Petiveria alliacea

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Petiveria

Petiveria
Description de cette image, également commentée ci-après
Classification
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Caryophyllidae
Ordre Caryophyllales
Famille Phytolaccaceae selon ITIS
Petiveriaceae selon NCBI

Genre

Petiveria
L., 1753[1]

Espèce

Petiveria alliacea
L., 1753[2]

Classification phylogénétique

Ordre Caryophyllales
Famille Petiveriaceae

Synonymes

  • Petivera foetida Salisb.
  • Petiveria alliacea var. grandifolia Moq.
  • Petiveria alliacea var. octandra (L.) Moq.
  • Petiveria foetida Salisb.
  • Petiveria hexandria Sessé & Moc.
  • Petiveria ochroleuca Moq.
  • Petiveria octandra L.
  • Petiveria paraguayensis D. Parodi[3]

Petiveria est un genre monospécifique de plantes à fleurs de la famille des Petiveriaceae (famille de la "Baie de corail"), et anciennement de la famille des Phytolaccaceae. La seule espèce qu'il contient, Petiveria alliacea[4], est originaire d'une vaste région allant des États-Unis (de la Floride à la basse vallée du Rio Grande au Texas)[5], à l'Amérique du Sud en passant par l'Amérique centrale (Mexique, Caraïbes...)[6]. Cette espèce a été introduite au Bénin et au Nigeria[7]. Cet arbuste vivace herbacé profondément enraciné peut atteindre 1 m de hauteur. Il produit des épis de petites fleurs verdâtres. Les racines et les feuilles dégagent une forte odeur âcre, rappelant l'ail, qui se retrouve dans le lait et la viande des animaux qui les broutent[8].

Noms vernaculaires[modifier | modifier le code]

Petiveria alliacea est connue sous un grand nombre de noms vernaculaires, notamment : petevere à odeur d'ail en français (désuet), douvan-douvan, radié-pian (créole guyanais), mɨku ka'a (Wayãpi), kanayumna (Palikur), ndongu-ndongu (Aluku) en Guyane[9], danday, douvan nèg en Guadeloupe, arada, douvan nèg, zèb simityè en Martinique[10], guinea henweed, anamú en Colombie, au Panama, en République dominicaine, et à Porto Rico, mucura-caà, tipi au Brésil, mucura au Pérou et guine dans de nombreuses régions d'Amérique latine, ave, feuilles ave, herbe aux poules en Haïti, mapurite (prononcé Ma-po-reete), ou gully root à Trinité[11], ou encore guinea hen weed en Jamaïque[12], koujourouk en Dominique, apacín au Guatemala, ipacina au Honduras[13].

Description[modifier | modifier le code]

Petiveria alliacea est un arbuste herbacé. Les feuilles sont simples, alternes, pennées dans le premier ordre et compensées dans le deuxième ordre. Il produit des inflorescences déterminées. Bien que la plante soit potentiellement fertile tout au long de l'année, la floraison et fructification culmine pendant une partie de l'année qui dépend de la région considérée. Par exemple, cette période s'étend de septembre à octobre au Mexique, tandis qu'elle va de juillet à janvier en Amérique centrale.

Répartition et habitat[modifier | modifier le code]

Cette plante est originaire des États-Unis (du Sud de la Floride au Texas), des Antilles, du Mexique, d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud. Dans le Sud de la Floride, il a été signalé dans des zones perturbées, littorales, mésiques, de prairie, des forêts tropicales à canopée fermée, ou sur des amas coquillers[14]. Au Mexique, Petiveria alliacea est très présent dans les plantations de maïs, de café et de pomme[15].

Usages[modifier | modifier le code]

Petiveria alliacea est utilisé comme répulsif contre les chauves-souris et les insectes[16].

Cette plante est utilisée sous forme de thés, d'extraits, de gélules. Feuilles et racines sont utilisées à des fins médicinales. Cette plante a été utilisée pour réduire les inflammations et la douleur. Il a été rapporté qu'il était utilisé pour éliminer les bactéries, les champignons, les Candida et les virus. Il est également utilisé pour stimuler le système immunitaire et la miction[17]. Des études récentes rapportent des résultats bénéfiques dans l'utilisation de cette plante pour abaisser la glycémie et dans l'élimination des cellules cancéreuses[15],[18]. La plante est également utilisée pour traiter l'arthrite, les allergies, la fièvre et le paludisme. De plus, la plante serait abortive.

