Juan Fernández de Heredia

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Juan Fernández de Heredia
Juan Fernández de Heredia
Miniature de la Grande Chronique d'Espagne

Surnom Châtelain d'Emposte
Naissance vers 1310
Munegrega (province de Saragosse)
Décès (à 86 ans)
Avignon
Origine Aragon
Allégeance Papauté d'Avignon
Grade Capitaine pontifical
Années de service 13281396
Commandement Capitaine des Armes du Comtat Venaissin
Conflits Guerre de Cent Ans
Faits d'armes Bataille de Crécy
Maupertuis
Autres fonctions grand maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem
Famille Fernández de Heredia

Juan Fernández de Heredia (1310-1396) est un Capitaine pontifical et le 32e grand maître[1] des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem.

Biographie

Juan Fernández de Heredia, dit le Posthume ou le Noble, naquit à Munegrega (province de Saragosse), vers 1310. Il commence sa carrière, en 1328, en entrant dans la commanderie de Villel. Il en devient le commandeur en 1333, fonction qu’il cumule avec celle d’Alfambra. Nommé conseiller de Pedre IV le Cérémonieux, en 1341, il obtient du roi d’Aragon la châtellenie d’Emposte[2], qui lui est contestée pendant six ans par Sanche, l’oncle du roi. Sa religion ne l’empêche point, entre 1340 et 1350, d’avoir des maîtresses qui lui donnèrent quatre enfants : Toda, Donasa, Teresa et Juan, que Pedre IV légitima le 1er mai 1360.

Au service des rois de France

La bataille de Poitiers où pour la seconde fois Juan Fernández de Heredia combattit à côté des Français

Au cours de la guerre de Cent Ans, l'Hospitalier se bat aux côtés des troupes françaises.

Le samedi 20 août 1346, lors de la bataille de Crécy, Heredia sauve le roi Philippe VI de Valois en lui offrant son cheval. Resté sur le champ de bataille, l’hospitalier est fait prisonnier et c'est son roi, Pedre IV d’Aragon, qui doit payer sa rançon aux Anglais.

Au cours du mois de septembre 1356, Innocent VI le charge d’escorter les cardinaux Nicola Capucci et Hélie de Talleyrand-Périgord, ses légats auprès du Prince Noir et du roi Jean II prêts à s’affronter. Le 12 septembre, ils sont reçus par le prince de Galles à Montbazon qui propose une trêve. Le 18, le cardinal de Périgord et Juan Fernandez de Heredia tentent de convaincre Jean II de ne pas engager la fleur de la chevalerie française contre une poignée d’Anglais. Ils obtiennent une trêve… d’un jour. Le 19 septembre, les négociations ayant échoué, Heredia combat au côté de Jean II à Maupertuis. C'est la défaite de Poitiers où le roi de France et le commandeur sont faits prisonniers. Le cardinal se rend alors à Bordeaux auprès du Prince Noir pour racheter, grâce à son parent le Captal de Buch, la liberté de Juan Fernandez contre 10 000 écus.

Au service des papes d’Avignon

Une vue des remparts d'Avignon construits sous la direction de Juan Fernández de Heredia
Juan Fernandez de Heredia et Raymond de Turenne (fresque de l’Ospedale Santa-Maria della Scala à Sienne)

C'est en 1349 que le Châtelain d’Emposte arrive à Avignon. Clément VI le charge alors de diriger la construction des nouveaux remparts devant ceindre la cité papale. Cette tache est achevée sous le pontificat d’Innocent VI. Le 28 décembre 1356, celui-ci le nomme Capitaine des Armes du Comtat Venaissin, c’est-à-dire Capitaine Général de la Sainte Église romaine et de sa Sainteté. Un an plus tard, au cours du mois d’août, à la tête de 300 brigands et de 200 gens d’armes, il protège efficacement Avignon face aux menaces de l’archiprêtre Arnaud de Cervole.

Bien que cumulant les charges de Grand Prieur de Castille, de Saint-Gilles en Languedoc, de León et de Catalogne, Heredia réside le plus souvent à Sorgues (alors Pont-de-Sorgues). Il fait orner son Hôtel (appelé improprement maison de la reine Jeanne) par toute une série de fresques représentant des scènes de chasse et de galanterie. Elles sont maintenant exposées au musée du Petit Palais d’Avignon.

