Hébreux

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Les Hébreux (du latin Hebraei, du grec ancien Ἑϐραῖοι / Hebraioi, lui-même issu de l'hébreu עברי (Ivri)) sont un ancien peuple mentionné dans la Bible hébraïque. Le terme hébreux y désigne généralement les Enfants d'Israël, c'est-à-dire les habitants de l'Israël antique, un peuple sémitique du Proche-Orient.

Les Juifs contemporains considèrent les anciens Hébreux comme leurs ancêtres, et les deux termes sont souvent synonymes. En tous cas les actuels Israélites ont le même livre sacré que les anciens Hébreux, les mêmes fêtes principales, et étudient dans les textes d'une longue chaîne de maîtres remontant à Hillel au moins. Quant à la langue des Israéliens modernes, par sa syntaxe et ses racines, elle découle manifestement de la langue biblique, auquel ses enseignants se réfèrent constamment.

Étymologie

« Hébreu » (עברי Ivri) pourrait venir de la racine du verbe de la langue hébraïque : עבר Avar, qui signifie passer. Selon cette étymologie, les Hébreux seraient « ceux qui passent », les errants, les nomades, ou de « ceux par-delà le fleuve », venant d'un district au-delà du Jourdain ou de l'Euphrate[1].

Certains valorisent une origine égyptienne, habirou, qui veut dire « nomades ». Un seul terme à consonance approchante, Apirou, est mentionné ailleurs. Ce terme, qui s'écrit aussi Hapirou ou Habirou, apparaît depuis le Dynastique archaïque jusqu'à la fin de l'Âge du Bronze. On le rencontre de la Mésopotamie à l'Anatolie et à l'Égypte. Il désigne principalement des marginaux vagabonds, parfois mercenaires et plus ou moins brigands. Les Apirou portent des noms d'origines ethniques variées : ils ne sont pas considérés comme une ethnie unie, mais comme un groupe socio-économique comportant plusieurs ethnies. Les Hébreux mentionnés par la Bible pourraient donc être l'une des nombreuses ethnies errantes exogènes regroupées sous le nom commun d'Apirou. La désignation sociologique serait devenue un ethnonyme.

Pour Olivier Rouault, « le terme de Hapirou/Habirou a fait couler beaucoup d'encre, en partie en raison de sa ressemblance avec le nom des Hébreux, avec lequel il semble finalement n'avoir qu'un rapport lointain »[2] (voir l'article Shasou et Apirou dans les documents égyptiens). Cependant, s'il est impossible que tous les Apirou fussent des hébreux, il se peut que ces derniers aient été vus comme des Apirou par leurs opposants[3],[4].

L'opinion la plus traditionnelle est que le nom “Hébreu” (ʽIvri) dérive de celui d’Eber (ʽÉvèr), arrière-petit-fils de Sem d'après le livre de la Genèse et ancêtre d’Abraham. Ceci pourrait être appuyé par le texte de Genèse 10,21 où on lit que Sem fut “ père de tous les fils d'Héber”.

Le récit biblique

Selon la Bible et les traditions hébraïques, les Hébreux ne sont pas originaires de la Mésopotamie, d'Ur en Chaldée ; ce ne sont pas des nomades, vivant dans des tentes, élevant des troupeaux de chèvres et de moutons, utilisant des ânes, des mulets et des chameaux comme porteurs. Selon les sources biblique mythiques, Terah, père d'Abraham, quitte Ur pour Harran, dans le Haut-Euphrate, et de là des Hébreux migrent vers le pays de Canaan, promis par Dieu à la postérité du patriarche Abraham.

Abraham et les siens se seraient installés en différents lieux du pays de Canaan : à Sichem (actuelle Naplouse), à Beer-Sheva et à Hébron. Peu à peu, ils se mêlent aux populations locales, et deviennent agriculteurs sédentaires. Des premiers patriarches hébreux sont issus entre autres: les Édomites, les Moabites, les Ammonites, Ismaélites (tribus arabes arabisants, dits mustaʿribah) et le peuple d'Israël. La tradition biblique présente les Hébreux de l'époque patriarcale comme des « étrangers » (gérim) par rapport aux populations locales de pasteurs semi-nomades à la recherche de pâturages. Ils s'installent près des villes et entretiennent généralement de bons rapports avec la population locale. Ils refusent cependant de se marier « avec les filles des Cananéens », se regroupent en familles élargies (bêyt'âb) ou en clan (mishpâhâh) qui gardent leur identité et leurs traditions propres (culte du dieu de leurs pères).

