Timor oriental

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République démocratique du
Timor oriental

(pt) República Democrática de Timor-Leste

(tet) Repúblika Demokrátika Timór-Leste

Drapeau
Drapeau du Timor oriental
Blason
Armoiries du Timor oriental
Devise Unidade, Acção, Progresso
(portugais : « Unité, Action, Progrès »)
Hymne Pátria
Description de l'image Timor Leste (orthographic projection).svg.
Administration
Forme de l'État République
Président de la République Francisco Guterres
Premier ministre Taur Matan Ruak
Langues officielles Portugais, tétoum[1]
Capitale Dili

8° 33′ S, 125° 34′ E

Géographie
Plus grande ville Dili
Superficie totale 15 410 km2
(classé 159e)
Superficie en eau Négligeable
Fuseau horaire UTC +9
Histoire
Entité précédente
Indépendance de l'Indonésie
Date
Démographie
Gentilé Timorais[2]
Population totale (juillet 2015 (estimation)) 1 231 116[3] hab.
(classé 156e)
Densité 79,8 hab./km2
Économie
Monnaie dollar américain (USD)
Développement
IDH (2012) 0,576 (moyen ; 134e)
Divers
Code ISO 3166-1 TLS, TL
Domaine Internet .tl (anciennement .tp)
Indicatif téléphonique +670

Le Timor oriental, en forme longue la république démocratique du Timor oriental, en portugais Timor-Leste et República Democrática de Timor-Leste, en tétoum Timor Lorosa'e et Repúblika Demokrátika Timór-Leste, est un pays d'Asie du Sud-Est[4]. Il est constitué de la moitié orientale de l'île de Timor — d'où son nom —, de l'Oecusse, une enclave située dans la partie occidentale de l'île de Timor, entourée par le Timor occidental sous souveraineté indonésienne, ainsi que des îles d'Atauro et Jaco. La capitale du Timor oriental est Dili.

Originellement colonie portugaise durant près de quatre siècles, le Timor oriental fut, après l'invasion indonésienne de décembre 1975, annexé unilatéralement par ce dernier pays en 1976. Cette annexion ne fut jamais reconnue par l'ONU, laquelle organisa un référendum d'autodétermination en août 1999 qui conduisit à la pleine indépendance du Timor oriental en 2002. L'invasion indonésienne et la violence de son contrôle sont responsables de nombreux morts : les estimations les plus crédibles varient entre 100 000 et 200 000[5],[6].

Géographie

Carte politique du Timor oriental.

Le Timor oriental est situé pour sa majeure partie sur la moitié est de l'île de Timor, la plus grande des petites îles de la Sonde. L'île mesure 30 777 km2 ; le Timor oriental en occupe environ 15 000 km2.

Les détroits d'Ombai et de Wetar séparent le nord de l'île du reste de l'archipel de la Sonde. Au sud, la mer de Timor sépare le Timor de l'Australie. À l'ouest se trouve la province indonésienne des petites îles de la Sonde orientales.

Le pays est assez montagneux. Le point culminant du Timor oriental est le mont Tatamailau (2 963 m).

Le climat du pays est tropical et généralement chaud et humide, caractérisé par une saison sèche et une saison humide.

Dili, la capitale du pays, en est également la plus grande ville et le port principal. La deuxième ville est Baucau, à l'est de l'île. Dili possède le seul aéroport international du Timor oriental.

Environnement, patrimoine naturel

Toponymie

L'usage majoritaire est d'écrire « Timor oriental » comme le font notamment la liste annexée à l'arrêté français du 4 novembre 1993 relatif à la terminologie des noms d'États et de capitales ou la recommandation concernant les noms d'États, d'habitants, de capitales, de sièges diplomatiques ou consulaires (liste établie par le ministère des affaires étrangères et européennes) de 2008[7], le Petit Robert des noms propres 2010 et le Dictionnaire Hachette 2010.

