Caton d'Utique
Caton d'Utique (Marcus Porcius Cato Uticencis), ou Caton le Jeune était un homme politique romain, né en 95 av. J.-C. et mort en 46 av. J.-C. à Utique (Tunisie actuelle).
Biographie
Arrière-petit-fils de Caton l'Ancien, il montra de bonne heure une âme ferme et courageuse. Amené à quatorze ans au palais de Sylla et apercevant les têtes sanglantes des proscrits, il demanda un poignard, afin, dit-il, d'affranchir Rome de son tyran.
Élu questeur en 65 av. J.-C., il se signala par sa rigueur en examinant les archives du Trésor au début de son mandat, et en faisant procéder à de nombreuses rectifications d'irrégularités financières dues aux négligences administratives de ses prédécesseurs[1].
En 63 av. J.-C., lors de la conjuration de Catilina, il appuya les mesures de rigueur proposées par Cicéron. Tout en se défiant de Pompée, il s'opposa de tout son pouvoir à l'ambition de Jules César, et vota en -59 contre la mesure qui donnait à ce dernier le commandement des Gaules pour cinq ans, disant aux sénateurs qu'ils se décrétaient un tyran pour l'avenir.
En -52, il fut candidat au consulat de 51, mais fut battu par les candidats pompéiens.
Au début de la guerre civile en -49, il fut gouverneur de la Sicile, que les césariens commandés par Curion l'obligèrent à évacuer. Il se prononça pour Pompée, et remporta quelques avantages sur les troupes de César à Dyrrachium. À la nouvelle de la défaite de Pharsale, et peu après l'assassinat de Pompée, il rassembla les débris de l'armée républicaine et se rendit en Afrique, où Quintus Metellus Scipion, à la tête de quelques troupes, se préparait à résister à César. Après la défaite de Metellus Scipion à Thapsus, Caton ne voulut pas « survivre à la liberté » : il s'enferma dans Utique et s'y perça de son épée. On dit qu'avant de se frapper, il lut et médita le Phédon, dialogue où Platon traite de l'immortalité de l'âme. Caton était attaché à la doctrine du stoïcisme qui s'accordait bien avec l'austérité de son caractère.
Il fut le père de Porcie, épouse de Brutus.
Arbre généalogique
Salonia (2) | Caton l'Ancien | Licinia (1) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Marcus Porcius Cato Salonianus | Marcus Porcius Cato Licinianus | Marcus Livius Drusus | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Marcus Porcius Cato (2) | Livia Drusa | Quintus Servilius Caepio (1) | Marcus Livius Drusus | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Atilia (1) | Caton d'Utique | Marcus Junius Brutus (1) | Servilia Caepionis | Decimus Junius Silanus (2) | Servilia la Jeune | Quintus Servilius Caepio | Marcus Livius Drusus Claudianus | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Marcus Porcius Cato | Porcia Catonis | Marcus Junius Brutus | Junia Prima | Junia Secunda | Marcus Aemilius Lepidus | Junia Tertia | Gaius Cassius Longinus | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
une descendante de Pompée et Sylla | Marcus Æmilius Lepidus Minor | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Manius Aemilius Lepidus | Aemilia Lepida II | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Légende :
- (1) : premier époux ou épouse
- (2) : second époux ou épouse
- pointillés : fils adoptif
- italique : assassin de César
Postérité
- Cicéron rédigea son panégyrique, auquel Jules César répliqua par l'Anticato, deux œuvres aujourd'hui perdues[2].
- Plutarque a écrit parmi ses Vies parallèles, une Vie de Marcus Caton, et sa comparaison avec celle d'Aristide.
- Augustin d'Hippone évoque le geste de Caton dans La Cité de Dieu pour le condamner[3].
Citations
Dans Porcie (1568), Robert Garnier met dans la bouche de l'héroïne éponyme cet éloge de son père (II, v. 229-234) :
- J'eusse par mon trespas fait connoistre à Pluton,
- Qu'à bon droit j'eusse esté la fille de Caton,
- De ce Caton, Romains, que tout le monde estime,
- De ce Caton fameux, qui d'un cœur magnanime,
- Tant qu'il fut jouissant de la douce clairté,
- Combatit ardemment pour nostre liberté.
- « Vider un principe de son sens, c'est confier la liberté à l'arbitraire » (rapportée par Plutarque)
Dramaturgies
- Joseph Addison a pris en 1713 la mort de Caton pour sujet d'une tragédie dont le succès est dû en partie aux circonstances politiques de l'époque.
- Deschamps a également fait une tragédie en 1715, titrée Caton d’Utique.
Iconographie
- Buste de Caton d'Utique, bronze du site archéologique de Volubilis dans la maison à la mosaïque de Vénus, daté du temps de Néron ou de Vespasien
- Caton d'Utique lisant le Phédon avant de se donner la mort de Jean-Baptiste Roman et François Rude, musée du Louvre
- La Mort de Caton d'Utique, peinte par Guillaume Guillon Lethière (1795)
- La Mort de Caton d'Utique, par Pierre-Narcisse Guérin, 1797, École nationale supérieure des beaux-arts, Paris.
- La Mort de Caton d'Utique, huile sur toile réalisée par le peintre d’histoire français Jean-Paul Laurens en 1863. Elle est conservée au musée des Augustins de Toulouse.
Bibliographie
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
Sources
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Caton d'Utique » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)