En 1361, au début janvier, Avignon est à nouveau menacé par les Tard-Venus. Le Capitaine des Armes du Comtat fait une telle campagne contre eux, que le 9 mai, Innocent VI le remercie en le plaçant sous sa suzeraineté directe.

Le châtelain d’Emposte a aussi la confiance absolue des deux autres papes d’Avignon. C'est lui qui est chargé par Urbain V, le 6 mai 1367, d’assurer sa sécurité lors de son départ de Marseille vers Rome.

Au début septembre 1372, Grégoire XI lui demande de composer avec Bernardon de la Salle, un routier gascon qui menace Avignon avec ses troupes. Il réussit à l’envoyer avec François des Baux pour tenter de reconquérir les fiefs napolitains de celui-ci.

Heredia abandonne sa charge de Capitaine pontifical le 30 juillet 1376[réf. nécessaire].

Puis le 2 octobre 1376, quand Grégoire XI quitte à son tour Avignon pour Marseille afin de revenir à Rome, Juan Fernadez de Heredia l’accompagne en tant qu’amiral de la flotte pontificale, Raymond de Turenne, neveu du pape, les escortant au titre de Capitaine général des armées pontificales.

Le Grand Maître de l’Hôpital à Rhodes

Gigliato de Juan Fernandez de Heredia
Entrée du palais du Grand maître à Rhodes

Le 24 septembre 1377, Heredia est nommé par Grégoire IX trente-deuxième grand maître de l’Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem[3]. Il s'embarque à la fin de l'année pour la Grèce[4].

Les Hospitaliers avaient négocié en 1376 avec la reine Jeanne de Naples la location de la principauté d'Achaïe (dans le Péloponnèse) pour cinq ans et cherchaient à reconquérir l'Épire ; après des succès initiaux début 1378 (prise de Lépante), Heredia est fait prisonnier au cours de l’été 1378 par les Albanais à Arta. Vendu par ceux-ci aux Turcs, il est racheté à prix d’or en 1379. Libéré, il s’installe à Rhodes où il entreprend de réorganiser la trésorerie de l’Hôpital et de restructurer l’Ordre.

Le retour à Avignon

Juan Fernandez de Heredia quitte l’île de Rhodes pour Avignon au cours du mois de juin 1382. Après une escale à Barcelone, le 13 juin, il rejoint la cité papale le 15 juillet en pleine peste.

Puis il se rend à Valencia, en avril 1383, pour présider le chapitre général de l’Hôpital. En dépit de la tentative de scission provoquée par les partisans du pape de Rome qui élisent Ricardo Carraciolo, Heredia reste le chef incontesté de la plus grande majorité de l’Ordre jusqu’à sa mort.

Il décède à Avignon, entre le 9 et le 26 mars 1396[5], à l’âge de 86 ans. Il est inhumé en Aragon, au prieuré de Sainte-Marie de Caspe qu’il avait fondé deux ans plus tôt.

Un guerrier doublé d’un humaniste

Statue de Juan Fernández de Heredia à Caspe

L’âpreté au gain et aux honneurs de ce moine-soldat fut tempérée par son humanisme. Dans le but de rédiger une Histoire de la Méditerranée, Heredia avait réuni une importante librairie de manuscrits provençaux, catalans, castillans, français, latins et grecs. Il nous en est parvenu quelques traductions ainsi que sa Grande Chronique d’Espagne et sa Chronique des Conquérants. Il fit aussi consigner, dès 1349, le Grand Chartier de l’œuvre de l’Hôpital ou Cartulario Magna, qui est conservé à la Bibliothèque nationale d'Espagne à Madrid.

Admiratif, un de ses biographes français, Delaville le Roulx, a écrit qu’il fut le type de gentilhomme de haute naissance, du grand seigneur érudit, fastueux et dévoré d’ambition. Il se révéla un politique de premier ordre pendant près d’un demi-siècle. Il fut l’arbitre des destinées de l’Europe, le véritable chef de l’Église (?) et le véritable souverain d’Aragon (?). On peut se contenter de dire qu’il fit de sa famille l’une des plus grandes d’Aragon.

