Maison natale de Jeanne d'Arc

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Maison natale de Jeanne d'Arc
Maison natale de Jeanne d'Arc.
Informations générales
Type
Visiteurs par an
35 000 personnes (2012)[2].
Bâtiment
Article dédié
Maison de style médiéval, habitation familiale d'un domaine de 20 hectares
Protection
Localisation
Pays
France
Division administrative
Commune
Adresse
2 rue de la Basilique
Coordonnées
Carte

La maison natale de Jeanne d'Arc est une maison du XVe siècle de style médiéval, située à Domrémy-la-Pucelle dans les Vosges en Lorraine (Région Grand Est).

Dans cette maison familiale de la famille d'Arc est née Jeanne d'Arc vers  ; elle y a passé son enfance et y a entendu les voix et contemplé ses premières apparitions. La maison est classée monument historique depuis [1] et labellisée Maisons des Illustres.

Description[modifier | modifier le code]

La maison natale de Jeanne d'Arc dans une gravure illustrant un conte de Frédéric Soulié, publié par la revue Musée des familles en 1834. L'arc trilobé qui orne le tympan de la porte date de et représente les armoiries de Jeanne d'Arc[3] bûchées en lors des Trois Glorieuses puis restaurées[4].

La maison natale de Jeanne d'Arc, identifiée comme telle dès le XVe siècle (Jeanne d'Arc la décrit précisément lors de son procès), est à l'origine la maison d’habitation familiale du domaine de 20 hectares de Jacques d'Arc, paysan aisé et notable de la commune, et son épouse Isabelle Rommée. Elle est appuyée au coteau même dans le village de Domrémy, voisine de l'église Saint-Rémy[5], au bord de la Meuse qui sert de frontière entre le duché de Bar et le duché de Lorraine. Le père de Jeanne, Jacques d'Arc, devient également en un des fermiers du domaine de l'ancien château fort de l'Isle où il s'installe (château actuellement disparu des seigneurs du Château de Bourlémont, construit sur une île de Domrémy, entre deux bras de la Meuse). « D'ascension nobiliaire récente, les premiers détenteurs connus de la maison de Domremy-la-Pucelle semblent véhiculer, au travers de leurs choix architectoniques, les symboles de leur corps social. L'isolement de la parcelle, le choix des matériaux, le bénéfice d'un étage d'habitation, la forme et la stylistique des baies trahissent le rang des propriétaires bien qu'il manque encore des éléments de compréhension fondamentaux, tel que le système de circulation vers l'étage ou la destination exacte des lieux… La sentence « VIVE LABEUR » inscrite sur le linteau de la porte…, fait clairement référence à l'une des valeurs essentielles des classes supérieures laborieuses du monde rural. Cependant, les vestiges n'indiquent pas, en tant que tel , les activités développées au sein de l'édifice[6] ».

La maison actuelle d'environ 100 m2, avec un étage et grenier, a été plusieurs fois modifiée durant les siècles. Le rez de chaussée de quatre pièces a été rénové et ouvert au public, avec espace muséographique contigu, avec plafond à la française, dalle de pierre, cheminée, fenêtre à croisée à meneau, toit en appentis recouvert de tuile canal comme l'église Saint-Rémy de Domrémy-la-Pucelle voisine.

Voix, apparitions et prédictions de Jeanne d'Arc[modifier | modifier le code]

Jeanne naît pendant la guerre de Cent Ans, guerre de succession qui oppose l'Angleterre à la France. L'Angleterre est alliée à la Bourgogne, où règnent des princes Français autonomes en quête d'indépendance qui ont acquis par héritage les territoires correspondant à l'ancien Bénélux.

Afin d'unifier leurs possessions (duché de Bourgogne et Pays-Bas bourguignons), les ducs de Bourgogne ont pour ambition d'annexer la Lorraine, le Barrois étant pour partie vassal du roi de France.