Le Petit Larousse 2010 écrit « Timor-Oriental » tandis que le groupe d'experts des Nations unies pour les noms géographiques (GENUNG) préconise Timor-Leste, non traduit[8].

Timor provient du malais et de l'indonésien timur, signifiant « est » ; donc Timor oriental signifie littéralement « est oriental »[9].

Histoire

Colonie portugaise à partir de 1596, le Timor oriental est annexé par l'Indonésie en 1976. Plus de 200 000 personnes — le quart de la population — ont été tuées par l’armée indonésienne durant cette occupation. En 1999, dans un référendum organisé par l'Indonésie, la population de Timor oriental vote à près de 80% pour une séparation d'avec l'Indonésie. Le territoire acquiert sa pleine indépendance le 20 mai 2002. Depuis, les relations entre les deux pays se sont largement améliorées. Dans un entretien avec le The Jakarta Post le , le Premier ministre du Timor oriental, Rui Maria de Araújo, qui a passé 9 ans comme étudiant dans différentes universités d'Indonésie, considère que « la relation entre Timor Leste et l'Indonésie est excellente »[10].

Politique et administration

Le président de la République démocratique du Timor oriental est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Son rôle est largement symbolique, même s'il lui est possible de mettre un veto à certaines lois. À la suite des élections législatives, le président nomme comme Premier ministre le chef du parti majoritaire de la coalition principale. En tant que chef de gouvernement, le Premier ministre préside le Conseil des ministres.

Le parlement du Timor oriental (Parlamento Nacional) est unicaméral, ses membres sont élus pour cinq ans au suffrage universel. Le nombre de députés peut varier entre 52 et 65, bien qu'exceptionnellement il en ait compté jusqu'à 88, comme lors de sa première législature, en 2005.

La Constitution du Timor oriental a été construite sur le modèle de celle du Portugal. Du fait de son indépendance récente de l'Indonésie en 2002, le pays est toujours en train de construire son administration et ses institutions gouvernementales.

Subdivisions

Les municipalités du Timor oriental.

Le Timor oriental est subdivisé en 13 municipalités administratives[11],[12] :

Population et société

Démographie

Un Timorais dans ses vêtements traditionnels.
Évolution de la population du Timor oriental entre 1861 et 2010.

Les effets de l'invasion indonésienne de 1975 et des événements de 1999 ayant mené à l'indépendance sont bien visibles sur la courbe d'évolution de la population.

La mortalité reste élevée, avec une pauvreté généralisée, et des maladies toujours très présentes, comme la tuberculose, la malaria, la dengue[13].

Les rares colons Portugais blancs, dont certains vivaient dans la colonie depuis des générations, furent expulsés par l'Indonésie, entre 1976 et 1980. Certains partirent pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et le reste, au Portugal. Les métis furent autorisés à rester par l'administration Indonésienne, s'ils n'étaient pas pro-Portugais. En 1975, ils représentaient 3 % de la population.

Religions

Le Timor oriental est l'un des deux seuls pays à dominante catholique en Asie, avec les Philippines. La province indonésienne voisine des petites îles de la Sonde orientales est également à dominante catholique.

La composition religieuse du Timor oriental est la suivante : catholicisme (97 %), islam (1 %), protestantisme (1 %), autres (1 %).

Langues

Carte linguistique de Timor

Les langues de Timor appartiennent à deux familles distinctes :

La lingua franca et langue nationale du Timor oriental est le tétoum, une langue austronésienne avec des influences portugaises. Le tétoum et le portugais ont le statut de langue officielle. Le portugais est surtout parlé par la population âgée de plus de 45 ans, et cette langue fut proscrite de l'enseignement et de tout usage officiel, entre 1976 et 2000. L'anglais et l'indonésien ont le statut constitutionnel de « langues de travail ».

