Paola Ruffo di Calabria

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Paola Ruffo di Calabria
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La reine Paola en .

Titre

Reine des Belges


(19 ans, 11 mois et 12 jours)

Prédécesseur Fabiola de Mora y Aragón
Successeur Mathilde d’Udekem d’Acoz
Biographie
Titulature Reine des Belges
Princesse de Liège
Princesse de Saxe-Cobourg et Gotha
Duchesse en Saxe
Princesse Ruffo di Calabria
Dynastie Maison Ruffo di Calabria
Nom de naissance Paola Margherita Maria Antonia Consiglia Ruffo di Calabria
Naissance (86 ans)
Forte dei Marmi (Italie)
Père Fulco Ruffo di Calabria
Mère Luisa Maria Gazelli di Rossana e di San Sebastiano
Conjoint Albert II
Enfants Philippe Roi des Belges
Astrid de Belgique
Laurent de Belgique
Résidence Château du Belvédère

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Paola Margherita Maria Antonia Consiglia Ruffo di Calabria, des princes Ruffo di Calabria, née le à Forte dei Marmi en Toscane (Italie) est devenue, de par son mariage avec Albert II, roi des Belges, la sixième reine consort des Belges de 1993 à 2013.

Issue de la maison Ruffo di Calabria, une des plus prestigieuses familles de la noblesse italienne, elle épouse Albert de Belgique, prince de Liège, en 1959, devenu roi des Belges en 1993 sous le nom d'Albert II. Il abdique le en faveur de son fils Philippe, duc de Brabant.

Réputée pour son raffinement, devenue reine, Paola se lance dans une vaste opération de rénovation des demeures royales. Véritable mécène et passionnée d’art, elle est à l’initiative de l’intégration de plusieurs œuvres d'art contemporain belge dans le palais royal.

La reine s’implique dans le domaine social via la création de la fondation Reine Paola, qui aide les jeunes confrontés aux problèmes de réinsertion dans la société. Elle est également présidente d’honneur de Child Focus, chargé d'aider à retrouver les enfants disparus.

Biographie[modifier | modifier le code]

Donna Paola dei Principi Ruffo di Calabria (1937-1959)[modifier | modifier le code]

Donna Paola est la plus jeune des sept enfants du prince Fulco Ruffo di Calabria (aviateur, héros de la Première Guerre mondiale) et de la princesse, née donna Luisa Maria Gazelli di Rossana e di San Sebastiano (1896-1989). Ses aînés sont Maria Christina San Martino d'Agliè (1920-2003, marquise di Fontanetto e San Germano), Laura Ricasoli Firidolfi (1921-1972, baronne Ricasoli Firidolfi), Fabrizio Ruffo di Calabria (1922-2005, prince Ruffo di Calabria), Augusto Ruffo di Calabria (1925-1943), Giovanella Ruffo di Calabria (1927-1941) et Antonello Ruffo di Calabria (1930-2017)[1]. Paola passe toute sa jeunesse dans la demeure des Ruffo di Calabria à Rome. Son père meurt le [2]. Elle fréquente à Rome l’Istituto Villa Pacis, l’Istituto Sant’Angela Merici et le Liceo Caterina Volpicelli, où elle termine ses études gréco-latines. Paola parle l'italien, l'anglais, le français et un peu le néerlandais.

Les Ruffo di Calabria comptent parmi les lignées les plus anciennes d'Italie. Le premier ancêtre prouvé de cette maison est Giordano Ruffo qui fut grand maréchal du royaume de Sicile aux alentours de l'an 1200. Mais les origines de cette famille se trouveraient à Byzance et dans la Rome républicaine, elle descendrait selon la mythologie familiale de la gens Cornelia Rufa ou Rufina, celle-là même à laquelle appartenait le grand Sylla. Les Ruffo sont divisés en deux branches depuis la fin du XIVe siècle : celle des Ruffo, princes della Scaletta et celle des Ruffo di Calabria à laquelle appartient la reine. Son frère le prince Don Fabrizio (décédé à Rome le ), chef de la maison Ruffo di Calabria, portait les titres de prince de Scilla, prince de Palazzolo et de Licodia Eubea, patricien de Naples, duc de Guardia Lombarda, comte de Sinopoli, comte de Nicotera, baron de Calanna et de Crispano. Parmi les ancêtres de la reine des Belges figurent le marquis de La Fayette, héros de la guerre d'Indépendance américaine, le duc Jean Louis Paul François de Noailles ainsi que Marie Mancini, nièce de Mazarin et premier grand amour de Louis XIV, qui est son aïeule à la 9e génération.

