Utilisateur:Leonard Fibonacci/Hyrcan II

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Hyrcan II par Guillaume Rouillé's Promptuarii Iconum Insigniorum

Hyrcan II est un grand prêtre du Temple de Jérusalem et un roi appartenant à la dynastie des Hasmonéens (mort en -30). Il est le fils d'Alexandre Jannée et de Salomé Alexandra. Sa vie peut être reconstituée à partir des Antiquités juives de Flavius Josèphe (Livres XIII à XV).

Arrivée au pouvoir d’Hyrcan et son écartement après la mort de sa mère[modifier | modifier le code]

Le royaume Hasmonéen en 63 av. J.-C.

La nomination d'Hyrcan II à la charge de grand prêtre intervient dans le violent conflit qui oppose sadducéens et pharisiens. De même que Jean Hyrcan, Alexandre Jannée « favorable à la secte des Sadducéens[1] » avait « persécuté » les pharisiens qui fortement opposés à lui avaient appelés le roi séleucide de Syrie Démétrios III pour qu'ils viennent le renverser[2]. Après avoir repoussé les envahisseurs[2], il avait fait crucifier huit cents pharisiens, faisant égorger leurs femmes et leurs enfants devant les crucifiés pendant leur supplice, alors que lui-même et ses concubines assistaient à la scène comme à un spectacle tout en banquetant. À sa mort, Alexandre Jannée (le vieux lion) lègue la royauté à sa femme Salomé Alexandra (-76). Alors qu'Alexandre Jannée « avait embrassé le parti des Sadducéens et d'autres groupes sacerdotaux qui s'étaient rangés à ses côtés, la reine s'allia aux Pharisiens. La raison de cette volte-face était purement politique. Sachant qu'elle ne pourrait pas plaire en même temps aux Sadducéens et aux Pharisiens, Salomé-Alexandra, qualifiée par Josèphe de reine prudente et énergique mais un peu naïve, choisit tout simplement le camp le plus utile à sa cause[2]. » On ne sait s'il faut croire Flavius Josèphe, pour qui c'est Alexandre Jannée lui-même qui peu de temps avant sa mort, aurait suggéré cette tactique à sa femme.

Salomé Alexandra associe aussi son fils ainé Hyrcan au pouvoir et lui transmet la charge de grand prêtre, fonction que s’étaient attribuée les princes hasmonéens. Selon Flavius Josèphe, Hyrcan était « un être faible, dénué de cran pour la guerre ou pour les autres charges que les monarques de ce temps étaient censé assumer[2] », « tandis qu'Aristobule aurait toute le fougue d'un jeune chef militaire[3]. » Ce serait la raison pour laquelle sa mère l’aurait appuyé lui plutôt que son second fils, Aristobule II, de peur que celui-ci, disposant ce cette haute fonction ne finisse par complètement écarter la reine du pouvoir.

Les pharisiens au pouvoir se mettent à « persécuter » tous leurs adversaires qui trouvent un défenseur en la personne d'Aristobule II. Après que quelques uns aient été exécutés ou assassinés par les pharisiens, il obtient de sa mère que les adversaires des pharisiens soient bannis plutôt que tués. Quelques uns, jugés particulièrement compétents et fidèles à la famille hasmonéennes, sont relégués à la tête de lointaines forteresses. Alors que Salomé Alexandra était malade, Aristobule commence à rassembler ses forces. Il fait passer de son côté tous les commandants des forteresses et se proclame roi. Lorsque Hyrcan s’en plaint à sa mère, celle-ci fait emprisonner la femme d’Aristobule et ses fils, sans que cela ne permette de mettre fin à la révolte d’Aristobule.

Après la mort de Salomé Alexandra en 67 av. J.-C., « une autre guerre civile éclata entre ses deux fils Hyrcan et Aristobule, partisans l'un des Pharisiens, l'autre des sadducéens[2]. » Hyrcan ajoute à sa fonction de grand-prêtre, la couronne de roi[2]. mais son pouvoir est violemment contesté par son jeune frère Aristobule[4]. Celui-ci, à qui Alexandra avait confié son armée, écrase les partisans de son frère près de Jéricho[4], puis prend possession de Jérusalem. Hyrcan, assiégé dans le Temple avec ses partisans, hésite à se servir de la famille d'Aristobule qu'il retient en otage. Les deux frères se rencontrent dans le Temple et passent une alliance : à Aristobule revient la royauté et à Hyrcan la charge de grand prêtre. Pour renforcer leur alliance, Alexandra, la fille d’Hyrcan épouse Jonathan Alexandre II, le fils d'Aristobule.

