Argon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 1 mars 2020 à 11:24 et modifiée en dernier par Ggal (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

Argon
Image illustrative de l’article Argon
Argon solide et liquide.
ChloreArgonPotassium
Ne
  Structure cristalline cubique
 
18
Ar
 
               
               
                                   
                                   
                                                               
                                                               
   
                                           
Ar
Kr
Tableau completTableau étendu
Position dans le tableau périodique
Symbole Ar
Nom Argon
Numéro atomique 18
Groupe 18
Période 3e période
Bloc Bloc p
Famille d'éléments Gaz noble
Configuration électronique [Ne] 3s2 3p6
Électrons par niveau d’énergie 2, 8, 8
Propriétés atomiques de l'élément
Masse atomique 39,948 ± 0,001 u
Rayon atomique (calc) (71 pm)
Rayon de covalence 106 ± 10 pm[1]
Rayon de van der Waals 188 pm
État d’oxydation 0
Oxyde inconnu
Énergies d’ionisation[2]
1re : 15,759 610 eV 2e : 27,629 66 eV
3e : 40,74 eV 4e : 59,81 eV
5e : 75,02 eV 6e : 91,009 eV
7e : 124,323 eV 8e : 143,460 eV
9e : 422,45 eV 10e : 478,69 eV
11e : 538,96 eV 12e : 618,26 eV
13e : 686,10 eV 14e : 755,74 eV
15e : 854,77 eV 16e : 918,03 eV
17e : 4 120,885 7 eV 18e : 4 426,229 6 eV
Isotopes les plus stables
Iso AN Période MD Ed PD
MeV
36Ar0,336 %stable avec 18 neutrons
37Artraces (?)
{syn.}
35,04 jε37Cl
38Ar0,063 %stable avec 20 neutrons
39Artraces (?)
{syn.}
269 ansβ-0,56539K
40Ar99,6 %stable avec 22 neutrons
42Ar{syn.}32,9 ansβ-0,60042K
Propriétés physiques du corps simple
État ordinaire Gaz (non magnétique)
Masse volumique 1,783 7 g·L-1

(0 °C, 1 atm)[3]

Système cristallin Cubique à faces centrées
Couleur incolore
Point de fusion −189,36 °C[3]
Point d’ébullition −185,85 °C[3]
Énergie de fusion 1,188 kJ·mol-1
Énergie de vaporisation 6,43 kJ·mol-1 (1 atm, −185,85 °C)[3]
Température critique −122,3 °C
Point triple −189,344 2 °C, 688,9 hPa[5],[6]
Volume molaire 22,414×10-3 m3·mol-1
Pression de vapeur
Vitesse du son 319 m·s-1 à 20 °C
Chaleur massique 520 J·kg-1·K-1
Conductivité thermique 0,017 72 W·m-1·K-1
Divers
No CAS 7440-37-1[7]
No ECHA 100.028.315
No CE 231-147-0
No E E938
Précautions
SGH[8]
SGH04 : Gaz sous pression
Attention
H280 et P403
SIMDUT[9]
A : Gaz comprimé
A,
Transport[8]
   1006   

   1951   

Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L’argon est l'élément chimique de numéro atomique 18, de symbole Ar.

Il appartient au groupe des gaz nobles (aussi appelé « gaz rares » voire « gaz inertes »), avec l’hélium, le néon, le krypton, le xénon, le radon. L’oganesson, de découverte plus récente, fait peut-être également partie de ce groupe.

Malgré le nom générique de cette famille, l’argon (sur Terre) n’est pas à proprement parler un gaz « rare » : il figure, derrière le diazote et le dioxygène, au troisième rang d'importance des constituants de l’atmosphère terrestre (0,933 % en volume). Et il est, de ce fait, l’un des gaz nobles les plus utilisés.

L'argon terrestre est presque entièrement constitué d'argon 40, isotope radiogénique formé par la désintégration radioactive du potassium 40 dans la croûte terrestre. À l'échelle de l'Univers, par contre, l'isotope le plus abondant est l'argon 36, l'isotope principal produit par nucléosynthèse stellaire au sein des supernovas.

Histoire et étymologie

Le mot argon dérive du grec ancien ἀργός / argós (« oisif », « paresseux », « stérile »), formé du préfixe grec privatif ἀ et du mot ἔργον / ergon (« travail »), cette étymologie évoquant le caractère inerte de l'élément[10].

La présence dans l’air de l’argon fut suspectée par Henry Cavendish dès 1785 mais sa découverte par Lord Rayleigh et Sir William Ramsay attendit 1894. Ces deux scientifiques firent à la Royal Society la communication officielle de leur découverte le [11].

Ils furent mis sur la piste par la différence de densité entre l’azote produit chimiquement et celui extrait de l’air par élimination de l’oxygène. La distillation fractionnée de l’air liquide leur permit d’en produire une quantité notable en 1898 et par la même occasion d’isoler le néon et le xénon.

L’argon a aussi été rencontré en 1882 aux travers de recherches indépendamment menées par H. F. Newall et W. N. Hartley.

Le symbole de l’argon n'est Ar que depuis 1957, auparavant c'était simplement A.