Traversé par la Meuse, la commune de Domrémy est située à un point géostratégique (Marche Lorraine).

Selon l'histoire de France et l'histoire de l'Église catholique, Jeanne d'Arc rapporte à ses juges lors de son procès pour hérésie du , le récit du premier appel de ses voix, qu'elle prend pour celle de Dieu, à l'âge de treize ans, à l'époque de la signature du Traité de Troyes de  : « Et cette voix vint quasi à l'heure de midi, en été, dans le jardin de son père, et ladite Jeanne n'avait pas jeûné le jour précédent. Elle entendit la voix sur le côté droit vers l'église. »

Jeanne affirme également avoir vu en apparition et entendu au même âge et au même endroit les voix célestes des saintes Catherine d'Alexandrie, Marguerite d'Antioche, et de l'archange saint Michel lui demandant d'être pieuse, de ramener la paix au royaume de France en le libérant de ses envahisseurs, et de conduire le dauphin de France (Charles VII) sur le trône en le faisant sacrer roi de France par l'église catholique à la cathédrale Notre-Dame de Reims (Jeanne d'Arc de Domrémy à Chinon  – )...

Après Jeanne d'Arc[modifier | modifier le code]

La maison reste la propriété de la famille d'Arc jusqu'au XVIe siècle, avant d'être achetée en par Louise de Stainville, comtesse de Salm. La maison est ensuite acensée, en , à Germain Toussaint. Puis avec les troubles induits par la guerre de Trente Ans, on ne connaît pas les noms des locataires puis des propriétaires successifs. En , la maison forme le douaire d'une certaine Nicole Floquet qui la fait entrer dans le patrimoine de la famille Gérardin[7].

La maison natale est fortement modifiée à partir de par cette famille, le détournement du ruisseau des Trois Fontaines provoquant des infiltrations dans celle-ci, la rendant inhabitable ; elle servit dès lors de remise et de dépendance agricole[7]. Les Gérardin font construire un corps de ferme moderne sur l'avant[8].

Des touristes renommés l'ont visitée très tôt, dont le philosophe Michel de Montaigne durant l'année qui la mentionne dans son Journal de voyage, puis l'historien lorrain Dom Calmet au siècle suivant. La maison a été achetée pour 2 500 francs à Nicolas Gérardin[9] le par le Conseil général des Vosges[10]. Elle a alors été restaurée par Jean-Baptiste Jollois, ingénieur en chef du département[11] (les constructions avoisinantes ont été détruites pour la mettre en valeur au centre d'un jardin arboré) et classée monument historique par la première liste de monuments historiques français protégés en [1] par l'écrivain historien Prosper Mérimée. Elle est ainsi le premier site à acquérir ce statut non pour ses caractéristiques architecturales, mais en raison de son propriétaire d'origine[12].

En 1870, la maison fut visitée par l'écrivain allemand Theodor Fontane en pleine guerre franco-allemande. À sa sortie de la bâtisse, il fut arrêté par des francs-tireurs français qui le soupçonnaient d'espionnage[13].

Sculptures[modifier | modifier le code]

Sur la façade principale, au-dessus de la porte d'entrée, une niche a été aménagée dans laquelle a été installée en une statue de Jeanne d'Arc agenouillée, en armure. Il s'agit d'une copie en fonte d'une statue conservée au centre d'interprétation johannique « Visages de Jeanne »[14]. Cette œuvre est une variante de la statue commémorative érigée sur le pont d'Orléans en , détruite en mais bien connue par la gravure. On a émis l'hypothèse d'une commande des comtes de Salm, propriétaires de la maison de Jeanne depuis , ou d'une statue provenant de la chapelle des Du Lys dans l'église paroissiale. Cependant, l'existence d'une statue identique (détruite en ), érigée en par Étienne Hordal dans la cathédrale Saint-Étienne de Toul, plaide pour le rattachement de cette œuvre à l'ensemble de l'oratoire du Bois-Chenu à quelques kilomètres (actuelle basilique du Bois-Chenu). Mutilée au niveau des bras et des jambes, il s'agit de la plus ancienne statue de Jeanne d'Arc actuellement conservée[15].

