Michel De Bay

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Michel De Bay
Image illustrative de l’article Michel De Bay
Michaël Baius
Biographie
Nom de naissance Michel De Bay
Naissance
Meslin-l'Évêque,
Comté de Hainaut,
Pays-Bas bourguignons
Ordination sacerdotale avant 1541
Décès
Louvain
Autres fonctions
Fonction religieuse
Prêtre inquisiteur
Fonction laïque
Théologien,

Michel De Bay (au nom latinisé en Michaël Baius), né à Meslin-l'Évêque (aujourd'hui en Belgique) en 1513 et décédé le à Louvain, est un humaniste et théologien de l'Université de Louvain, souvent considéré comme un précurseur du Jansénisme.

Famille[modifier | modifier le code]

Né en 1513 à Meslin-l'Évêque (Ath) dans le Comté de Hainaut (Pays-Bas bourguignons), Michel De Bay est le troisième des sept enfants de Jean De Bay[1], né vers 1470 à Chièvres, censier à Bauffe et ensuite à Lombise, et d'Andrinette Nève[1], également native de Chièvres, fille de Martin et de Marie Deramaix, censiers en ladite ville. Celle-ci avait un frère, sire Pierre Nève, vicaire à Chièvres.

Son frère Pierre, décédé à Chièvres le , fut curé à Brugelette, doyen à Chièvres et, en dernier, chanoine à la collégiale Saint-Vincent de Soignies. Sa sœur Josine, décédée le , fut religieuse supérieure des sœurs grises à Chièvres. Son neveu, Jacques De Bay, fut professeur de théologie à l'Université de Louvain.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

De Bay (Baius) étudie la philosophie à l'université de Louvain. En 1541, après avoir terminé sa théologie et avoir été ordonné prêtre, il est nommé directeur du collège Standonk, à Louvain. Docteur en philosophie en 1544, il conserve cette chaire jusqu'en 1550. Il est nommé recteur du collège Adrien VI, toujours à Louvain, et devient le substitut de Jan Hessels (Jean Leonardi Hasselius), professeur d'Écriture sainte envoyé au concile de Trente.

De Bay commence à développer de nouvelles idées sur la prédestination et la doctrine du Salut avec Jean Hessels (1522-1566) et Josse Ravesteyn (Tiletanus) (1506-1570), professeur de théologie dans la même université et également participant au concile de la réforme catholique. Lorsque les deux titulaires de chaires reviennent du concile de Trente en 1552, ils se rendent compte des idées peu orthodoxes de leurs substituts et demandent donc la condamnation de dix-huit propositions de De Bay et de Hessels de la part de l'université parisienne de la Sorbonne.

En 1560, il est nommé ministre ecclésiastique, c'est-à-dire inquisiteur[2]. Toutefois, malgré la censure officielle, les deux théologiens dissidents sont choisis en 1561 pour représenter l'université de Louvain au concile de Trente. Baius n'est pas isolé dans le corps professoral de Louvain : la crise du Baïanisme touche toute l'université[3]

Après des polémiques et des discussions, ils y sont envoyés en 1563 officiellement comme théologiens du roi Philippe II d'Espagne (1556-1598). Le pape Pie V signe en la bulle Ex omnibus afflictionibus, condamnant les propositions de Baius, sans toutefois mentionner son nom. Il condamne soixante-seize propositions tirées de ses ouvrages. La bulle est lue le dans toutes les facultés universitaires de Louvain, en présence de Michel De Bay et des professeurs et étudiants. Il leur est imposé un serment d'obéissance à la bulle[4]. Le théologien scolastique Robert Bellarmin, qui vient d'arriver à Louvain, y donne sa première leçon publique le . Avec le franciscain Godefroid de Liège, il deviendra le principal opposant de Baius.

Contraint finalement par le pape Pie V à rétracter ses propositions, De Bay est en 1570 promu recteur de l'université de Louvain et doyen de la collégiale Saint-Pierre à Louvain. La condamnation sera réitérée en par une bulle de Grégoire XIII[5].

Ses œuvres ont été imprimées à Cologne en 1696.

Le Baïanisme[modifier | modifier le code]

De Bay est influencé par la pensée de quelques théologiens dominicains de l'époque, en réaction à la Réforme protestante. Il se base sur une relecture attentive et directe des Saintes Écritures et des Pères de l'Église, comme saint Cyprien, saint Ambroise et surtout saint Augustin.

D'autre part, sa doctrine est une réaction à la stricte application des concepts exprimés dans le Concile de Trente (1545-1563), préconisée par les jésuites : extériorisation du culte, réception des sacrements, adhésion à l'enseignement de l'Église et du pape. Les jésuites, en particulier, accordent alors une grande importance à la liberté et conscience personnelle dans le traitement des « cas de conscience » de théologie morale, faisant facilement état de circonstances atténuantes.