Dans la pharmacopée traditionnelle guyanaise, il est employé chez les créoles pour chasser les mauvais esprits et les chauves-souris, pour faire une décoction contre les douleurs musculaires et les rhumatismes. Les feuilles froissées sont inhalées contre les céphalées. La tisane de racine est réputée fébrifuge et antispasmodique, la décoction des feuilles contre la toux sèche et comme sudorifique. Sur les bords du Maroni, on l'utilise pour soigner les plaies ulcéreuses, comme insecticide et anti-gale. Les Palikur en font des talismans porte-bonheur et l'utilisent pour soigner la coqueluche et la fièvre paludique[9].

Dans les pharmacopées traditionnelles des Antilles françaises, Petiveria alliacea est recommandée pour traiter la sinusite (rhume), la grippe, les céphalées, les maladies de la peau, les maux de dents, douleurs musculaires, les rhumatismes[10].

Petiveria alliacea est inscrite à la liste A de la pharmacopée française pour ses racines et feuilles fraîches, en raison de l'usage en médecine traditionnelle européenne et d’outre-mer[19].

Phytochimie[modifier | modifier le code]

Petiveria alliacea contient de nombreuses molécules et principes actifs. Citons entre autres : le benzaldéhyde, de l'acide benzoïque, du 2-hydroxyéthyltrisulfure de benzyle, de la coumarine, de l'isoarborinol, de l'acétate d'isoarborinol, du cinnamate d'isoarborinol, des isothiocyanates, des polyphénols, du senfol, des tanins et du trithiolaniacine[20].

Il a aussi été démontré que les racines de la plante contiennent des dérivés de sulfoxyde de cystéine qui sont analogues mais différents de ceux trouvés dans des plantes telles que l'ail et l'oignon. Par exemple, Petiveria alliacea contient des sulfoxydes de S -phénylméthyl-L-cystéine (pétiveriines A et B) [21] et S - (2-hydroxyéthyl) -L-cystéines (6-hydroxyéthiines A et B). Ces composés servent de précurseurs à plusieurs thiosulfinates tels que le S - (2-hydroxyéthyl) 2-hydroxyéthane) thiosulfinate, le S - (2-hydroxyléthyl) phénylméthanéthiosulfinate, le S- benzyl 2-hydroxyéthane) thiosulfinate et le S- benzyl phénylméthanethiosulfinate (pétivericine)[22]. Ces quatre thiosulfinates se sont révélés présenter une activité antimicrobienne[23]. La pétiveriine sert également de précurseur au phénylméthanéthial S- oxyde, un agent lacrymogène structurellement similaire au syn-propanéthial-S-oxyde de l'oignon[24],[25], mais dont la formation nécessite des enzymes, telles que la novel cysteine sulfoxide lyase et la lachrymatory factor synthase, différentes de celles de l'oignon[26],[27],[28].

