Gibet de Montfaucon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 25 août 2014 à 14:17 et modifiée en dernier par Rémih (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Gibet de Montfaucon
Le gibet de Montfaucon, d'après Eugène Viollet-le-Duc.
Présentation
Type
Construction
Probablement XIIIe siècle
Destruction en 1760
Hauteur
Hauteur : 4 à 6 m
Longueur : 12 à 14 m
Largeur : 10 à 12 m
Usage
Échafaud (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
État de conservation
démoli ou détruit (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Pays
Commune
Coordonnées
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte de Paris
voir sur la carte de Paris

Le gibet de Montfaucon, surnommé « Fourches de la grande justice », était le principal gibet des rois de France jusqu'à Louis XIII, érigé à quelques mètres de l'actuelle place du Colonel-Fabien, à Paris.

Description

Gibet de Montfaucon (en haut et à gauche) sur le plan de Truschet et Hoyau (c.1550) ; le gibet est alors à l'extérieur de l'enceinte de Paris (enceinte de Charles V) dont on voit la porte la plus proche : la porte Saint-Martin (en bas et à droite).

De type fourches patibulaires, le gibet était érigé sur une butte ayant appartenu jadis à un comte Falco ou Faucon d'où son nom « mont-faucon ».

Il se situait au nord-est de Paris, son emplacement probable tiendrait dans le périmètre compris entre la rue de Meaux, l'avenue Secrétan et la rue Sadi Lecointe. C'est de la rue de Meaux, que partait le sentier conduisant au gibet[1].

Détail des Grandes Chroniques de France, de Jean Fouquet, vers 1460.

Le gibet consistait en un parallélépipède rectangle en pierre long de 12 à 14 mètres (6 à 7 toises), large de 10 à 12 mètres (5 à 6 toises) et haut de 4 à 6 mètres (2 à 3 toises). Une rampe permettait d'accéder à sa base, sur laquelle reposaient seize piliers de grès d'une dizaine de mètres de haut (32 ou 33 pieds), 6 alignés dans la longueur, 5 sur chacune des 2 largeurs, reliés entre eux par des poutres en bois auxquelles s'accrochaient les chaînes qui supportaient les corps qu'on y laissait pourrir ou se dessécher. Il pouvait y en avoir cinquante simultanément[2] qui étaient bien visibles « de quelques lieus à la ronde », le gibet étant situé sur une éminence sur le bord d'une route. Dans une espèce de cave, contenue dans la base même, étaient jetés les restes des suppliciés par une trappe centrale, étant de ce fait privés de sépulture chrétienne.

Le gibet était gardé par des archers pour éviter que les familles des suppliciés ou que la Faculté (qui n'avait droit qu'à deux cadavres par an pour ses autopsies) ne viennent récupérer les corps. Il arrivait que les cadavres provenant d'autres lieux d'exécution de Paris y soient également rassemblés. Si Eugène Viollet-le-Duc déduisit que l'édifice devait avoir 3 niveaux de poutres, de nombreuses gravures le représentent avec 2 ou 4 étages[3]. Quoi qu'il en soit, sa taille et son allure étaient particulièrement imposantes, et de nature à impressionner et à dissuader quiconque de commettre le moindre acte illégal.

Histoire

Le Gibet

Il fut construit probablement à la fin du XIIIe siècle en remplacement de gibets en bois, peut-être à la requête d'Enguerrand de Marigny qui devait lui-même y finir pendu. À plusieurs occasions, il dut être restauré, périodes pendant lesquelles les pendaisons et autres expositions de cadavres s'effectuaient sur des gibets provisoires dressés à proximité, comme le gibet de Montigny élevé dès 1328.

Les dernières exécutions eurent lieu vers 1629 et Montfaucon était quasi abandonné dès le milieu du XVIIe siècle. Les abords entre le gibet et le moulin à vent des Buttes Chaumont furent transformés en plâtrières, puis progressivement intégrés à l'expansion de peuplement de Paris. Il fut détruit en 1760 et reconstruit, comme simple symbole de la haute justice royale, sur le territoire de La Villette sous le nom de voirie de Montfaucon. Aucune exécution n'y était pratiquée mais les corps de suppliciés d'autres lieux de la capitale, comme ceux de la place de Grève, y étaient inhumés.

Après le 21 janvier 1790[4], les piliers restants furent abattus, la voirie fut transférée en forêt de Bondy en 1837 et définitivement supprimée en 1849 lors du percement du canal Saint-Martin (voir égouts de Paris), certaines pierres ayant été vendues pour la construction du canal. Aujourd'hui, aucune trace visible du gibet ne subsiste[3].

Exécutions célèbres

L'Histoire a retenu les exécutions des personnages suivants :

Gravure du XIXe siècle représentant l'exécution d'Enguerrand de Marigny en 1315.

La voirie de Montfaucon

Voirie de Montfaucon localisée entre le Bassin de la Villette et les Buttes Chaumont en 1821.

La voirie de Montfaucon est décrite dans le « Cours d'hygiène fait à la faculté de médecine de Paris » de Louis Fleury paru en 1852 :

« L'ancienne voirie de Montfaucon réunissait à des bassins énormes, ayant 32 800 mètres de superficie, et à 12 arpents de terrain destinés à recevoir toutes les matières fécales fournies par la vidange de Paris et s'élevant de 230 à 244 mètres cubes par jour, des clos d'équarrissage recevant par an environ 12 000 chevaux et 25 à 30 000 petits animaux, tels que chiens, chats, etc. Vous comprendrez aisément les émanations qui devaient s'élever d'un pareil cloaque, et qui, malgré la position élevée de la voirie (36 mètres au-dessus des eaux de la Seine), s'étendaient souvent à 2 000, 4 000 et même 8 000 mètres[5]. »

Galerie historique

Modèle:Message galerie

Bibliographie

Notes et références

  1. Gilette Ziegler, Histoire secrète de Paris, Stock, 1967, page 37
  2. Encyclopédie Larousse du XXe siècle, Paris, 1932
  3. a et b Philippe Charlier, Les secrets des crimes de l'Histoire, La librairie Vuibert, (ISBN 2311004352), p. 267
  4. L'emplacement a été ensuite transformé en fosse géante, d'après Roger-Henri Guerrand Les lieux, histoire des commodités, destinée à recevoir le contenu des fosses d'aisance de Paris avant que les excréments ne soient transformés en engrais agricole, puis a servi de clos d'équarrisage.
  5. Louis Fleury, Cours d'hygiène fait à la faculté de médecine de Paris, Labé, , p. 223

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :