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Yamato (cuirassé)

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Yamato (大和)
illustration de Yamato (cuirassé)
Le Yamato pendant ses essais en 1941.

Type Cuirassé
Classe Yamato
Histoire
A servi dans  Marine impériale japonaise
Commandé Mars 1937
Quille posée 4 novembre 1937
Lancement
Armé
Statut coulé le
Équipage
Équipage 2 750 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 263 mètres hors-tout

256 mètres à la ligne de flottaison

Maître-bau 38,90 m hors-tout

36,91 m à la ligne flottaison

Tirant d'eau 10,86 m en ordre de combat
Déplacement 65 027 tonnes (à vide, dont 21 266 tonnes de blindage); 71 110 tonnes en ordre de combat
Port en lourd 72 809 tonnes
Propulsion 12 chaudières Kanpon, 4 turbines à vapeur,
Puissance 150 000 ch (110 MW) (estimation)

167 310 ch aux essais en 1942 45 000 ch en marche arrière

Vitesse 27 nœuds
Caractéristiques militaires
Blindage 650 mm en tourelles
409 mm en ceinture
198 mm au pont
Armement En 1941 :
  • 9 canons de 460 mm (montés en trois tourelles triples)
  • 12 canons de 155 mm (montés en quatre tourelles triples)
  • 12 canons anti-aériens de 127 mm (6 tourelles doubles)
  • 24 canons anti-aériens de 25 mm
  • 8 mitrailleuses anti-aériennes de 13 mm.

En 1945, deux tourelles de 155 mm, ainsi que tous les canons de 13 mm, avaient été démontées pour renforcer l'armement anti-aérien, qui se montait alors à 24 pièces de 127 mm (12 tourelles doubles) et 152 pièces de 25 mm (voir image en bas).

Rayon d'action 11 500 km à 16 nœuds (30 km/h)
Aéronefs 7 appareils
Pavillon Empire du Japon
Localisation
Coordonnées 30° 22′ 00″ nord, 128° 04′ 00″ est
Géolocalisation sur la carte : Japon
(Voir situation sur carte : Japon)
Yamato (大和)
Yamato (大和)

Le Yamato (大和?) était le premier cuirassé de la classe de cuirassés Yamato de la Marine impériale japonaise lors de la Seconde Guerre mondiale. L'autre unité de cette classe, son navire-jumeau, était le Musashi. Ces bâtiments étaient les cuirassés les plus lourds et les plus puissamment armés jamais construits, déplaçant 72 800 tonnes à pleine charge avec neuf canons Type 94 d'un calibre de 460 mm. Les deux bâtiments ont été coulés durant la Seconde Guerre mondiale.

Nommé d'après la province de Yamato, le Yamato a été conçu pour s'opposer aux cuirassés plus nombreux de la flotte des États-Unis qui était le rival principal du Japon dans le Pacifique.

Sa quille fut posée en 1937 et il fut mis en service à la fin de l'année 1941, une semaine après l'attaque de Pearl Harbor. Durant l'année 1942, il a servi en tant que navire amiral de la Flotte combinée, et en l'amiral Isoroku Yamamoto a dirigé la flotte de sa passerelle pendant la bataille de Midway, qui fut une défaite désastreuse pour l'Empire du Japon. Cette bataille mit fin à la supériorité des forces japonaises dans l'océan Pacifique. Le Musashi a remplacé le Yamato comme navire amiral de la Flotte Combinée au début de 1943 et le Yamato a passé le reste de l'année et une grande partie de 1944 en naviguant entre les bases navales japonaises de Truk et Kure en réponse aux menaces américaines. Bien que présent lors de la bataille de la mer des Philippines en , il n'a pas joué un grand rôle dans cette bataille qui fut également un désastre pour la Marine japonaise.

L'unique fois où le Yamato a tiré avec son artillerie principale contre une cible ennemie fut en , quand il fut envoyé pour engager des forces américaines qui envahissaient les Philippines lors de la bataille du golfe de Leyte, où son navire-jumeau, le Musashi fut détruit. Cette bataille navale, la plus importante de la guerre du Pacifique [1],[2],[3], fut une nouvelle défaite pour le Japon. Par ailleurs, à la fin de l'année 1944 et au début de 1945, la flotte japonaise était considérablement diminuée et mal ravitaillée en raison des pénuries de carburant qui frappaient le Japon.

