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« Aubenton » : différence entre les versions

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=== Les effets de la Révolution sur le patrimoine d'Aubenton ===
=== Les effets de la Révolution sur le patrimoine d'Aubenton ===
[[File:Aubenton (Aisne) Église Notre-Dame, les orgues.JPG|thumb|Orgue de l'église Notre-Dame d'Aubenton (1735)]]
[[File:Aubenton (Aisne) Église Notre-Dame, les orgues.JPG|thumb|Orgue de l'église Notre-Dame d'Aubenton (1735)]]
Comme partout en France, l'année 1790 est marquée par la destruction et pillage des objets religieux. Quatre des six cloches sont prises pour être fondues : une histoire qui se répètera lors de la première guerre mondiale. Mais Aubenton tire profit l'année suivante de la destruction de la magnifique église de l'[[abbaye de Bucilly|abbaye des Prémontrés à Bucilly]] en rachetant aux "biens nationaux" : les stalles<ref>Voir le commentaire historique dans [http://inventaire.picardie.fr/docs/PALISSYIM02001544.html?mode=text&qid=sdx_q0 l'inventaire du patrimoine de Picardie]</ref>, la chaire, le mobilier de sacristie, les tableaux et surtout l'orgue<ref>Voir le commentaire historique dans [http://inventaire.picardie.fr/docs/PALISSYIM02001540.html?mode=text&qid=sdx_q0 l'inventaire du patrimoine de Picardie]</ref> construit en 1735, parfois attribué à [[Jean Boizard|Boizard]] mais plus vraisemblablement aux facteurs d'orgues [[Famille Thierry|Thierry]] et Michel Kerst, aujourd'hui restauré.
Comme partout en France, l'année 1790 est marquée par la destruction et pillage des objets religieux. Quatre des six cloches sont prises pour être fondues : une histoire qui se répètera lors de la première guerre mondiale. Mais Aubenton tire profit l'année suivante de la destruction de la magnifique église de l'[[abbaye de Bucilly|abbaye des Prémontrés à Bucilly]] en rachetant aux "biens nationaux" : les stalles<ref>Voir le commentaire historique dans [http://inventaire.picardie.fr/docs/PALISSYIM02001544.html?mode=text&qid=sdx_q0 l'inventaire du patrimoine de Picardie]</ref>, la chaire, le mobilier de sacristie, les tableaux et surtout l'orgue<ref>Voir le commentaire historique dans [http://inventaire.picardie.fr/docs/PALISSYIM02001540.html?mode=text&qid=sdx_q0 l'inventaire du patrimoine de Picardie]</ref> construit en 1735, parfois attribué à [[Jean Boizard|Boizard]] mais plus vraisemblablement aux facteurs d'orgues [[Famille Thierry|Thierry]] et Michel Kerst, aujourd'hui restauré.
Cachée dans sa cave par un paroissien, M. Legrand, au moment des destructions de statues, la "vierge bleue" Notre-Dame d'Aubenton, qui semble faire l'objet d'un culte particulier depuis le XV<sup>e</sup> siècle, est remise en place en 1796.<ref>Voir la note historique dans [http://inventaire.picardie.fr/docs/PALISSYIM02001534.html?mode=text&qid=sdx_q1 l'inventaire du patrimoine de Picardie]</ref>


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Version du 17 septembre 2014 à 14:11

Aubenton
Aubenton
Façades du musée Jean-Mermoz et de l'hôtel de ville
Blason de Aubenton
Blason
Administration
Pays Drapeau de la France France
Région Hauts-de-France
Département Aisne
Arrondissement Vervins
Intercommunalité Communauté de communes du Pays des Trois Rivières
Maire
Mandat
Denise Charlier
2014-2020
Code postal 02500
Code commune 02031
Démographie
Population
municipale
662 hab. (2014)
Densité 28 hab./km2
Géographie
Coordonnées 49° 50′ 12″ nord, 4° 12′ 16″ est
Altitude Min. 168 m
Max. 259 m
Superficie 23,7 km2
Élections
Départementales Aubenton (chef-lieu)
Localisation
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Aubenton
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Aubenton
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Aubenton
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Aubenton

Aubenton est une commune française, située dans le département de l'Aisne en région Picardie. Les habitants de la commune s'appellent les Aubentonnais et les Aubentonnaises.