Sa grand-mère paternelle, Laure Mosselman du Chenoy, est déjà issue de l'aristocratie belge, puisque la mère de cette dernière était la fille de Jacques Coghen, ministre des Finances de Léopold Ier, tandis que son père, Théodore Mosselman du Chenoy était membre du Sénat belge. Laure Mosselman du Chenoy, bruxelloise, épouse le prince Beniamino Ruffo di Calabria et quitte sa terre natale pour s'installer à Naples en Italie.

Princesse de Liège (1959-1993)[modifier | modifier le code]

La princesse Paola en 1969.

En 1958, lors des cérémonies d'intronisation du pape Jean XXIII, Paola rencontre le prince Albert de Belgique, prince de Liège, à l'ambassade belge à Rome, et ils se marient ensuite à Bruxelles, le [3]. Elle devient princesse de Liège avec le prédicat d'Altesse royale. Le couple s'installe au château du Belvédère et donne naissance à trois enfants (Philippe, Astrid et Laurent), avant de traverser une importante crise conjugale à la suite de la liaison d'Albert avec la baronne Sybille de Sélys Longchamps[4].

En 1965, le chanteur Salvatore Adamo lui dédie la chanson Dolce Paola.

À la fin des années 1970, la princesse Paola s'est réconciliée avec son époux. Bien qu'épouse du premier prince dans l'ordre de succession au trône, elle apparaît peu en public, n'a pas de rôle officiel défini et ne prononce jamais de discours. Elle est présidente d'honneur de l'Œuvre royale des berceaux Princesse Paola, de la section belge de l'AMADE (Association mondiale des amis de l’enfance) et du cercle Vivaldi de Belgique. Paola trouve son bonheur dans l'intimité des châteaux du Belvédère et de Fenffe aux côtés de son époux, de leurs enfants et petits-enfants. Elle s'intéresse beaucoup au jardinage et à la décoration d'intérieur.

Reine des Belges (1993-2013)[modifier | modifier le code]

La reine Paola, Laura Bush, George W. Bush et Albert II le .

À la suite de l'accession au trône d'Albert II en , Paola devient reine des Belges à 56 ans. Elle est la première reine à avoir des origines belges.

La Constitution belge[5] ne prévoit aucun rôle particulier pour l'épouse du chef de l'État. La reine Paola est aux côtés de son mari et assiste aux cérémonies officielles importantes du pays, se rend en voyage d'État et aux réunions du Gotha, reçoit les personnalités étrangères de passage à Bruxelles ainsi que les Belges qui se sont distingués dans tous les domaines. Elle n'est cependant pas présente aux audiences du roi, excepté en lorsque tous les parents d'enfants disparus ont été accueillis au palais royal peu après la révélation de l'affaire Dutroux.

La princesse Paola en 1967 à Québec.

En vingt ans de règne le couple royal a effectué 29 voyages d'État à l'étranger : grand-duché de Luxembourg, Suède et Espagne en 1994, Danemark et Allemagne en 1995, Finlande et Japon en 1996, Norvège et Autriche en 1997, Russie et Italie en 1998, Pologne et Portugal en 1999, Pays-Bas, Tchéquie et Suisse en 2000, Grèce en 2001, Hongrie en 2002, Bulgarie et France en 2003, Maroc en 2004, Chine en 2005, Lituanie en 2006, Lettonie et Irlande en 2007, Estonie et Inde en 2008, Roumanie en 2009, et à nouveau l'Allemagne en 2011.

La reine Paola est la première reine belge à avoir un bureau au palais royal de Bruxelles. Elle tient à maintenir une stricte séparation entre le château du Belvédère (qui sert de cadre à sa vie privée) et son rôle public. Son secrétaire (Willem Van de Voorde de 1994 à 2000, Geert Criel de 2000 à 2004, Caroline Vermeulen depuis 2004) est son plus proche collaborateur : il organise son agenda, siège au conseil d'administration de la fondation Reine Paola et accompagne la reine dans tous ses engagements publics. La reine est également secondée par une dame d'honneur issue de la noblesse belge (son amie la baronne Colette de Broqueville de 1993 à 1997 puis la princesse Nathalie de Merode de 1997 à 2013).

