Le Rêve de la femme du pêcheur

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Le Rêve de la femme du pêcheur
L’Ama et le Poulpe
Artiste
Date
Type
Technique
Dimensions (H × L)
16,51 × 22,23 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
Série
Kinoe no Komatsu (en)Voir et modifier les données sur Wikidata

Le Rêve de la femme du pêcheur est le nom donné généralement à une estampe érotique sans titre de Hokusai, qui ouvrait le recueil Kinoe no Komatsu[1] publié en 1814. Au Japon, elle est connue sous le nom de L’Ama et le Poulpe (蛸と海女, Tako to ama?).

Sujet[modifier | modifier le code]

L'estampe représente une femme allongée, enlacée par les tentacules de deux pieuvres. La plus petite étreint l'un de ses seins et l'embrasse alors que la plus grande pratique un cunnilingus. Le paysage est fait de montagnes. Hokusai créa cette estampe lors de l'époque d'Edo (1600-1868), période pendant laquelle le shintoïsme faisait une résurgence qui a parfois été donnée comme explication à la dimension animiste de la scène. Le corps entièrement dévêtu du personnage féminin fait de cette gravure une exception parmi les shunga d'où le nu était généralement absent, la familiarité des Japonais avec la nudité la privant à leurs yeux de caractère érotique[2].

Analyse[modifier | modifier le code]

L'historienne de l'art Danielle Talerico (2001) montre que si les Occidentaux ont souvent interprété la fameuse gravure d'Hokusai comme un viol, les Japonais de l'époque d'Edo la considèrent plus volontiers comme un acte sexuel consenti illustrant la légende de Tamori, la pêcheuse d'ormeaux, où Tamori vole le diamant du roi des Mers. Ce dernier, aidé de sa troupe (dont des pieuvres) la poursuit. Dans le texte accompagnant la gravure, la plongeuse et les deux pieuvres éprouvent une jouissance mutuelle[3].

Postérité[modifier | modifier le code]

Le Rêve de la femme du pêcheur est un des exemples les plus connus de shunga (gravures érotiques) et a inspiré de nombreux artistes. C'est une des pièces fondatrices du style de hentai appelé shokushu (触手?, lit. « tentacule »)[4]. Elle est notamment l’œuvre de référence que Patrick Grainville transpose en littérature dans son livre Le Baiser de la pieuvre (2010). L'Australien David Laity lui a rendu hommage avec une toile du même nom et Masami Teraoka (en) remet l'image au goût du jour en 2001 avec son ouvrage Sarah and Octopus/Seventh Heaven, qui fait partie de la collection Waves and Plagues.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Cette œuvre est conservée au British Museum, département Asie, sous la référence OA+,0.109
  2. Sylvie Blin, « Le Printemps des sens », RMN-Grand Palais,
  3. (en) Danielle Talerico, « Interpreting Sexual Imagery in Japanese Prints: A Fresh Approach to Hokusai's "Diver and Two Octopi" », Impressions, no 23,‎ , p. 24–41 (ISSN 1095-2136, lire en ligne, consulté le )
  4. Simon Clair, « Sexe et tentacules : l’improbable combinaison du Shokushu », sur Les Inrocks,

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Richard Bru, “Tentacles of love and death: from Hokusai to Picasso”, Secret Images. Picasso and the Japanese Erotic Print, Thames & Hudson, London, 2010 p. 50-77 (ISBN 978-0-500-09354-2).
  • (en) Matthi Forrer, Hokusai: Prints and Drawings, Prestel, 1992, ill. 124 (ISBN 9783791342221).
  • (en) Richard Lane, Images from the Floating World, Koneckey & Konecky 1978, p. 163 (ISBN 9780914427018).