Géographie

Aubenton doit son nom à sa localisation à la confluence proche (sur la commune de Hannappes à l'est) de l'Aube (Thon) et du Thon, également orthographié : "Ton". On trouve aussi l'appellation « Aubenton-en-Thiérache » pour faire référence à cette région formant les contreforts du massif ardennais et englobant une partie des départements de l'Aisne, du Nord, des Ardennes, et des provinces belges du Hainaut et de Namur.

Aubenton est limitrophe de 7 communes : Brunehamel, Iviers, Beaumé, Leuze, Any-Martin-Rieux, Logny-lès-Aubenton et Mont-Saint-Jean[1].

Histoire

Une histoire marquée par les guerres

De l'époque romaine, le relief d'Aubenton conserve quelques vestiges d'une première enceinte fortifiée (bâtie à partir de l'an 21) et couvrant 37 hectares environ. Comme toute la Thiérache, dont les églises fortifiées témoignent du passé difficile, la ville connaît une succession d'heures noires, à toutes les époques, et notamment pendant la guerre de Cent Ans, puis pendant les guerres de religion et toutes les batailles du Nord (Condé, Turenne) de la guerre de Trente Ans, et enfin pendant les deux conflits du XXe siècle. C'est le 20 avril 1238 que la ville obtient l'indépendance par une charte communale octroyée par Nicolas V, seigneur de Rumigny, charte qui prévoit en particulier l'instauration d'un "mayeur" (maire) et de "jurés" pour administrer la ville, ainsi que des échevins pour rendre la justice[2].

Philippa de Hainaut, reine d'Angleterre

Un des nombreux épisodes de la guerre de Cent Ans, raconté par le chroniqueur Jean de Froissart, s’intitule : « Comment la ville d’Aubenton fut prise et conquise par force et toute pillée... ». Froissart habite Chimay (Belgique actuelle, à 30 km d’Aubenton). Cette ville, comme tout le Hainaut sont du côté de la couronne anglaise : elle appartient au comte Jean de Hainaut, beau-frère du roi Édouard III d’Angleterre qui est marié à Philippa de Hainaut. En représailles de faits antérieurs, Chimay est pillée par les gens du roi de France en mars 1340[3], qui se replient sur Aubenton avec armes et butin, ce qui provoque une terrible réaction des comtes de Hainaut [4]:

« Ce samedi au matin [15 avril] fut l'assaut moult grand et très fier à la ville d'Aubenton en Thiérasche, et se mettaient les assaillants en grand'peine et en grand péril pour conquérir la ville. Aussi les chevaliers et écuyers qui étaient dedans rendaient grand'entente de eux défendre et bien le couvenait et sachez que, si ne fussent les gentils hommes qui dedans Aubenton étaient et qui la gardaient, elle eût été tôt prise et d'assaut, car elle était fort et dur assaillie de tous cotés et de grand'foison de bonnes gens d'armes. (...) Mais finalement elle fut conquise par force d'armes et les guérites, qui n'étaient que de palis, rompues et brisées; et entra dedans la ville, tout premièrement, messire Jean de Hainaut et sa bannière, en grand'huée et en grand'foule de gens et de chevaux; et adonc se recueillirent en la place, devant le moutier [monastère] (...) »

Gravure anglaise d'après les enluminures de Jean Froissart The Earl of Hainault Takes and destroys Aubenton (à consulter en détail sur Ancestry Images)

