier port caféier du monde : le port de Santos, suivi par la Colombie et le Viêt Nam (le plus important producteur de robusta).

On peut noter que la culture du café au Viêt Nam n'est pas vraiment traditionnelle (en 1987, il était à la 31e place mondiale), les Vietnamiens en sont consommateurs mais sans plus. L'accession à cette place de premier producteur de robusta est en fait le résultat d'une volonté politique, encouragé par la Banque Mondiale. L'arrivée extrêmement agressive du Viêt Nam sur le marché du café, combinée à l'énorme expansion de la culture au Brésil, sont les deux principales raisons invoquées pour expliquer la chute du cours du milieu des années 1990. Le déclin des prix a cessé depuis 2004. Les deux raisons invoquées sont l'augmentation de la consommation en Chine et en Russie d'une part, et une baisse de la production mondiale d'autre part. Cette augmentation des prix permet à présent aux petits producteurs de vivre du produit de la vente de leur récolte.


Répartition géographique des différentes cultures (r : robusta, a : arabica, m : robusta & arabica).


Importations

Les pays importateurs faisant partie de l'Organisation internationale du café sont l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, Chypre, le Danemark, l'Espagne, l'Estonie, la Finlande, la France la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, l'Italie, le Japon, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, la Norvège, la Pologne, le Portugal, la République Tchèque, le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, la Suisse, les États-Unis d'Amérique et la Communauté européenne. [14]

Cinq acheteurs acquièrent presque la moitié de la production mondiale : Kraft, Nestlé, Procter & Gamble et Sara Lee, dont les ventes annuelles génèrent des profits de l'ordre du milliard de $ US, et Tchibo. [15]

Commerce équitable

Le café est un des produits phares du commerce équitable. Le label Max Havelaar était initialement dédié à ce produit. Il fut choisi comme un symbole notamment parce qu'il était le produit le plus exporté après le pétrole et que son prix était fixé par les cours de la bourse des marchés internationaux, bien qu'il soit majoritairement produit par de petits paysans et entreprises familiales.

Les acheteurs disposant de ce label s'engagent à acheter le café à un prix minimum même si les cours mondiaux sont inférieurs à ce seuil (le prix d'achat suit le cours du marché lorsque celui-ci dépasse ce seuil, ce fut le cas entre 1994 et 1997). Ce prix minimum, couplé à un préfinancement des récoltes et une garantie d'achat sur plusieurs années a permis à de nombreux petits producteurs d'améliorer leurs conditions de vie et de ne pas plonger dans la misère lors de la crise du café de 1997 lorsque la chute dramatique des cours (-65%), provoquée par la surproduction, a rendu le prix d'achat du café inférieur à son coût de production.

Le label garantit aussi le versement d'une prime de développement destinée à la mise en place de programmes alimentaires, de santé ou d'éducation.

Un autre type de production considérée comme plus éthique est l'agriculture biologique. Certains produits combinent les standards équitable et biologique.

Le café comme facteur de développement économique : exemple du Brésil

Carte du Brésil

Les cours élevés du marché en 1830 incitent les entrepreneurs du Brésil à passer de l’exploitation de l’or à celle du café, jusque-là réservé à la consommation locale. Cette décision s’accompagne d’importants investissements, tels que, par exemple, la création d’un réseau de près de 7 000 km de chemins de fer entre 1860 et 1885 pour faire face au besoin sans cesse plus important de main d’œuvre. Les principales régions concernées par ce développement sont celles de Rio de Janeiro et les provinces du sud du pays aux terres fertiles et au climat propice (São Paulo), principales productrices de café[16].

Entre l’abolition de l’esclavage en 1888[17] et l’année 1928, la force de travail est renforcée par une immigration massive : 3,5 millions de travailleurs affluent du Portugal, de l’Italie, de l’Espagne, d’Allemagne et du Japon principalement. À São Paulo seul, le nombre de nouveaux immigrants est de 201 000 entre 1884 et 1890 et plus de 733 000 entre 1891 et 1900. Le rendement de la production de café bondit. En 1880, São Paulo produit 1,2 millions de sacs (25% de la production totale), en 1888 2,6 millions (40%), en 1902, 8 millions de sacs (60%)[18]. Le café représente alors 63% des exportations du pays. Les gains engrangés par ce commerce permettent une croissance économique soutenue au pays.
Le délai de 4 ans entre la plantation d’un caféier et la première récolte amplifie les variations saisonnières dans le prix du café. Le gouvernement se voit donc contraint, en quelque sorte, de soutenir les prix par des subventions en période de forte production. Cette politique de support des prix a comme effet pervers une inflation des plantations à São Paulo, qui a entraîné une énorme surproduction au début des années 1930[18].

Les succédanés du café

Citations sur le café

« Noir comme le diable
Chaud comme l’enfer
Pur comme un ange
Doux comme l’amour. »
TALLEYRAND

Voir aussi

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Articles connexes

Bibliographie

  • Bart et al., Caféicultures d'Afrique orientale, Hommes et sociétés, Éditions Karthala, 1998, ISBN 2865378284.
  • Thorn, Jon Le café : Le guide du connaisseur, Modus Vivendi, 2004, ISBN 2895231265.
  • Waridel, Laure Acheter, c'est voter - Le cas du café, Équiterre et les Éditions Écosociété, 2005, ISBN 2-923165-06-3.

Liens externes

Références

  1. Ogita et al. RNA interference: Producing decaffeinated coffee plants Nature Vol 423, 823-823 (19 Juin 2003)
  2. (en)Communiqué du New Scientist du 29 mai 2005 sur la destruction de plants génétiquement modifiés de café
  3. Site anglais d'information sur le café
  4. Fiche d'information scientifique de l'IRD sur les scolytes du café et leur résistance aux pesticides
  5. Léonard Rauwolf, Reise in die Morgenlander
  6. un site rendant hommage à Baba Budan
  7. (en)Article Lloyds sur Wikipedia anglophone
  8. Rapport parlementaire (Sénat français) au projet de loi autorisant l'approbation de l'accord international de 2001 sur le café
  9. Coffee Consumption and Risk of Type 2 Diabetes: A Systematic Review van Dam and Hu Journal of the American Médical Association 2005; 294: 97-104.
  10. European Journal of Clinical Nutrition 1999 Nov;53(11):831-839
  11. Hypertens Research 2005 Sep;28(9):711-718
  12. un milliard de secondes représentent environ 30 ans
  13. Exploration et Développement Canada (EDC) : Noir, le marché mondial du café ?
  14. Liste des Membres de l'Organisation internationale du café
  15. Une tasse de café au goût d'injustice sur le site de l'Université Laval
  16. (en)Développement du chemin de fer au Brésil [PDF]
  17. le Brésil est le dernier pays à abolir l’esclavage.
  18. a et b (en) Economie du café au Brésil de 1840 à 1930
  19. Voir par exemple ce site décrivant un procédé de préparation de café de soja [1].

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