Selon la Bible, une famine les pousse à partir vers l’Égypte où, le temps passant, ils deviennent esclaves. Puis Moïse les conduit recouvrer leur liberté en s'enfuyant d’Égypte, aidés par l'intervention divine : sauterelles et ange de la mort (les dix plaies d'Egypte), puis traversée de la Mer Rouge. Après avoir reçu les Tables de la Loi sur le Mont Sinaï, Moïse conduit les Hébreux à travers le désert pendant 40 ans. Après cette errance ils reviennent en Canaan, habitée par sept peuplades (Josué 9-11). Après la mort de Moïse, Joshua, fils de Noun, son disciple, conquiert la Terre d’Israël contre les Cananéens. Quatre cents ans plus tard, il reste encore quelques enclaves philistines[réf. nécessaire].

C'est le début des royaumes, celui de Salomon qui aurait régné de 970 à 930 av. J.-C. avec pour capitale Jérusalem, où Salomon aurait fait bâtir un temple renfermant l'arche d'Alliance, puis sa division en 2 avec le royaume de Juda qui survécut jusqu'en 587 av. J.-C., et celui d'Israël jusqu'en 722 av. J.-C. Victime de sa division, le peuple hébreu affaibli subit plusieurs invasions, perse, grecque et romaine, dont la dernière dirigée par Titus en 70 de notre ère provoqua la seconde Diaspora (dispersion du peuple juif autour du bassin méditerranéen).

D'après les archéologues et les historiens

Outre la controverse sur la signification du terme « hébreu », de récentes découvertes archéologiques remettent en cause en profondeur la version biblique :

  • De rares textes extra-bibliques, comme la Stèle de Mérenptah, désignent ce peuple par le nom d'Israël. Les historiens utilisent les termes de « premiers israélites » ou « protoisraélistes ».[réf. nécessaire]
  • Il n’y a jamais eu d’invasion militaire du territoire de Canaan par une armée d'Hébreux organisée sur le modèle des armées égyptiennes ou mésopotamiennes[5].

Longtemps les historiens d'obédience chrétienne ont rejeté, en totalité ou partiellement, l'histoire des Hébreux, les deux millénaires d'existence nationale d'Israël et même la langue parlée et écrite, l'hébreu, la considérant comme langue de clergé. Seuls les résultats de la recherche archéologique enlèvent tout sérieux à ces conceptions.[6]

Les versions bibliques et historiques se recoupent un peu à partir du VIIIe siècle av. J.-C. car les historiens confirment l'existence des deux royaumes d'Israël et de Juda[réf. nécessaire]. Toutefois selon Thomas Römer et Dominique Jaillard[réf. incomplète], il faut « insister sur une différence fondamentale entre la Bible hébraïque et les textes du Proche-Orient ancien dans la mesure où la Bible confesse un Dieu unique, donc un monothéisme face au polythéisme de ses voisins », alors que « les royaumes d’Israël et de Juda sont polythéistes comme leur voisins »[réf. nécessaire].

Notes et références

  1. (en) « Hebrews », dans The Oxford Dictionary of Jewish religion,
  2. Olivier Rouault, p. 1026 du Dictionnaire de l'Antiquité, direction Jean Leclant, édition PUF, 2005
  3. Nadav Na'aman, "Habiru and Hebrews, the transfer of a social term to the literary sphere", Journal of Near Eastern Studies n°45, octobre 1986
  4. M. Weippert, "The Settlement of the israelite tribes in Palestine", 1971
  5. William G. Dever, Aux origines d’Israël, Paris, Bayard, (ISBN 2227474270), « La conquête à l’ouest du Jourdain »
  6. Encyclopaedia Universalis, La grande histoire des civilisations: de la Mésopotamie à la Perse, Paris, , p. 203

Articles connexes

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Bibliographie

  • Jacques Briend et Marie-Josèphe Seux, Textes du Proche-Orient ancien et histoire d'Israël, Cerf, 1978 (ISBN 220401169X)
  • Richard Lebeau, Une histoire des Hébreux : De Moïse à Jésus, Tallandier, coll. « Documents d'histoire », 1998 (ASIN 2235021646)
  • Richard Lebeau et Claire Levasseur, Atlas des Hébreux. La Bible face à l'histoire, 1200 av. J.-C.–135 ap. J.-C., Autrement, coll. « Atlas/Mémoires », 2003 (ISBN 2-7467-0386-6)
  • Gérard Nahon, « Les Hébreux », De la Mésopotamie à la Perse, Encyclopædia Universalis et le Grand Livre du Mois, coll. « La grande histoire des civilisations », Paris, 1999 (ISBN 2-7028-3080-3)
  • Roger et Messod Sabbah , Les secrets de l'exode.
  • William G. Dever, Aux origines d'Israël. Quand la Bible dit vrai, Bayard, 2005
  • Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman, La Bible dévoilée : les nouvelles révélations de l'archéologie, Gallimard, coll. Folio. Histoire # 127, 2004. (ISBN 2-07-042939-3)
  • André Lemaire, Histoire du peuple hébreu, PUF, Collection "Que sais-je ?" no 1898, Paris, 2009. (ISBN 978-2-13-057545-0)