Hugues Quester

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Hugues Quester est un acteur français, né le à Échemiré en Maine-et-Loire.

Enfant, il rêve de devenir pilote de course. Cette passion des bolides lui est restée mais à onze ans, la révélation de Gérard Philipe lui ouvre d'autres horizons. À la sortie du lycée technique, un tract publicitaire l'oriente vers un cours d'art dramatique animé par Guy Kayat. À cette époque, bien qu'habitant Clamart il gagne chaque soir Malakoff à pied pour rejoindre sa troupe de théâtre. Mais bientôt, ce régime l'épuise et, renvoyé de son emploi d'ajusteur à la RATP, il multiplie les petits métiers tout en faisant ses premières figurations professionnelles. En 1970, Roger Blin lui apprend que le jeune Patrice Chéreau cherche à compléter sa distribution de Richard II, de William Shakespeare et d'emblée, Hugues Quester obtient dans cette pièce un succès personnel, au Festival d'Avignon. Après avoir côtoyé Gérard Desarthe, il devient en 1972 le partenaire de Gérard Depardieu dans Saved, d'Edward Bond, sous la direction de Claude Régy.

S'ensuit une carrière fulgurante sur les planches auprès du gotha des metteurs en scène. Citons Gilles de Rais pour Roger Planchon (1977) aux côtés de Michel Bouquet, Danton et Robespierre pour Robert Hossein (1979) où il est Saint-Just et L'Illusion de Pierre Corneille (1984) pour Giorgio Strehler. Cependant, le cinéma ne l'oublie pas : Charlotte Rampling lui crève les yeux dans La Chair de l'orchidée, et il manque d'étouffer Jane Birkin avec un sac en plastique dans Je t'aime moi non plus. Cible d'un enfant aux pouvoirs surnaturels dans La Ville des pirates aux côtés d'Anne Alvaro, il la retrouve pour Visage de chien, où il entraîne un gamin déluré dans une dérive aux quatre coins de Paris. Pour ce film, dû à un ancien assistant d'Andrzej Wajda, « Prix Perspectives » du Festival de Cannes de 1985, il se transforme, faute d'en trouver, en distributeur occasionnel.

Passeur des Enfers dans Parking, contrebandier d'occasion dans No mans land, il joue un directeur de salle de théâtre mitée dans Hôtel du paradis et un proxénète dans Rue du départ. Puis il part en URSS avec Anne Gautier tourner Hard to be a god, d'après un roman d'anticipation d'Arcadi et Boris Strougatski, avant qu'Éric Rohmer ne fasse appel à lui pour interpréter le père de Florence Darel dans Conte de printemps. Interprète privilégié à la télévision de Josée Dayan et de Joël Séria, il est Saint-François d'Assise pour Jean-Marie Drot (1982), un inspecteur de police dans Noces de soufre, de Raymond Vouillarnoz (1984) et il joue un double rôle dans Le mystérieux docteur Cornélius de Maurice Frydland (1983), avec Gérard Desarthe. Il y a débuté en 1970 avec Les Cadets de Saumur, de Jean-Claude Bonnardot.

Il y a peu, Hugues Quester confiait au journal Libération : « J'aime profondément mon métier. Mon rapport avec lui est une éternelle illusion. Je suis accroché par les ongles à une muraille. Je sens qu'il y a une révélation, un code secret dont je chercherai la combinaison toute ma vie. »

En juillet 2005, il est nommé commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres.

Théâtre

Filmographie

Cinéma

Court métrage

Télévision

Récompenses et nominations

Ce qu'ils en pensent ...

Emmanuel Demarcy-Mota :

« Les architectes disposent de la pierre d’angle, cette si belle expression pour désigner une pierre qui, scellée au bas d’un édifice, le soutient en partie, mais surtout l’oriente. On édifie le reste à partir d’elle… Hugues Quester est comme une pierre d’angle dans les édifices de théâtre où il intervient. Je connaissais son talent et, j’ose dire, sa gloire. Et notamment dans les pièces qu’il avait jouées, mises en scène par Patrice Chéreau (Toller de Dorst, la Dispute de Marivaux, etc.), ainsi qu’au théâtre de la Ville à Paris à Gennevilliers, etc. (Régy, Lassale, Sobel… ?).

