Tugdual de Tréguier

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Saint Tugdual
Image illustrative de l’article Tugdual de Tréguier
L'icône de saint Tugdual peinte pour l'Association orthodoxe sainte Anne (Bretagne).
Saint
Naissance Ve siècle
Pays de Galles
Décès 553, 559 ou 564 
Tréguier, Bretagne
Autres noms Pabu, Tudy
Vénéré à Diocèse de Tréguier
Vénéré par l'Église catholique romaine
Fête 30 novembre

Saint Tugdual
Image illustrative de l’article Tugdual de Tréguier
Biographie
Naissance Ve siècle
Tenby
Décès 553, 559 ou 564
Tréguier
Évêque de l'Église catholique
Évêque de Tréguier
v. 550553, 559 ou 564

Saint Tugdual, mort à Tréguier, est un religieux du Ve siècle, originaire du Pays de Galles, venu avec soixante-douze religieux évangéliser l'Armorique en débarquant à Trébabu dans le Léon selon son hagiographie. Il est aussi connu sous les noms de saint Pabu, saint Paban et saint Tudy[1], qui en serait une forme hypocoristique[2].

Il est fêté le 30 novembre, car selon ses hagiographes, il serait mort le .

Hagiographie et traditions

Résumé

Tugdual, connu par trois vita anciennes du IXe au XIe siècle, serait né au Pays de Galles au début du VIe siècle. On ignore le nom de son père mais sa mère serait sainte Pompée, présentée comme une sœur de Riwal, le chef de la grande émigration bretonne vers 515. Il aurait étudié à Lan-Illtud-Fawr sous la direction de saint Ildut [3]

Il fut le premier évêque de Tréguier vers 550 et est considéré comme l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne. La ville de Tréguier est une étape du pèlerinage médiéval des sept saints de Bretagne continentale appelé Tro Breizh (Tour de Bretagne).

Si son existence est attestée, comme son épiscopat[4], les récits de sa vie demeurent incertains et multiples. Sa vie est connue par de multiples traditions compilées entre le IXe siècle et le XIe siècle. Il serait alors le neveu de Riwal, premier prince de la Domnonnée, et aurait fait un séjour en Irlande durant sa jeunesse. Il arriverait en Bretagne en débarquant près du Conquet. Il fonde les monastères de Trébahu puis de Tréguier avant 550. Sa famille est écartée du pouvoir, certains assassinés, par Conomorrus qui a alors l'appui de Childebert[4]. Il se réfugie à Angers auprès d'Aubin, il y prend contact avec Childebert qui renonce à soutenir Conomorre ce qui lui permet de restaurer son autorité sur l'abbaye de Tréguier et les paroisses environnantes et de devenir évêque de cette ville. Dans certains écrits, il irait à Rome où il serait Pape durant deux ans avant de revenir en Bretagne[5].

Lors des incursions Vikings, son corps serait transporté à Laval et à Château-Landon, mais sa tête serait à Chartres.

Controverse

Dom Plaine parle des « Trois Vies de saint Tugdual »[6] qui ont été étudiées par l'historien Bernard Tanguy. La controverse hagiographique porte sur l'équivalence entre saint Tugdual et saint Tudy. L'historien breton Bernard Tanguy aurait résolu cette controverse en établissant la relation « Pabu Tugdual alias Tudi »[1].

Localisation de la tradition

Selon Albert le Grand[7], il passa en Armorique au début du VIe siècle, débarqua dans la presqu'île de Kermorvan près du Conquet. Une autre version de sa vie le fait débarquer au « Port d'Ac'h »[8] (probablement l'Aber Wrac'h), fonda un monastère à Lan Pabu, devenu Trébabu, en Léon, puis un ermitage à Saint-Pabu, sur l'Aber-Benoît. Une troisième version de sa vie le fait débarquer nettement plus au sud de la Cornouaille, l'assimilant à Tudy (saint), disciple de saint Corentin et qui vécut un temps ermite à l'île de Groix[9]. Le monastère de Locmaria-Quimper, qui fut probablement à l'origine de l'évêché de Cornouaille, aurait été fondé par lui[10].

Il fonda aussi le monastère de Landreger (Tréguier), obtint l'aide de l'évêque Aubin d'Angers et du roi Childebert contre Conomorre. Le même roi Childebert, qu'il aurait rencontré par l'intermédiaire de saint Germain lui aurait donné l'évêché de Lexovie (Lisieux), mais il dût quitter rapidement ce siège épiscopal en raison de persécutions.

