Alexandre Dumas (fils)

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Alexandre Dumas fils
Fonction
Fauteuil 2 de l'Académie française
-
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Alexandre DumasVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
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Père
Mère
Catherine Laure Labay (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Fratrie
Marie Alexandrine Dumas (d)
Henry Bauër
Micaëlla-Clélie-Josepha-Élisabeth Cordier (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
Nadezhda Ivanovna Knorring Narychkine Dumas (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfants
Colette Dumas
Jeannine d'Hauterive (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Autres informations
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Genre artistique
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Archives conservées par
Rare Books, Special Collections, and Preservation, University of Rochester (d)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
signature d'Alexandre Dumas (fils)
Signature
Vue de la sépulture.

Alexandre Dumas dit Alexandre Dumas fils, né le à Paris et mort le à Marly-le-Roi, est un romancier et dramaturge français. Il fut comme son père un auteur à succès. Il est connu principalement pour son roman La Dame aux camélias, ainsi que pour deux pièces de théâtre, Le Fils naturel et Un père prodigue.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Alexandre Dumas fils enfant, par Louis Boulanger.

Né au 1, place Boieldieu à Paris, il est le fils d'Alexandre Dumas et de sa voisine de palier, Catherine Laure Labay (1793-1868), qui tenait à domicile un atelier de couture. Déclaré enfant naturel, de père et de mère inconnus, il est reconnu officiellement par son père le , alors qu'il est âgé de sept ans. Il portera le nom de son père, Dumas Davy de la Pailleterie[2]. Il en gardera toute sa vie un profond ressentiment qui se manifestera dans ses œuvres, marquées par le thème de la désagrégation de la famille et empreintes d'un certain moralisme. Il parviendra tout de même à surmonter sa détresse. En 1833, il est placé dans une pension où il a comme condisciple Edmond de Goncourt[3].

Élève au collège royal de Bourbon (actuel lycée Condorcet) de 1839 à 1841, il abandonne ses études après un échec au baccalauréat et devient un des jeunes dandys les plus en vue de l'époque, menant une vie parisienne tapageuse grâce aux subsides donnés par son père.

La Dame aux camélias[modifier | modifier le code]

Buste d'Alexandre Dumas fils par Jean-Baptiste Carpeaux au musée d'Orsay.

Alexandre Dumas fils vit une histoire d'amour fiévreuse entre et avec la demi-mondaine Marie Duplessis, qui lui inspire l'écriture du roman La Dame aux camélias, écrit en 1848 quelques mois après la mort de la jeune femme. S'installant à Saint-Germain-en-Laye, à l'Auberge du Cheval Blanc, il achève l'œuvre en trois semaines. Le très grand succès du livre le détourne de la vie mondaine et lui ouvre une carrière littéraire.

Son adaptation du roman pour le théâtre est représentée en février 1852 et connaît un succès prodigieux. La Dame aux camélias sera adaptée pour l'opéra dès 1853 par Verdi sous le titre de La Traviata, puis servira de base à un grand nombre d'œuvres théâtrales, cinématographiques, télévisuelles, chorégraphiques, etc., jusqu'à aujourd'hui.

Admirateur de George Sand, qu'il appelle sa « chère maman » (elle l’appelle « cher fils »), Dumas fils fait de nombreux séjours dans sa propriété de Nohant et adapte pour la scène son roman Le Marquis de Villemer (en 1864).

Il a une relation peu facile avec l'actrice Marie Delaporte (1838-1910), interprète de plusieurs de ses pièces. Cette relation platonique cessera avec le départ de Marie Delaporte pour la Russie, en [4].

Premier mariage[modifier | modifier le code]

Alexandre Dumas a une liaison, désapprouvée par la société bien pensante, avec la princesse Narychkine, née Nadejda von Knorring (1826-1895) (dite Nadine), dont il a une fille née hors mariage : Marie-Alexandrine-Henriette (1860-1907) (dite Colette)[5], reconnue en 1864. Alexandre et Nadine ne se marient que le à Neuilly-sur-Seine[6], après la mort du prince Alexandre Narychkine survenue à Sciez le 26 mai 1854.

Ils ont une fille après leur mariage : Olga-Marie-Jeanne, dite Jeannine (1867-1943), future épouse du polytechnicien Ernest Lecourt d'Hauterive (1864-1957).

Académicien (1874)[modifier | modifier le code]

Alexandre Dumas fils, 1873.

Il est élu au deuxième fauteuil de l'Académie française le et reçu le 11 février 1875.

Il se lie d'amitié avec Louis Pasteur et avec Jules Verne qui lui dédicace en 1885 son roman Mathias Sandorf, transposition balkanique du Comte de Monte-Cristo. À cette occasion, Dumas fils lui répond qu'il l'a toujours considéré comme le véritable fils de son père, Alexandre Dumas. Les deux lettres figurent en introduction au roman de Jules Verne.