Je n’ai pas hésité à lui demandé de jouer le rôle du Père dans Six Personnages en quête d’auteur, de Pirandello, ce rôle presque envahissant, et le résultat restent dans les mémoires. Non seulement chez les spectateurs, mais aussi auprès de ses camarades comédiens, d’abord un peu craintifs, et très vite conquis par sa gentillesse et sa douceur. Lui et moi, nous nous sommes très vite entendus sur l’essentiel. Hugues est un bourreau de travail, un « artisan furieux », pour reprendre une expression de René Char. Arrivé le premier, il ne cesse de travailler chacun de ses rôles, se livrant corps et âme, je dirais même, pied et poings liés, au rôle inventé par le poète. Il ne garde rien pour lui-même. Il n’est aucune des faces d’un rôle, immobilité et mouvement, honte et gloire, grotesque ou sublime, simplicité enfantine ou complexité métaphysique, qu’il ne soit pas capable d’exécuter, soumettant ses énergies aux ascèses et aux fatigues de l’artiste. Il se conduit en sorcier primitif…

Six Personnages en quête d’auteur, où on découvrit ce père tyrannique et touchant, terrible et dérisoire, imprérieux et démuni, puis Rhinocéros, d’Ionesco, où il en vint presque à devenir cet animal, sans déguisement ni prothèse, Homme pour homme, où il parvint à composer dans son Galy Gay toutes les tendances contradictoires de ce personnage à qui Brecht impose tant d’exigences et dans lequel il met peut-être aussi tant de lui-même. Et aussi Melquiot… Sans parler de ses lectures qu’il prépare avec tant de patience et de ténacité. Qu’il les fait, dirais-je, moins en acteur qu’en poète, grâce au souffle assez unique de sa voix, dont la tendresse insistante semble dissimuler de sauvages secrêts. Au fond, si la pierre d’angle symbolise la construction tout entière, j’aurais envie de dire qu’Hugues Quester est non seulement un grand acteur, mais aussi, au pur sens du mot, un homme de théâtre. »


Laure Gravier pour le magazine France Culture :

« À la scène comme à l’écran, l’acteur glisse d’une personne à une autre, endossant les plus grands rôles. Il est des acteurs qui, sortis de la scène, oublient leurs paillettes pour venir, aussi simplement qu’humainement, à la rencontre du public. Hugues Quester est de ceux-là. De bonne grâce, il se plie au jeu et raconte son parcours hors du commun. Il a dix-sept ans lorsque Roger Blin le repère dans un cours de théâtre gratuit dirigé par Guy Kayat à Malakoff. “À cette époque, j’habitais à l’Hôtel du départ à Clamart. Je me levais à h 30 pour rejoindre le dépôt de la porte de Versailles où je réparais des contacteurs de métro. Chaque soir, je retrouvais les cours d’art dramatique et tard dans la nuit, tout au long du chemin, je répétais à haute voix mes rôles”. Chéreau auprès de qui il passe “ quelques années flamboyantes”, avant sa rencontre déterminante avec Maria Casarés. Puis le tourbillon s’accélère. il tourne sous la direction de grands noms du cinéma, Gainsbourg, Rohmer, pour ne citer qu’eux, travaille ave Régy, Lassalle, Pintillié.” j’ai toujours espéré d’un metteur en scène qu’il cultive ma capacité d’étonnement, qu’il m’ouvre des espaces imaginaires. Ces rencontres m’ont donné le goût du théâtre aussi exigeant que populaire, tandis que sa vocation se vérifiait de rôle en rôle. Un talent vite confirmé par des prix prestigieux, du Prix Gérard Philipe, à ses débuts, au Grand Prix de la Critique en 2002. »

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