Dans une tentative désespérée pour ralentir l'avance alliée, le Yamato est envoyé en dans une mission sans retour, l'opération Ten-Gō. Il reçoit l'ordre de s'échouer volontairement sur la plage d'Okinawa et d'y combattre jusqu'à sa destruction pour protéger l'île. Mais la force navale japonaise a été repérée au sud de Kyūshū par des sous-marins et des avions américains. Elle est attaquée le . Le Yamato est envoyé par le fond par des avions torpilleurs et bombardiers, entrainant avec lui la plupart des membres de son équipage.

Conception et construction

Le Yamato encore en construction à Kure, le 20 septembre 1941.

Pendant les années 1930, le gouvernement japonais a adopté un militantisme ultranationaliste en vue d'élargir considérablement l'empire japonais[4]. Le Japon se retira de la Société des Nations en 1934, renonça à ses obligations conventionnelles[5]. Après le retrait du Traité naval de Washington, qui limitait la taille et la puissance des navires de guerre, la marine impériale japonaise a commencé la conception de la nouvelle classe des cuirassés lourds Yamato. Les concepteurs ont reconnu que le Japon serait incapable de rivaliser avec les chantiers navals des États-Unis pour produire des cuirassés en grand nombre en cas de guerre, de sorte que des navires de 70 000 tonnes[6],[7] de la Classe Yamato furent conçus pour attaquer et détruire plusieurs cuirassés ennemis en même temps[8],[9]. Le Yamato est le premier navire de la classe[10]. Sa quille fut posée à l'arsenal naval de Kure, dans la préfecture d'Hiroshima, le , dans un chantier naval qui a dû être adapté pour recevoir son énorme coque[11],[12]. Le quai fut approfondi d'un mètre et des portiques capables de soulever jusqu'à 350 tonnes ont été installés[11],[13]. Le projet fut gardé secret tout au long de la construction[11], un auvent fut même érigé sur une partie de la cale pour cacher le navire[14]. Le Yamato fut armé le , avec le capitaine Miyazato Shutoku (plus tard devenu vice-amiral) aux commandes[15] et un grand effort fut déployé au Japon pour s'assurer que ces navires fussent construits dans le plus grand secret, afin d'empêcher les personnels du renseignement américain d'en connaître l'existence et les caractéristiques[11].

Armement

L'armement anti-aérien de 127 mm/40 Type 89.

La batterie principale du Yamato se composait de neuf canons de Type 94 d'un calibre de 46 cm. C'est le plus gros calibre d'artillerie navale jamais monté sur un navire de guerre[16], bien que ses obus ne soient pas aussi lourds que ceux tirés par les canons britanniques Mk1 de 18 pouces (en) de la Première Guerre Mondiale. Chaque canon mesurait 21,13 mètres de long, pesait 147,3 tonnes et était capable de tirer des obus explosifs ou perforants à une distance de 42 kilomètres[11].

À sa mise en service, la batterie secondaire comprend douze canons de 155 millimètres montés dans quatre tourelles triples (une à la proue, une à la poupe, deux au milieu du navire) et douze canons de 127 millimètres montés dans six tourelles double (trois de chaque côté au milieu du bateau). Les tourelles de 155 mm furent débarquées des croiseurs de classe Mogami lorsque ces navires ont été convertis pour un armement principal composé de canons de 20 cm. De plus, le Yamato transportait vingt-quatre canons anti-aériens de 25 millimètres, en huit affûts triples, montés principalement au centre du bateau[16].