Influence d’Antipater l’Iduméen et la guerre civile[modifier | modifier le code]

En 66 av. J.-C., la guerre civile juive semble terminée, lorsque intervient Antipater[4], un Iduméen important d’une famille convertie au judaïsme sous Jean Hyrcan et dont le père Antipas était stratège (gouverneur) d’Edom sous Alexandre Jannée. L'ambitieux Antipater a succédé à son père dans cette fonction[4] et « il possède des troupes qui lui sont aussi fidèles qu'elles sont efficaces[3]. » Antipater a probablement choisi de soutenir Hyrcan à cause des faiblesses de son caractère[3]. Il en devient le principal conseiller. Antipater a plusieurs fils à qui il confie des fonctions de gouverneurs d'autres territoires. L'un de ses fils régnera par la suite en Judée sous le nom d'Hérode le Grand. Sous l’influence d’Antipater, Hyrcan décide de revenir sur son accord avec Aristobule et d’exiger le pouvoir. Hyrcan et Antipater s’enfuient à Pétra auprès d'Arétas III, roi des Nabatéens, et lui promettent des terres en échange de son appui contre Aristobule.

Arétas et son armée, avec Hyrcan et Antipater, assiègent Aristobule dans Jérusalem[5] pendant la Pâque -64. « Le peuple et les Pharisiens soutiennent Hyrcan qui fait figure de siuverain légitime en raison de son droit d'aînesse, mais la puissante caste des Sadducéens reste majoritairement fidèle à Aristobule[5]. » Au cours du siège, Flavius Josèphe raconte la mort de Honi haMe'aguel, un sage qui savait faire tomber la pluie grâce à ses prières. Il est exécuté par les partisans d'Hyrcan, pour avoir refusé de maudire Aristobule. Le Talmud raconte une autre version. Punit par Dieu, pour avoir avoir fait une réflexion sur l'inutilité de planter des caroubiers puisque l'arbre met 70 ans à pousser, il aurait été plongé dans un sommeil de 70 ans. Toutefois, lorsqu'il s'est réveillé, 70 ans plus tard, personne ne l'a reconnu.

L’intervention de Rome[modifier | modifier le code]

La Judée romaine sous Hyrcan II

Le siège cesse lorsque le général romain Pompée, en campagne militaire en Orient, envoie Aemilius Scaurus à Damas. Aristobule et Hyrcan lui envoie immédiatement des ambassadeurs[6]. « le choix de Scaurus se porte sur le client le plus solvable: Aristobule maître du Temple et du trésor sacré[6]. » De plus, réfugié dans le Temple qui est une véritable forteresse, il est plus difficile à vaincre qu'Hyrcan et ses alliés nabatéens[6], ce qui devrait permettre d'éviter un siège long et difficile[7]. La seule menace du romain oblige Arétas et Antipater se retirer immédiatement de Jérusalem[7]. Entretemps, Pompée vainqueur de Tigrane II d'Arménie, arrive lui-même dans la région[7], Aristobule prend dans le Temple une extraordinaire pièce d’orfèvrerie: une vigne en or massif qui ne vaut pas moins de 500 Talents et l'envoie en cadeau à l'imperator[7].

Antipater, se rend toutefois auprès de Pompée et parvient à le convaincre de fournir un arbitrage entre Hyrcan et Aristobule[8]. « Pompée convoque alors les deux frères et les somme de s'expliquer[8]. » Il fait secrètement le choix d'Hyrcan, plus faible à ses yeux, mais ne dit rien et fait avancer ses troupes en prétextant une expédition contre les Nabatéens[8]. Alors que son armée longe le Jourdain, il convoque Aristobule et lui ordonne de lui livrer immédiatement toutes les places fortes de Judée, ce qu'Aristobule s'empresse de faire[8]. Parvenu à Jéricho, il fait prisonnier Aristobule et le contraint à écrire une lettre à ses officiers et aux prêtres de Jérusalem, dans laquelle il ordonne de livrer la ville aux romains[9]. Mais les partisans d'Aristobule, refusent d'obéir tant que celui-ci est l'otage de Pompée et se barricadent dans le Temple[10].

