Laurent Obertone

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Laurent Obertone
Laurent Obertone interviewé par la chaîne YouTube Les Incorrectibles en 2022.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (40 ans)
JuraVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Laurent ObertoneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Genres artistiques
Œuvres principales

Laurent Obertone, né le dans le Jura, est un journaliste, romancier, et essayiste français, proche de la mouvance du libertarianisme conservateur. Son travail est centré sur la criminologie, les médias et le multiculturalisme. Ses thèses sont particulièrement influentes dans les milieux d'extrême droite[1],[2],[3],[4], de droite[5],[6],[7], et jusqu'à certains ministres des gouvernements Philippe et Castex[8],[9].

Ses livres La France Orange mécanique, La France Big Brother et La France interdite rencontrent un succès commercial notable, tout en étant l'objet de vives critiques de la part de plusieurs médias.

Biographie[modifier | modifier le code]

Né dans le Jura le [10], Laurent Obertone, pseudonyme d'un auteur dont l'identité réelle n'est pas connue du grand public, est fils d'agriculteur[2]. Il est diplômé d'anthropologie[11], puis de l'École supérieure de journalisme de Lille dans la filière presse hebdomadaire régionale[12].

Durant plusieurs années, il est journaliste spécialisé dans les faits divers pour un hebdomadaire régional d'informations généralistes, avant de démissionner pour rédiger son premier livre[2]. À partir de 2010, il signe des articles sur le webmagazine Ring, dirigé par David Kersan[2].

En 2010, il fait partie des trois invités qui accompagnent Michel Houellebecq à l'occasion du dîner intime donné par le président de la République Nicolas Sarkozy au palais de l'Élysée, en l'honneur du prix Goncourt reçu par Houellebecq : ce dernier présente alors Laurent Obertone comme « le grand polémiste de demain »[13].

En août 2020, à la suite des parlementaires des Républicains François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau ou Éric Ciotti[6], les ministres de l’Intérieur Matthias Fekl[14] et Gérald Darmanin ont repris à leur compte sa vision polémique d’un « ensauvagement » de la France, tout comme la ministre et militante féministe Marlène Schiappa[15]. En décembre 2020, le président de la République Emmanuel Macron a lui-même dénoncé les « gens ensauvagés » qui s'en prennent aux policiers lors des manifestations[16].

Activité littéraire[modifier | modifier le code]

L'auteur explique la parution de son premier livre, La France Orange mécanique, par deux raisons : le nombre de faits divers qu'il a connus dans ses quelques années de carrière, et le mauvais traitement qui en serait fait par la presse, « les journalistes étant quasiment tous de gauche - y compris ceux du Figaro »[2]. L'ouvrage est un succès en librairie[17].

Selon l'auteur, en France, les deux tiers des crimes et délits de type viols interraciaux, violences volontaires, vols et dégradations sont commis par des individus issus de l'immigration, ce qu'il considère comme un sujet tabou, nié « pour des raisons morales »[18]. L'essai est critiqué notamment par Laurent Ruquier et Aymeric Caron dans On n'est pas couché[19], par L'Express et Mediapart[20],[21].

Son deuxième livre, intitulé Utøya[22] est consacré à Anders Behring Breivik, terroriste norvégien d'extrême droite responsable des attentats du 22 juillet 2011, qui a assassiné 77 personnes. Il y parle à la première personne. Le lecteur chemine avec Breivik en Norvège lors de la préparation du double attentat et sur les lieux du double attentat : Oslo pour l'attaque à la bombe, île d'Utøya pour la fusillade.

Dans son troisième livre, La France Big Brother, Laurent Obertone s'en prend à « la République des écrans », dénonçant la « domestication » des Français — concept déjà formulé par Jean-Edern Hallier dans son roman L'Évangile du fou —, livrés selon lui à la « manipulation », à la « désinformation » et au « conditionnement » par les classes médiatique, militante, artistique et politique, unies au sein d'un « Parti » totalitaire, comparable à celui décrit dans 1984, le roman d'anticipation de George Orwell[23].

En 2016, dans Guérilla, il imagine une France en état de guerre civile apocalyptique, inspiré des événements de 2005 et de 2015. L'auteur dénonce notamment la valorisation médiatique d'un « multiculturalisme imposé aux Français », et l'absence de débat réel sur cette question[24]. Le titre est mis en avant dans des publicités Amazon sur le site d'extrême droite Fdesouche. Laurent Obertone est décrit par France Soir comme « adepte de la théorie du Grand Remplacement, publié aux controversées éditions Ring »[25].

En 2017, dans Le Diable du ciel[26], il raconte l'histoire vraie du pilote d'avion allemand qui a volontairement précipité son avion sur les Alpes se tuant et tuant les 149 autres personnes à bord.