Lorsqu'il fut réaménagé, pour des missions navales, en 1944 et 1945, dans le Pacifique Sud[17], la configuration de la batterie secondaire fut modifiée. Les deux tourelles triples de 155 mm centrales furent débarquées et remplacées sur chaque bord par trois affûts doubles de 127 mm. La configuration devint donc six canons de 155 millimètres en deux tourelles triples (proue et poupe), plus vingt-quatre canons de 127 millimètres en douze affûts jumelés 127mm/40 Type 89 et un nombre de canons anti-aériens de 25 millimètres augmenté à 152 en cinquante affûts triples plus deux affûts simples[18].

Blindage

Dessin de la ligne du Yamato comme il apparaissait en 1945.

Le blindage des parois était incliné de 20° vers l'intérieur et devenait interne dans sa partie inférieure où il se raccordait à la contre-carène. La ceinture était constituée de plaques de 410 mm d'épaisseur dans la partie haute, se réduisant néanmoins à 200 mm plus bas et enfin à 80 mm au niveau des tôles du fond. Dans la section des soutes à munitions, le blindage atteignait 250 mm pour la partie basse et au lieu de descendre vers le fond, se recourbait horizontalement en protégeant ainsi également le bas des soutes, avec 76 mm dans la partie centrale et 51 mm pour les bords de raccordement. Les tourelles possédaient un blindage de 650 mm ce qui les rendait quasi invulnérables aux tirs à des distances normales. Quant au pont il avait, hors réduit, des plaques de 35 à 50 mm. Dans le réduit, le pont de protection atteignait au centre 200 mm et 230 mm dans les deux parties latérales inclinées[19].

Service

Essais en mer et opérations

Le Yamato pendant les essais en mer en .

En octobre ou , le Yamato effectua des essais en mer, pour atteindre sa vitesse maximale de 27,4 nœuds (50,7 km/h)[15],[n 1]. Alors que la guerre menaçait, priorité a été donnée à l'accélération de la construction militaire. Le , le cuirassé a été officiellement mis en service à Kure avec un mois d'avance, lors d'une cérémonie plus austère que d'habitude car les Japonais avaient encore l'intention de dissimuler les caractéristiques du navire[15]. Le même jour, sous le commandement du capitaine (devenu plus tard vice-amiral) Gihachi Takayanagi, le Yamato a rejoint les cuirassés Nagato et Mutsu dans la 1re Division de cuirassés[20].

Le , le Yamato est devenu le vaisseau amiral d'Isoroku Yamamoto de la Flotte combinée[15],[21]. Yamamoto, vétéran de la victoire écrasante du Japon sur la Russie lors de la bataille de Tsushima durant la guerre russo-japonaise de 1904-1905, le vainqueur de l'attaque de Pearl Harbor prévoyait un engagement décisif avec la marine des États-Unis à l'île de Midway. Après avoir participé à des simulations militaires, le Yamato quitta la baie de Hiroshima le pour rejoindre le groupe principal de cuirassés[15],[22].

Midway

Début juin, la bataille de Midway devait tourner au désastre pour les Japonais, qui perdirent quatre porte-avions et plus de trois cents avions, mais aussi un grand nombre de leurs pilotes les plus expérimentés.

Yamamoto dirigeait la bataille depuis la passerelle du Yamato et il ne put que constater que son plan de bataille très complexe (comprenant une diversion sur les îles Aléoutiennes) avait abouti à une catastrophique dispersion des forces du Soleil Levant, là où les Américains, bien renseignés par leurs décrypteurs, avaient au contraire su concentrer les leurs. Midway fut une bataille entièrement aéronavale, les deux flottes étant séparées par plus de 100 milles nautiques et le Yamato ne pouvait y jouer aucun rôle.

La mort dans l'âme, Yamamoto annula l'opération et sa flotte de cuirassés se replia sans avoir combattu vers Hashirajima, puis l'arsenal de Kure.

Truk

Il appareilla le pour l'archipel de Truk, non sans avoir été repéré par le sous-marin USS Flying Fish (SS-229) (en) qui lui décocha une salve de 4 torpilles, qui toutes manquèrent leur but. Arrivé dans le lagon de Truk en fin de soirée, il devait y rester durant toute la campagne de Guadalcanal, quasiment inactif faute d'obus de 460 mm adaptés au bombardement des côtes. L'état-major hésitait à le risquer près des côtes de Guadalcanal à cause de cartes imprécises et de sa consommation prohibitive de mazout.

