Théologie morale catholique

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La théologie morale est l'expression par laquelle l'Église catholique romaine désigne ses conceptions morales.

On peut reconnaître l'orientation globale de cette conception par une réflexion reposant sur plusieurs « axiomes » :

  • le refus de considérer une personne comme un objet ou un moyen,
  • la reconnaissance du caractère sacré de toute vie.

Classification[modifier | modifier le code]

Dans la théologie catholique, les cursus de formation théologique comprennent des cours de morale fondamentale[1], et des cours de morale sectorielle[2].

La morale sectorielle est elle-même répartie entre deux matières :

Morale fondamentale[modifier | modifier le code]

Des travaux de sociologues, en particulier de Marcel Gauchet[4], ont depuis longtemps repéré les caractéristiques de la modernité occidentale : individualisme, pluralisme culturel, religieux, pluralisme éthique touchant les valeurs, les normes et les systèmes de légitimation, pluralisme religieux et en même temps sécularisation, relativisme, désinstitutionnalisation du religieux. Lors du IIe concile œcuménique du Vatican les Pères conciliaires ont repéré ces traits majeurs de la modernité, mais ils les ont situés par rapport à des formes institutionnelles historiques stables des années 1960 : l'institution ecclésiale elle-même et les grandes structures normatives de l'humanisme occidental, au plan familial, social et politique[5].

La théologie morale fondamentale s'intéresse aux fondements de la morale, et notamment à la notion de péché. Elle distingue les péchés selon leur gravité (mortels ou véniels). Saint Thomas d'Aquin identifie sept péchés capitaux qui entraînent tous les autres.

Jean-Charles Nault prône pour une reprise en compte de l'acédie (péché capital) dans la morale actuelle[6].

Principe de gradualité[modifier | modifier le code]

D'une manière générale, l'Église s'adresse à tous les fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté[7], et entend leur proposer une morale fondée sur le bien. Selon l'éthique catholique, le bien est toujours possible et le mal toujours évitable[8]. L'Église encourage donc les personnes auxquelles elle s'adresse à toujours choisir le bien et à rejeter le mal.

Elle reconnaît cependant la difficulté à accomplir le bien, puisque tous les hommes sont pécheurs. Jean-Paul II, en énonçant la loi de gradualité, a considéré qu'il fallait tenir compte de cette réalité sur le plan pastoral sans céder pour autant sur les principes moraux. Ainsi, l'Église maintient des principes moraux exigeants, parce qu'elle les considère comme correspondant au véritable bien, tout en admettant que la réalisation de ce bien puisse passer par des étapes successives dans le cheminement de la personne. Dans ce cas, la situation de la personne s'apprécie par rapport à son désir de progresser vers le bien: « ne pas considérer la loi comme un simple idéal à atteindre dans le futur, mais [...] comme un commandement du Christ Seigneur [lui] enjoignant de surmonter sérieusement les obstacles. »[9]

Autrement dit, le comportement de la personne est acceptable au plan pastoral dans la mesure où elle a un désir sincère de progresser, sans pour autant que ce comportement puisse être qualifié de moralement bon puisqu'il n'est pas parfait.

Morale individuelle[modifier | modifier le code]

Sexualité[modifier | modifier le code]

Pour l'Église catholique, la sexualité et le plaisir sexuel sont des aspects de l'amour conjugal, un moyen de parfaire l'union corporelle et spirituelle entre homme et femme. Pour respecter le plan divin et la dignité humaine, la sexualité doit être un don total dans le cadre indissoluble du mariage (que le mariage soit sacramentel (entre deux baptisés), ou qu'il soit naturel (un seul baptisé)), et doit notamment rester ouverte à la procréation[10].

Morale sociale[modifier | modifier le code]

Environnement[modifier | modifier le code]

La pollution de l'environnement a été citée le par Mgr Gianfranco Girotti (en), régent de la Pénitencerie apostolique, comme l'une des « nouvelles formes de péchés sociaux ».

Dans son message pour la journée mondiale de la paix du , constatant que l'application de certaines découvertes dans le cadre industriel et agricole produit, à long terme, des effets négatifs, le pape Jean-Paul II affirme que la crise écologique est un problème moral. Il pointe « l'application sans discernement des progrès scientifiques et technologiques. »[11].

Dans l'encyclique Laudato si' « sur la sauvegarde de la maison commune » (), le pape François reprend les injonctions morales de ses prédécesseurs Paul VI, Benoît XVI et Jean-Paul II au sujet de la préservation de l'environnement et ajoute : « L’écologie humaine implique aussi quelque chose de très profond : la relation de la vie de l’être humain avec la loi morale inscrite dans sa propre nature, relation nécessaire pour pouvoir créer un environnement plus digne. »[12].