Pompée assiège Jérusalem, prend le Temple après un siège de trois mois dont l'assaut final se conclut en carnage contre les partisans d'Aristobule[10] (-63). L'imperator pénètre même dans le Temple[10] et constate éberlué que le saint des saints, où seul le Grand-prêtre a le droit d'entrer une fois par an, est complètement vide. Il fait lui même l'inventaire du trésor sacré estimé à 2000 Talents, mais s'abstient d'y toucher[10]. « Le lendemain, il remet officiellement le titre de Grand-prêtre à Hyrcan II, en même temps que la garde du trésor[10]. »

La Judée est désormais « assujettie à Rome : Hyrcan n'a plus le droit d'user du titre royal ; il s'engage à payer aux romains un tribut annuel au nom des Juifs[10]. » « C'est la fin de l'indépendance juive gagnée un siècle plus tôt sur les séleucides[10]. » Le royaume hasmonéens a vécu[10] et est démembré. Les villes hellénistiques qui avaient été conquises par les souverains hasmonéens, depuis Jonathan jusqu’à Alexandre Jannée, telles que Jaffa, Beth Shéan, Gaza, Joppé, la Tour de Straton, ainsi que Pella, Gérasa et Dion en Décapole, sont rendues à leurs anciens habitants et intégrées à la province romaine de Syrie[11]. La Judée ne devient pas une province romaine, mais « elle n'est dans les faits qu'un protectorat romain[10]. »

De plus, le gouvernement réel revient à Antipater. Hyrcan II conserve le pontificat et le pouvoir du parti pharisien se trouve renforcé. Pompée rentre à Rome emmenant en captivité avec lui Aristobule et ses fils[11]. Arétas III conserve son trône en payant 300 Talents à Scaurus, qui est bientôt remplacé au poste de gouverneur de Syrie par Philippus (59-58 av. J.-C.), Marcellinus (58-57 av. J.-C.) puis Gabinius (57-55 av. J.-C.)[11].

La révolte d’Alexandre II[modifier | modifier le code]

En -58, Jonathan Alexandre II, un fils d’Aristobule, s’enfuit de Rome et rejoint la Judée. Il réunit des hommes et se proclame roi. Hyrcan est obligé de fuir Jérusalem et de se tourner vers Gabinius pour recevoir son aide. Gabinius réprime la révolte, fait prisonnier Alexandre et fait rentrer Hyrcan à Jérusalem. De toutes ses fonctions, il ne reste plus à Hyrcan que la charge de grand prêtre.

Hyrcan II et son mentor Antipater demeurent fidèles à Rome, en dépit de l'abaissement de l'état judéen et des mesures vexatoires imposées par la nouvelle puissance conquérante. En -54, le proconsul Crassus passe par la Judée en allant mener une campagne contre les Parthes. Les Romains continuent à poursuivre les partisans d’Aristobule et détruisent la ville de Taricheae sur les bords du lac de Tibériade (identifiée par la suite à Magdala[12]). La population trouve une occasion de réagir lorsque Crassus essuie un revers auprès de Parthes. La mort de Crassus en -53 provoqua une révolte juive suscitée par un partisan d'Aristobule II, cette révolte fut matée par le proconsul Cassius Longinus.

Jules César[modifier | modifier le code]

L'arrivée au pouvoir de Jules César à Rome donne une dernière occasion à Aristobule et à ses partisans. La maison d’Hyrcan était jusqu’à présent protégée par les partisans de Pompée qui étaient engagés dans une guerre civile avec la puissance montante de César. Aristobule reçoit le commandement de deux légions en Syrie, mais il est empoisonné par des hommes de Pompée. Son fils, Alexandre, est égorgé à Antioche sur ordre de Pompée.