La langue portugaise est de moins en moins employée dans la région, contrairement à l'anglais, qui est en expansion. Cette situation rappelle le cas de l'espagnol, qui fut la langue coloniale et véhiculaire des Philippines jusqu'en 1898, année de l'invasion américaine, et où l'espagnol disparut graduellement face à l'anglais, entre 1898 et 1987. Mais le Timor oriental est un pays bien plus petit, et depuis l'invasion de l'Indonésie en 1976, le bahasa Indonesia, langue de l'ancien envahisseur, reste encore très présente, alors que la période d'occupation est plus courte. Surtout, l'anglais est la langue du pays le plus proche, au sud, l'Australie. Le Portugal et le Brésil, pays de langue portugaise, sont très éloignés, et l'anglais est devenu de plus en plus utilisé par les plus jeunes, d'autant plus qu'une grande partie ne parle pas le portugais, ou le parle très partiellement[réf. nécessaire].

La constitution timoraise reconnaît par ailleurs officiellement d'autres langues, dont :

Économie

Manifestation contre le contrat d'exploitation du pétrole avec l'Australie (2013)[16].

Le Timor oriental est souvent qualifié de « pays le plus pauvre d'Asie », tant en termes de produit national brut global (environ 400 millions de dollars en 2003) que de PNB par habitant (500 $/hab.). Cela dit, ces valeurs correspondent à un PNB non pétrolier. Si l'on inclut les hydrocarbures, le PNB par habitant du Timor oriental est d'environ 1 500 $ en 2008[17]. L'économie est encore en phase de reconstruction à la suite des destructions liées à l'occupation et surtout la période d'accession à l'indépendance : environ 70 % des infrastructures du pays furent détruites par les troupes indonésiennes et les milices associées avant leur départ en 1999.

70 % des emplois sont concentrés dans l'agriculture, qui produit 43 % de la richesse nationale. L'industrie est faiblement développée (textile, transformation du café), et n'emploie que 5 % des travailleurs, pour 17 % du PNB. Le reste de l'activité se situe dans l'industrie des services, regroupés essentiellement dans et autour de la capitale. Environ 50 % de la population était au chômage en 2002 (cela inclut le sous-emploi), tandis que 42 % des Timorais vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Les licences d'exploitation des réserves pétrolières offshore fournissent déjà près de 50 millions de dollars par an et représentent 55 % du PNB du Timor[18]. Un conflit oppose le Timor oriental à l'Australie sur les frontières maritimes (Timor Gap) et l'exploitation des réserves de la mer de Timor.

Culture

Les jours fériés du Timor oriental reprennent les principales fêtes catholiques et les principaux événements de la lutte pour l'indépendance.

Fêtes et jours fériés
Date Nom français Nom local
en portugais
Remarques
1er janvier Jour de l'an Ano Novo
mobile Jeudi saint
mobile Vendredi saint Sexta-Feira Santa
mobile Pâques Páscoa
1er mai Fête du Travail
20 mai Fête de l'indépendance Independência Acquise le
mobile Fête-Dieu
15 août Assomption de Marie Assunção
30 août Jour de la Constitution Consulta
20 septembre Fête de la libération Libertação
1er novembre Toussaint Todos-os-Santos
12 novembre Fête de Santa Cruz Santa Cruz Commémore le massacre du cimetière Santa Cruz, le
8 décembre Immaculée conception Imaculada Conceição
25 décembre Noël Natal

Codes

Le Timor oriental a pour codes :