Yamamoto transféra sa marque de commandement sur le Musashi et le Yamato resta inactif à Truk jusqu'au , plaisamment surnommé « l' Hôtel Yamato » par les équipages des croiseurs et des destroyers.

Retourné à l'arsenal de Kure, puis dans la mer intérieure du Japon, il passa au bassin de radoub et reçut diverses améliorations, notamment une grande quantité de tourelles antiaériennes.

Le , il était de retour à Truk où il fut incorporé à une vaste force comprenant le cuirassé Nagato et de nombreux autres croiseurs et destroyers. Cette flotte appareilla fin septembre, cherchant le contact avec la Task Force 15 américaine, que les services de renseignement japonais pensaient destinée à l'invasion de l'île de Wake.

L'interception ne s'étant pas produite, la flotte rentra à Truk le . Le Yamato et le Musashi furent utilisés comme transports de troupes et de matériel entre Truk, le Japon et les îles isolées de Kavieng et l'archipel de l'Amirauté en raison de leur grande capacité et de leur cuirasse protectrice.

Le , la flotte fut repérée par le sous-marin USS Skate qui tira une salve de quatre torpilles sur le super-cuirassé.

Une torpille frappa le côté tribord du navire vers la poupe. Le pare-torpilles de la coque ne joua qu'imparfaitement son rôle : un trou de 25 mètres était ouvert dans l'enveloppe extérieure et, plus grave, un joint entre deux plaques de blindage fut endommagé, noyant les soutes à munitions de la tourelle arrière et laissant entrer plus de 3 000 tonnes d'eau dans le navire.

De retour à Truk, des réparations provisoires furent faites par l'équipage du navire-atelier Akashi, mais il fallut bientôt rentrer à Kure pour des réparations définitives le . Après un passage en cale sèche qui dura jusqu'au , des tôles de protection installées à 45° dans la zone endommagée furent montées, mais une modification plus ambitieuse, qui aurait impliqué la pose de 5 000 tonnes de blindage supplémentaire, fut rejetée par crainte d'augmenter trop le tirant d'eau et le poids.

Nobuei Morishita, ex-commandant du cuirassé Haruna, remplaça le commandant Matsuda, qui était en fonction depuis . Le Yamato retourna en cale sèche en février et mars pour un nouvel accroissement de sa protection et de son armement anti-aérien, ainsi que l'installation de radars de conduite de tir.

Après des essais en mer début avril, le Yamato appareilla pour les Philippines, que les Américains s'apprêtaient à reconquérir. Arrivé à Manille le , il repartit vers la Malaisie pour se joindre à la flotte de l'amiral Jisaburo Ozawa en Malaisie, arrivant aux Îles Lingga puis repartant vers Tawi Tawi, aux Philippines.

Bataille de la mer des Philippines

La flotte d'Ozawa, qui devait initialement débarquer à Biak, est dirigée sur la mer des Philippines fin , alors que les Américains se préparent à reconquérir les îles que MacArthur avait été contraint d'évacuer au début de la guerre.

À cette époque les Américains ont repris l'initiative. Leur industrie de guerre, bien plus importante que celle du Japon, tourne à plein régime. De nouveaux avions plus performants sont entrés en service. Les points faibles des avions japonais sont connus des aviateurs US, mieux entraînés.

Au cours de cette bataille, que les aviateurs américains ont surnommé "le grand Tir aux pigeons des Mariannes" (The Great Marianas Turkey Shoot) l'aéronavale japonaise perd 3 porte-avions et plus de 450 appareils avec leurs pilotes expérimentés (pour alléger leurs avions, ceux-ci n'ont ni canot gonflable, ni parachute).