Pendant que Jean et Guillaume II de Hainaut se recueillent devant le monastère, la ville est mise à sac : avec des chiffres sans doute exagérés, on rapporte la mort de 500 combattants et 2 000 habitants, ... sans compter les femmes et les enfants. Les « rue du sang » ou « rue du sac » en garderont la mémoire. Plus loin, Froissart indique qu'il y aura terrible vengeance :

« Quand le roi de France eut ouï recorder comment les Hainuyers [gens du Hainaut] avaient ars au pays de Thiérasche, pris et occis ses chevaliers et écuyers, et détruit sa bonne ville d'Aubenton, sachez qu'il ne prit mie cette chose en gré. Mais commanda à son fils le duc de Normandie, qu'il mît une grosse chevauchée sus, et s'en vint en Hainaut, et sans déport atournast tel le pays que jamais ne fut recouvré [et mettre aussitôt le pays en état qu'il ne fut jamais recouvert] (...) » [5]

Le Hainaut est alors mis à feu et à sang, mais en définitive on sait que c'est plutôt Edouard qui va vaincre Philippe VI de Valois et décimer la noblesse française lors de la bataille de Crécy en 1346, un peu avant de mettre le siège et s'emparer de Calais...

Vignette représentant l'attaque des barrières de la ville d'Aubenton par le comte de Hainaut. Issu du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, par Eugène Viollet-Le-Duc, 1856.

Un autre chroniqueur raconte :

« [Ils] chevauchèrent parmi la Terrasse [la Thiérache !] tant qu'ils vinrent à Aubenton une bonne ville où on fait bonne draperie, en laquelle ville y avait grand planté de gens d'armes de par le roy de France pour la ville garder, et y était le sire de Vervins. Et quant le conte de Haynault et ses gens furent venus devant la ville et qu'ils eurent avisé et regardé auxquelles il ferait meilleur à assaillir, il fit crier alarme et assaillir vivement. Et lui-même son propre corps alla à l'assaut. (...) Et là eut grand assaut et merveilleuse bataille. Là furent maints hommes navrés, blessés et tués, et avait dedans la ville grand noise et grand crierie de femmes et d'enfants. (...) En la fin fut la ville prise par force et toute pillée, (...) et puis boutèrent le feu par toute la ville, et moult y eut grand gain, car la ville était moult riche. » [6]

Si la ville était effectivement riche d'industrie drapière avant ce pillage, elle ne possédait nullement d'aussi beaux monuments que représentés sur ces gravures et sur l'enluminure originale de Froissart (à la bibliothèque nationale) qu'elles reproduisent. De fortes palissades de bois tenaient lieu de remparts. De véritables fortifications, en brique cette fois, sont de nouveau érigées à partir de 1348... Il en subsiste deux tours, la Tour de Chimay et la Tour Daniel

Et pendant des siècles, Aubenton vit ainsi au rythme de destructions et courageuses reconstructions. Un réseau de souterrains et caves de grandes dimensions permet à la population de se réfugier, au moins quand elle n'est pas prise par surprise ou traîtrise.

Ainsi, pendant la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, au début du XVe siècle, l'histoire se répète, mais il semble que la ville d'Aubenton soit cette fois épargnée, servant plutôt de refuge sûr aux habitants des bourgs voisins. Ainsi lit-on, dans l'Histoire d'Origny-en-Thiérache et de ses environs : « Des bandes de partisans couraient partout, ravageant nos campagnes. Les villes et les bourgs de la Thiérache, tour à tour attaqués par les Bourguignons et les Armagnacs, par les soldats d'Henri VI et par ceux de Charles VII, avaient peine à démêler de quel côté étaient la justice et quels étaient leurs véritables maîtres. « On ne voyait partout, dit une ancienne chronique, que meurtres, rébellion, vols, ravissements et rançonnements qui se faisaient sous couleur de la guerre. Les habitants du pays n'étaient jamais en repos ; quand ils n'apercevaient pas le péril, ils redoutaient les surprises. Le silence des nuits était à chaque instant troublé par le tocsin et, dans les villages, la cause de ces sons lugubres était si connue que les bestiaux, en les entendant, se retiraient d'eux-mêmes à leur repaire, sans conducteur, par l'accoutumance du malheur » [7]

