Relations entre la France et le Tadjikistan

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Relations entre la France et le Tadjikistan
Drapeau de la France
Drapeau du Tadjikistan
France et Tadjikistan
France Tadjikistan
Ambassades
Ambassade de France au Tadjikistan
  Ambassadeur Yasmine Gouédard
  Adresse Diar Dushanbe 2/1 rue N. Huvaydulloev 734049 Douchanbé
  Site web https://tj.ambafrance.org/-Francais-
Ambassade du Tadjikistan en France
  Ambassadeur Nazarov Homidjon Temurovich
  Adresse Center D'Affaires Trocadero 14 avenue d'Eylau 75016 Paris
  Site web https://www.embassypages.com/ambassade14473/
Histoire et événements
16 janvier 1992 Reconnaissance de la république du Tadjikistan par la France
Relations économiques
Échanges commerciaux 26,4 millions de (2018)

Les relations entre la France et le Tadjikistan ou relations franco-tadjikes désignent les liens, échanges, rencontres, collaborations et confrontations, qu'ils soient d’ordre économique, diplomatique ou culturel, qu’ont entretenu hier et entretiennent aujourd’hui la France et le Tadjikistan[1].

Ces relations débutèrent peu de temps après l'indépendance du Tadjikistan de l'URSS, puisque la France a reconnu l'existence du pays dès et y a accrédité un ambassadeur. La guerre civile qui déchira le pays a eu néanmoins raison d'un approfondissement de ces relations bilatérales. C'est lors du déclenchement de la guerre d' Afghanistan, que la France redécouvrit un intérêt stratégique à se rapprocher du Tadjikistan, notamment pour y faire stationner une partie de ses troupes intervenant sur le conflit afghan.

Depuis l'intensité de ces relations est retombée, et les échanges notamment économiques restent faibles.

Histoire des relations[modifier | modifier le code]

Indépendance de l’État Tadjik (1992-2001)[modifier | modifier le code]

Si l'histoire du peuple Tadjik est vieille de plusieurs millénaires, l'histoire du Tadjikistan en tant qu’État est bien plus récente. D'abord république autonome au sein du RSS d’Ouzbékistan, le Tadjikistan devient une république socialiste soviétique à part entière en 1929 au sein de l'URSS. A l'éclatement de cette dernière en 1991, le Tadjikistan devient indépendant[2] le . La France reconnait alors l'indépendance du pays dès le , et noua les premières relations diplomatiques dès le suivant, en accréditant son ambassadeur à Moscou, Pierre Morel[3]. Cependant, le déclenchement d'une guerre civile particulièrement meurtrière à la suite de l'indépendance du pays, qui fera plus de 50 000 victimes, nuira durablement au développement de relations bilatérales[4]. Cette période d'instabilité ne prendre fin qu'en , après la tenue d'élections présidentielles et parlementaires qui marquèrent le retour à la normalité politique[3]. Durant cette période d’insécurité, la France est directement affectée, puisque en , deux français travaillant pour le compte d'une ONG mettant en œuvre un programme d'assistance aux enfants des rues, furent victimes d'une prise d'otages à Douchanbé. L'un des deux otages, Kareen Mane est tué lors d'un tir croisé entre des rebelles et des forces spéciales[5]. Cet assassinat aura de lourdes conséquences pour le Tadjikistan, puisque l'Union Européenne, alors premier bailleur de fonds du pays, décida de suspendre l'application des programmes TACIS au Tadjikistan.

Guerre d'Afghanistan (2001-2014)[modifier | modifier le code]

Face aux conflits qui agitent la région, notamment en Afghanistan, les autorités françaises prennent rapidement conscience de l'enjeu que représente le Tadjikistan pour la stabilité régionale en Asie centrale[3]. En 2001, le dialogue bilatéral est rétabli de manière renforcée. En février et , M. Talbak Nazarov, ministre des affaires étrangères du Tadjikistan et M. Babaev, conseiller économique du Président Rakhmonov, se rendent en France, transmettant au Ministre des affaires étrangères français le souhait de renforcer les relations bilatérales avec la France et l'Union européenne. La France invita alors ses partenaires européens, et notamment l'Allemagne, seul pays de l'Union européenne disposant d'une ambassade au Tadjikistan, à examiner la possibilité de la reprise des programmes d'assistance technique de l'Union européenne et notamment les programmes TACIS suspendus en 1997.

Alors que les deux pays semblent se trouver des intérêts communs, les attentats du 11 septembre 2001 à New-York déclenchent un conflit majeur en Afghanistan[6]. Les États-Unis, avec pour objectif initial la capture d'Oussama ben Laden, jugé responsable des attentats, lancent l'opération « Liberté Immuable » (Operation Enduring Freedom). Les objectifs sont par la suite élargis avec pour finalité de lutter contre le « terrorisme international » et ses soutiens[7]. Un grand nombre de pays et notamment les pays membres de l'Otan apportent leur soutien aux États-Unis dans ce conflit. La France non contrainte par l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord enclenché, décide néanmoins d'intervenir dans deux opérations internationales distinctes : la force internationale d'assistance et de sécurité (ISAF) sous commandement de l'OTAN, et l'opération Enduring Freedom sous commandement américain[8]. La présence de l'armée française dans ces deux opérations s'illustre par une présence maritime dans l'océan Indien, l'action d'unités (avions de chasse, de transport, d'observation et drones mais également des commandos) de l'armée de l'air, à partir de l'Afghanistan ainsi que de bases situées dans des pays limitrophes, dont le Tadjikistan, et la participation d'unités de l'armée de terre aux opérations de sécurisation et d'instruction.