Après la défaite de Pompée à Pharsale, Hyrcan et son conseiller Antipater manifestent leur soutien à César et encouragent les Juifs d’Égypte à s’associer aux soldats de César, engagé dans une guerre comme Ptolémée XIII. César confirme Hyrcan dans la grande prêtrise, le nomme éthnarque des Juifs et nomme Antipater administrateur de la Judée. Jaffa est réintégrée dans les limites du royaume. César permet à Hyrcan de reconstruire les murailles de Jérusalem rasées par Pompée.

Les fils d'Antipater[modifier | modifier le code]

Antipater nomme en 47 av. J.-C. son fils aîné Phasaël stratège de Jérusalem et son fils cadet Hérode stratège de Galilée[13]. L'exécution d'un haut personnage appelé Ezéchias, chef des insurgés galiléens sert de prétexte à l'élite sacerdotale pour contester son action[14]. Hyrcan pour jouer son jeu personnel ou parce qu'il est contraint de sauver les apparences, convoque Hérode pour qu'il vienne s'expliquer. Hérode est contraint de se justifier devant le Sanhédrin[15]. Appuyé par le gouverneur de Syrie Sextus César et à la suite d'une intervention ambiguë du leader pharisien Saméas (Shemayah ?), Hérode est acquitté[15]. Sextus César le nomme alors stratège de Cœlé-Syrie et de Samarie (46 av. J.-C.)[15].

Après le meurtre de César le 15 mars 44 av. J.-C., Antipater et son fils Hérode se rallient au gouverneur de Syrie, Caecilius Bassus, ex-partisan de Pompée[15].

Arrivée au pouvoir d’Antigone II[modifier | modifier le code]

Lorsqu'Antipater est assassiné en -43, son fils Hérode prend sa place et se rallie au nouveau pouvoir romain. En -40, les Parthes envahissent toute la Syrie romaine, pendant que leur allié Labienus, un général romain partisan de Pompée qui s'était réfugié chez les parthes après la défaite de son mentor, prend le contrôle des territoires du sud de la Turquie actuelle. Les rois de la région, jusque là rois clients des romains, se rallient sans difficultés aux Parthes. C'est notamment le cas de Lysanias le roi d'Iturée, fils de Ptolémée Mennaeus, chez qui le jeune fils d’Aristobule II, Antigone II Mattathiah et deux de ses sœurs s'étaient réfugiées après le meurtre de leur père. Antigone profite de la situation pour rassembler ses partisans, prendre le contrôle de Jérusalem et se proclamer roi. Lysanias parvient alors à convaincre le satrape Barzapharnès de soutenir les prétentions royales d'Antigone contre Hyrcan II et son soutien principal Hérode, qui sont trop liés aux romains pour pouvoir se rallier facilement aux parthes. Selon Flavius Josèphe pour emporter cette décision, il aurait promis « mille Talents et cinq cents femmes »[16] de la noblesse de la région, au satrape qui conduit les armées parthes en direction de la Judée. Barzapharnès fournit alors à un général parthe, qui comme le fils du roi Orodès s'appelle Pacoros[17], une armée de parthes composée essentiellement de cavalerie. Ce dernier s'avance jusqu'à Jérusalem que les partisans d'Antigone contrôlent, mais où Hérode et Hyrcan sont solidement retranchés dans une forteresse. Les troupes de Pacoros restent à l'extérieur de Jérusalem et ce dernier parvient à convaincre Hyrcan et Phasaël, le frère d'Hérode à partir avec lui pour que Barzapharnès arbitre le conflit entre les deux prétendants au trône[18]. Toutefois, peu de temps après être parvenus dans la région de Ptolémais, les deux hommes se rendent comptent qu'ils sont en fait prisonniers[19]. Phasaël se suicide et Antigone obtient qu'une des oreilles d'Hyrcan soit coupée, ce qui l'empêche définitivement d'être Grand-prêtre, car un homme ayant un défaut physique est disqualifié pour cette fonction. Les adversaires d'Antigone feront courir le bruit que c'est Antigone lui-même qui lui a arraché l'oreille avec les dents. Hyrcan est ensuite envoyé chez les parthes dans la partie nord de la Mésopotamie, où il est bien accueillis par les communautés juives de la région. De son côté Hérode parvient à sortir de Jérusalem avec 9 000 de ses partisans, en emmenant sa famille avec lui[20].

