Relation médiatique entre le France et la Géorgie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Une forte relation médiatique entre la France et la Géorgie s'est développée à partir de 2003 et a donné une tonalité particulière aux relations franco-géorgiennes.

Médiatisation de la Géorgie en France[modifier | modifier le code]

Natalie Nougayrède, journaliste au Monde
Irakli Metreveli, bureau de l'AFP à Tbilissi

Elle est due à des causes multiples. Si l'émigration politique géorgienne, présente en France depuis l'invasion soviétique en 1921, reçoit une médiatisation limitée, la figure de Staline — durant et après la Seconde Guerre mondiale — attire plus l'attention des journaux et des radios françaises. La notoriété relative d'Edouard Chevardnadze[Note 1], acteur de la perestroïka avec Mikhaïl Gorbatchev, les conflits en Abkhazie et en Ossétie du Sud, la guerre civile géorgienne qui s'ensuit, touchent une minorité du public français : les spécialistes en débattent[Note 2]. La Révolution des Roses, en , voit l'arrivée de Mikheil Saakachvili, et constitue la première révolution pacifique issue de l’éclatement de l’URSS: elle déclenche un déferlement médiatique en Europe, et plus particulièrement en France ; en effet le principal acteur maitrise la langue française et se prête aux entretiens, cultivant une image résolument pro-occidentale ; la ministre des affaires étrangères est française, ancienne ambassadeur de France, sa saga familiale devient un thème médiatique quasi-inépuisable. En , le président français, président de l'Union européenne à cette date, s'implique dans l'obtention d'un cessez-le-feu à la guerre russo-géorgienne : l'intérêt de l'opinion publique française rebondit, relativement à l'attitude russe. L'alternance politique pacifique lors des élections législatives d', première dans un pays post-soviétique, entre le Mouvement national uni de Mikheil Saakachvili et le Rêve géorgien de Bidzina Ivanichvili, futur premier ministre de nationalité française et devenu milliardaire en Russie, marque cette forte médiatisation de la Géorgie en France, qui descend crescendo les années suivantes.

Historiquement les médias français ont couvert la Géorgie par leurs correspondants permanents à Moscou, mais progressivement des envoyés spéciaux se sont déplacés régulièrement en provenance de Paris. Ainsi pour le journal Le Monde, après Daniel Vernet[1] se succédèrent Sophie Shihab[2], Marie Jégo[3], Natalie Nougayrède[4], Alexandre Billette[5], Piotr Smolar[6], pour Le Figaro, se succédèrent Laure Mandeville[7], Isabelle Lasserre[8] ou Fabrice Nodé-Langlois[9], pour Libération Hélène Despic-Popovic[10].

Un journalisme français de proximité s’est parallèlement développé à Tbilissi : le premier à s’installer en 2001 fut Régis Genté — il couvre aujourd’hui le Caucase, l’Asie centrale, l’Ukraine et le Sud de la Russie —[11]. D’autres l’ont suivi comme Claire Delessard[12], François Grémy[13], Célia Chaufour[14], ou Nicolas Landru [15], ou Emmanuel Guillemain d’Echon[16] avant de connaitre d’autres destins. Ils ont donné naissance à des revues, des sites Internet ou des blogs plus ou moins éphémères, comme La Vie en Géorgie (2001 à 2004)[17], Géorgie Plus et Caucase international (2004 à 2006)[18], Caucaz Com (2004-2008) ou Le Canard du Caucase (2012 à 2015)[19].

En 2008 l'Agence France-Presse ouvre à Tbilissi son bureau régional pour les trois pays du Sud Caucase: l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Géorgie.

