Jubilé
Un jubilé est une fête marquant un intervalle de 50 ans et aussi l'anniversaire joyeux d'un événement dont les effets se prolongent dans le temps (règne, mariage, etc.).
Étymologie biblique : libération des esclaves et annulation des dettes
[modifier | modifier le code]Le mot jubilé vient de l'hébreu יוֹבֵל (yôvēl), terme dont la signification est incertaine. On considère généralement qu'il désigne un bélier puisque dans la Bible, une corne de bélier (Chophar) est utilisée comme une trompette pour annoncer l'année du jubilé. Le terme est rendu en latin par jubilæus (de jubilare, « se réjouir ») dans la Vulgate de Jérôme de Stridon[1]. Cette année-là est une année de libération générale, les terres aliénées ou gagées devaient être rendues, les dettes remises et les esclaves libérés. Le Lévitique (25,8–13) déclare ainsi :
« Tu compteras sept semaines d'années, sept fois sept ans, c'est-à-dire le temps de sept semaines d'années, quarante-neuf ans. Le septième mois, le dixième jour du mois tu feras retentir l'appel de la trompe ; le jour des Expiations vous sonnerez de la trompe dans tout le pays. Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l'affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé (יוֹבֵל) : chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan. »
Le livre pseudépigraphe des Jubilés utilise des jubilés pour dater les différents événements de l'histoire biblique.
Exemples d'utilisations du terme de « jubilé »
[modifier | modifier le code]Dans l'Égypte antique
[modifier | modifier le code]Un « jubilé », appelé fête-Sed était fêté à partir de la 30e année de règne d'un pharaon. Ensuite, ces fêtes, aux vertus régénératrices, étaient célébrées avec un intervalle de quelques années en fonction de la situation politique du pays et de l'état de santé du pharaon.
Dans le catholicisme
[modifier | modifier le code]Les catholiques ont repris l’ancienne tradition juive du Yovel, qui était célébré tous les cinquante ans. Le Jubilé juif était principalement consacré à la terre, à la propriété et aux droits fonciers. Selon la Bible juive, cette période spéciale prévoyait une série de pratiques, parmi lesquelles la restitution des terres à leurs anciens propriétaires, la rémission des dettes, la libération des esclaves et des prisonniers, le repos de la terre et la manifestation particulière de la miséricorde divine. Ces pratiques ne visaient pas uniquement à garantir une juste redistribution des ressources et à promouvoir la justice sociale, mais aussi à souligner l’importance de la miséricorde et de la compassion divine dans l’expérience humaine. Cette période était inaugurée par le son d’une corne de bélier, « jobel » en juif, d’où le nom de la solennité, transformé ensuite en Jubilé[2].
Dans l'Église catholique, un « jubilé » est depuis l'année 1300 (où le pape Boniface VIII proclama une indulgence plénière pour ceux qui viendraient en pèlerinage à Rome et y feraient quinze visites aux basiliques Saint-Pierre et Saint-Paul, ainsi qu'aux Romains qui visiteraient ces églises trente fois), une période de pardon, de conversion et d'efforts spirituels ayant lieu, d'abord tous les cinquante ans, puis tous les vingt-cinq ans à partir de 1400 (« pèlerinage panique » pour répondre aux grandes épidémies comme la grande peste[3]), consacrée à la rémission par la pénitence des peines temporelles dues aux conséquences du péché et accompagnée par l'octroi d'indulgences spéciales associées à la visite de lieux saints, à la pratique du jeûne, de l'aumône et de la prière, spécialement la confession et la communion sacramentelle. On appelle aussi ces jubilés des années saintes. Au XXe siècle, dans un esprit similaire, les papes ont décrété des années saintes extraordinaires, commémorant la rédemption par la mort et la résurrection de Jésus. Le dernier Jubilé a été célébré en l'an 2000 par le pape Jean-Paul II. La dernière Année Sainte extraordinaire a été célébrée par le pape François en 2016 : le Jubilé de la Miséricorde.
À Saint-Jacques-de-Compostelle, depuis la fin du XIVe siècle — probablement depuis 1372[4]—, des jubilés ont lieu toutes les années où le , fête de l'apôtre saint Jacques, tombe un dimanche, suivant un rythme de six ans, cinq ans, six ans et onze ans, soit environ treize fois par siècle. L'indulgence plénière y est accordée à tous les pèlerins qui se rendent pendant l'« année sainte » à Compostelle - que ce soit à pied, à cheval, à bicyclette ou par d'autres moyens modernes -, qui visitent la cathédrale, y prient pour les intentions du pape et, dans les quinze jours précédant ou suivant, se confessent et communient. En 2021 a eu lieu le troisième jubilé du XXIe siècle, après ceux de 2004 et 2010, et avant ceux de 2027 et 2032[5].
Le mot « jubilé » est aussi employé pour célébrer l'anniversaire d'ordination[6] des diacres, prêtres et évêques.
