Frankenstein (chanson)

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Frankenstein

Chanson de France Gall
Sortie
Enregistré 1972
Studios Pathé-Marconi de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Durée min 25 s
Genre Pop
Format 45 tours simple
Auteur Serge Gainsbourg
Compositeur Serge Gainsbourg
Producteur Serge Gainsbourg
Label Pathé-Marconi

Singles de France Gall

Melodie Nelson Publishing/Sidonie

Frankenstein est une chanson écrite et composée par Serge Gainsbourg, interprétée par France Gall en 1972.

La chanson s'inspire du film américain La Fiancée de Frankenstein de James Whale, sorti en 1935.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Thèmes et contexte[modifier | modifier le code]

C'est l'agent artistique Bertrand de Labbey du label Pathé-Marconi qui a sollicité Serge Gainsbourg pour savoir s'il serait disposé pour écrire à nouveau des chansons pour France Gall : « J'ai appelé Gainsbourg qui a été d'une courtoisie exquise, alors que j'avais craint qu'il m'envoie balader sous prétexte que France ne vendait plus de disques depuis longtemps. Il lui a écrit deux titres, Frankenstein et Les Petits Ballons. […] Serge a dirigé les séances, infiniment respectueux des autres, et j'étais émerveillé de travailler avec lui »[3]. Mais France Gall ajoute : « Les textes étaient parfaits, mais ce n'était pas ce que j'attendais. Je n'étais pas heureuse de les enregistrer ».

La fiancée (Elsa Lanchester) et son fiancé (Boris Karloff) dans une scène du film.

La musique, orchestrée par Jean-Claude Vannier, s'évertue à jouer une équivalence sonore — inquiétante et obsédante — à la démarche saccadée du monstre de Frankenstein, dont la fuite est illustrée par un pont instrumental, car « Après quelques décharges électriques / Il se mit à rouler des mécaniques / Puis renversant bec, benzène et cornue / Il disparut ». Sachant que Serge Gainsbourg a déjà emprunté quelques thèmes musicaux du répertoire classique pour composer les musiques de certaines chansons, et sans forcément l'indiquer (voir la section Emprunts et plagiats de l'article Serge Gainsbourg), pour composer la musique de Frankenstein, il pourrait s'être inspiré de quelques mesures de la Valse en la bémol majeur, opus 69, no 1 (dite Valse de l'adieu) de Frédéric Chopin que Serge Gainsbourg interprète au piano pour la RTF en 1962 (en écoute Archive INA).

La chanson fait quelques percées çà et là dans l’audiovisuel, et tardivement, comme sur la Deuxième chaîne de l'ORTF dans le Top à Dutronc diffusé du [4] où l'on voit la créature (Jacques Dutronc) venir finalement étrangler sa « fiancée » (France Gall). Ce qui diffère de la fin du film où les monstrueux fiancés sont ensevelis sous les décombres après l'explosion du laboratoire du docteur Frankenstein qui a réussi à s'enfuir.

Accueil[modifier | modifier le code]

Bertrand de Labbey, agent artistique de ce disque, qui a tout fait pour mener à bien sa production, déclare : « Nous avons été très déçus que ça ne marche pas »[3]. Quant à Gilles Verlant, il serait plutôt de l'avis de France Gall : « On dirait que Serge se fourvoie et qu’il livre à France des chansons rigolotes tout juste dignes d’un show télévisé : qui peut en effet rêver d'un come-back avec un machin, aussi amusant et bien ficelé soit-il que Frankenstein ? »[3]. Guillaume Duthoit écrit sur Poinculture[5] que l'échec de la chanson n'a pas empêché le passage du temps de faire reconnaître ses qualités : « Il se passe quatre ans avant que l’entourage de France Gall ne fasse à nouveau appel aux talents de l'homme à tête de chou qui travaille à l'époque avec Jean-Claude Vannier. « Frankenstein » est la face A de ce 45 t sorti en 1972 qui signe la fin de la collaboration Gall/Gainsbourg. Ce hit n’a pas du tout marché, mais le disque est devenu culte entre temps. On se retrouve pourtant ici devant une pépite dans laquelle le beau Serge fait des rimes en –rankenstein : Fallait un cerveau aussi grand qu'-Einstein / Pour en greffer un autre à Frankenstein. »

Discographie référente[modifier | modifier le code]

Frankenstein par Boris Vian[modifier | modifier le code]

En 1958, paraît aux États-Unis la chanson parodique Frankenstein écrite et composée par Lou Bartel et interprétée par lui-même sous le pseudonyme de Bart Lewis[6]. Boris Vian (c'est en découvrant celui-ci sur scène que Serge Gainsbourg se lança dans la chanson[7]) en effectue l'adaptation française[8],[Note 1], interprétée la même année par Roland Gerbeau[9]. Reprise en 1959 par Louis Massis[10],[Note 2].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Chansons de Serge Gainsbourg écrites pour France Gall[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Dans le répertoire de la Sacem, la recherche s'effectue en entrant le titre de l'œuvre en MAJUSCULES et sans ponctuation.
  2. Ces interprétations sont en écoute sur YouTube

Références[modifier | modifier le code]

  1. Dépôt à la Sacem le 2 juin 1972 d'un bulletin daté du 28 avril. Source : ouvrage d'Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet, Serge Gainsbourg : L'Intégrale et Cætera.
  2. a et b Gainsbourg chanté par… compilation EMI Music sur Discogs
  3. a b et c Source : ouvrage de Gilles Verlant, Gainsbourg, Paris, Éditions Albin Michel, , 768 p. (ISBN 2226120602, présentation en ligne).
  4. a et b Source : ouvrage d'Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet, Serge Gainsbourg : L'Intégrale et Cætera, Paris, Éditions Bartillat, , 992 p. (ISBN 2841003418, présentation en ligne).
  5. Extrait de l'article publié le 12 janvier 2018 par Guillaume Duthoit
  6. Le 45 tours de Bart Lewis sur Discogs
  7. Serge Gainsbourg : « Un soir, au Milord, je vois Boris Vian. J'encaisse ce mec, blême sous les projos, balançant des textes ultra-agressifs devant un public sidéré. Ce soir-là, j'en ai pris plein la gueule. Il avait sur scène une présence hallucinante, mais une présence maladive ; il était stressé, pernicieux, caustique. C'est en l'entendant que je me suis dit : "Je peux faire quelque chose dans cet art mineur..." ». Juliette Gréco ajoute : « Je pense que Serge et Boris sont frères quelque part : une même violence, une même retenue, un même mystère. Frères dans la dérision, la cruauté et la tendresse... » Extraits de l'ouvrage de Gilles Verlant, Gainsbourg, pages 113-114, éditions Albin Michel, 2000 (ISBN 2-226-12060-2).
  8. Frankenstein dans le répertoire des œuvres de la Sacem
  9. Le 45 tours de Roland Gerbeau sur Discogs
  10. Le 45 tours de Louis Massis sur Discogs
  11. Chanson initialement déposée à la Sacem (France) le sous le titre Bébé loup (sans doute destiné à une édition vinyle jamais réalisée). Titre modifié le par son auteur à la Sacem. Source : Yves-Ferdinand Bouvier et Serge Vincendet, Serge Gainsbourg : L'Intégrale et Cætera.
  12. On retrouve une séance de travail de la chanson Dents de loup, dents de lait sur le DVD De Gainsbourg à Gainsbarre de 1958 à 1991 (Universal Pictures, 2000).

Liens externes[modifier | modifier le code]