En , il publie La France interdite, étudiant la population issue de l'immigration en s’appuyant sur des études chiffrées, peignant une France qui, en trente ans, souffrirait du communautarisme. Checknews de Libération dément l'opacité des chiffres français concernant le nombre des enfants (et petits-enfants) d'immigrés que dénonce Laurent Obertone[27].

En 2022, il lance avec Papacito et Marsault la revue La Furia[28], magazine d'extrême droite. Il y publie des articles sur des sujets politiques.

Usage d'un pseudonyme[modifier | modifier le code]

Laurent Obertone fait usage d'un pseudonyme et ne révèle pas son identité : l'auteur explique avoir voulu « protéger sa famille des menaces de mort[29] ». Il précise dans le Figaro magazine : « Compte tenu des sujets que j'aborde, je suis partisan de n'y mêler que moi et de préserver la tranquillité de ma famille », ajoutant que ce « droit » est « défendu par la loi »[30].

De son côté, Mediapart affirme que sous ce pseudonyme se cache un ancien blogueur de la « réacosphère », rédigeant des articles sous les noms d'« Ubiquiste » et de « Pélicastre Jouisseur », et auteur en d'un « manifeste raciste » intitulé Le Manifeste Nauséabond[12],[31]. Laurent Obertone nie ces affirmations, et attaque Mediapart en justice en pour diffamation. Selon Mediapart, l'auteur se serait désisté de ce procès en pour « raisons personnelles »[4]. Laurent Obertone dit de son côté avoir mis un terme à « toutes ses actions judiciaires », notamment « par volonté libertarienne »[32].

Orientation politique[modifier | modifier le code]

Dans ses interviews, Laurent Obertone, pour qui « il faut cesser de tout attendre de l’État, d’un messie, d’un vote ou d’un parti », rejette toute implication politique, et prône la responsabilité individuelle.

Selon la chroniqueuse Guillemette Faure, lors d’une conférence tenue en , Laurent Obertone déconseille l’utilisation du terme « Français de souche » car les personnes désignées par cette expression, selon lui, seront bientôt minoritaires. Il relie l’immigration à la montée de l’insécurité, aux maladies et à la baisse du QI des Français. Il fustige le vivre-ensemble selon lui imposé par un formatage de « médias comme Le Monde que personne ne lit » mais soutient l’extrême droite sur Internet comme TV Libertés, critique le pape François, cite Charles Maurras, acclame le succès d’Éric Zemmour et espère « que la France ait un Trump ou un Salvini ». Il soutient les implantations de lieux d’extrême droite et identitaires[33]. En , Laurent Obertone participe à un colloque du parti d'extrême droite Rassemblement national sur « l'ensauvagement de la société »[34].

Selon le journaliste Bastien Hugues, de France Info, si Laurent Obertone « journaliste fétiche du FN » nie être raciste, il soutient que la criminalité est liée à l'immigration et à « certaines communautés » – sous-entendu « communautés africaines » pas « adaptées », de par « leur culture et leur histoire », « au mode de vie occidental ». Il rejette l'antiracisme, le multiculturalisme et le "droit-de-l'hommisme" et considère que « la France attache plus d'importance aux agressions commises à l'encontre des musulmans ou des juifs qu'aux actes de violence contre des "Français de souche" », opinions qui lui valent le soutien de Marine Le Pen, Éric Zemmour, Robert Ménard et Bruno Gollnisch et de l’extrême droite sur Internet tel que Novopress, Fdesouche, ou Riposte laïque. La préface de son livre La France Orange mécanique a été rédigée par Xavier Raufer, criminologue et ancien membre des mouvements d'extrême droite Occident et Ordre nouveau et qui est cité plusieurs fois dans l'ouvrage[35].

Toujours selon Bastien Hugues, Laurent Obertone nie tout engagement politique mais loue Jean-Marie Le Pen et trouve que le programme de Marine Le Pen, en dehors de la partie sécurité et immigration, « relève du gauchisme social, l'origine de beaucoup de nos maux ». Il accuse les journalistes d'être « quasiment tous de gauche », Le Figaro inclus, et de diffuser la pensée unique et la bien-pensance[35].

En 2023, il est l'invité d'honneur de l'université d’été du parti d’extrême-droite Reconquête[36].