Dans cette bataille essentiellement aéronavale, menée à distance, le Yamato ne jouera aucun rôle ou presque, retournant finalement à sa base de Kure pour réapprovisionner ses soutes à munitions et à combustible. Cinq nouveaux affûts antiaériens de 25 mm furent installés et le navire fut totalement dépouillé de tous les matériaux inflammables. La literies et les matelas sont débarqués, les hommes dorment sur des planches, éventuellement utilisables comme paillets contre les voies d'eau. L'équipement anti-incendie fut renforcé et le navire appareilla pour Lingga en Indonésie, une base d'opérations proche des ressources de pétrole et de mazout indonésien, où il arriva le . À ce stade de la guerre, la flotte de pétroliers ravitailleurs d'escadre japonais avait été sévèrement décimée par les sous-marins américains.

La flotte resta stationnée en Indonésie durant trois mois, jusqu'à la série de batailles du Golfe de Leyte.

Batailles du golfe de Leyte

Le Yamato touché par une bombe le 24 octobre 1944.

Cette gigantesque bataille, s'est déroulée du au au début de la campagne des Philippines des forces américaines et leurs alliés. Les forces en présence se sont affrontées dans des combats acharnés sur une surface vaste comme le tiers de l'Europe, combats navals qui virent la fin de la flotte japonaise comme arme offensive capable de changer le cours de la guerre. On peut distinguer quatre grands combats successifs pendant lesquels les kamikazes firent leur apparition. Les batailles de la mer de Sibuyan, du détroit de Surigao, du cap Engaño et la bataille de Samar.

Bataille de la mer de Sibuyan

Le plan japonais consistait en une attaque de diversion de la Force mobile de l'amiral Ozawa, qui devait attirer les porte-avions américains vers le nord, afin de tenter leur chance contre les forces américaines privées de couverture aéronavale.

Le plan japonais ne va pas se passer comme prévu. En effet, le 23 vers minuit, alors qu'elle dépasse l’île de Palawan, la force centrale du vice-amiral Kurita est repérée par deux sous-marins américains. Le à l'aube, les deux américains torpillent et coulent l’Atago, ainsi que le Maya et avarient gravement le Takao.

Le vice amiral Kurita, qui était à bord de l’Atago, est recueilli à bord du destroyer Kishinami. Il délègue le commandement de l'escadre à l'amiral Ugaki à bord du Yamato, mais l'alerte est donnée, la force d'attaque principale a été repérée avant celle de diversion. Au petit jour, alors qu'il s'engage dans l'étroite mer de Sibuyan, il subit l'attaque massive de l'aviation américaine. À 10 h 30, 260 appareils attaquent et enregistrent des coups au but sur le Yamato, le Musashi, le Nagato et le Myōkō. En fin de matinée, Kurita rejoint le Yamato sur lequel il transfère son pavillon et reprend le commandement de la Force Centrale.

À 15 h 20, deux nouvelles vagues se succèdent alors sur le Musashi qui coule avec plus de mille hommes d'équipage[23].

Kurita fait alors demi-tour vers ses bases, mais son supérieur, l'amiral Toyoda lui enjoint de remettre le cap sur le détroit de San-Bernardino car même bien entamée, sa flotte conserve une grande capacité de frappe.

Défense du détroit de Surigao

Cette bataille aéronavale se déroulant plus au Sud entre les forces japonaises de Nishimura et de Shima et celles du contre-amiral Oldendorf, le Yamato n'y est pas engagé.

Bataille du cap Engaño

Le au soir, loin du Yamato, cette bataille met aux prises les forces de Halsey et celles d'Ozawa. Le vice-amiral Mitscher y envoie par le fond les derniers porte-avions japonais à flot.

Bataille de Samar

Le départ de toutes les forces d'Halsey, se hâtant à la poursuite de Kurita, avait laissé les forces de débarquement et de couverture dans une situation difficile. L'amiral Kurita, que les Américains croyaient en retraite, profite de l'occasion : il franchit le détroit et s'infiltre jusqu'à l'île de Samar avec les restes encore puissants de la force centrale japonaise.

À la tête des cuirassés (Yamato, Nagato, Haruna et Kongō), des croiseurs lourds (Haguro, Kumano, Suzuya, Chōkai, Tone et Chikuma) et de destroyers, il tombe par surprise sur les porte-avions d'escorte de l'amiral Clifton Sprague. Avec six porte-avions trop lents et quelques destroyers, celui-ci ne peut que tenter de s'échapper. Il fait mettre cap à l'est aux porte-avions, mais envoie toutefois ses destroyers dans une charge suicidaire.

