Langues officielles de l'Inde
Le présent article liste les langues ayant un statut officiel en Inde[1] :
Langues officielles de l’Union indienne
En 1950, l’article 343 de la Constitution de l'Inde, déclare que l’hindi écrit en devanagari est la langue officielle de l’Union[2]. Sauf si le Parlement en décide autrement, l’utilisation de l’anglais pour des usages officiels doit cesser 15 ans après l’entrée en vigueur de la Constitution, donc le 26 janvier 1965[2].
La perspective du changement alarme les habitants non hindiphones en particulier les locuteurs des langues dravidiennes dont les langues n’ont aucun lien avec l’hindi. C’est pourquoi le Parlement indien a promulgué la Loi de 1963 sur les langues officielles[3],[4] qui autorise l’usage de l’anglais dans des contextes officiels à côté de l’hindi après 1965.
En fin 1964, on proposera de mettre fin à l’usage officiel de l’anglais mais cette tentative rencontrera des protestations d’états comme le Tamil Nadu, le Bengale-Occidental, le Karnataka, Pondichéry et l’Andhra Pradesh. Certaines protestations seront violentes[5]. En conséquence la proposition sera retirée[6],[7] et en 1967 l’acte est amendé assurant que l’usage de l’anglais ne prendrait pas fin avant qu’une résolution à cet effet ne soit votée par chaque état n’ayant pas adopté l’hindi comme langue officielle, et par chacune des chambres du Parlement indien[8].
La position actuelle est que le Gouvernement de l’Union continue à utiliser l’anglais en plus de l’hindi pour ses besoins officiels[8], comme langue officielle secondaire[9], tout en demandant de mettre en place et de réaliser un programme tendant à augmenter progressivement l’usage de l’hindi.
La politique donnant comme le statut de seule langue officielle principale de l’Union à l’Hindi au sein du gouvernement fédéral, à côté de l'anglais langue seconde de travail et de communication entre les bureaux centraux s’applique à la totalité de l’Union (à l’exception notable de l’État du Tamil Nadu où les bureaux centraux du gouvernement sont autorisés à utiliser la langue officielle de cet État, y compris dans leurs communications avec le gouvernement central, qui a la charge de produire des traductions en hindi ou dans la langue officielle de cet État). Les autres bureaux centraux dans le reste de l’Union doivent utiliser l’hindi ou l’anglais et le pays est divisé en 3 zones A; B et C où :
- les bureaux présents dans la région A (incluant le gouvernement de l’Union) ne peuvent communiquer entre eux qu’en hindi et ne sont pas soumis à l’obligation de produire une traduction en anglais
- les bureaux présents dans la région B peuvent communiquer entre eux ou avec ceux de la région A qu’en hindi ou en anglais, à charge pour les bureaux de la région A de produire la traduction en hindi si la communication est faite avec un bureau de la région B.
- les bureaux présents dans la région C peuvent communiquer entre eux en hindi ou en anglais mais ne sont pas tenus de produire une traduction en hindi ou en anglais qui sera produite par les bureaux des régions A et B avec qui communiquent les bureaux de la région C.
- Dans chaque État ou Territoire de l’Union, le gouvernement local détermine ses langues officielles (qui peuvent n’être ni l’anglais ni l’hindi, même dans la région A) et les éventuelles autres langues de travail reconnues localement pour les communications avec leurs districts ou conservée par la politique culturelle locale. La maîtrise suffisante de l’hindi est de plus en plus demandée dans tous les États et Territoires (sauf le Tamil Nadu) pour le personnel administratif devant travailler localement avec le gouvernement ou les institutions fédérales de l’Union, le but étant de graduellement évoluer vers un usage accru de l’hindi tout en préservant les besoins des populations locales.
Langues officielles des États et Territoires de l’Union
Annexe 8 de la Constitution
L’annexe 8 de la Constitution indienne liste 22 langues planifiées. À l’époque où la Constitution est programmée, l’appartenance à cette liste signifie que la langue a droit d’être représentée à la Commission des langues officielles de l’Inde[28] et que cette langue est l’une des bases pouvant servir à enrichir l’hindi[29].