Reproduction[modifier | modifier le code]

Bioéthique[modifier | modifier le code]

C'est une partie de l'éthique qui est apparue, en tant que « champ » ou « discipline »[13] nouvelle, dans le courant des années 1960 et des interrogations au sujet du développement de la biomédecine et des technosciences[14]. Il y a maintenant des programmes universitaires spécialisés en bioéthique partout dans le monde, principalement aux États-Unis[15],[16] et dans les pays anglophones (voir programmes de maîtrise (en) et de doctorat (en)), mais aussi dans la francophonie et les pays latins.

Doctrine sociale[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Théologie morale et questions anthropologiques.
  2. Voir Site Theologia.fr, Christian Pian
  3. « La morale est-elle nécessaire à la vie des hommes en société ? ».
  4. Voir l'ouvrage : Le religieux et le politique: Suivi de Douze réponses de Marcel Gauchet.
  5. La théologie morale après Vatican II.
  6. La saveur de Dieu, l'acédie dans le dynamisme de l'agir, conclusion générale, pages 456-466
  7. Concile Vatican II, Gaudium et spes §32
  8. Olivier Bonnewijn, Éthique sexuelle et familiale, éditions de l'Emmanuel, p. 226. Voir aussi Jean-Paul II, Veritatis splendor §52.
  9. Jean-Paul II, Familaris consortio §34.
  10. Catéchisme de l'Église catholique §2366
  11. Jean-Paul II, Message de sa sainteté Jean-Paul II pour la célébration de la journée mondiale de la paix - 1er janvier 1990 - La paix avec Dieu créateur, la paix avec toute la création, lire en ligne
  12. Lettre encyclique du saint Père François sur la sauvegarde de la maison commune, § 155
  13. (en) Lisa M. Lee et Frances A. McCarty, « Emergence of a Discipline?Growth in U.S. Postsecondary Bioethics Degrees », Hastings Center Report, vol. 46, no 2,‎ , p. 19–21 (ISSN 0093-0334, DOI 10.1002/hast.543, lire en ligne, consulté le ).
  14. Marie-Hélène Parizeau, « Bioéthique », in Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale (dir. Monique Canto-Sperber), PUF, 1996 (Quadrige, 2004), p. 184-190
  15. (en-US) « Academic Degree & Certificate Programs | Bioethics.com », Bioethics.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. (en-US) « Graduate Programs, The Hastings Center », sur The Hastings Center (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Michel Henry, Phénoménologie de la vie : Tome 4, Sur l'éthique et la religion, Presses universitaires de France - PUF, coll. « Epiméthée », , 248 p. (ISBN 978-2-13-054058-8)
  • Jean-Pascal Perrenx, Théologie morale fondamentale, vol. 1 : Introduction à la théologie morale ; La béatitude, Paris, P. Téqui, coll. « Croire et savoir » (no 48), , 252 p. (ISBN 978-2-7403-1369-5, BNF 41186443)
    • Théologie morale fondamentale, vol. 2 : Les actes humains, Paris, P. Téqui, coll. « Croire et savoir » (no 49), , 671 p. (ISBN 978-2-7403-1370-1, BNF 41266220)
    • Théologie morale fondamentale, vol. 3 : La conscience, Paris, P. Téqui, coll. « Croire et savoir » (no 50), , 287 p. (ISBN 978-2-7403-1417-3, BNF 41263468)
    • Théologie morale fondamentale, vol. 4 : Les habitus, les vertus et les dons du Saint-Esprit, Paris, P. Téqui, coll. « Croire et savoir » (no 51), , 324 p. (ISBN 978-2-7403-1425-8, BNF 41295360)
    • Théologie morale fondamentale, vol. 5 : Les vices et les péchés, Paris, P. Téqui, coll. « Croire et savoir » (no 52), , 408 p. (ISBN 978-2-7403-1426-5)
    • Théologie morale fondamentale, vol. 6 : La loi morale, pédagogie de Dieu ; La vie surnaturelle et la grâce ; Conclusion : le chrétien, un autre Christ, Paris, P. Téqui, coll. « Croire et savoir » (no 53), , 298 p. (ISBN 978-2-7403-1432-6, BNF 41422584)
  • Olivier Bobineau et Marcel Gauchet, Le religieux et le politique : Suivi de Douze réponses de Marcel Gauchet, Paris, Desclée De Brouwer, coll. « Religion et Politique », , 136 p. (ISBN 978-2-220-06188-7)
  • Michel Labourdette et Thierry-Dominique Humbrecht, "Grand cours" de théologie morale : Tome 8, La foi, Les Plans-sur-Bex (Suisse)/Paris, Parole et Silence Editions, coll. « Bibliothèque de la revue thomiste », , 476 p. (ISBN 978-2-88918-347-0)
  • Jean-Louis Bruguès, Précis de théologie morale générale, Les Plans-sur-Bex (Suisse)/Paris, Parole et Silence Editions, coll. « Collège des Bernardins », , 584 p. (ISBN 978-2-88918-909-0)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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