La détermination des Américains est payante : les bâtiments japonais sont obligés de se dérouter pour éviter les torpilles et les avions ont ainsi le temps de décoller. Les destroyers Samuel B. Roberts, Hoel et Johnston sont coulés et tous les autres gravement endommagés, mais Kurita, qui pensait tenir les porte-avions américains, a perdu trop de temps et seul le Gambier Bay est coulé.

Sprague fuit maintenant au sud et tous ses avions attaquent avec toutes les armes disponibles. Trois croiseurs japonais sont alors mis hors de combat. Kurita décide donc de faire demi-tour à travers la passe de San Bernardino où encore trois de ses cuirassés seront gravement endommagés.

De sa puissante flotte de combat, il ne ramène au Japon que le cuirassé géant Yamato réellement opérationnel et quatre grands navires hors de combat.

Opération Ten-Gō

La fin du Yamato à la suite de l'explosion de ses soutes à munitions.

Quasiment inactif depuis le début 1945, le Yamato fut réactivé lorsque les Américains lancèrent l'invasion d'Okinawa, le , en prélude à l'invasion du Japon proprement dite.

La mission qui était confiée au Yamato était une mission sans retour possible, faute de mazout en quantité suffisante, quasiment une mission suicide : accompagné d'un croiseur léger et de huit destroyers, le Yamato devait aller attaquer les navires américains devant Okinawa avant de se saborder par petit fond, de façon à constituer une puissante batterie de défense côtière. La couverture aérienne devait être assurée par des escadrilles de pilotes kamikazes très mal entraînés et qui, dans les faits, ne purent jouer leur rôle pour cause de météo nuageuse. Ce plan irréaliste, mis sur pied pour des raisons d'honneur et pour plaire à l'empereur Hiro-Hito par l'amiral Toyoda Soemu, fut l'objet de vives critiques au sein de l'état-major naval japonais. Le vice-amiral Seiichi Itō, chargé de la flotte, était très réticent, et son subordonné, le commandant Atsushi Oi, chargé des destroyers, alla jusqu'à traiter les concepteurs du plan de « connards » (bakayaro, en japonais).

Les services de renseignement américains avaient connaissance de l'appareillage du cuirassé et de son escorte et il fut repéré, à peine passé le détroit de Bungo entre la mer intérieure du Japon et le Pacifique, par deux sous-marins américains, l'USS Threadfin et l'USS Hackleback, qui signalèrent sa sortie et sa route, à défaut de pouvoir se placer en position favorable pour le torpiller. L'amiral américain Raymond Spruance, qui commande sur ce théâtre d'opérations, dépêche une force traditionnelle de 6 vieux cuirassés, commandée par le vice-amiral Morton Deyo, pour régler le compte du Yamato dans une bataille classique, une sorte de chant du cygne de l'ère des cuirassés. Toutefois l'amiral Marc Mitscher, à la tête de la Task Force 58 qui regroupe les porte-avions prévus pour l'attaque d'Okinawa, ne l'entend pas de cette oreille. Ses ordres lui laissant une certaine liberté d'action, il se rapproche de telle façon que le Yamato soit dans le rayon d'action de ses avions embarqués, lance pas moins de 440 avions à l'attaque et, ensuite seulement, demande et obtient l'accord de Spruance.

Pris en filature par deux hydravions Martin PBM Mariner que ses obus spéciaux San Shiki (anti-aériens à sous-munitions, tirés par les canons principaux) ne parviennent pas à abattre, dépourvu d'escorte aérienne, le Yamato est vulnérable aux attaques de bombardiers et d'avions torpilleurs, qui vont se succéder à partir de 12 h 30, ce .