Son cousin Deroch, roi de Domnonée, lui offrit alors les terres de sa future ville épiscopale, Tréguier.

Sept Saints fondateurs de Bretagne

En tant que fondateur de la cité épiscopale de Tréguier, il est considéré comme l'un des sept saints fondateurs de la Bretagne. La renommée des Sept-Saints est à l'origine du Tro-Breizh (tour de Bretagne, en latin, circuitus Britanniae), souvent appelé aussi « pèlerinage aux Sept Saints », effectué pour les honorer. C'est pourquoi les pèlerins du Tro Breizh lui rendaient un culte dans la cathédrale de Tréguier.

Détails Hagiographiques

Tugdual (ou Tudal ou Tudwal ou Tugal ou Tutuarn ou Tudual) est le fils du roi Hoël ler et de sainte Pompée (ou Koupaïa en breton), et le frère du roi Hoël II, de sainte Sève et de saint Lunaire, d'origine galloise, ou plus précisément de l'île de Man.

Sa première « Vie » lui prête un sens politique, puisqu'il aurait demandé et obtenu l'aval de Childebert Ier, roi des Francs, pour les terres données par les princes, mais cela peut se voir comme faisant partie de la polémique entre Francs et Bretons sur l'ancienneté de l'autorité (imperium) des premiers. Quoi qu'il en soit, il est élevé malgré lui à la dignité d'évêque, et le roi Childebert Ier lui confie l'évêché de Lexobie, nom ancien de Lisieux. Il y subit des persécutions qui l'obligent à quitter son siège épiscopal et à partir pour Rome.

La tradition veut qu'il soit arrivé à Rome le jour même de la mort du pape Vigile, soit le 7 juin 555. Pendant qu'il priait à la basilique Saint-Pierre de Rome. Une colombe venant se poser sur son épaule pendanst le conclave, on voulut le choisir pour pape; Une hymne trégorrois rapelle cet évènement : In Papam eligitur, nuta Deitatis, Tugdualus... (Est élu Pape, sur un signe de Dieu, Tugdual...).

Mais sa modestie et son humilité monastiques, quoi qu'il fût déjà évêque, lui firent renoncer à la charge papale. De là vient qu'il est souvent représenté avec la tiare papale sur la tête, et qu'il lui est donnée l'appellation de Pabu, terme vieux breton signifiant "Pape" (en breton moderne, Pab)[11].

S. Tugdual revint bientôt à Tréguier, rappelé par les Trégorrois sollicitant sa bénédiction et dans la ville desquels son absence avait causé des querelles et des calamités. Il revint et y exerça son épiscopat en paix jusqu'à son extrême vieillesse[11], mourant le 30 novembre 553, 559 ou 564[12].

Le culte du saint

L'extension de son culte apparaît très grande, dès lors qu'on voit qu'il est connu sous différents noms ou surnoms : Tudgual, Tudwal, Tuzval, Tudal, Tual, Tutuarn, Pabu et peut-être Tudy.

La dénomination « pabu » signifie donc en vieux breton pape, ou père (venant lui-même du grec pappas, père). On retrouve cette désignation ancienne pour beaucoup parmi les saints irlandais fondateurs de communautés en Islande. [réf. nécessaire]

Il en est de même des sept saints du Tro Breizh en Bretagne (Armorique), dont saint Tugdual, souvent nommé « Pabu-Tugdual », ce que confirme S. Albert Le Grand, historien breton, précisant que saint Tugdual (Tugduval) est appelé en breton Sant Pabu ou Papu[7]. Il s'appelait aussi Pabu (Cognomisu Pabu). La raison qu'il en donne est encore le fait qu'il aurait été désigné pour être pape, nommé Leo V Britigena (Léon de Bretagne)[13]. Tradition qu'illustre également l'église Saint-André de "Land-Tréguer" (Tréguier) où l'on voit qu'un écusson des armes de saint Tugdual est timbré d'une tiare papale. En effet, il existe en Bretagne (Armorique) un grand nombre d'églises et chapelles dédiées à Saint-Tugdual sous le nom de Pabu, comme Land-Pabu, Tré-Pabu, Loc-Pabu, Ker-Pabu, Mouster-Pabu...

Après Tugdual, tous les évêques de Bretagne seront désignés par le terme pabu.