Médiatisation de la France en Géorgie[modifier | modifier le code]

En sens inverse, la médiatisation de la France en Géorgie est relative : en matière militaire les États-Unis restent très présents dans l'opinion publique, en matière économique l'Allemagne apparait comme le premier partenaire européen. Ponctuellement les médias géorgiens accompagnent leur actualité en France, comme les visites de leurs présidents (Edouard Chevardnadze en 1997[20], Mikheil Saakachvili en 2004[21] et Guiorgui Margvelchvili en 2016[22]), ou le retour de propriété du domaine géorgien de Leuville-sur-Orge à l'État géorgien[23].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La transcription en langue française des patronymes géorgiens a été stable jusqu’à la fin du XXe siècle : les règles constituées par l’intermédiation de la langue russe, confirmées par la Légation de la République démocratique de Géorgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue géorgienne, étaient utilisées sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministère français des Affaires étrangères et par la plupart des universitaires français s’intéressant à la Géorgie. L’usage a progressivement changé avec l’intermédiation de la langue anglaise et la définition d’une translittération latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi გიორგი ჯავახიძე donne Guiorgui Djavakhidzé en transcription française et Giorgi Javakhidze en transcription anglaise (et en translittération latine). La transcription en langue française des noms de villes a obéi à une évolution similaire, ოზურგეთი devient Ozourguéti en transcription française et Ozurgeti en transcription anglaise (et translittération latine), avec une difficulté supplémentaire liée au changement de nom de certaines villes durant l’époque soviétique (Ozourguéti s’est appelée Makharadzé durant 70 années).
  2. Nicolas Dadeshkeliani,"Aider la Géorgie c'est soutenir l'Europe", Le Monde, 1er novembre 1994

Références[modifier | modifier le code]

  1. Daniel Vernet, « Géorgie : succès tactique, mais conséquences stratégiques, par Daniel Vernet », sur Le Monde, .
  2. Sophie Shihab, « Eutelsat, la télévision géorgienne et les diktats de la censure russe », sur Le Monde, .
  3. Marie Jégo, « Géorgie : M. Chevardnadze tente de reprendre le contrôle de la situation », sur Le Monde, .
  4. Natalie Nougayrède, « Moscou préparait la guerre en Géorgie depuis 2004, selon un ex-conseiller de M. Poutine », sur Le Monde, .
  5. Alexandre Billette, « A Tskhinvali, un an après la guerre russo-géorgienne », sur Le Monde, .
  6. Piotr Smolar, « Un premier ministre très français pour la Géorgie », sur Le Monde, .
  7. Laure Mandeville, « L'ambassadeur de France en Géorgie bloqué par les Russes », sur Le Figaro, .
  8. Isabelle Lasserre, « François Hollande apporte un soutien prudent à la Géorgie », sur Le Figaro, .
  9. Fabrice Nodé-Langlois, « Le cinéma russe revisitela guerre de Géorgie », sur Le Figaro, .
  10. Hélène Despic-Popovic, « Il y a sept ans, le coup d’éclat de Poutine en Géorgie », sur Libération, .
  11. Régis Genté, « Les roses se fanent en Géorgie », sur Le Monde diplomatique, .
  12. Claire Delessard, « RFI - Géorgie - L’éviction de Salomé Zourabichvili inquiète », sur RFI, .
  13. François Grémy, « Caucaz Com : un nouveau média Internet (2004) », sur Colisée, .
  14. Célia Chauffour, « Géorgie : l'’électricité a-t-elle un prix ? », sur Regard sur l'Est, .
  15. Nicolas Landru, « Journalisme au Caucase », sur Blog, 3& mai 2010.
  16. Emmanuel Guillemain d'Echon, « Ville champignon, Tbilissi pousse dehors sa population », sur Libération, .
  17. « Le journal mensuel francophone "La Vie en Géorgie", publié de 2001 à 2004 », sur Colisée.
  18. « La revue "Géorgie +" (2004 - 2005) », sur Colisée.
  19. « Le Canard du Caucase (2012 - 2013) », sur Colisée.
  20. (ka) « სტრასბურგში შევარდნაძე ევროპის საბჭოს აჩქარებას შეეცადა », sur Experti Georgia,‎ .
  21. (ka) « სააკაშვილი საფრანგეთში გაემგზავრა », sur Civil Georgia,‎ .
  22. (ka) « გიორგი მარგველაშვილი - საფრანგეთში ვიზიტი იყო საჭირო და წარმატებული », sur New Posts Georgia,‎ .
  23. (ka) « ლევილის მამული საქართველოს დაუბრუნდა - 25-წლიანი ისტორიული პროცესის დასასრული », sur Ambebi Georgia,‎ .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]