La première vague d'appareils met plusieurs bombes au but, diminuant l'efficacité des canons antiaériens, ainsi que deux torpilles qui atteignent une chaufferie et réduisent la vitesse du navire à 24 nœuds. Juste avant 13 h, une seconde attaque coordonnée provoque des voies d'eau supplémentaires, une forte gîte qui oblige à contre-ballaster, rendant inutilisable l'artillerie principale et une nouvelle diminution de la vitesse du navire.

L'attaque la plus dévastatrice a lieu vers 13 h 40 : quatre bombes déciment les servants des canons de DCA, et quatre ou cinq impacts de torpilles qui inondent certaines chaufferies, coupent toute possibilité d'évacuation du personnel machines et inondent le compartiment du servomoteur de barre principale (la commande auxiliaire ayant été endommagée lors de la précédente attaque). Dès lors, le navire est condamné à tourner en rond (comme le Bismarck en 1941) à moins de 10 nœuds. La gîte s'accentue, les incendies sont incontrôlables et menacent les soutes à munitions. L'ordre d'évacuation est donné à 14 h 02.

Alors que le croiseur Yahagi vient d'être coulé à proximité, après avoir encaissé pas moins de 7 torpilles, le Yamato commence à chavirer, recevant le coup de grâce d'une quatrième vague d'avions dont les torpilles frappent sous la carène, tant la gîte est prononcée. Les soutes à munitions explosent au moment du chavirage, créant une colonne de fumée en forme de champignon de plus de 6 000 m de hauteur. L'explosion fut perçue jusque sur l'île de Kyūshū à 160 km de là.

Sur 3 332 hommes d'équipage, il n'y eut que 277 survivants qui furent rapatriés au Japon par un destroyer, l'amiral Seiichi Itō étant parmi les victimes.

Au moment de son naufrage, le navire avait encaissé pas moins de 11 torpilles et 6 bombes.

Découverte de l'épave

En raison des circonstances confuses et souvent des informations incomplètes concernant leur naufrage, seules quelques épaves de navires capitaux japonais ont été découvertes et identifiées[24]. En se basant sur des documents américains établis en temps de guerre, une expédition en mer de Chine du Sud en 1982 produisit des résultats, mais l'épave découverte n'a pas pu être clairement identifiée[25].

En 1983, des efforts ont été faits pour déterminer la localisation du Yamato grâce aux informations obtenues auprès de six des survivants du naufrage.

Elle a été localisée en 1984 à l'aide d'un sonar à 365 mètres de profondeur à la position 30° 22′ 00″ N, 128° 04′ 00″ E[26]. L'année suivante, les premières images des restes du Yamato ont été obtenues depuis son naufrage, permettant la confirmation de l'épave par l'un des concepteurs du cuirassé, Shigeru Makino. L'épave se compose de deux morceaux : la proue qui comprend les deux tiers du navire, et la poupe correspondant à la section arrière[25]. L'épave repose à 290 km au sud-ouest de Kyūshū et à 340 mètres de profondeur[25].

Dans les années 1990, une équipe de robots submersibles sponsorisée par la chaîne japonaise NHK a réussi à obtenir des images plus claires de l'épave ; en 1999 l'institut français de recherche pour l'exploitation de la mer, en association avec la chaîne de télévision japonaise TV Asahi, a réalisé un examen des restes de l'épave[27],[28].

Le , la chambre d'industrie et de commerce Kure a annoncé un plan pour sauver des restes du Yamato au moyen d'un budget estimé à des milliards de yens[26]. Le , un groupe d'avocats du Parti libéral démocrate japonais ont étudié la faisabilité de renflouer l'épave du fond marin et de récupérer les restes de membres d'équipage ensevelis dans le naufrage. Le groupe a déclaré qu'il envisageait de demander des fonds publics pour la recherche de la faisabilité technique de récupération du navire[29].

Importance culturelle

Des visiteurs du musée Yamato examinent la maquette du cuirassé en 2006.