François Ier contre Charles Quint

En 1521, après avoir ravagé la Picardie, Franz von Sickingen et le comte Philipp Ier von Nassau, généraux de Charles Quint, obligent les troupes royales de François Ier, à s’enfermer dans Mézières assiégée. A leur tête, le chevalier Bayard défend la ville sans capituler malgré les canonnades et les assauts. Voulant venger cette défaite, les troupes allemandes du comte procèdent au sac d'Aubenton, comme rapporté dans les Mémoires du sire Martin du Bellay : "Le comte de Nassau, se voyant hors d'espérance de pouvoir affamer la ville, et encores plus de la forcer, attendu le renfort qui était entré dedans, et l'armée du Roy si preste qu'elle était pour secourir les assiégés, et son armée, laquelle déjà commençait à se ruiner par le long temps qu'il y avoit qu'elie tenait la campagne, délibéra de faire sa retraitte, et, pour cet effet, fait mettre la plus grande part de sa grosse artillerie sur la Meuse, pour la conduire à Namur ville de l'obéissance impériale, afin que plus aisément il peut faire sa retraitte. Ayant mis cest ordre leva son camp et, afin de n'être suivy ny empêché, prit son chemin le long des bois tirant le chemin de Montcornet en Ardennes, de Maubert-Fontaine et d'Aubenton, pour aller droit à Vervins et à Guise et partout faisait mettre le feu.(...) et, après avoir mis à sac la villette d'Aubenton, ils mirent au fil de l'espée toutes gens indifféremment, de tous sexes et de tous âges, avecques une cruauté insigne et de là sont venues depuis les grandes cruautés qui ont été faites aux guerres, trente ans après. Aussi, avoir brûlé et démoli ladite ville, prirent le chemin d'Estrée, au pont sur la rivière d'Oise, laissant Vervins à main gauche"[8].

Guerre de Tente ans

Le manoir d'Aubenton a appartenu à la famille des princes de Condé

Sous Louis XIII (16 mai 1635) débute la guerre de Tente ans contre l'Espagne et l'Autriche, dont les hostilités ont lieu sur les fronts d'Allemagne, d'Espagne, d'Italie et de Savoie, ... et du Nord (les Pays-Bas sont sont domination espagnole). Au cours des assauts en Picardie, à 14 km d'Aubenton, Hirson est attaquée le 25 juillet et résiste jusqu'au 20 août, sous les ordres de Christophe de Caruel, capitaine du régiment de Guise, face à une offensive de 3000 fantassins et 400 chevaliers. Lors de la capitulation, il peut regagner Aubenton avec 150 hommes, survivants de la garnison initiale. Hirson sera reprise par Turenne le 12 juin 1638. Après 33 ans de règne, Louis XIII meurt en février 1643 : son épouse Anne d'Autriche assure la régence, leur fils, futur Louis XIV, ayant 11 ans seulement. La régente nomme le jeune duc d'Enghien (Louis II de Condé) à la tête des armées des Pays-Bas : il a 22 ans. Depuis le château de la Cour des Prés, à Rumigny, où il aurait planifié son attaque celui-ci traverse Aubenton où il met en sécurité le bagage de ses troupes, puis se rend vers Rocroi où, le 19 mai, la victoire est totale.

Victorieux en de nombreuses autres occasions, célébré et devenu prince à la mort de son père, "le Grand Condé" marquera peut-être son attachement à Aubenton en y faisant construire un manoir pour son propre usage. Mais auparavant, le 12 octobre 1648, la ville est une nouvelle fois pillée, cette fois par les troupes mercenaires du baron d'Erlach, "au service" (!) de la France, commandées par le marquis de Saint-Maigrin[9].