Sa vie dans l’ombre d’Hérode[modifier | modifier le code]

En -39, envoyé par Marc Antoine, le général romain Publius Ventidius Bassus chasse les Parthes de Syrie[21],[22],[23]. Au printemps 37 av. J.-C., Hérode met le siège devant Jérusalem[24]. Laissant ses hommes à l'ouvrage, il s'absente quelques jours, le temps d'aller se marier en Samarie avec Mariamne l'Hasmonéenne, petite fille d'Hyrcan et la nièce d'Antigone[24]. Hérode compense ainsi « son manque de légitimité en se ratachant symboliquement à la lignée des Hasmonéens[24]. » Jérusalem tombe au bout de cinq mois[24] (le 8 juillet).

Sous la protection de Marc Antoine qui gouverne l’Orient, Hérode qui avait été proclamé roi de Judée à l'unanimité du Sénat romain en décembre 40 av. J.-C.[25], se proclame roi des Juifs devant la population de Jérusalem. En exil en Babylonie depuis quatre ans, Hyrcan est libéré en 36 av. J.-C. grâce à Hérode qui paie le montant de sa rançon[26]. Hérode craint en effet qu’Hyrcan ne s’attire les faveurs de la riche communauté juive de Babylonie et que cela ne constitue un danger pour son pouvoir. Il l’invite donc à rentrer à Jérusalem « pour l'avoir sous son contrôle[26]. » Selon Moïse de Khorène et Thomas Arçrouni, Ma'nu Saphul qui espérait tirer une rançon de la libération d'Hyrcan, se retourne alors contre le juif Enanus qui l'a laisser partir. Enanus est un général qui a le titre prestigieux de « pousse-couronne », car il posait la couronne sur la tête des rois. Il sera tourmenté par Ma'nu Saphul, mais celui-ci lui laissera finalement la vie sauve grâce à l'intervention du prince Dchadchour, l'un des ancêtres de Thomas Arçrouni.

Hyrcan ne peut retrouver la fonction de grand-prêtre « en raison de son amputation des oreilles[26]. » Hérode ne peut pas y prétendre non-plus car il n'appartient pas à une famille sacerdotale « Pour la première fois depuis plusieurs siècles, le pouvoir politique et la fonction sacerdotale vont se trouver dissociés[26]. » Le choix d'Hérode « se porte sur une personnalité peu influente et sans charisme: Ananel, un juif de Babylone[26]. » Cela rend furieuse Alexandra qui estime que ce poste aurtait dû revenir à Judah Aristobule III, petit-fils d’Hyrcan et frère de Myriam l’hasmonéenne[26]. Aristobule est alors le dernier prétendant légitime de la dynastie hasmonéenne, avec Hyrcan, il représente un danger pour Hérode. Par une habile manoeuvre, Alexandra contraint Hérode à nommer son fils, âgé seulement de 17 ans, comme grand-prêtre pour l'empêcher d'entrer en contact avec Marc-Antoine. Mais le bel adolescent suscite une ferveur populaire[27], « la beauté de l'apparence étant alors considérée comme la preuve manifeste de chois divin[28]. » Hérode profite donc d'une invitation que lui a faite Alexandra en son palais de Jéricho pour faire noyer le jeune homme à la faveur d'un jeu dans une piscine[28]. Cela soulève contre lui sa femme Myriam et sa belle-mère Alexandra qui se plaint auprés de Marc-Antoine[28]. Le triumvir convoque Hérode qui s'en sort en apportant une énorme somme d'argent, alors que Marc-Antoine prépare sa campagne contre les Parthes[29].