En , le roi Louis XVIII finance un monument néoclassique en calcaire d'Euville (fontaine monumentale en forme de portique à quatre pilastres et un fronton de style grec) orné sur un cippe d'un buste de Jeanne d'Arc en marbre blanc sculpté par Jean-François Legendre-Héral ; il est sur une place voisine de la maison[18],[19].

Reproductions et arts[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Sources anciennes[modifier | modifier le code]

  • Jean-Baptiste Prosper Jollois, Histoire abrégée de la vie et des exploits de Jeanne d'Arc, surnommée la Pucelle d'Orléans, suivie d'une notice descriptive du monument élevé à sa mémoire à Domremy, de la chaumière où l'héroïne est née, des objets antiques que cette chaumière renferme, et de la fête d'inauguration célébrée le , Paris, P. Didot l'aîné, , 202 p. (lire en ligne).
  • Charles-Nicolas-Alexandre de Haldat du Lys, Examen critique de l'histoire de Jeanne d'Arc, suivi de la relation de la fête célébrée à Dom-Remi en et de mémoires sur la maison de Jacques Darc et sur sa descendance, Nancy, Grimblot et veuve Raybois, , 338 p. (lire en ligne).
  • Amédée-Frédéric-Fulgence Huin-Varnier, Histoire populaire de Jeanne d'Arc, suivie de détails curieux sur sa chaumière, sur les lieux que la pieuse héroïne a visités, et sur l'établissement d'un musée à Domremy (Vosges), Paris, Garnier frères, et Neufchâteau, Kienné, 1856, 174 p. [lire en ligne].
  • Alexandre Sorel, La Maison de Jeanne d'Arc à Domremy, Paris, Honoré Champion, et Orléans, Herluison, 1886, 115 p. [lire en ligne].
  • René Salvador Du Fesq, Domrémy-la-Pucelle : Ses environs, la maison de Jeanne d'Arc, Épinal, E. Busy, , 42 p.

Sources contemporaines[modifier | modifier le code]