Publications[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Préface[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « «La France interdite» de Laurent Obertone, le livre de chevet de Marine Le Pen », L'Opinion,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c d et e « Trois choses à savoir sur Laurent Obertone, le journaliste fétiche du FN », sur Francetvinfo.fr.
  3. « Que contient la liste de livres recommandés par le FN à ses militants ? », sur Les Inrocks (consulté le ).
  4. a et b « Laurent Obertone se désiste de son procès contre Mediapart », sur blogs.mediapart.fr, (consulté le ).
  5. BFMTV, « L'UMP s'intéresserait à Laurent Obertone », sur BFMTV (consulté le ).
  6. a et b Nicolas Celnik, « «Ensauvagement» : le grand retournement », sur Libération.fr, (consulté le )
  7. « VIDEO. Opération de police à Grenoble : "On n'a pas besoin de communication, on a besoin d'action", estime François-Xavier Bellamy », sur Franceinfo, (consulté le )
  8. « "Ensauvagement" : quelle est l'histoire de ce terme utilisé à tout-va par Darmanin et l'extrême droite ? », sur LCI (consulté le )
  9. « L’« ensauvagement », un mot à l’histoire sinueuse, surtout utilisé par l’extrême droite », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Bibliothèque Nationale de France
  11. Laurent Obertone, « L'appel de Laurent Obertone à Christiane Taubira : Gare à la colère des victimes », Le Figaro, 5 mars 2014.
  12. a et b Stéphane Alliès, Louise Fessard, Jérôme Hourdeaux et Marine Turchi, « La France Orange mécanique : le vrai parcours de “Laurent Obertone” », sur mediapart.fr, .
  13. Jérôme Dupuis, « Houellebecq, Sarkozy et l'ultraviolence en France », sur L'Express, (consulté le ).
  14. « Prononcé le 9 octobre 2015 - Déclaration de M. Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au commerce extérieur | Vie publique.fr », sur www.vie-publique.fr (consulté le )
  15. « "Ensauvagement de la société" : Gérald Darmanin "a tout à fait raison d'utiliser" ce terme estime Marlène Schiappa », sur Franceinfo, (consulté le )
  16. « Macron à "Brut": "Il y a des violences policières, si vous ça vous fait plaisir que je le dise" », sur Le HuffPost, (consulté le )
  17. « "La France Big Brother", le pamphlet réactionnaire et sexiste de Laurent Obertone », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  18. On n'est pas couché, « Laurent Obertone & la délinquance en France - On n'est pas couché 2 mars 2013 #ONPC », (consulté le ).
  19. « "On n'est pas couché" : Laurent Obertone et Aymeric Caron », sur Atlantico.fr, (consulté le ).
  20. Eric Pelletier, « "La France orange mécanique" ou la vérité si je mens », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  21. Louise Fessard, « «La France Orange mécanique»: un flagrant délire sécuritaire », sur Mediapart, (consulté le ).
  22. Laurent Obertone, Utoya. Norvège, 22 juillet 2011, 77 morts, Ring, 2013, (ISBN 979-1091447089). Voir AFP, « Laurent Obertone face au tueur extrémiste d'Utoya », sur lepoint.fr, .
  23. François Aubel, « Après La France Orange mécanique, le nouveau brûlot d'Obertone », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
  24. BFMTV, « Laurent Obertone: L'invité de Ruth Elkrief - 11/02 », BFMTV (consulté le ).
  25. Extrême droite: l'accord entre Amazon et Fdesouche qui dérange, France Soir, 28/9/2019.
  26. Le Diable du ciel, (ISBN 979-10-91447-68-3, lire en ligne).
  27. « Non, la France ne cache pas le nombre des enfants (et petits-enfants) d'immigrés », sur Libération.fr, (consulté le ).
  28. Maxime Macé et Pierre Plottu, « Extrême droite : «La Furia», nouveau magazine pour regarder les choses en faf », Libération,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  29. « La France Orange mécanique » : rencontre avec un auteur à thèses racistes, sur RUE89
  30. Voir sur ring.fr.
  31. Stéphane Alliès, Louise Fessard, Jérôme Hourdeaux et Marine Turchi, « «France Orange mécanique»: Laurent Obertone est de plus en plus fâché avec son passé », sur mediapart.fr, .
  32. « La France interdite ? Laurent Obertone [EN DIRECT] » (consulté le ) (Thinkerview).
  33. Au Carlton de Lille, un franc-parler de souche, Le Monde, 6/11/2018
  34. "Zones de non-France", "terrorisme civil": le RN débat de "l'ensauvagement de la société" , BFM TV, 1/12/2018
  35. a et b « Trois choses à savoir sur Laurent Obertone, le journaliste fétiche du FN », France Info, 7 mars 2013.
  36. Alpes-de-Haute-Provence: Éric Zemmour et ses partisans réunis à Gréoux-les-Bains le 10 septembre, BFMTV, 30/8/2023
  37. Jean-Claude Vantroyen, « Laurent Obertone dans la tête d’Anders Breivik », sur Le Soir, (consulté le ).
  38. « "Utøya": la croisade néoréac de Laurent Obertone », sur Les Inrocks, (consulté le ).
  39. Ludovic Greiling, « C'est à lire - Idées - Utoya, de Laurent Obertone », sur Politique Magazine, (consulté le ).
  40. Après la France Orange Mécanique, le nouveau brulôt d'Obertone, Le Figaro, 16-09-2014.
  41. Rémy Watremez, « Rentrée littéraire 2019 : Laurent Obertone de la partie avec son nouveau livre », sur Lettres it be : des chroniques de livres pas comme les autres, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes[modifier | modifier le code]