La première molécule impliquant l’argon (HArF) a été synthétisée en 2000.

Occurrence

L’argon est isolé du reste de l’air liquide par fractionnement et est donc facile à produire en grande quantité puisque l’atmosphère en contient près de 1 % (0,933 %).

L’atmosphère de Mars est grossièrement comparable quant à ses concentrations relatives en isotopes d'argon, puisque contenant 1,6 % d’argon 40 et 5 ppm d’argon 36.

Caractéristiques notoires

Raies d’émission.

C’est un élément chimiquement inerte, incolore, sans saveur et inodore sous ses formes liquide et gazeuse.

L’argon est 2,5 fois plus soluble dans l’eau que le diazote qui a approximativement la même solubilité que le dioxygène.

Il n’y a aucun véritable composé chimique connu qui contienne de l’argon. Seul le fluorohydrure d’argon HArF a été détecté dans des conditions très particulières[12] pour des températures inférieures à 27 K (soit −246 °C).

Isotopes

Les principaux isotopes de l'argon présents sur Terre sont l'argon 40 (99,6 %), 36 (0,34 %) et 38 (0,06 %).

Le potassium radioactif « naturel » (le 40K), a une demi-vie de 1,248 × 109 ans, et se désintègre en 2 produits :

Ces propriétés ainsi que le rapport entre les sous-produits formés sont employés pour déterminer l’âge de roches par la méthode de la datation au potassium-argon.

Dans l’atmosphère terrestre, l’argon 37, ainsi que l’argon 39 (tous deux radioactifs), sont produits par l’activité des rayons cosmiques[13].

L'argon est remarquable parce que sa composition isotopique varie beaucoup entre diverses parties du système solaire. Aux endroits où la source principale de l'argon est la désintégration radioactive du potassium 40 des roches, l'argon 40 sera l'isotope majoritaire, comme sur les planètes telluriques retenant une atmosphère (Vénus, la Terre, et Mars). Par contre l'argon formé directement par la nucléosynthèse stellaire contient surtout le noyau argon 36 produit par la réaction alpha. Par exemple, l'argon du Soleil contient 84,6 % d'argon 36 selon les mesures du vent solaire. Il en est de même dans les planètes géantes, dont l'atmosphère est issue de l'accrétion du gaz primordial.

La prédominance de l'argon 40 radiogénique est responsable du fait que le poids atomique de l'argon terrestre est supérieur à celui du prochain élément, le potassium. Ceci semblait paradoxal lors de la découverte de l'argon en 1894, parce que Dmitri Mendeleïev avait rangé son tableau périodique des éléments par ordre de poids atomique croissant, mais l'inertie de l'argon implique qu'il doit être placé avant le potassium qui est un métal alcalin très réactif. Ce problème fut résolu par Henry Moseley, qui démontra en 1913 que le tableau périodique est vraiment rangé par ordre de numéro atomique croissant.

La très supérieure abondance atmosphérique de l'argon relatif aux autres gaz nobles peut aussi être attribuée à la présence de l'argon 40 radiogénique. L'isotope primordial argon 36 possède une abondance de seulement 31,5 ppm (= 9 340 ppm x 0,337 %), comparable à celle du néon (18,18 ppm).

Composés

L'argon possède une couche de valence complète avec sous-couches s et p remplies. Il est alors très stable et très résistant à se lier à d'autres éléments. Avant 1962, tous les gaz nobles y compris l'argon étaient considérés chimiquement inertes et incapables de former le moindre composé. Cependant des composés de gaz nobles plus lourds (krypton et xénon) ont été synthétisés depuis.

En 2000, le premier composé de l'argon fut synthétisé par des chercheurs à l'Université de Helsinki (Finlande). Lors de l'irradiation par la lumière ultraviolette d'argon congelé contenant une petite quantité du fluorure d'hydrogène (HF), une petite quantité de fluorohydrure d'argon (HArF) fut formée. Il est stable aux températures inférieures à 40 K (-233 °C). En 2010, le cation métastable ArCF22+ fut observé.

Applications

L'argon est, entre autres, utilisé :

L’argon 39 a été employé notamment pour dater des eaux souterraines et des échantillons de glace en Antarctique[13].

En récupération, lors de la cuisson d'écume d'aluminium dans des fours à plasma, l'argon stabilise la réaction d'inflammabilité de l'aluminium qui tend à s'auto-allumer.

L'argon est produit industriellement par distillation fractionnée d'air liquide dans un réacteur de séparation d'air cryogénique. C'est un procédé qui permet de séparer l'azote liquide, qui bout à 77,3 K, de l'argon qui bout à 87,3 K et de l'oxygène liquide qui bout à 90,2 K. Environ 700 000 tonnes d'argon sont produites dans le monde entier chaque année[17].

40Ar, l'isotope le plus abondant de l'argon, est produit par la décroissance radioactive du 40K qui a une demi-vie de 1,25 × 109 ans par capture d'électrons ou émission de positrons. Grâce à cela, il est utilisé dans les datations potassium-argon et argon-argon pour déterminer l'âge des roches.