C'est dans le cadre de cette implication militaire qu'un accord avec les autorités tadjiks est signé le , portant sur le déploiement sur l’aéroport de Douchanbé d’un détachement aérien en soutien aux opérations françaises en Afghanistan (DETAIR)[9]. Ce détachement est composé d'un accueil du Groupement de Transport Opérationnel, d’un plot de chasse composé de trois Mirage 2000, trois Mirage F1 CR et trois Rafale. Il aura également, au cours de cette période, assuré le transit de 89 000 militaires et 11 000 missions d’aérotransport et d’appui[10]. Il a officiellement quitté Douchanbé fin octobre 2014. Le Tadjikistan qui soutient la coalition internationale dans son intervention en Afghanistan, en accordant au détachement français des conditions aussi favorables, montra ainsi sa volonté de stabiliser son environnement régional et d'assurer une visibilité forte à son engagement international contre le terrorisme[9]. Parallèlement à l'intervention en Afghanistan, le DETAIR Douchanbé présent au Tadjikistan va intervenir dans la formation des cadres militaires tadjiks, et dans un certain nombre de programmes au service de la population locale, notamment en vue d'améliorer l'état des structures sanitaires, sociales et éducatives d'accueil de la petite enfance[9].

Un an après cet accord, en , le Président Rakhmon réalise sa première visite officielle dans un pays occidental à Paris en rencontrant le président Chirac, symbolisant ainsi l’établissement complète de relations entre les deux pays. L’antenne diplomatique est alors transformée en ambassade de plein exercice. Le Tadjikistan a, quant à lui, ouvert une ambassade à Paris en [10].

À la suite de la présence du DETAIR sur l'aéroport international de Douchanbé, comme il était convenu en contrepartie dans l'accord signé entre les deux pays, la France, via les équipes du génie de l'air, a procédé à une réfection et une modernisation complète de la piste et des voies de stationnement pour avions (pour un montant total de 33 millions d’euros)[10], a participé au financement de la construction d'un nouveau terminal livré en 2014 (à hauteur d'une vingtaine de millions d'euros)[11] et d'une nouvelle tour de contrôle[12] (chantier en cours) à l’aéroport de Douchanbé.

Relations économiques et commerciales[modifier | modifier le code]

Caractérisation des relations économiques entre la France et le Tadjikistan[modifier | modifier le code]

Deux économies radicalement différentes[modifier | modifier le code]

La France et le Tadjikistan sont deux économies éloignées, géographiquement et structurellement. Le Tadjikistan est un pays en développement au PIB par habitant le plus faible de la CEI, avec une capacité de production assez faible, qui reste dépendant des transferts des migrants et des institutions internationales. Durablement affecté par la sortie de l’économie planifiée et de sa dépendance à l'ex-URSS, puis par la guerre civile qui a frappé le pays en 1993-1997, le Tadjikistan a depuis renoué avec la croissance.

Le Tadjikistan demeure la 150e puissance économique mondiale tandis que la France est la 7e d'après le classement de la Banque Mondiale de 2017[13].

La stratégie tadjike vis-à-vis de la France[modifier | modifier le code]

En 2011, le président tadjik explique devant une représentation de sénateurs français, que l'expertise française reconnue notamment dans des secteurs comme l'eau, pourrait contribuer dans le futur au développement de l'économie tadjik. En effet, le Tadjikistan détient 69% des réserves d'eau du haut du bassin de la mer d'Aral, mais n'exploite que 5% d'un potentiel hydroélectrique estimé à 527 milliards de kilowattheures[14]. Les autorités tadjikes ont l'ambition de remédier à cela notamment grâce à la construction du plus grand barrage du monde à Rogoun[15].

Évolution des échanges de biens entre la France et le Tadjikistan en 2018.

La stratégie française vis-à-vis du Tadjikistan[modifier | modifier le code]

Relations politiques, diplomatiques et militaires[modifier | modifier le code]

Rencontres bilatérales et visite de dirigeants politiques[modifier | modifier le code]

Le président tadjik Rakhmon s'est rendu à deux reprises en France, alors qu'aucun président français n'a encore fait le déplacement. De manière générale, les visites bilatérales sont peu nombreuses[16]

Principaux accords et traités bilatéraux[modifier | modifier le code]

Les relations entre la France et le Tadjikistan sont régies par plusieurs accords et traités qui unissent leurs actions dans des domaines jugés stratégiques.