Les animaux domestiques qui consomment Petiveria alliacea peuvent transmettre l'odeur d'ail caractéristique de la plante, dans leur viande, leurs œufs et leur lait. De plus, les nitrates de la plante peuvent intoxiquer les bovins[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) « Name - Petiveria L. », Tropicos, Saint-Louis (Missouri), Jardin botanique du Missouri (consulté le )
  2. (en-US) « Name - Petiveria alliacea L. », Tropicos, Saint-Louis (Missouri), Jardin botanique du Missouri (consulté le )
  3. (en-US) « Name - Petiveria alliacea L. - synonyms », Tropicos, Saint-Louis (Missouri), Jardin botanique du Missouri (consulté le )
  4. (en) Carlquist, « Wood and Stem Anatomy of Petiveria and Rivina (Caryophyllales); Systematic Implications », IAWA Journal, vol. 19,‎ , p. 383–391 (DOI 10.1163/22941932-90000659)
  5. (en) Mild, « Smelly Weed Is Strong Medicine » [PDF], Rio Delta Wild, (consulté le )
  6. "Petiveria". Germplasm Resources Information Network (GRIN). Agricultural Research Service (ARS), département de l'Agriculture des États-Unis (USDA). Retrieved 2010-04-05.
  7. (en) GH Schmelzer et Gurib-Fakim, A, Medicinal Plants, Wageningen, Plant Resources of Tropical Africa, , 412–415 p. (ISBN 978-90-5782-204-9, lire en ligne)
  8. (es) Johnson, L., Anamu : Petiveria Alliacea, Woodland Publishing, (ISBN 1-58054-038-4), p. 14
  9. a et b Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin, Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : créoles, palikur, wayâpi, Paris, IRD, , 816 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 248-250
  10. a et b Pharmacopée caribéenne : Pharmacopée végétale caribéenne, TRAMIL, IRD Editions, , 498 p. (ISBN 978-2-85275-026-5, lire en ligne), p. 338-343
  11. (en) Mendes, Cote ce Cote la : Trinidad & Tobago dictionary, Arima, Trinidad, John Mendes, , 223 p. (ASIN B000EVO8JE, lire en ligne), p. 95
  12. (en) « New anti-cancer discovery from Guinea Hen Weed », Jamaica Observer,‎ (lire en ligne)
  13. « Petiveria alliacea », TRAMIL - Programme de recherche appliquée à l'usage populaire des plantes médicinales dans la Caraïbe (consulté le )
  14. (en) « Petiveria alliacea L. Guinea hen weed », Floristic Inventory of South Florida Database Online, The Institute for Regional Conservation (consulté le )
  15. a b et c (en) « Petiveria alliacea (guinea hen weed) », Invasive Species Compendium, CABI (consulté le )
  16. (en) Pérez-Leal, García-Mateos, Martínez-Vásquez et Soto-Hernández, « Cytotoxic and antioxidant activity of Petiveria alliacea L. », Revista Chapingo. Serie Horticultura, vol. 12,‎ , p. 51–56
  17. (en) « ANAMU (Petiveria alliacea) », Tropical Plant Database, Raintree, (consulté le )
  18. (en) Hernández, Urueña, Cifuentes et Sandoval, « A Petiveria alliacea standardized fraction induces breast adenocarcinoma cell death by modulating glycolytic metabolism », Journal of Ethnopharmacology, vol. 153,‎ , p. 641–649 (DOI 10.1016/j.jep.2014.03.013)
  19. Pharmacopée française, ANSM, (lire en ligne), Substances d'origine végétale - Liste A des plantes médicinales utilisées traditionnellement
  20. (en) « Petiveria alliacea », Medicinal Plants for Livestock, Cornell University Department of Animal Science (consulté le )
  21. (en) Kubec et Musah, RA, « Cysteine sulfoxide derivatives in Petiveria alliacea », Phytochemistry, vol. 58,‎ , p. 981985 (DOI 10.1016/s0031-9422(01)00304-1, lire en ligne)
  22. (en) Kubec, Kim, S et Musah, RA, « S-Substituted cysteine derivatives and thiosulfinate formation in Petiveria alliacea--Part II », Phytochemistry, vol. 61,‎ , p. 675–680 (DOI 10.1016/S0031-9422(02)00328-X, lire en ligne)
  23. (en) Kim, Kubec, R et Musah, RA, « Antibacterial and antifungal activity of sulfur-containing compounds from Petiveria alliacea », Journal of Ethnopharmacology, vol. 104,‎ , p. 188–192 (PMID 16229980, DOI 10.1016/j.jep.2005.08.072, lire en ligne)
  24. (en) Kubec R, Kim S et Musah RA, « The lachrymatory principle of Petiveria alliacea », Phytochemistry, vol. 63, no 1,‎ , p. 37–40 (PMID 12657295, DOI 10.1016/S0031-9422(02)00759-8)
  25. (en) Kubec R, Cody RB, Dane AJ, Musah RA, Schraml J, Vattekkatte A et Block E, « Applications of DART Mass Spectrometry in Allium Chemistry. (Z)-Butanethial S-Oxide and 1-Butenyl Thiosulfinates and their S-(E)-1-Butenylcysteine S-Oxide Precursor from Allium siculum », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 58, no 2,‎ , p. 1121–1128 (PMID 20047275, DOI 10.1021/jf903733e)
  26. (en) Musah RA, He Q et Kubec R, « Discovery and characterization of a novel lachrymatory factor synthase in Petiveria alliacea and its influence on alliinase-mediated formation of biologically active organosulfur compounds », Plant Physiology, vol. 151, no 3,‎ , p. 1294–1303 (PMID 19692535, PMCID 2773066, DOI 10.1104/pp.109.142539)
  27. (en) Musah RA, He Q, Kubec R et Jadhav A, « Studies of a novel cysteine sulfoxide lyase from Petiveria alliacea: the first heteromeric alliinase. », Plant Physiology, vol. 151, no 3,‎ , p. 1304–1316 (PMID 19789290, PMCID 2773092, DOI 10.1104/pp.109.142430)
  28. (en) He Q, Kubec R, Jadhav AP et Musah RA, « First insights into the mode of action of a "lachrymatory factor synthase"--implications for the mechanism of lachrymator formation in Petiveria alliacea, Allium cepa and Nectaroscordum species », Phytochemistry, vol. 72, no 16,‎ , p. 1939–1946 (PMID 21840558, DOI 10.1016/j.phytochem.2011.07.013)

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]