Deuxième mariage[modifier | modifier le code]

En 1887, Alexandre Dumas fils entame une liaison avec Henriette Escalier, née Régnier (1851-1934). Jalouse, Nadine Dumas part vivre chez sa fille Colette. Alexandre Dumas fils se brouille avec sa fille aînée, tandis que sa cadette Jeannine prend son parti.

En 1890, Henriette Escalier divorce, puis Nadine Dumas meurt en avril 1895 à 68 ans. Moins de trois mois après la mort de sa femme, Dumas fils épouse Henriette Escalier, le 26 juin 1895, à la mairie du 17e arrondissement de Paris. Il meurt peu de temps après, le [7], à son domicile de la « maison Champflour »[8] située au no 1 de la rue Champflour à Marly-le-Roi ; il est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris (21e division). Son gisant est l'œuvre du sculpteur René de Saint-Marceaux.

Porte-parole des causes singulières[modifier | modifier le code]

Caricature de Gill.

Très marqué par son enfance douloureuse et son illégitimité, Dumas fils se fait le porte-parole de causes peu soutenues à son époque et dénonce certaines injustices sociales. Dans Le Fils naturel[9] ou Un père prodigue[10], il critique vivement le sort réservé par la société aux femmes délaissées et aux enfants illégitimes. C'est pourquoi il est catalogué comme auteur à scandale.

Pour autant, l'écrivain se fait promoteur de la contestable loterie des lingots d'or organisée par le pouvoir en 1851. Il écrit en 1872 La Question de la femme, publié par l'Association pour l'Émancipation progressive de la Femme, créée par Arlès-Dufour et Julie-Victoire Daubié. Préfacé par cette dernière, le texte, comme deux autres ouvrages édités par l'association, est interdit au colportage en 1873, à l'époque de l'ordre moral[11]. Cet engagement n'a pas empêché Dumas fils d'écrire, après avoir parlé des révolutionnaires de la Commune :

« Nous ne dirons rien de leurs femelles, par respect pour les femmes à qui elles ressemblent – quand elles sont mortes[12],[13]. »

Distinction[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Jugements[modifier | modifier le code]

  • « Venu après l’affreux théâtre pharmaceutique et procédurier d’Alexandre Dumas, ce Cyrano [d'Edmond Rostand] fut un rafraîchissement, un délicieux verre de vin parfumé et glacé après une longue course dans la poussière des chemins. »
Remy de Gourmont (Le Bonheur littéraire : M. Edmond Rostand, Promenades littéraires, 1re série).
  • « Je n'aime guère le talent de M. Alexandre Dumas fils. C'est un écrivain extrêmement surfait, de style médiocre et de conception rapetissée par les plus étranges théories. J'estime que la postérité lui sera dure. »
Émile Zola, 1876 (Œuvres complètes, Vol. X11, p. 627).
  • « Il a été un des ouvriers les plus puissants du naturalisme contemporain. Puis, il s'est déclaré en lui une sorte d'accès philosophique, qui a empoisonné et détraqué ses œuvres. »
Émile Zola, 1879 (Œuvres complètes, Vol. X11, p. 668).

Œuvres[modifier | modifier le code]

Principaux romans et contes[modifier | modifier le code]

Couverture de La Dame aux camélias, illustrée par Albert Lynch.
  • Aventures de quatre femmes et d’un perroquet, 1846-1847.
  • Césarine, 1848.
  • La Dame aux camélias, 1848, édition revue en 1852 (ISBN 2-87714-205-1) (texte en ligne (Gallica)), dont une version illustrée par Albert Besnard.
  • Le Docteur Servan, 1849.
  • Antonine, 1849.
  • Le Roman d’une femme,1849.
  • Les Quatre Restaurations, 1849-1851.
    Série de romans historiques parue en feuilletons dans La Gazette de France sous les titres Tristan le Roux, Henri de Navarre et Les Deux Frondes.
  • Tristan le Roux,1850.
  • Trois Hommes forts, 1850.
  • Diane de Lys, 1851.
  • Le Régent Mustel, 1852.
  • Contes et Nouvelles,1853.
  • La Dame aux perles, 1853.
  • L'Affaire Clemenceau, Mémoire de l'accusé, 1866, dont une version illustrée par Albert Besnard.

Principales pièces et adaptations théâtrales[modifier | modifier le code]

« La Dame aux camélias », gravure d'Adolphe Pierre Riffaut d'après Charles Chaplin.
  • Le Bijou de la reine, comédie en vers en un acte, 1845.
  • Le Verrou de la reine, Paris, Théâtre-Historique, 1848, puis théâtre du Gymnase, 1873.
  • Atala, scène lyrique, musique de Varney, Paris, Théâtre-Historique, 1848.
  • La Dame aux camélias, Paris, Le Vaudeville, (texte en ligne sur Wikisource).
  • Diane de Lys, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Le Demi-Monde, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Question d’argent, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Le Fils naturel, Paris, théâtre du Gymnase, . Texte en ligne (Gallica) : visualiseur.bnf.fr.
  • Un père prodigue, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • L’Ami des femmes, Paris, théâtre du Gymnase, . Texte en ligne (Gallica) : visualiseur.bnf.fr.
  • Les Idées de Mme Aubray, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Une visite de noces, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Princesse Georges, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • La Femme de Claude, Paris, théâtre du Gymnase, . Texte en ligne : epelorient.free.fr.
  • Monsieur Alphonse, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • L’Étrangère, comédie en cinq actes, Paris, Théâtre-Français, .
  • La Princesse de Bagdad, pièce en trois actes, Paris, Théâtre-Français, .
  • Denise, pièce en quatre actes, Paris, Théâtre-Français, .
  • Francillon, pièce en trois actes Paris, Théâtre-Français, .