Depuis cette liste a pris une importance nouvelle. Le Gouvernement de l’Union est maintenant dans l’obligation de prendre des mesures pour le développement de ces langues afin qu’elles s’enrichissent rapidement et deviennent des moyens efficaces de communiquer des connaissances modernes[30]. En plus, un candidat à un examen à un niveau supérieur dans un service public a droit d’utiliser toute langue de cette liste pour répondre.
Cette liste exclut les langues européennes issues de l’ancienne colonisation (anglais, français et portugais), alors qu’elles sont encore officielles soit au plan national soit dans les États ou Territoires (qui peuvent aussi seulement les reconnaître pour leurs minorités sans les officialiser), mais ces langues ne sont pas en danger et participent à des programmes internationaux de coopération culturelle et restent importantes pour la communication internationale de l’Inde. La liste inclut cependant deux langues pratiquées aujourd’hui par des minorités très faibles et qui n’ont pas de statut officiel aussi bien au plan national que régional ou local, mais qui sont étymologiquement et culturellement importantes pour l’hindi (ces deux langues, le sindhi et le sanskrit, sont indo-aryennes comme l’hindi). D’autres langues minoritaires ne font l’objet que de protection que par la politique culturelle régionale ou locale, sans protection organisée au niveau national. Certaines langues indiennes ne disposent d'aucun statut officiel. Certaines de ces langues non reconnu sont parlées par plus de cinq millions de locuteurs, comme le Bhili et le gondî.
Le tableau suivant liste les langues de l’annexe 8 (en mai 2007, triée ici par nombre de locuteurs dans chaque groupe) :
Groupe | Langue | Nombre de locuteurs (en millions, en 2001) |
États, territoires ou régions |
---|---|---|---|
indo-aryen | hindi | 258 – 422 | États du Bihar, du Chhattisgarh, de l’Haryana, de l’Himachal Pradesh, du Jharkhand, du Madhya Pradesh, du Rajasthan, de l’Uttar Pradesh et de l’Uttarakhand. Territoires des Îles Andaman-et-Nicobar, de Chandigarh et de la capitale nationale Delhi. |
bengali | 83 | États de l’Assam, du Bengale-Occidental et du Tripura. Territoire des Îles Andaman-et-Nicobar. | |
marathi | 72 | États de l’Maharashtra, de Goa et du Madhya Pradesh. Territoires de Dadra-et-Nagar-Haveli et de Daman-et-Diu. | |
ourdou | 52 | États de l’Andhra Pradesh, du Bihar, de Jammu-et-Cachemire et de l’Uttar Pradesh. Territoire de la capitale nationale Delhi. | |
gujarati | 46 | État du Gujarat. Territoires de Dadra-et-Nagar-Haveli et de Daman-et-Diu. | |
oriya[22] | 33 | État de l’Odisha[21]. | |
pendjabi | 29 | États de l’Haryana et du Pendjab. Territoires de Chandigarh et de la capitale nationale Delhi. | |
maïthili | 12 – 32 | État du Bihar. | |
assamais | 13 | États de l’Assam et de l’Arunachal Pradesh. | |
cachemiri | 5,5 | État de Jammu-et-Cachemire. | |
konkani | 2,5 – 7,6 | État de Goa, de Karnataka, du Kerala et du Maharashtra. | |
népalais | 2,9 | État du Bengale-Occidental et du Sikkim. | |
sindhi | 2,5 | (langue culturelle non régionale) | |
dogri | 2,3 | État de Jammu-et-Cachemire. | |
sanskrit | 0,01 | (langue culturelle non régionale) | |
dravidien | télougou | 74 | État de l’Andhra Pradesh. Territoires des Îles Andaman-et-Nicobar et de Pondichéry. |
tamoul | 61 | État du Tamil Nadu. Territoires des Îles Andaman-et-Nicobar et de Pondichéry. | |
kannada | 38 | État du Karnataka. | |
malayalam | 33 | État du Kerala. Territoires du Lakshadweep et de Pondichéry. | |
austroasiatique (munda) | santali | 6,5 | Districts santals du Chota Nâgpur (États du Bihar; du Chhattisgarh, du Jharkhand et de l’Odisha[21]). |
tibéto-birman | manipuri (et meitei) | 1,5 | État du Manipur. |
bodo | 1,4 | État de l’Assam. |