Du temps de leur construction et jusqu'à présent, les cuirassés Yamato et Musashi ont une présence notable dans la culture japonaise, le Yamato en particulier. Avec leur achèvement, les cuirassés ont représenté l'épitomé de l'ingénierie navale japonaise. De plus ces deux bateaux, en raison de leur taille, vitesse, puissance de feu, ont visiblement incarné la détermination du Japon et son empressement à défendre ses intérêts contre les puissances occidentales, et particulièrement contre les États-Unis. Shigeru Fukudome, chef de la Section des Opérations de l'état-major de la marine impériale japonaise, a décrit les deux bateaux comme « les symboles du pouvoir naval qui a fourni aux officiers et aux hommes un sens profond de confiance dans leur marine »[30].

Dans les médias

Les apparitions dans la culture populaire décrivent la dernière mission du bateau comme un effort courageux, désintéressé, mais futile. Un effort symbolique des marins japonais pour participer à la défense de leur patrie. Une des raisons qui font que ce navire de guerre peut avoir une telle signification dans la culture japonaise est que le mot « Yamato » était souvent utilisé comme un nom poétique pour le Japon. Ainsi, la fin du cuirassé Yamato pourrait servir de métaphore relative à la fin de l'empire japonais[31],[32].

Le Yamato, et plus particulièrement l'histoire de son naufrage, est souvent apparu dans la culture populaire japonaise, comme dans l'anime Space Battleship Yamato et en 2005 dans le film Les Hommes du Yamato[33],[34]. Il y a également un autre film à propos du Yamato nommé Senkan Yamato (« Le cuirassé Yamato», produit par le studio Shin-Toho et réalisé par Yutaka Abe) dès 1953[35]. Ce film est basé sur le livre Senkan Yamato-no Saigo (戦艦大和ノ最期, « Les Derniers jours du cuirassé Yamato ») écrit par Mitsuru Yoshida, un survivant du naufrage du Yamato.

Le cuirassé apparaît au côté de son sister-ship dans les films d'animation Arpeggio of Blue Steel produit par Ark Performance ainsi que dans la série d'animation du même nom où ils constituent les navires amiraux de la flotte de la brume.

Le navire apparaît dans la saison 3 de la série Le Maître du Haut Château[36].

La construction du Yamato est le sujet central du film The Great War of Archimedes (2019).

Il est également question du Yamato dans le manga et film d'animation Un recoin de ce monde (Kono sekai no katasumi ni), relatant la vie quotidienne d'une jeune femme née à Hiroshima dans les années 1920 et installée maritalement dans le port militaire de Kure pendant la seconde guerre mondiale. Dans cette fiction, l'ami d'enfance de Suzu, Tetsu Mizuhara, devient marin à bord du Yamato. Lorsque la jeune femme apprend le naufrage du navire, elle comprend que son ami est décédé bien que l'information reste implicite.

L'épave du Yamato dans le tome 14 de la série Yoko Tsuno de Roger Leloup publié en 1978. Il sert de fondation à la base sous-marine à l'antagoniste Ito Kazuki. La question des pilotes kamikazes et de l'arme atomique est également au centre de livre ainsi que son impact sur la société japonaise post-2nde guerre mondiale dont le Yamato est, selon Ito Kazuki, le symbole de l'effondrement.

Musée et mémoriaux

Maquette du Yamato dans le musée Yamato.

En 2005, le musée Yamato a été inauguré comme étant « un hommage aux compétences et à la science des ouvriers qui ont créé des merveilles telles que le Yamato »[37]. La principale attraction du musée est une maquette gigantesque du Yamato, à l'échelle 1/10 e, elle mesure près de 30 m de long, soit la taille d'un chalutier industriel.

Deux mémoriaux existent, l'un dédié à toute la classe Yamato et l'autre exclusivement au Yamato. Le premier d'entre eux se trouve à Kure, comme une partie du musée et imite le pont et le mât du cuirassé Yamato, au-dessus duquel se trouvent des projectiles utilisés tant par le Yamato que par le Nagato. Le deuxième mémorial se trouve dans le sud-est de l'île de Tokuno-shima. Construit en 1968, en forme de tour, il est dédié à l'ensemble des hommes qui sont morts à bord des navires de la flotte combinée[38].

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Notes

  1. Les auteurs Garzke et Dulin indiquent la date d' tandis que l'auteur Whitley note la date de .

Références

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Bibliographie

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