Par la suite, sous le roi Louis XIV, les multiples revirements tant de Condé que de Turenne, passant alternativement de la couronne de France à celle d'Espagne et vice-verça rendent difficile la lecture historique des conflits à répétition, et plus encore la vie des habitants d'Aubenton et de la Thiérache.

Un XVIIIe siècle plus calme, jusqu'à la Révolution

Une accalmie se dessine pourtant dans la première moitié du dix-huitième siècle, et la ville semble bien remise en état, ainsi qu'en témoigne en 1738 le texte d'octroi par Louis XV d'une "Charte des foires" à la ville d'Aubenton, portant leur nombre de trois à six, à la demande du duc de Guise, seigneur d'Aubenton : "Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut. Notre très cher et très aimé cousin Louis-Henri, duc de Bourbon, prince de Condé, prince de notre sang, pair et grand maître de France , gouverneur général pour nous en nos provinces de Bourgogne et Bresse, duc de Guise, seigneur d'Aubenton; nous a représenté que la terre et seigneurie d'Aubenton, membre et partie du duché et pairie de Guise, en est une portion considérable ; que la ville d'Aubenton, où il y a un capitaine gouverneur pour notre dit cousin, est très ancienne et aujourd'hui fort peuplée d’habitants, avec une enceinte de murailles, tours, fossés et pont-levis, et que le pays étant fertile en bestiaux et en denrées et autres choses nécessaires à la vie, il s'y tient un marché tous les samedis de chacune semaine et trois foires franches pendant l’année, la première à la mi-carême , une autre au 22 juillet jour de la Magdeleine , et la troisième le jour de St-Hubert 3 novembre; qu'audit Aubenton il y a une belle halle en la place publique pour mettre à couvert les marchandises, et plusieurs hostelleries pour y recevoir les particuliers, et marchands et les bestiaux; que d'ailleurs en ladite ville il y a un siège de bailliage faisant partie de celui du duché, dont les appellations rassortissent directement, ainsi que celles du siège de Guise, en notre cour de parlement à Paris, un autre siège des eaux et forêts» et celui des officiers municipaux et de la police, un grenier à sel d'impôts composé de 135 paroisses ou collectée différentes, tant de la Champagne que Soissonnais, ce qui procure audit Aubenton (...)" [10] La "belle halle en la place publique" était située à l'emplacement actuel du monument aux morts.

Aubenton est peu affectée par la campagne des Flandres de Louis XV. Sous le règne de Louis XVI, elle subit sans doute mieux que la capitale les effets des hivers rigoureux et des récoltes désastreuses dues aux perturbations climatiques qui précèdent la Révolution et qui affamment le peuple de France . De 1781 à 1784 ont lieu d'importants travaux de couverture du clocher de l'église Notre-Dame. La flèche, de section carrée à l'origine, devient octogonale, comme aujourd'hui.

Les effets de la Révolution sur le patrimoine d'Aubenton

Orgue de l'église Notre-Dame d'Aubenton (1735)

Comme partout en France, l'année 1790 est marquée par la destruction et pillage des objets religieux. Quatre des six cloches sont prises pour être fondues : une histoire qui se répètera lors de la première guerre mondiale. Mais Aubenton tire profit l'année suivante de la destruction de la magnifique église de l'abbaye des Prémontrés à Bucilly en rachetant aux "biens nationaux" : les stalles[11], la chaire, le mobilier de sacristie, les tableaux et surtout l'orgue[12] construit en 1735, parfois attribué à Boizard mais plus vraisemblablement aux facteurs d'orgues Thierry et Michel Kerst, aujourd'hui restauré. Cachée dans sa cave par un paroissien, M. Legrand, au moment des destructions de statues, la "vierge bleue" Notre-Dame d'Aubenton, qui semble faire l'objet d'un culte particulier depuis le XVe siècle, est remise en place en 1796.[13]

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Lors de la retraite de l'armée française en août 1914, la 5e armée française établit son QG durant un jour dans la commune, le 24 août 1914. Aubenton est occupée pendant la quasi-totalité de la guerre : ce n'est que le matin du 9 novembre 1918 que les dernières troupes allemandes se replient, après une terrible nuit d'échanges d'artillerie.