Notes et références

  1. La constitution du Timor oriental définit l'indonésien et l'anglais comme langues de travail.
  2. Commission d'enrichissement de la langue française, « Recommandation concernant les noms d’États, d’habitants, de capitales, de sièges diplomatiques ou consulaires (liste établie par le ministère des affaires étrangères et européennes) », sur culture.fr, (consulté le ).
  3. (en) CIA World Factbook, consulté le 18 mars 2016.
  4. Révision stratigraphique de l’île de Timor (Indonésie orientale), Michel Villeneuve, Jean-Jacques Cornée, Agus Harsolumakso, Rossana Martini et Louisette Zaninetti.
  5. Conflict-related Deaths in Timor Leste, 1954-1999. The Findings of the CAVR Report Chega!.
  6. Asia Watch, Human Rights in Indonesia and East Timor, Human Rights Watch, New York, 1989, p. 253.
  7. Recommandation concernant les noms d'États, d'habitants, de capitales, de sièges diplomatiques ou consulaires (liste établie par le ministère des affaires étrangères et européennes) (lire en ligne).
  8. La typographie française prévoit normalement pour la graphie des noms d’unités administratives ou politiques dont le nom est en français ou francisé, des traits d'union entre les différents éléments d’un nom composé et une majuscule à tous les éléments (sauf articles). Il serait donc plus convenable d’écrire « Timor-Oriental »[réf. nécessaire].
  9. (en) https://global-geography.org/af/Geography/Asia/Timor-Leste/Government
  10. Margareth Aritonang, « Discourse: Indonesia, Timor Leste have developed a mature relationship: PM », The Jakarta Post, 31 août 2015, p. 3.
  11. (pt) « Orgânica dos Postos Administrativos », Jornal da República: Diploma Ministerial, no 24,‎ .
  12. Ministério da Administração Estatal: Município de Aileu, consulté le 9 novembre 2015.
  13. Luciano Alvarez (trad. du portugais), « Un pays riche de pétrole qui fait le plein de pauvres », Courrier international, no 1131,‎ , p. 28-29 (ISSN 1154-516X).
  14. Voir Austronesian, Nuclear Timor, East.
  15. Voir Trans-New Guinea, Timor-Alor-Pantar.
  16. http://www.abc.net.au/news/2013-12-07/an-east-timor-denies-violent-protests/5142028.
  17. F. Durand, Timor-Leste en quête de repères, Bangkok, IRASEC, 2008, p. 24.
  18. Cabasset-Semedo (Chr.), « Timor-Leste », L'Asie du Sud-Est 2010, Bangkok, IRASEC,[réf. incomplète]

Voir aussi

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Bibliographie

  • Frédéric Durand, Timor-Leste. Premier État du troisième millénaire, Paris, .
  • (en) Geoffrey C. Gunn, Historical Dictionary of East Timor, Plymouth, .
  • (en) Jude Conway, Women of East Timor, Stories of Resistance and Survival, .
  • Flávio Borda d’Água (préf. Armando Marques Guedes), Le Timor Oriental face à la Seconde Guerre mondiale (1941-1945), Lisbonne, .
  • Christine Cabasset-Semedo, « Timor-Leste 10 ans après le référendum », dans L'Asie du Sud-Est 2010, Bangkok.
  • Gabriel Defert, Timor-Est, le génocide oublié. Droit d'un peuple ou raisons d’États, Paris, .
  • Frédéric Durand, 42 000 ans d'histoire de Timor-Est, .
  • Frédéric Durand, Timor-Leste en quête de repères. Perspectives économico-politiques et intégration régionale, 1999-2050, .
  • Frédéric Durand, Catholicisme et protestantisme à Timor: 1556-2003, .
  • Frédéric Durand, Timor Lorosa'e, pays au carrefour de l'Asie et du Pacifique, un atlas géo-historique, .
  • (en) Geoffrey C. Gunn, Timor Loro Sae: 500 Years, Macau, .
  • Dominique Lecompte, « L'ONU, Pygmalion malhabile: l'échec du nation building au Timor », Focus stratégique, no 26,‎ (lire en ligne).
  • René Pélissier, Timor en guerre, le crocodile et les Portugais (1847-1913), Orgeval, .
  • José Ramos-Horta, La saga du Timor-Oriental, Lausanne, .
  • (en) Elizabeth Stanley, Torture, truth and justice: the case of Timor-Leste, .

Liens externes