Principales collaborations théâtrales[modifier | modifier le code]

Caricature de George Sand, 1848.
  • Avec George Sand : Le Marquis de Villemer, Paris, théâtre de l'Odéon, .
  • Avec Émile de Girardin : Le Supplice d’une femme, Paris, Théâtre-Français, .
  • Avec Armand Durantin : Héloïse Paranquet, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Avec H. Lefrançois : Le Filleul de Pompignac, comédie en quatre actes, Paris, théâtre du Gymnase, 1869.
  • Avec Alexandre Dumas : La Jeunesse de Louis XIV, Paris, théâtre de l'Odéon, 1874.
  • Avec Pierre de Corvin : Les Danicheff, drame en cinq actes, Paris, théâtre de l'Odéon, .
  • Avec Gustave-Eugène Fould : La Comtesse Romani, comédie en trois actes, Paris, théâtre du Gymnase, .
  • Avec Alexandre Dumas : Joseph Balsamo, drame inédit en cinq actes, Paris, théâtre de l'Odéon, .

Essais[modifier | modifier le code]

  • Histoire de la loterie du lingot d'or, 1851.
  • L'Homme-femme, 1872.
  • La Question de la femme, Association pour l'émancipation progressive de la Femme, , 85 p. (lire en ligne)
  • La Question du divorce, éditeur Calmann Lévy, 1880, 417 pages : réfutation de Famille et Divorce de l'abbé Vidieu (édit. E. Dentu, 1879).
  • Les femmes qui tuent et les femmes qui votent, éditeur Calmann Lévy, 1880, 216 pages. Texte en ligne (Gallica) : permalien.

Œuvres réunies[modifier | modifier le code]

  • Péchés de jeunesse (1847). Recueil de poésie.
  • Théâtre complet avec préfaces inédites (1868-1879) (6 vol.). Édition augmentée, dite des Comédiens (1882-1886) (6 vol.).
  • Entr’actes (1878-1879) (3 vol.). Écrits de jeunesse.

Musique[modifier | modifier le code]

La Pâquerette, mélodie de Charles Gounod (1871), texte de Dumas.

Filmographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Alexandre Dumas papers »
  2. Acte de naissance aux Archives de Paris (archives.paris.fr)
  3. Claude Schopp, Dictionnaire Alexandre Dumas, CNRS, , p. 181.
  4. [PDF] Montgeron Mag, no 194, page 23/27, du mois de février 2014, sur le site des publications de la Mairie de Montgeron (consulté le 24 décembre 2017)
  5. Elle épousera Maurice Lippmann.
  6. Neuilly-sur-Seine Mariages 1864, cote E_NUM_NEU192, page 159/165
  7. Inventaire après décès d'Alexandre Dumas, publié sur le site des Archives de France (consulté le 24 décembre 2017)
  8. « Marly : la maison d'Alexandre Dumas fils cherche un nouveau propriétaire », publié le 22 avril 2016 par Virginie Grolleau, sur le site de L'Obs (consulté le 24 décembre 2017)
  9. « Théâtre réaliste », critique de Émile Montégut, Revue des Deux Mondes, 1858.
  10. Revue nationale et étrangère politique, scientifique et littéraire, revue des théâtres critique de Edmond de Villetard, 1864.
  11. Sylvie Chaperon et Christine Bard, Dictionnaire des féministes. France - XVIIIe – XXIe siècle, Presses universitaires de France, (ISBN 978-2-13-078722-8, lire en ligne), « Daubié Julie-Victoire ».
  12. Une lettre sur les choses du jour, Michel Lévy, , p. 16 ; repris dans Entr'actes, Calmann Lévy, , 381 p. (lire en ligne), p. 294.
  13. Paul Lidsky, Les Écrivains contre la Commune, La Découverte, (ISBN 978-2-348-06141-7, lire en ligne), « La communarde ».
  14. « Dossier dans l'ordre de la Légion d'honneur d'Alexandre Dumas », base Léonore, ministère français de la Culture

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Théâtre complet. Tome I. Auteur littéraire : Dumas fils (Alexandre), éditeur scientifique : Sabourin (Lise), coll. Bibliothèque du théâtre français, Classiques Garnier, 2019, 901 p.
  • André Maurois, Les Trois Dumas, Le Livre de poche.
  • Marianne Schopp, Claude Schopp, Dumas fils ou l'anti-Œdipe, Phébus, , 336 p. (lire en ligne).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]