Alors que le département de l'Aisne compte 10 « Justes parmi les nations » (Français ayant risqué leur vie de manière totalement désintéressée pour venir en aide à des juifs persécutés par les nazis lors de la Shoah), Aubenton compte 3 de ces « Justes » :

  • Émile Fontaine[14] (une rue porte son nom)
  • Annette Pierron, sa compagne à l'époque
  • Camille Pierron, mère de cette dernière et propriétaire d'une ferme à Buirefontaine.

Abattu par la Gestapo sur la route Aubenton - Besmont (départementale D 37), le 30 mars 1944, Émile Fontaine a été reconnu capitaine FFI après la Libération. Tous trois ont sauvé dix évadés du « Judenlager » des Mazures cachés pour partie à Buirefontaine[15].

Héraldique

Blason Blasonnement :
D'or au château de gueules maçonné de sable et ouvert du champ.

Politique et administration

Liste des maires successifs
Période Identité Étiquette Qualité
Les données manquantes sont à compléter.
1877   Isidore Cabaret    
Les données manquantes sont à compléter.
mars 1971 1973 Marcel Ferraris    
1973 mars 1983 Guy Navaux    
mars 1983 mars 1989 Christian Pillot    
mars 1989 juin 1995 René Sablin PCF  
juin 1995 mars 2001 ?    
mars 2001[16] mai 2013 Bernard Noé UMP Conseiller général (2001-2013)
Décédé en fonction
juin 2013[17] En cours
(au 12 mai 2014)
Denise Charlier   Réélue pour le mandat 2014-2020[18]

Démographie

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir du , les populations légales des communes sont publiées annuellement dans le cadre d'un recensement qui repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[19]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2008[20],[Note 1].

En 2014, la commune comptait 662 habitants, en diminution de −5,56 % par rapport à 2009 (Aisne : −0,02 %, France hors Mayotte : 2,49 %).

           Évolution de la population  [modifier]
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
1 0709951 0311 3491 6231 5201 5931 7341 706
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
1 6041 5031 5491 4961 5281 4811 4361 3981 404
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
1 3281 1791 2701 1601 1911 2231 0329461 059
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2008 2013 2014
1 1021 0781 002969826713701664662
De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
(Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[21] puis Insee à partir de 2006[22].)
Histogramme de l'évolution démographique

Lieux et monuments

Lors des Journées européennes du patrimoine 2007, des barrières métalliques interdisaient l'accès à l'église.
  • Monument aux morts, surmonté d'un coq
  • Anciennes tours d'enceinte d'Aubenton, dont ne subsistent que deux des sept d'origine : la tour de Chimay (ruelle de la Tour) a été transformée en gîte rural géré par la municipalité, et une autre, sur un terrain privé, visible depuis le chemin qui longe le Thon.
  • Musée Jean-Mermoz, sur la place du village.

Personnalités liées à la commune

Jumelages

Notes et références

Notes

  1. Par convention dans Wikipédia, le principe a été retenu de n’afficher dans le tableau des recensements et le graphique, pour les populations légales postérieures à 1999, que les populations correspondant à une enquête exhaustive de recensement pour les communes de moins de 10 000 habitants, et que les populations des années 2006, 2011, 2016, etc. pour les communes de plus de 10 000 habitants, ainsi que la dernière population légale publiée par l’Insee pour l'ensemble des communes.

