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Bataille d'Anoual

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Bataille d'Anoual
Description de cette image, également commentée ci-après
Carte de la retraite espagnole vers Melilla après la bataille d'Anoual. Les plus lourdes pertes espagnoles sont indiquées par les croix rouges.
Informations générales
Date 1921
Lieu Anoual
Issue Victoire Rifaine
Belligérants
Drapeau de la République du Rif République du Rif Drapeau de l'Espagne Espagne
Commandants
Drapeau de la République du Rif Abdelkrim al-Khattabi Drapeau de l'Espagne Manuel Sylvestre
Drapeau de l'Espagne Jésus Villar
Drapeau de l'Espagne Felipe Navarro
Forces en présence
Drapeau de la République du Rif
3 000[1] combattants irréguliers
Drapeau de l'Espagne
18 011 hommes
24 pièces d'artillerie
Pertes
Drapeau de la République du Rif
~1 000 morts
Drapeau de l'Espagne
~10 265 morts et des milliers de blessés
~700 prisonniers

Drapeau de la République du Rif

Coordonnées 35° 07′ 12″ nord, 3° 35′ 00″ ouest
Géolocalisation sur la carte : Maroc
(Voir situation sur carte : Maroc)
Bataille d'Anoual
Photo de cadavres de troupes espagnoles prise en janvier 1922 à Monte Arruit, plusieurs mois après la bataille.

La bataille d'Anoual, connue comme le désastre d'Anoual par l'historiographie espagnole (desastre de Annual en espagnol), opposa un contingent militaire espagnol aux bandes armées rifaines de Mohamed Abdelkrim al-Khattabi, dans la région du Temsamane, à 90 km de Melilla le . Il marque le début de la guerre du Rif et contribue au mythe d’Abdelkrim comme héros de guerre, fin stratège et chef charismatique de la résistance.

La victoire d’une bande de résistants sur l’armée espagnole devint un important symbole de la lutte anticoloniale et marqua un tournant de la résistance au double protectorat espagnol et français instauré au Maroc.

Tandis qu'Abdelkrim proclame la République du Rif, en Espagne, le désastre d'Anoual provoque des troubles politiques qui ont pour conséquences le coup d'État et la mise en place de la dictature de Miguel Primo de Rivera[2] avec l'accord tacite du roi.

Contexte

Acteurs

Espagne

Depuis dix ans, l’Espagne éprouve beaucoup de difficultés à administrer la région nord du Maroc actuel placée sous son autorité depuis 1912. Ses troupes se heurtent continuellement à des poches de résistance et les Espagnols n'ont toujours pas posé le pied dans le centre du Rif. Ils sont en effet bloqués autour de Nador et Al HoceIma, ainsi que Tetouan.

À partir de 1920, les autorités espagnoles décident d'étendre leur influence dans tout le Rif, et une politique de conquête est lancée à destination de toute la partie encore insoumise. Ainsi, le général Manuel Fernández Silvestre est chargé par le roi Alphonse XIII de commander les forces espagnoles dans la région, il prend le statut de commandant général de Melilla. Celui-ci est convaincu d’avoir affaire à une petite bande de brigands et continue d’avancer vers le cœur du Rif en direction d'Alhucemas, pensant pouvoir soumettre toutes les tribus du Rif en quelques semaines. En effet, après quelques jours de combat les armées espagnoles réussissent à atteindre les localités de Ben Tayeb et de Driouch, à plus de 70 km de Melilia. La situation devient alors critique pour les tribus berbères du Rif qui voient les colonisateurs espagnols s’avancer jour après jour. Anoual tombe le 15 janvier 1921 aux mains des Espagnols.

L’armée espagnole est équipée de fusils Mauser datant de la guerre de Cuba (1898), de 36 canons, de 26 mitrailleuses et 6 bombardiers pour 20 000 hommes.

Armée du Rif

Abdelkrim ben Mohamed Al Khattabi décide d'attaquer les Espagnols mais il est assassiné fin 1920. C'est son fils Mohamed Ben Abdelkrim Al Khattabi (Muhend U Abdelkrim Lkhattbi en berbère) qui reprend le flambeau de la tribu des Beni Ouriaghel, après avoir étudié en Espagne, été journaliste à Melilla et après avoir travaillé pour l’administration coloniale. Celui-ci décide d'unifier les autres tribus berbères pour contrer l'impérialisme espagnol.

Position et géographie d'Anoual

Anoual est une ville se situant à 70 km de Melilla et à 10 km de la mer Méditerranée. C'est une zone de montagnes, constituées de ravins auquel il est possible d'accéder par des pistes difficilement praticables et dominées par des hauteurs.