La fin de la dynastie hasmonéenne[modifier | modifier le code]

Hérode fait finalement tuer Hyrcan[30] juste après la Bataille d'Actium (-31). Le roi de Judée a soutenu Marc-Antoine jusqu'à la fin. Or c'est Octave-Auguste qui l'a emporté[31]. Toutefois, Hérode occupé à une guerre contre les nabatéens n'a pas combattu directement contre Octave. Avant de s'embarquer pour Rhodes pour aller au devant d'Octave les bras chargés de cadeaux, Hérode fait tuer Hyrcan, un de ses seuls concurrents pour le trône royal, encore vivant[30]. Il ne veut probablement « laisser aucune solution de rechange au nouveau maître de l'Empire[30]. »

Grâce à son habileté diplomatique Hérode parvient à faire confirmer son autorité sur le royaume de Judée par Octave-Auguste[32]. Pendant l'année où Octave-Auguste intervient en Orient, Hérode ne quitte plus son nouveau maître[33], lui fournissant tout le soutien possible dans ses entreprises[32]. Avant de repartir pour Rome, le nouvel empereur agrandit même les territoires d'Hérode, en y ajoutant toutes les villes de la côte méditerranéenne depuis la Tour de Straton jusqu'à Gaza (à l'exception d'Ascalon)[33].

Une fois Octave parti pour Rome, Hérode fait exécuter sa femme Mariamne l'Hasmonéenne (-29) après un procès où elle est accusée d'avoir tenté de l'empoisonner[34]. L'année suivante c'est Alexandra la mère de Mariamne qui est exécutée[35]. « Les assassinats politiques se succèdent dans les années qui suivent la confirmation d'Hérode par Octave[35]. » Outre les fils de Babas (ou de Sabbas) ainsi que Costobar, sont tués Sohaimos, Lysimachos, Antipater Gadias, Dosithéos, tous proches d'Hérode accusés de complot par sa sœur Salomé[35]. Finalement en 7 av. J.-C., il fait aussi exécuter les deux fils qu’il avait eu avec Mariamne l'Hasmonéenne: Alexandre et Aristobule IV[36].

Selon Flavius Josèphe, Hyrcan II a laissé le souvenir d’un personnage de peu d'énergie et de faible détermination, qui par son alliance avec les Romains s'est rendu complice de l'abaissement de la Judée et de la profanation du Temple, qui n’a pas su s’opposer avec vigueur aux menées dirigées contre lui par ses neveux et qui enfin est resté sous la coupe de son mentor Antipater. Il faut cependant remarquer que l'histoire de Josèphe s'appuie sur des historiens hellénisés donc généralement hostiles aux souverains juifs hasmonéens. Nicolas de Damas en particulier, en tant que secrétaire d'Hérode, cherche à mettre en avant la personnalité d'Antipater face à Hyrcan.

Hyrcan II a maintenu la législation et les traditions religieuses juives. Au cours de son pontificat, ce sont les pharisiens qui ont eu la haute main sur l’interprétation de la Loi et sous son règne le mouvement du Yahad, souvent identifié aux Esséniens, marqués par la profanation du Temple, développèrent des idées messianiques.

Méchant prêtre[modifier | modifier le code]

Dans les Manuscrits de la mer Morte, un personnage appelé le méchant prêtre, mais dont le nom n'est jamais fourni, est rendu responsable de la persécution et peut-être de la mort du Maître de Justice, probablement le fondateur du mouvement du Yahad, qui est assimilé aux Esséniens par de nombreux auteurs. Il n'y a aucun consensus au sujet de l'identification de ces personnages. Celle-ci dépend de la date des événements fondateurs dont il est question dans les manuscrits du mouvement du Yahad ; datation sur laquelle il n'y a pas non plus de consensus, celle-ci allant du milieu du IIe au milieu du Ier siècle av. J.-C..