  • Olivier Bouzy, « La maison natale de Jeanne d'Arc à Domremy », Connaissance de Jeanne d'Arc, Chinon, no 28,‎ , p. 28–35 (lire en ligne).
  • Jacques Choux, « L'authenticité de la maison de Jeanne d'Arc à Domremy », Le Pays lorrain, vol. 55, no 1,‎ , p. 1–14 (lire en ligne).
  • Catherine Guyon (dir.) et Magali Delavenne (dir.), De Domremy... à Tokyo : Jeanne d'Arc et la Lorraine (actes du colloque universitaire international, Domrémy et Vaucouleurs,  – , organisé par le Conseil général de la Meuse, le Conseil général des Vosges, l'Université de Lorraine, et al.), Nancy, PUN-Éditions universitaires de Lorraine, coll. « Archéologie, espaces, patrimoines », , 406 p. (ISBN 978-2-8143-0154-2) :
    • Magali Delavenne, « La “rustique chaumière” de Domremy : Image et imaginaire d'un lieu (XIXe – XXe siècles), p. 63–80.
    • Ivan Ferraresso, « Revisiter la maison natale de Jeanne d'Arc à Domremy », p. 45–62 [lire en ligne].
  • Elsa Sené et Olivier Bouzy, La maison natale de Jeanne d'Arc à Domremy (exposition à la maison de Jeanne d'Arc d'Orléans,  – , organisée par le Centre Jeanne d'Arc), Orléans, Maison de Jeanne d'Arc, , 24 p. (BNF 37635399).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Maison natale de Jeanne d'Arc », notice no PA00107138, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. « Les chiffres clés économiques du tourisme en Lorraine », Comité régional de tourisme de Lorraine, .
  3. Le tympan armorié, doté de deux écoinçons, présente trois registres d'inscriptions : la sentence « .VIVE. LABEUR. » surmontée d'une gerbe de blé encadrée de grappes de raisin, la date de en chiffres latins (cadrant avec les premières transformations importantes apportées à la maison par son propriétaire Claude du Lys, arrière-petit-neveu de Jeanne d'Arc et seigneur de Domremy), et la sentence « .VIVE.LE. ROY.LOUIS. » en référence à Louis XI. C'est à l'époque de Claude du Lys que la moitié orientale de la maison est construite et que le mur pignon devient la façade principale. « Ces modifications correspondent à un changement de condition sociale des membres de la famille de Jeanne d'Arc, qui commencent à vivre noblement ». Cf Olivier Bouzy, Jeanne d'Arc, mythes et réalités, Paris, l'Atelier de l'Archer, diff. PUF, , 191 p. (ISBN 2-84548-021-0), p. 51.
  4. Eugène Misset, Un double contre-sens ou Le prétendu blason de Jeanne d'Arc et sa prétendue devise « Vive labeur », Paris, Honoré Champion, , 19 p. (lire en ligne).
  5. Perrine Kervran et Véronique Samouiloff avec Olivier Bouzy, Magali Delavenne, Jean-Luc Demandre, Catherine Guyon, « Histoire de Jeanne d'Arc 2/4 : De Jeannette de Domremy à Jeanne d'Arc », La Fabrique de l'histoire, France Culture, .
  6. Ferraresso 2013, p. 61.
  7. a et b Philippe Contamine, Olivier Bouzy, Xavier Hélary, « Domremy », dans Jeanne d'Arc : Histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, , 669–670 p..
  8. « La maison natale de Jeanne : Guide du visiteur » [PDF], Conseil général des Vosges, .
  9. On donne également à ce vétéran des guerres de l'Empire la Légion d'honneur et la médaille de la ville d'Orléans.
  10. Annie Jourdan, « Images de la Pucelle à l'époque révolutionnaire », dans Ton Hoenselaars (dir.) et Jelle Koopmans (dir.), Jeanne d'Arc entre les nations, Amsterdam et Atlanta, Rodopi B.V., coll. « Cahiers de recherche des instituts néerlandais de langue et de littérature française » (no 33), , 147 p. (ISBN 90-420-0338-3, lire en ligne), p. 53–76 (72).
  11. Choux 1974, p. 1.
  12. Ferraresso 2013, p. 46.
  13. René Hombourger, « L'itinéraire de l'écrivain prussien Théodor Fontane () en Lorraine et en Alsace annexées () », Mémoires de l'Académie nationale de Metz,‎ , p. 111 (lire en ligne).
  14. « Statue : Jeanne d'Arc en armure, agenouillée », notice no PM88001178, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  15. Domremy-la-Pucelle, Histoire et patrimoine, Épinal, Conseil général des Vosges, , p. 49.
  16. Trois socs de charrue et une molette d'éperon posée au cœur.
  17. Pascal-Raphaël Ambrogi et Dominique Le Tourneau, Dictionnaire encyclopédique de Jeanne d'Arc, Paris, Desclée De Brouwer, , p. 421.
  18. « Jeanne d'Arc - Fontaine - Domrémy monument en l'honneur de la pucelle - - Médaille no 15 », sur medailles-jeannedarc.fr, .
  19. Eusèbe Girault de Saint-Fargeau, Guide pittoresque du voyageur en France, vol. 3, Paris, Firmin Didot frères, , « Domremy-la-Pucelle », p. 11 [lire en ligne].
  20. « Toile de fond (décor de théâtre) », notice no PM88001062, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  21. Vers écrits à Domrémy en visitant la maison natale de Jeanne d'Arc, sur Wikisource.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Lieux johanniques lorrains[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]