Musique kurde

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La musique kurde (Muzîk û strana kurdî) est la musique du peuple kurde, actuellement disséminé sur quatre États. Malgré l'inexistence d'un État indépendant, ce peuple a su préserver une musique spécifique, avec ses variétés régionales. En raison notamment de l'absence d'unité linguistique, religieuse et politique du peuple kurde, mais aussi de l'éloignement géographique (régions montagneuses), ainsi que du rôle important des tribus, la musique kurde est caractérisée par une grande diversité.

Histoire[modifier | modifier le code]

La musique kurde traditionnelle n'est pas le fruit d'académies, mais l'héritage de trois types de « troubadours » : conteurs (çîrokbêj), ménestrels (stranbêj) et bardes (dengbêj). Quant aux chants, ils interviennent souvent dans des contextes festifs selon qu'il s'agit de musique « de jour » ou « de nuit » et ils sont de nature :

  • épique ; le lawk ou lo delal est la forme ancienne du chant a cappella ou accompagné au tambur, au kamânche ou au daf. Il se joue sur les maqâmat kurdes (bayan ou hijaz) et est répandu dans le nord.
  • martiale, passionnelle ; l'hayran désigne une ancienne forme de chant de veillée de barde (plus simple que le lawk) répandu au sud. Il est accompagné au oud, saz, santûr ou zarb.
  • religieuse (lawje).

Il subsiste de manière très restreinte, une musique savante, d'une part comme maqâm (kord) de la musique arabe et turque, d'autre part comme suite de modes mystiques spécifiques et chromatiques différents de la musique iranienne,

Parmi les instruments de musique kurdes, il y a le tembûr (saz et tambur), le biziq (buzuq), le oud, le qernête (balaban), le bilûr (kaval), la cûzele (duzala), la zirne (zurna), le kamânche, le santûr, le cembush (çümbüş), le daf, le dimbak (tombak) et le dohol.

Comme bon nombre de leurs voisins, les Kurdes possèdent un patrimoine musical folklorique axé sur la paire hautbois (zurna) - tambour (dohol). Ceux-ci accompagnent les danses populaires dabkas, où les hommes se mettent en cercle ou demi-cercle, lors des festivités de mariages notamment.

La première anthologie de la musique kurde a été publiée en 1986 sous la forme de 8 cassettes par Yekta Uzunoglu a Bonn.[réf. nécessaire]

En Turquie[modifier | modifier le code]

Parler ou chanter en kurde a longtemps été interdit en Turquie. Pourtant certains artistes ont réussi à dépasser les interdits, au risque d'aller en prison ou en exil. Ainsi Mihemed Arif Cizrawî (1912 - 1986), Hesen Cizrawî, Şeroyê Biro, 'Evdalê Zeynikê, Si'îd Axayê Cizîrî, Miryem Xanê et Eyşe Şan, sont des musiciens reconnus[réf. nécessaire]. Le principal acteur qui a su enlever l'interdiction des albums kurdes en Turquie dans les années 1990 a été Hasret Gültekin.

Né en Turquie, Şivan Perwer, est actuellement le musicien kurde le plus renommé. Nizamettin Ariç (en) ou « Feqiyê Teyra », y vit aussi après avoir été emprisonné et exilé.

D'autres musiciens sont : Kazo, Hozan Diyar, Rashid Moussa, Ibrahim Tatlises, Ali Baran, Birader et Beytocan. Parmi les groupes : Koma Amed, Koma Denge Azadi, Çar Newa et Agire Jiyan.


En Iran[modifier | modifier le code]

En Iran, la situation du peuple kurde est plus simple puisqu'il n'y a pas d'interdit ethnique, mais simplement politique ou religieux, comme pour le reste des artistes iraniens.

Ici la musique kurde est très développée et a des implications religieuses. De nombreuses traditions kurdes, telles que les Yarsanî, les Ahl-è Haqq ou les Qaderis possèdent une musique savante spécifique, basée sur un système modal à 72 maqâms, dont Ostad Elahi fut un maître. Son fils, Chahrokh Elahi[1], ainsi que le virtuose kurde Ali Akbar Moradi[2],[3] , tentent également de sauvegarder cette musique en enregistrant une partie de ce patrimoine. Et notamment, les pièces musicales des Kurdes Yarsan vivant dans les chaînes de montagnes reculées d'Iran, avant que leurs voix et mélodies, ne se perdent avec le temps, comme disparurent es mélodies et poésies de Barbad.

Les modes principaux en sont : Abedini, Sheykh Amiri, Sahari, Saru Khwâni, Tarz, Jelo Shahi, Baba Nâ'usi, Chapi, Bâbâ Jalili, Bâbâ Faqi, Khâmushi, Hejrani...

Parmi les artistes fameux, on retiendra Hasan Zirak (1921 - 1972), Muhammad Mamlê (1925 - 1998), Abbas Kamandi, Aziz Shahrokh, Hesen Derzi, Shehên Talabani, Sey Heme Sefayi, Usman Hewrami, Mazhar Xaliqi et Khalid Rashid.

Le groupe de la famille Kamkar est aussi mondialement connu à présent.

Enfin, d'autres ont été plus ou moins inclus dans la musique iranienne tels Said Ali Asghar Kordestani (1882 - 1936), Shahram Nazeri, Kayhan Kalhor, Mohammad Jalil Andalibi, Mojtaba Mirzadeh et Jamshid Andalibi.

En Irak[modifier | modifier le code]

La situation fut similaire en Irak avant l'ère de Saddam Hussein, qui a peu à peu interdit la culture kurde comme en Turquie, allant jusqu'à exécuter certains musiciens tel Erdewan Zaxolî.

La musique ici est influencée tant par la musique iranienne (santûr et tombak) que la musique arabe (oud).

Parmi les artistes reconnus, on citera Tehsîn Taha, Ali Merdan (1904 - 1981), Anwer Karadaghi, Karim Kaban, Eyaz Yûsif, 'Îsa Berwarî, Kawîs Axa, Shamal Sayib, Dilşad, Tania Arab et l'ensemble Zalm.

En Syrie[modifier | modifier le code]

Gerabêtê Xaço fut un stranbêj connu ainsi que Muradê Kinê (Miradko) (aussi joueur de kamânche). Se'îd Yûsif (joueur de buzuq) était un virtuose des maqâms. D'autres musiciens peuvent encore être cités : Mihemed Şexo, Nizar, Nuhat, Adnan babê Hêço, Aram Tîgran, Mehmûd Ezîz et Mihemed Elî Şakir, Faris Bavê Fîras, Bangîn (Hikmet Cemîl), Miço Kendes (Miço Kendeş), Ehmedê Çep et Ciwan Haco.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Extrait vidéo de Chahrokh Elahi, interprétant Saru Khani
  2. Extrait Vidéo d'Ali Akbar Moradi
  3. [1] Les maqam rituels des Yarsan par Ali Akbar Moradi, un coffret de 4 CD INEDIT/Maison des Cultures du Monde, Paris, 2002]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean During, Musique et mystique dans les traditions de l'Iran, Paris, Institut français de recherche en Iran, 1989.

Liens externes[modifier | modifier le code]