L'origine celtique du nom du saint

Le nom originel, attesté en 833, est Tutuual, composé de tut, qui, selon Léon Fleuriot, signifierait « favorable », et de uual qui signifie « valeureux ». Le w étant souvent remplacé par un g lors des transcriptions en français, Tugdual serait une faute de copiste pour Tudgual[réf. nécessaire]. Tugdual se décompose en Tud = peuple et uual = élevé ou valeureux comme ToutatisTud = peuple et tad = père.

Les lieux de culte

En France

En Bretagne

Des traces du culte de saint Tugdual se retrouvent essentiellement dans l'Ouest de la Bretagne. Deux régions sont particulièrement concernées :

La cathédrale de Tréguier, primitivement sous le vocable de saint André, fut placée sous celui de saint Tugdual aux XIIIe ou XIVe siècles et lui reste dédiée même si saint Yves y est davantage honoré désormais. Des chapelles existantes ou ayant existé l’honorent à Bégard, Brélidy, Grand-Champ, Lababan, Gurunhuel, Loguivy-Plougras, Plestin, Plouaret, Plougasnou, Plougonver, Quemper-Guézennec. À l'église Saint-Melaine de Morlaix, une vieille statue en bois le représentait. Il a aussi une statue dans l'église de Sainte-Sève.

Ailleurs en France

  • À Laval (53), on trouvait la collégiale Saint-Tugal de Laval. La plus forte portion du corps de saint Tugal est depuis bien des siècles conservée à Laval. Lors des incursions Vikings, son corps aurait été transporté à Laval et à Château-Landon et sa tête à Chartres. Ensuite ramené partiellement. On trouve aussi la Fontaine Saint-Tugal.
  • Le chef (le crâne) de saint Tugal serait resté à Chartres (28).
  • D’autres parties de ses ossements furent partagées entre la collégiale de Crépy-en-Valois (60) et la ville de Château-Landon (77)[15].

En Grande-Bretagne

Notes et références

  1. a et b Bernard Tanguy, « Une version de la troisième Vie latine de saint Tugdual d'après un manuscrit provenant de Crépy-en-Valois (Oise) », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Quimper, 2000, volume 129, pages 405-450 [ISSN 0249-6763]
  2. http://tudy.chez-alice.fr/
  3. Arthur de la Borderie Histoire de Bretagne Joseph Floch, imprimeur éditeur à Mayenne 1975 p. 355-361
  4. a et b D'après les Annales de Grégoire de Tours
  5. Vie résumée d'après la lecture de André Chédeville Hubert Guillotel La Bretagne des Saints et des rois Ve-Xe siècle Ouest-France Université Rennes (1984) (ISBN 2858826137) p. 140
  6. Bernard Tanguy, « Hagionomastique et histoire, Pabu Tugdual alias Tudy et les origines du diocèse de Cornouaille », Bulletin de la Société archéologique du Finistère, Quimper, 1986, pages 117-142
  7. a et b Frère Albert Le Grand, Religieux, Prêtre de l'Ordre des Frères Prêcheurs de Morlaix, "Vie des Saints de la Bretagne Armorique", 1636
  8. Vita Brioci (Vie de Saint-Brieuc), écrite au XIe siècle
  9. http://tudy.chez-alice.fr/h_saint_tugdual_fr.htm
  10. http://nominis.cef.fr/contenus/saints_148.html
  11. a et b Yvonne Jouan, Chapelle Notre-Dame de la Clarté, Perros-Guirec, Éditions d'Art Jack, 2006, pp. 64-65
  12. Prosper Jean Levot, Biographie bretonne, Volume 2, Vannes, Cauderan, (lire en ligne)
  13. http://tudy.chez-alice.fr/h_saint_tugdual_fr.ht
  14. Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la plupart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches... (5e éd.) / par fr. Albert Le Grand,... ; revu et corrigé par messire Guy Autret, chevalier, seigneur de Missirien ; augmenté de plusieurs vies des saints de Bretagne, par le mesme, par missire Julien Nicole,... et autres -J. Salaün, Quimper, 1901, consultable http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=sainte-s%C3%A8ve
  15. Charles Maucourt de Bourjolly met sur le compte des protestants un acte de vandalisme et une profanation dont ils se rendent coupables ; mais à Chàteau-Landon et non à Laval, en 1568 et non en 1564. Une veuve arrache au feu les reliques et les rend à l'église qui en avait été dépouillée. Voir : Étienne-Louis Couanier de Launay, Histoire de Laval (818-1855), Imp. Godbert, , 608 p. [détail des éditions] (lire en ligne)

Voir aussi

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