Intitulé Type Date de signature Lieu de signature Date d'entrée en vigueur
Protocole sur l'établissement des relations diplomatiques entre la République française et la république du Tadjikistan BILATERAL - Accord intergouvernemental Douchanbé (Tadjikistan)
Accord sur le statut des forces françaises BILATERAL - Accord intergouvernemental Douchanbé (Tadjikistan)
Sources : Diplomatie.gouv.fr

Représentations diplomatiques et conditions d'entrées[modifier | modifier le code]

Ambassades et consulats[modifier | modifier le code]

La France dispose d'une ambassade à Douchanbé au Tadjikistan, tandis que le Tadjikistan dispose d'une ambassade à Paris.

Visas et conditions d'entrées[modifier | modifier le code]

Visas et conditions d'entrées dans les pays respectifs
Conditions d'entrées des Français au Tadjikistan Les Français doivent être munis d’un visa pour entrer au Tadjikistan, valide pour au moins 6 mois. 15 types de visas coexistent[17].
Conditions d'entrées des Tadjiks en France Tout étranger doit être en possession d’un visa pour entrer sur le territoire français quelle que soit la durée du séjour. C’est notamment le cas pour les ressortissants Mongols. Court séjour pour un délai de moins de 3 mois, sinon long séjour51.
Sources : France Diplomatie Tadjikistan Visa

Relations culturelles, scientifiques et universitaires[modifier | modifier le code]

Coopération humanitaire et de développement[modifier | modifier le code]

La France l'un des principaux contributeurs au budget européen, participe indirectement à la politique de soutien de l'Union européenne au développement des pays émergents, notamment le Tadjikistan dont elle est l'un des principaux bailleurs de fonds. L’aide allouée au titre de l’Instrument de coopération et de développement bilatéral s’élève à 251 M€ pour la période 2014-2020. Les secteurs prioritaires sont l’éducation, la santé et le développement rural. La France, deuxième contributeur après l’Allemagne, finance cette coopération à hauteur de 17,6 %[18].

Par ailleurs, des ONG françaises interviennent sur le territoire tadjik pour contribuer à différentes problématiques, notamment :

  • L'Association AKM-AED Aide aux Enfants Démunis - Kareen Mane, est une association créée en 1998 en hommage à l'assassinat de l'otage française Kareen Mane. Elle intervient notamment au Tadjikistan en venant en aides à des enfants démunis. Elle est depuis l'assassinat, soutenue financièrement directement par l’État français et techniquement par les autorités tadjiks qui fournissent des locaux[5].
  • L'ACTED (Agence d’Aide à la Coopération Technique et au Développement) permet de financer en partenariat avec AKM-AED, le centre RCVC (Centre des Réfugiés, enfants et Citoyens Vulnérables) qui permet de venir en aide à 150 enfants démunis.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « Relations bilatérales », sur France Diplomatie : : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le )
  2. Encyclopædia Universalis, « TADJIKISTAN », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  3. a b et c « Développement des relations entre la France et le Tadjikistan - Sénat », sur www.senat.fr (consulté le )
  4. M. Jacques GAUTIER, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, Rapport n° 198 (2016-2017) - Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la république du Tadjikistan relatif à la construction d'une tour de contrôle sur l'aéroport de Douchanbé, Paris, , 10 p. (lire en ligne), p. 7-10
  5. a et b « AKM-AED (Association Kareen Mane – Aide aux Enfants Démunis) | Espper » (consulté le )
  6. Encyclopædia Universalis, « AFGHANISTAN », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  7. La Documentation française, « Chronologie », sur www.ladocumentationfrancaise.fr (consulté le )
  8. « Afghanistan : chronologie et repères historiques », sur defense.gouv.fr, (consulté le )
  9. a b et c « Kirghizistan et Tadjikistan, les voies d'un développement au fil de l'eau ... », sur www.senat.fr (consulté le )
  10. a b et c « N° 4193 - Rapport de M. Thierry Mariani sur le projet de loi, après engagement de la procédure accélérée, autorisant l’approbation de l’accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la république du Tadjikistan relatif à la construction d’une tour de contrôle sur l’aéroport de Douchanbé (n°3950). », sur www.assemblee-nationale.fr (consulté le )
  11. « Aéroport international de Douchanbé », sur VINCI Construction Grands Projets (consulté le )
  12. « Avancement du chantier de la tour de contrôle de l'aéroport international de Douchanbé », sur La France au Tadjikistan (consulté le )
  13. « PIB ($ US courants) | Data », sur donnees.banquemondiale.org (consulté le )
  14. « Le Tadjikistan inaugure le plus haut barrage du monde », sur FIGARO, (consulté le )
  15. « La situation économique et financière du Tadjikistan - TADJIKISTAN | Direction générale du Trésor », sur www.tresor.economie.gouv.fr (consulté le )
  16. Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « Relations bilatérales », sur France Diplomatie : : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le )
  17. « Tajikistan visa », sur www.visa.gov.tj (consulté le )
  18. Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « L'Union européenne et le Tadjikistan », sur France Diplomatie : : Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères (consulté le )