Celle-ci vécu dans le château de Mora de Rubielos, dans la sierra de Gudar, jusqu’en 1614. Cette riche demeure familiale passa ensuite à l’ordre des franciscains[6].

Les différents blasons de Heredia

Grande Chronique d’Espagne.

Œuvres

  • Grande Chronique d’Espagne
  • Chronique des Conquérants, couvre l'histoire universelle des grands conquérants de Hercule à Jaime Ier d'Aragon
  • Livre des faits et conquêtes de Morée, de 1197 à 1377, basée principalement sur une chronique anonyme des conquêtes françaises
  • Livre des Empereurs, ensemble de références sur les empereurs grecs
  • Florilège ds Ystoires d'Orient, en deux parties, la première traite de l'histoire, la seconde des coutumes en Orient et en Terre Sainte
  • Livre de Marco Polo, traduction du livre de voyage de Marco Polo
  • Rams de Flores, sentences morales pour les princes et les gouvernants
  • Secret des Secrets, conseils pour le gouvernement des rois, traduction de Secreta Secretorum œuvre pseudo-aristotélicienne
  • Vies parallèles, traduction de Plutarque
  • Eutropio
  • Histoire d'Orose, traduction de Historiarum Pagano de Paul Orose (perdu)
  • Cartulario Magna, six volumes de documents sur l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem
  • Histoire de la guerre du Péloponnèse, traduction des œuvres de Thucydide

Notes et références

  1. B. Galimard Flavigny (2006) p. 317-319
  2. La châtellenie d’Emposte (Amposta) était la plus haute dignité de l’ordre de hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem dans la Langue d’Aragon.
  3. J.M. Roger, Nouveaux regards sur des monuments des Hospitaliers à Rhodes, p. 70, d'après les Archives vaticanes, Reg. Av. 202, f° 82 r°-v°
  4. R-J Loenertz, Hospitaliers et Navarrais en Grèce in Byzantina et Franco-Græca, 1970, p. 340
  5. J.M. Roger, Nouveaux regards sur des monuments des Hospitaliers à Rhodes
  6. Le château de Mora de Rubielos (province de Teruel), avait été acheté par Blasco Fernandez de Heredia le 17 octobre 1367. Il revint trois ans plus tard à son frère le châtelain d’Emposte. Il est depuis 1931 classé monument historique (monumento nacional).
  7. Alberto Montaner, «La problemática del número de elementos en las armerías medievales: diseño frente a representación», Miguel Metelo de Seixas et Maria de Lurdes Rosa (coord.), Estudos de Heráldica Medieval, Lisboa, Instituto de Estudos Medievais; Centro Lusíada de Estudos Genealógicos e Heráldicos, 2012, p. 125-142; cfr. p. 131-134. ISBN 978-989-97066-5-1.

Sources

  • Bertrand Galimard Flavigny (2006) Histoire de l'ordre de Malte, Perrin, Paris
  • Abbé de Vertot, Histoire des chevaliers hospitaliers de S. Jean de Jérusalem appelez depuis les chevaliers de Rhodes et aujourd’hui les chevaliers de Malte, T. II, Paris, 1726.
  • Ch. Romey, Histoire d’Espagne depuis le premier temps jusqu’à nos jours, T. X, Paris, 1850.
  • Abbé J. B. Christophe, Histoire de la papauté pendant le XIVe siècle avec des notes et des pièces justificatives, T. II, Paris, 1853.
  • Major Whitworth Porter, History of the Knights of Malta or the Ordre of the Hospital of St. John of Jerusalem, T. I, Londres, 1858.
  • K. Herquet, Juan Fernandez de Heredia, Mulhhausen in Thürigen, 1878.
  • J. Delaville Le Roulx, Les Hospitaliers à Rhodes jusqu'à la mort de Philibert de Naillac (1310-1421) , Paris, 1913.
  • Luttrell, Juan Fernandez de Heredia à Avignon (1351-1367), in El cardenal Albernoz y el Colegio de España, Studia Albornotiana XI, Saragosse, 1972.

Liens externes