Au cours du pontificat d'Hyrcan, ce sont les pharisiens qui ont eu la haute main sur l’interprétation de la Loi. Les membres du Yahad les détestaient et les appelaient les « Chercheurs de flatteries »[37]. Les membres de la « secte de la mer Morte » admiraient le père d'Hyrcan, Alexandre Jannée[38] qui selon Flavius Josèphe avaient fait crucifier 800 pharisiens[39]. Le Yahad s'apparentait sur certains points aux Sadducéens et sur d'autres aux Esséniens[40]. Pris conjointement, l'Éloge du roi Jonathan, le Commentaire de Nahum et le Manifeste semblent indiquer que les membres du mouvement ont pris parti dans les conflits politiques du Ier siècle av. J.-C., qu'il préférèrent Alexandre Jannée à ses adversaires, les Pharisiens et qu'ils défendirent la Loi des Sadducéens contre ses opposants, là aussi les Pharisiens[40]. Le Manifeste sectaire laisse entendre qu'il y eu une période où les partisans d'Alexandre et les auteurs des manuscrits perdirent du terrain au profit de leurs vieux ennemis, les Pharisiens[40]. Pour Michael Wise, Martin Abegg et Edward Cook, « Josèphe n'évoque qu'une seule période possible pour le renforcement du pouvoir pharisien durant la période hasmonéenne: le règne de Salomé Alexandra, la veuve d'Alexandre Jannée[40]. »

Dans le Commentaire de Nahum, le règne du « Lion de la colère » est révolu et la « domination des Chercheurs de flatteries » est devenu une triste réalité. Le texte a donc été écrit dans la période ayant suivi la mort d'Alexandre en 76 av. J.-C., alors que Salomé Alexandra s'était alliée aux Pharisiens qui exerçaient alors un contrôle sans précédent sur les affaires de l'État[41].

À certaines dates du Calendrier des annales du mouvement sont associés des personnages et des événements historiques parfaitement identifiables[42]. Une pratique que l'on trouve aujourd'hui aussi sur nos calendriers, comme par exemple lorsque le est associé à la prise de la Bastille. Il est toutefois très parcellaire, mais on peut ainsi lire « Hyrcan s'est révolté contre Aristobule » (Hyrcan II et Aristobule II) « Shelomziyon est venue... », allusion à Salomé Alexandra, et enfin « Amelius a tué », allusion à Amelius Scaurus qui conduisit les armées de Pompée durant les années 60 av. J.-C.[42].

Le Commentaire d’Habacuc, un des manuscrits de la mer Morte de type midrash pesher qui applique la prophétie biblique à l’histoire de la secte, laisse entendre que son chef spirituel, le Maître de Justice a été supplicié par un "prêtre impie". Ce "Prêtre Impie" est peut-être Hyrcan II.

Pharisiens et Alexandre Jannée[modifier | modifier le code]

Au cours du pontificat d'Hyrcan, ce sont les pharisiens qui ont eu la haute main sur l’interprétation de la Loi. Les membres du Yahad les détestaient et les appelaient les « Chercheurs de flatteries »[37]. Les membres de la « secte de la mer Morte » admiraient le père d'Hyrcan, Alexandre Jannée[43] qui selon Flavius Josèphe avaient fait crucifier 800 pharisiens[44].

Pris conjointement, l'Éloge du roi Jonathan, le Commentaire de Nahum et le Manifeste semblent indiquer que les membres du mouvement ont pris parti dans les conflits politiques du Ier siècle av. J.-C., qu'il préférèrent Alexandre Jannée à ses adversaires, les Pharisiens et qu'ils défendirent la Loi des Sadducéens contre ses opposants, là aussi les Pharisiens[40].

Dans le Commentaire de Nahum, le règne du « Lion de la colère » est révolu et la « domination des Chercheurs de flatteries » est devenu une triste réalité. Le texte a donc été écrit dans la période ayant suivi la mort d'Alexandre en 76 av. J.-C., alors que Salomé Alexandra s'était alliée aux Pharisiens qui exerçaient alors un contrôle sans précédent sur les affaires de l'État[41].

Influence sur la société juive de la période du Second Temple[modifier | modifier le code]

Le réajustement opéré par les pharisiens leur permet d'accepter l'accession à la grande prêtrise de l'hasmonéen Simon, bien qu'il ne soit pas d’ascendance sadocide. Sous la domination hasmonéenne, les pharisiens sont en compétition avec les saduccéens et les autres groupes pour la direction spirituelle de la Judée et du peuple juif. Ils semblent être un mouvement possédant une forte assise populaire[45] constituée de fermiers et de citadins pieux. Au contraire, les saduccéens semblent représenter les intérêts de la caste sacerdotale traditionnellement associée au pouvoir politique. Sous le règne de Jean Hyrcan, les pharisiens ont non seulement une influence sur la population, mais ils sont aussi proches du souverain. Ils sont cependant réservés face à la politique expansionniste de Jean Hyrcan et à son coût humain et économique. Certains s'opposent aussi à la concentration entre les mains d'une même personne des pouvoirs politique et religieux[46]. Ils perdent alors leur place à la cour hasmonéenne et leur influence politique. Ils acceptent l'arrivée au pouvoir d'Hérode Ier le Grand malgré ses origines iduméennes, car celui-ci garantit la paix et l'autonomie religieuse[47]. En retour, Hérode gagne le respect du peuple en tolérant les pharisiens.