Les troupes espagnoles tentent de rejoindre la mer au nord pour rejoindre la flotte, mais les 20 000 soldats sont dispersés pour tenir le terrain.

Déroulement

Les Espagnols sont repoussés une première fois en juin à « Dhar Obbaran » lors d'une petite escarmouche au cours de laquelle les Espagnols tentent de rejoindre la mer. L'armée espagnole ne réagit pas, mais fort de cet exploit, les rifains décident de contre-attaquer en assiégeant la position d'Igueriben dont la situation est critique par manque d'eau. Le général Silvestre ne parvient pas à monter une colonne de secours et les défenseurs sont massacrés après avoir tenté une sortie. Les rifains décident alors de prendre d'assaut Anoual, sur le territoire de Temsamane. Abdelkrim réussit alors à unifier plusieurs tribus du Rif contre les Espagnols.

Dans l’après-midi du , 3 000 combattants riffains, pour la plupart issus des Aït Ouriaghel, Ibaqouyen, Temsamane, Tafersit et Aït Touzine, fondent sur les 18 000 soldats espagnols à Anoual, les contraignant à battre en retraite. Le général Silvestre hésite, ordonne la retraite et se suicide le lendemain à la suite de cette défaite humiliante. Privés de leur chef, les postes tombent les uns après les autres et l'armée recule de manière désordonnée jusqu'à Monte Arruit. Le 9 août, les soldats de Monte Arruit négocient une reddition, mais les 3 000 soldats sont trahis et exécutés par Abdelkrim[3]. Les défenseurs de Selouane seront également exécutés par les rifains.

Bilan et conséquences

Bilan

Les guerriers d'Abdelkrim récupèrent à l'issue de la bataille le matériel abandonné par les troupes espagnoles en retraite soit des fusils, des canons, des obus, de cartouches, des approvisionnements en vivres, des médicaments et du matériel médical. Les Espagnols perdent 9 500 hommes et 492 soldats fait prisonniers dont le général Felipe Navarro (es)[4].

Conséquences

Cette défaite cinglante des forces coloniales fut lourde de conséquences de part et d’autre de la Méditerranée. C'est cette « humiliation » qui, en 1923 à Barcelone, incita le général Miguel Primo de Rivera à lancer un pronunciamiento et à instaurer une dictature militaire. La guerre du Rif dura encore cinq années et se solda par la reddition des Riffains à la suite de la formation d'une coalition franco-espagnole, motivée par la volonté des troupes d'Abdelkrim de liberer les territoires occupés par les français. On reproche aux Espagnols leur utilisation de gaz moutarde[Quoi ?][réf. nécessaire]. Les rifains sont défaits par l'armée la coalition franco-espagnole. Abdelkrim et sa famille sont exilés à la Réunion. Lors de son transfert en France en 1947, le bateau qui le transportait fit une escale en Égypte et Abdelkrim y fut libéré avec les membres de sa famille. Il y décéda en 1963.

Notes et références

  1. Rebels in the Rif, p. 97, Stanford University Press.
  2. Beevor 2006, p. 50-51.
  3. Beevor 2006, p. 50, 2e §
  4. Luis Miguel Francisco 2014

Annexes

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Bibliographie

  • (es) Luis Miguel Francisco, Morir en Àfrica : la epopeya de los soldados españoles en el Desastre de Annual, Barcelone, Critica, , 630 p. (ISBN 978-84-9892-748-1).
  • (en) Antony Beevor (trad. Jean-François Séné), La guerre d'Espagne, Paris, Calmann-Lévy, , 896 p. (ISBN 978-2-253-12092-6, BNF 41433668).
  • Mimoun Charqi, La Guerre chimique contre le Rif, Éditions Amazigh, .
  • Philippe Conrad et al., Franco, Bassillac, Éditions Chronique, , 128 p. (ISBN 2-905969-83-0, ISSN 1272-3622).
  • « Anoual, 1921 : Abd el-Krim égorge l'armée espagnole », Guerres & Histoire,‎ (ISSN 2115-967X)
  • (es) Jorge Martínez Reverte, Sonia Ramos et M’hamed Chafih, El vuelo de los buitres : El desastre de Annual y la guerra del Rif, Barcelone, Galaxia Gutenberg, , 448 p. (ISBN 978-8418526169).
  • (es) Gerardo Muñoz Lorente, El desastre de Annual : Los españoles que lucharon en África, Cordoue, Almuzara, , 384 p. (ISBN 978-8418578229).
  • (es) Collectif, sous la direction de Daniel Macías Fernández, A cien años de Annual : La guerra de Marruecos, Madrid, Desperta Ferro, coll. « Historia de España », , 560 p. (ISBN 978-8412221282).

Articles connexes