Bibliographie historique

Outre les liens directs sur des documents divers, indiqués dans le texte ou dans les références, on se reportera à deux ouvrages consacrés à l'histoire d'Aubenton et largement utilisés pour la rédaction du contenu de cette page :

  • Histoire d'Aubenton, Alphonse Pire (chanoine), 1958 - (Cet ouvrage très complet et documenté figure au catalogue de la bnf, mais n'est pas encore (sept. 2014) accessible sur le site.
  • Quand l'Histoire passe par Aubenton... ...et s'y arrête, Alain Schlienger (docteur), Christian Pagnoud éditeur, 1990 - (Rédigé par celui qui fut médecin à Aubenton de 1955 à (?) et à l'origine de la création du musée Mermoz, ce livre est également très complet, illustré et pédagogique. Il situe l'histoire d'Aubenton dans un contexte plus large. Préface de Bernard Marck, historien de l'aéronautique. Ne figure pas au catalogue de la bnf. En vente au musée Mermoz et/ou à la mairie.)
  • Le site du patrimoine culturel de Picardie donne des informations sur les fortifications et une bibliographie historique.
  • Dictionnaire historique du département de l’Aisne, Maximilien Melleville, Conseil général de l’Aisne 1857, voir pages 31 et suivantes (Numérisé par Google).

Références

  1. « Carte d'Aubenton » sur Géoportail (consulté le 6 janvier 2012).
  2. Selon Maximilien Melleville, dans son Dictionnaire historique du département de l'Aisne, 1875 (pages 31 et suivantes de l'édition papier, vues 54 et suivantes de l'édition numérisée par Google)
  3. 1340 ou 1338 selon les chroniqueurs
  4. Dans ce qui suit, l'orthographe des textes anciens est partiellement modernisée pour faciliter la lecture.
  5. Les chroniques du sire Jean Froissart ont fait l'objet de nombreuses éditions et commentaires.
  6. Chroniques d’un bourgeois de Valenciennes (XIVe siècle) Publiées pour la première fois, d’après un manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, par le baron Kervyn de Lettenhove, membre de l’Académie royale de Belgique, Imprimerie de P. et J. Lefever, Louvain, 1877
  7. Histoire d'Origny-en-Thiérache et de ses environs, Édouard Michaux, 1894
  8. Nouvelle collection des mémoires pour servir à l'histoire de France. 1, Histoire des choses mémorables advenues du reigne de Louis XII et François Ier, en France, Italie, Allemagne et les Pays-Bas, depuis l'an 1499 jusques en l'an 1521 (...), par La Marck, Robert de (1491?-1536), édité en 1838 par Michaud, Joseph-François (1767-1839)
  9. Voir la Notice historique sur Aubenton dans le Tome 1 1840 de la Société archéologique de Vervins (pages 11 et suivantes)
  10. Dans l'édition de 1865 de Dictionnaire historique du département de l’Aisne Maximilien Melleville, Conseil général de l’Aisne. Texte accessible en ligne sur Archive.org mais avec défauts de numérisation dans la deuxième partie.
  11. Voir le commentaire historique dans l'inventaire du patrimoine de Picardie
  12. Voir le commentaire historique dans l'inventaire du patrimoine de Picardie
  13. Voir la note historique dans l'inventaire du patrimoine de Picardie
  14. Le Judenlager des Mazures 1942-1944
  15. C'est sur base d'un dossier reprenant notamment le témoignage de l'un de ces évadés, Nathan Szuster, que Yad Vashem leur a officiellement attribué le titre de « Justes parmi les Nations. »
  16. Préfecture de l'Aisne consulté le 7 juillet 2008
  17. Michel Mainnevret, « La politique ? Une affaire de femmes sur le canton », L'Union,‎ (lire en ligne)
  18. « Denise Charlier retrouve son siège de maire », Le Courrier La Gazette, no 2340,‎ , p. 24 (ISSN 0183-8415)
  19. L'organisation du recensement, sur le site de l'Insee.
  20. Calendrier départemental des recensements, sur le site de l'Insee.
  21. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
  22. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 20062007 2008 2009 2010 2011201220132014 .
  23. archives Aisne registre paroisse

Voir aussi

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Liens externes