Lors de l'accession au trône de son époux, la reine Paola a pris en main la direction de la Cour. En tant que maîtresse de maison des demeures royales de 1993 à 2013, elle a veillé à la décoration florale, à la bonne organisation des réceptions et à la restauration régulière des salons et du mobilier. Le roi Baudouin et la reine Fabiola étaient réputés pour leur manque de goût, contrairement à la princesse Paola dont on vantait l'élégance toute italienne et le raffinement des châteaux du Belvédère et de Fenffe.

Passionnée de botanique et de jardinage, Paola surveille aussi de près l'entretien des serres de Laeken et des parcs des demeures royales. Elle accorde son haut patronage à l'asbl Open Tuinen van België/Jardins Ouverts de Belgique, créée par feue la baronne Jelena de Belder.

Vraie mécène, la reine a créé un comité artistique chargé d'intégrer l'art contemporain belge dans le palais royal de Bruxelles, construit au XIXe siècle. Cette démarche unique en Europe a débouché sur l'inauguration en de trois œuvres d'artistes belges : une série de photos de Dirk Braeckman, sept toiles de la peintre Marthe Wéry et le revêtement du plafond de la salle des Glaces par Jan Fabre. En , une quatrième œuvre est dévoilée dans la salle Empire : Les Fleurs du Palais Royal, conçue par Patrick Corillon, sont onze pots dorés et onze histoires évoquant des légendes autour des fleurs originaires des dix provinces de Belgique.

Depuis la mort de Léopold II (« le roi bâtisseur ») en 1909, aucun roi, aucune reine n'a marqué les domaines royaux de son empreinte autant que Paola[réf. nécessaire].

Dans le domaine social, Paola a repris de 1993 à 2013 le Secrétariat social de la reine (créé par Fabiola après son mariage) qui reçoit chaque année des milliers de lettres de personnes en difficulté. Ses collaborateurs tentent de trouver une solution, en coordination avec les ministères, les C.P.A.S et d'autres institutions. Dans les situations les plus dramatiques, une petite aide financière tirée d'un fonds géré par l'asbl Les Œuvres de la Reine peut être octroyée.

Comme le veut la tradition, de 1993 à 2013, la reine a été une trentaine de fois la marraine de la petite dernière des familles de sept filles. Ses filleules reçoivent une timbale en argent pour leur baptême et entretiennent ensuite avec la reine un échange d'informations.

Établissement d'utilité publique, la Fondation Princesse Paola (devenue ensuite Fondation Reine Paola) a été créée en pour soutenir des projets concrets émanant d'organisations ou de personnes venant en aide à des jeunes particulièrement éprouvés par la vie, confrontés à des problèmes familiaux, de formation ou de réinsertion. Les interventions sont toujours attribuées pour un projet déterminé, disposant d'un budget précis et éventuellement pluriannuel. Depuis l'année scolaire 1996-1997, la reine remet chaque année le Prix Reine-Paola pour l'Enseignement à des projets pédagogiques intéressants et novateurs d'enseignants, alternativement du primaire et du secondaire. La Fondation Reine-Paola a initié aussi le programme « L'École de l'Espoir », qui soutient financièrement des écoles belges travaillant dans un milieu social difficile.

Bouleversée par ses rencontres avec les parents d'enfants disparus lors de l'affaire Dutroux en 1996, la reine a accepté la présidence d'honneur du centre Child Focus pour les enfants disparus et sexuellement exploités. Elle milite pour la création d'un tel centre dans tous les pays européens et le fait visiter aux Premières dames de passage en Belgique. Elle a aussi assisté du 26 au à la conférence internationale organisée en Pologne pour le 10e anniversaire de la Convention des droits de l'enfant et a organisé une semblable réunion au palais royal de Bruxelles en 2004 et en 2010. La reine préside le comité de parrainage de Missing Children Europe, et accorde son haut patronage à la Global Alliance against Child Sexual Abuse Online (Alliance mondiale contre les abus sexuels d'enfants par Internet).