Les points fondamentaux du Baïanisme[modifier | modifier le code]

  • Dans l'état de l'homme avant le péché originel, l'innocence n'est pas un don surnaturel de Dieu, mais un complément de la nature humaine. Cet état inclut la prédestination au paradis, l'absence de souffrance et de mort, l'ignorance. Selon De Bay, depuis le péché originel, toutes les actions des hommes faites sans la grâce sont des péchés.
  • Le péché originel n'est pas simplement une privation de la grâce, mais un état de péché transmis de manière héréditaire même aux enfants innocents. Malgré le libre arbitre, l'homme, sans la grâce divine, n'est capable de rien d'autre que de pécher. De Bay nie entre autres que la Vierge Marie soit née sans le péché originel (le dogme de l'Immaculée conception).
  • Le don de l'innocence primitive est restauré par Dieu et le Christ médiateur : les repentirs et la grâce en effet nous permettent de récupérer ces valeurs, grâce à la Charité.

Souvenir[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Dès avant l'an 1500, au terroir de Bauffe-lez-Chièvres vivaient en l'antique cense de la Hée, dite de la Tourette, les conjoints Jean De Bay et Andrinette Nève, braves et honnêtes laboureurs, tous deux originaires de Chièvres (province de Hainaut). Jean De Bay était fils unique de Pierre, censier à Chièvres, petit-fils de Nicolas, arrière petit-fils de Jacques, censier au hameau de Ponceau à Arbre, où la famille conserva des fiefs jusqu'au XVIIIe siècle, ce dernier fils de Jan ; tous censiers en la terre de Chièvres (source : Dr Mahy, Annales du Cercle archéologique d'Ath, tome XX, 1937.)
  2. Juan Antonio Llorente, Histoire critique de l'Inquisition d'Espagne ... jusqu'au règne de Ferdinand VII, (lire en ligne), En 1555 Jules III autorisa les subdélégués du doyen et du chanoine Paul IV en fit autant en 1560 à l'égard du préposé de Valcanet et du docteur théologien de Louvain Michel Bayo Tous ces hommes prenaient le titre de ministres ecclésiastiques depuis l'année 1550 où Charles V leur avait défendu de s'appeler désormais inquisiteurs à cause de l'odieux que ce nom présentait au peuple L'Inquisition de Flandre
  3. James Brodrick, Robert Bellarmine, Saint and Scholar, Westminster (USA), Newman Press, 1961, p. 27.
  4. James Brodrick, Robert Bellarmine, Saint and Scholar, Westminster (USA), Newman Press, 1961, p. 28.
  5. Denis Richet, De la Réforme à la Révolution, Aubier, 1991, p. 101.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (es) J. Alfaro, « Sobrenatural y pecado original en Bayo », dans Revista española de Teología, 12 (1952), p. 3-75 ;
  • J.B. Duchesne, Histoire du baïanisme ou de l'hérésie de Michel Baïus, avec notes et pièces justificatives, Douai, 1721 ;
  • (it) G. Galotea, Bellarmino contro Baio a Lovanio, Rome, 1966 ;
  • (it) V. Grossi, Baio e Bellarmino interpreti di S. Agostino nelle questioni del soprannaturale, Rome, 1968 ;
  • (de) A. Kaiser, Natur und Gnade im Urstand. Eine Untersuchung der Kontroverse zwischen Michael Bajus une Johanne Martínez de Ripalda, Munich, 1965 ;
  • Fr.-X. Le Bachelet, « Baïus, Michel », dans Dictionnaire de théologie catholique, vol. 2, Paris, 1905, coll. 38-111 ;
  • Henri de Lubac, Surnaturel. Études historiques, Paris, Aubier, 1946 (en particulier, le chapitre 1) ;
  • (es) M. Roca, « El problema de los orígines y evolución del pensamiento teológico de Miguel Bayo », dans Anthologica Annua, 5 (1957), p. 417-492 ;
  • (en) E. A. Ryan, The Historical Scholarship of Saint Robert Bellarmine, New York, Fordham University Press, 1936, p. 38-60 (sur la dispute entre Bellarmin et Baius) ;
  • (en) M.W.F. Stone, « Michel Baius (1513-89) and the Debate on "Pure Nature" : Grace and Moral Agency in Sixteenth-Century Scholasticism », dans Jill Kraye et Risto Saarinen (dir.), Moral Philosophy on the Threshold of Modernity, Dordrecht, Kluwer, 2005, p. 51-90 ;
  • Edmond van Eijl, « L'interprétation de la bulle de Pie V portant condamnation de Baius », dans Revue d'histoire ecclésiastique, 50 (1955), p. 489-542 ;
  • A. Vanneste, « Nature et grâce dans la théologie de Baius », dans Facultas S. Theologiae Lovaniensis 1432-1797. Bijdragen tot haar geschiedenis, Louvain, E. van Eijl, 1977, p. 327-350 ;
  • A. Vanneste, « Le De prima hominis justitia de M. Baius. Une relecture critique », dans L'Augustinisme à l'ancienne faculté de Théologie de Louvain, Louvain, M. Lamberigts, 1994, p. 123-166.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]