L'argon est utilisé dans beaucoup de procédés industriels à haute température, où des substances ordinairement non réactives le deviennent. Par exemple, une atmosphère d'argon est utilisée dans les fours électriques graphites pour empêcher le graphite de brûler.

Pour certains de ces procédés, la présence d'azote ou d'oxygène gazeux peut endommager le matériau. L'argon est utilisé dans de nombreux types de soudure à arc. Une atmosphère d'argon est également utilisée pour grossir les cristaux de sillicium et de germanium.

L'argon est utilisé dans l'industrie avicole pour asphyxier les animaux, soit pour un abattage de masse après l'apparition d'une maladie, soit comme moyen d'abattage plus humain que l'électronarcose[réf. souhaitée]. La relativement grande densité de l'argon le fait rester près du sol lors du gazage. Sa nature non réactive le rend compatible avec les produits alimentaires[citation nécessaire][18].

L'argon est parfois utilisé pour éteindre les incendies là où il faut éviter d'endommager les équipements.

Dangers

Tout comme l’hélium, l’argon n’est pas dangereux à faible concentration. Toutefois, une inhalation d’une grande quantité comporte des risques d’asphyxie par privation d’oxygène (Risque d'anoxie) ; ceci peut se produire lors d'opérations de soudage dans un espace confiné.

Notes et références

  1. (en) Beatriz Cordero, Verónica Gómez, Ana E. Platero-Prats, Marc Revés, Jorge Echeverría, Eduard Cremades, Flavia Barragán et Santiago Alvarez, « Covalent radii revisited », Dalton Transactions,‎ , p. 2832 - 2838 (DOI 10.1039/b801115j)
  2. (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, TF-CRC, , 87e éd. (ISBN 0849304873), p. 10-202
  3. a b c et d (en) David R. Lide, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 90e éd., 2804 p., Relié (ISBN 978-1-420-09084-0)
  4. a b et c (en) Robert H. Perry et Donald W. Green, Perry's Chemical Engineers' Handbook, USA, McGraw-Hill, , 7e éd., 2400 p. (ISBN 0-07-049841-5), p. 2-50
  5. Procès-verbaux du Comité international des poids et mesures, 78e session, 1989, pp. T1-T21 (et pp. T23-T42, version anglaise).
  6. (en) William M. Haynes, CRC Handbook of Chemistry and Physics, CRC Press Inc, , 92e éd. (ISBN 1-4398-5511-0)
  7. Base de données Chemical Abstracts interrogée via SciFinder Web le 15 décembre 2009 (résultats de la recherche)
  8. a et b Entrée du numéro CAS « 7440-37-1 » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 30 janvier 2009 (JavaScript nécessaire)
  9. « Argon » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 25 avril 2009
  10. Paul Depovere, La classification périodique des éléments. La merveille fondamentale de l'Univers, De Boeck Supérieur, , p. 98.
  11. (en) John H. Holloway, Noble-gas chemistry, Methuen, , p. 6
  12. Université d’Helsinki en 2000
  13. a b et c Étienne Roth (dir.), Bernard Poty (dir.), Robert Delmas et al. (préf. Jean Coulomb), Méthodes de datation par les phénomènes nucléaires naturels, Paris, Éditions Masson, coll. « Collection CEA », , 631 p. (ISBN 978-2-225-80674-2, BNF 34836710), chap. 17 (« Silicium 32 et argon 39 »)
  14. (en) The Science Case for 37Ar as a Monitor for Underground Nuclear Explosions, page 1, 2010
  15. http://www.mes-portes-et-fenetres.fr/fenetres/les-differents-gaz-utilises-pour-vos-vitrages/
  16. (en) Jerome Canady, Kimberly Wiley et Biagio Ravo, « Argon plasma coagulation and the future applications for dual-mode endoscopic probes », Reviews in Gastroenterological Disorders, vol. 6, no 1,‎ , p. 1-12 (ISSN 1533-001X, PMID 16520707, lire en ligne, consulté le ).
  17. « Periodic Table of Elements: Argon – Ar », Environmentalchemistry.com (consulté le )
  18. D. L. Fletcher, « Slaughter Technology », Symposium: Recent Advances in Poultry Slaughter Technology,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

Liens externes


  1 2                               3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
1  H     He
2  Li Be   B C N O F Ne
3  Na Mg   Al Si P S Cl Ar
4  K Ca   Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
5  Rb Sr   Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
6  Cs Ba   La Ce Pr Nd Pm Sm Eu Gd Tb Dy Ho Er Tm Yb Lu Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
7  Fr Ra   Ac Th Pa U Np Pu Am Cm Bk Cf Es Fm Md No Lr Rf Db Sg Bh Hs Mt Ds Rg Cn Nh Fl Mc Lv Ts Og
8  119 120 *    
  * 121 122 123 124 125 126 127 128 129 130 131 132 133 134 135 136 137 138 139 140 141 142  


Métaux alcalins Métaux alcalino-terreux Lanthanides Métaux de transition Métaux pauvres Métalloïdes Non-métaux Halogènes Gaz nobles Éléments non classés
Actinides
Superactinides