La reine Paola accorde son haut patronage à différentes associations travaillant dans le domaine social : l'Œuvre nationale des aveugles, l'Institut Albert-Ier-et-Élisabeth, l'opération Simon et Odil pour les enfants hospitalisés, Habbekrats (association sans but lucratif qui s'occupe de jeunes de 12 à 25 ans), la Croix jaune et blanche, l'association Lucia, etc. En ce qui concerne la culture, elle accorde son haut patronage au Festival et au Concours international de chant baroque du château de Chimay, à l'association The New Belgica, à la Galerie de prêt d'œuvres d'art du château Malou (créée en 1972), au Printemps musical de Silly 2010 et au Concours poétique biennal Pyramides 2008, organisé par l'Université de Liège. La reine est également la présidente d'honneur de la Chapelle musicale Reine-Elisabeth.

La reine Paola a apporté une touche de modernité à la monarchie en devenant en 2002 la première reine belge à répondre par écrit à une interview à l'agence Belga pour ses 65 ans. En 2006, elle accepte de se confier à Venise pendant une heure devant les caméras de la VRT et de la RTBF. Cet événement médiatique et historique est salué par des commentaires unanimement positifs et a permis de démontrer que la reine parlait couramment le néerlandais. Autre nouveauté en 2008 : la reine Paola a enregistré, pour la première fois, un message télévisé à diffuser lors de la soirée de clôture des 20 ans de l'opération Télévie, organisée par RTL-TVI et Bel-RTL en faveur de la recherche contre la leucémie.

À l'occasion de son 70e anniversaire en , la reine Paola a convié à Laeken 800 personnes travaillant de façon professionnelle ou bénévole en faveur de la protection de l'enfance. Un timbre a également été émis par la Poste belge. Le , elle a baptisé le F931 Louise-Marie, la deuxième frégate de classe Karel Doorman de la Marine belge dont elle est la marraine.

En 2012, le journal Het Laatste Nieuws établit le classement des 100 femmes les plus puissantes de Belgique, dans lequel la reine Paola occupe la 90e place.

Après l'abdication de son époux (à partir de 2013)[modifier | modifier le code]

Le , son époux, le roi Albert II, annonce son abdication, à compter du suivant, au profit de son fils Philippe. Paola garde le titre de reine mais n'est plus la Première dame de Belgique et lègue le diadème des neuf provinces de la reine Astrid à sa belle-fille la reine Mathilde. Elle et son époux continuent d'habiter au château du Belvédère.

Titulature et distinctions[modifier | modifier le code]

Titulature[modifier | modifier le code]

  • -  : Donna Paola Margherita Maria Antonia Consiglia, princesse Ruffo di Calabria ;
  • -  : Son Altesse Royale la princesse de Liège ;
  • -  : Sa Majesté la reine des Belges ;
  • depuis le  : Sa Majesté la reine Paola de Belgique.

Honneurs belges[modifier | modifier le code]

Ascendance[modifier | modifier le code]

Iconographie[modifier | modifier le code]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Arnaud Chaffanjon, La Fayette et sa descendance, Strasbourg, Berger-Levrault, , 326 p., p. 156-160.
  • Jo Gérard, Albert II et sa famille, éditions J.-M. Collet, 1993.
  • Mario Danneels (nl), Paola : de la dolce vita à la couronne, Luc Pire, .
  • Christian Laporte, Albert II : premier roi fédéral, éditions Racine, 2003.
  • Christine Masuy, Paola, reine des Belges, éditions Luc Pire, 2007.
  • Vincent Leroy, Les 70 ans de la reine Paola, éditions Imprimages, 2008.
  • Henry-Jean Servat, « Paola », dans Princesses de légende, Albin Michel, , 123 p. (ISBN 2-226-10495-X).

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Paola, côté jardin : ce documentaire de 85 minutes réalisé par Nicolas Delvaulx pour la RTBF et diffusé le dresse un portrait intime de la sixième reine des Belges, qui s'est confiée devant les caméras[7].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bases de données et dictionnaires[modifier | modifier le code]

Autres liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Chaffanjon 1976, p. 156-161.
  2. Chaffanjon 1976, p. 156.
  3. Clément Mathieu, « Il y a 60 ans, le mariage de Paola et Albert de Belgique », sur parismatch.com, 2 juillet 2019 (consulté le 14 septembre 2022).
  4. Danneels 2002.
  5. Constitution belge.
  6. Arrêté royal du 2 mars 1994, Moniteur belge du 16 janvier 1998.
  7. François Saint-Amand, « Paola, côté jardin : "La reine ne cache rien, je trouve cela assez moderne" confie le réalisateur », sur RTBF, (consulté le ).