Les pharisiens sont décrits par Josèphe comme recherchant le pouvoir politique. Sous le règne de la reine Salomé Alexandra, ils semblent effectivement avoir exercé un contrôle sur le pouvoir politique et sur le culte du Temple. Il n'existe cependant pas d’élément décisif pour affirmer qu'ils représentaient le parti dominant durant les périodes hasmonéenne et romaine[48].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 40.
  2. a b c d e et f Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 30.
  3. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 28.
  4. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 27.
  5. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 29.
  6. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 30.
  7. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 31.
  8. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 32.
  9. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 32-3.
  10. a b c d e f g h et i Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 33.
  11. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 34.
  12. La première mention de la ville de Magdala, retrouvée dans la littérature antique ou l'épigraphie, date du IIIe siècle.
  13. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 37.
  14. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 38.
  15. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 39.
  16. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs, livre I, XIII, 1 (248).
  17. Ce Pacoros est aussi échanson de Barzapharnès, ce qui permet de le distinguer du fils du roi Orodès II qui s'appelle aussi Pacoros.
  18. Flavius Josèphe, Guerre des Jufs, livre I, XIII, 3 (253).
  19. Flavius Josèphe, Guerre des Jufs, livre I, XIII, 4 (256).
  20. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011 (ISBN 9782756404721), p. 40.
  21. Periochae de Tite-Live, 127.
  22. Plutarque, Vie d’Antoine, 33.
  23. Clément Huart & Louis Delaporte, L'Iran Antique, Albin Michel, coll. « L'Évolution de l'Humanité », Paris, 1943 p. 325.
  24. a b c et d Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 47.
  25. Christian-Georges Schwentzel, Hérode le Grand, Pygmalion, Paris, 2011, p. 42.
  26. a b c d e et f Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 49.
  27. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 50.
  28. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 51.
  29. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 52.
  30. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 54.
  31. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 53.
  32. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 54-55.
  33. a et b Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 55.
  34. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 56.
  35. a b et c Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 57.
  36. Christian-Georges Schwentzel, "Hérode le Grand", Pygmalion, Paris, 2011, p. 76.
  37. a et b Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 39-40.
  38. cf. Le texte appelé Éloge du roi Jonathan appelé aussi le Péan en l'honneur d'Alexandre Jannée, (4Q448).
  39. cf. le Commentaire de Nahum où « le lion de la colère » (Alexandre Jannée) « avait coutume de pendre les hommes vivants [comme cela se faisait] autrefois en Israël. » Dans ce même Commentaire ceux que le « Lion de la colère » crucifia étaient les « Chercheurs de flatterie » (les Pharisiens). cf. Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, op. cit., p. 39-40.
  40. a b c d et e Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 41.
  41. a et b Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 41-42.
  42. a et b Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, Les Manuscrits de la mer Morte, Paris, éd. Perrin, 2003, p. 42.
  43. cf. Le texte appelé Éloge du roi Jonathan appelé aussi le Péan en l'honneur d'Alexandre Jannée, (4Q448).
  44. cf. le Commentaire de Nahum où « le lion de la colère » (Alexandre Jannée) « avait coutume de pendre les hommes vivants [comme cela se faisait] autrefois en Israël. » Dans ce même Commentaire ceux que le « Lion de la colère » crucifia étaient les « Chercheurs de flatterie » (les Pharisiens). cf. Michael Wise, Martin Abegg, Edward Cook, op. cit., p. 39-40.
  45. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Wise_29
  46. CHJ 1999, p. 412
  47. CHJ 2002, p. 417
  48. Grabbe 2000, p. 199