En franc-maçonnerie
[modifier | modifier le code]Le jubilé maçonnique est une célébration organisée en l'honneur d'un franc-maçon pour fêter le trente-troisième puis le cinquantième anniversaire de la date de son initiation. Cette réjouissance a lieu au cours d'une tenue. L'intéressé reçoit un diplôme et une médaille ; des discours sont prononcés pour relater son parcours maçonnique.
Dans le monde du sport
[modifier | modifier le code]Dans un contexte sportif, notamment au football, un « jubilé » correspond à une célébration pour rendre honneur à un joueur ayant longtemps rendu service à une équipe (voir l'article anglophone : Testimonial match). Un jubilé a été célébré en l'honneur des footballeurs ou handballeurs suivants (liste non exhaustive) :
- Mickael Corneille
- George Weah
- Demetrio Albertini
- Pedro Miguel Pauleta
- Michel Platini le , au stade Marcel Picot à Nancy
- Dominique Colonna
- Bernard Lama
- Patrick Cazal en 2009
- Jean-Pierre Papin en 1999
- Christophe Hogard en 2012
- Dennis Bergkamp en 2006
- Steve Savidan le au stade du Hainaut à Valenciennes
- Arjen Robben et Franck Ribéry à l'Allianz Arena.
Dans le monde des échecs
[modifier | modifier le code]Dans le domaine de la composition échiquéenne, le terme de « jubilé » est utilisé pour un concours de composition organisé à l'occasion de l'anniversaire d'un problémiste.
Dans le monde du travail
[modifier | modifier le code]En droit belge, une « prime de « jubilé » de trois mois de salaire est payée au salarié au bout de 25 ans d'ancienneté. Une prime de jubilé de deux mois est payée à 30 ans d'ancienneté et d'un mois à 35 ans d'ancienneté. Cette prime de jubilé équivaut à la médaille du travail en droit français[réf. nécessaire].
Dans le monde anglo-saxon
[modifier | modifier le code]- Le Jubilé d'argent (Silver jubilee) est le vingt-cinquième anniversaire du règne d'un monarque.
- Le Jubilé d'or (Golden jubilee) est le cinquantième anniversaire du règne d'un monarque.
- Le Jubilé de diamant (Diamond jubilee) est le soixantième anniversaire du règne d'un monarque.
- Le Jubilé de platine (Platinum jubilee) est le soixante-dixième anniversaire du règne d'un monarque.
En France
[modifier | modifier le code]- Le Jubilé impérial
- Le jubilé de Louis Pasteur à la Sorbonne pour l'anniversaire de ses 70 ans.
- Le jubilé dédié à Saint Louis, en 2014.
Dans le monde de la bande dessinée
[modifier | modifier le code]- Jubilé est un personnage de l'univers Marvel Comics lié aux X-Men.
Jubilé de l'espéranto
[modifier | modifier le code]Le jubilé de l'espéranto a été célébré en 1987 à Varsovie lors du 72e congrès mondial d'espéranto qui a réuni près de 6 000 personnes. Il commémore la publication en 1887 par Louis-Lazare Zamenhof de la première version de l'ouvrage Langue Internationale qui a défini les fondements de l'espéranto. À cette occasion a été créé le symbole du jubilé qui est depuis souvent repris comme symbole de l'espéranto.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Christopher J. H. Wright, « Jubilee, year of », dans David Noel Freedman (dir.), Anchor Bible Dictionary, vol. 3, Doubleday,
- « Qu’est-ce que le Jubilé : préparons-nous à une nouvelle année sainte » (consulté le )
- Alphonse Dupront, Formes de la culture de masse : de la doléance politique au pèlerinage panique, éd. Mouton, 1971
- Adeline Rucquoi, « Est-on pardonné à Saint-Jacques de Compostelle? », Le grand pardon de Chaumont et les pardons dans la vie religieuse. XIVe – XXIe siècle, éd. Patrick CORBET, François PETRAZOLLER & Vincent TABBAGH (Chaumont, Le Pythagore, 2011), p. 79-94.
- [https://anosantocompostelano.org/ Notice.].
- ordination
- (en) « Cherries Jubilee: Serves 4 », sur The Independent, .
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (it) Arsenio Frugoni, "Il giubileo di Bonifacio VIII", Bulletino dell'Istituto storico italiano per il Medio Evo, 62, 1950, p. 1-121 ; rééd. dans A. Frugoni, Incontri nel Medioevo, Bologna, 1979, p. 73-177, et Id., Il giubileo di Bonifacio VIII, ed. Amedeo De Vincentiis, Laterza, 1999
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Année sainte
- Livre des Jubilés
- Indulgence (catholicisme)
- Jubilé de l'an 2000
- Jubilé du Puy-en-Velay, Grand Pardon de Rocamadour
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Grand Jubilé de l'an 2000
- Le jubilé, une tradition née en 1300 de la volonté populaire sur le site de La Croix
- Histoire du jubilé