Références
- « La politique linguistique de l’Union », Université Laval (consulté le )
- (en) « PART XVII, OFFICIAL LANGUAGE, CHAPTER I.- LANGUAGE OF THE UNION 343(1) », Constitution.org (consulté le )
- (en) « Language in India », M. S. Thirumalai (consulté le )
- (en) « Compliance of Section 3(3) of the Official Languages Act, 1963 », Committee of Parliament on Official Language report (consulté le )
- (en) Robert L. Hardgrave, The Riots in Tamilnad: Problems and Prospects of India’s Language Crisis, Asian Survey (University of California Press),
- (en) « The force of words », Time magazine, (consulté le )
- (en) Duncan B. Forrester, The Madras Anti-Hindi Agitation, 1965: Political Protest and its Effects on Language Policy in India, p. 19–36, vol. 39, 1/2, Pacific Affairs, printemps—été 1966 (DOI 10.2307/2755179)
- (en) « Official Languages Act, 1963 (as amended 1967), (Act No. 19 of 1963) », Department of official language (consulté le )
- (en) « Notification No. 2/8/60-O.L. », Ministry of Home Affairs, (consulté le )
- (en) « The Official languages (Use for official purpose of the Union). Rules, 1976 (as amended, 1987, 2007, 2011) », Department of Official Language (gouvernement de l’Inde)
- Hyderabad, située depuis juin 2014 dans l’État du Télangana séparé de celui de l’Andhra Pradesh, devrait rester la capitale de l’Andhra Pradesh au moins jusqu’en 2024.
- (en) « Report of the Commissioner for linguistic minorities: 47th report (July 2008 to June 2010) », Commissioner for Linguistic Minorities, Ministry of Minority Affairs, Government of India (consulté le ), p. 122–126
- (en) « Language in Assam », MapsOfIndia.com
- (en) « The Chhattisgarh Official Language (Amendment) Act, 2007 », Government of India (consulté le )
- Chandigarh est un territoire formé pour être la capitale des deux États séparés du Pendjab et de l’Haryana
- L’État du Jammu-et-Cachemire a deux capitales tournantes durant l’année, Jammu en hiver et Srinagar en été.
- (en) « Constitution, Article 145 »
- (en) « Malayalam, How to Arrest its Withering Away? », M. K. Chand Raj, Ph.D. on Language in India, Central Institute of Indian Languages, Mysore (consulté le )
- (en) « Language and Literature », Official website of Government of Madhya Pradesh, Government of Madhya Pradesh (consulté le )
- (en) The Sangai Express, « Mayek body threatens to stall proceeding » (consulté le )
- L’État de l’Odisha était appelé Orissa jusqu’en 2011.
- Les institutions linguistiques nationales et régionales indiennes recommandent depuis 2011 de nommer « odia » la langue oriya, plus conformément à sa phonologie. Ce changement est déjà effectif dans le nom officiel de l’État de l’Odisha, anciennement Orissa jusqu’en 2011.
- (en) Government of Sikkim, « Introduction to Sikkim » (consulté le )
- (en) « Bengali and Kokborok are the state/official language, English, Hindi, Manipuri and Chakma are other languages », Tripura Official government website (consulté le )
- (en) Nishank, « Sanskrit made official language » (consulté le )
- (en) « CITIZEN’S CHARTER-2011 », Administration of Dadra and Nagar Haveli, U.T. (Official Language Department) (consulté le )
- (en) « Multilingualism and second language acquisition and learning in Pondicherry »
- (en) « Constitution of India, Article 344(1) », The Constitution Society (consulté le )
- (en) « Constitution of India, Article 351 », The Constitution Society (consulté le )
- (en) « Official Languages Resolution, 1968 », Department of official languages (consulté le )
Liens externes
- (en) « Site concernant la loi sur les langues officielles », Department of Official Language (DOL), Gouvernement de l’Inde (consulté le )
Articles connexes
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