Royaume de Maurétanie

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Maurétanie
(la) Mauretania

IIIe siècle av. J.-C.-431
533-698 – 

Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Statut Royaumes berbères tribaux (IIIe siècle av. J.-C.-40)
Province romaine (44-431)
Capitale Volubilis[1]
Césarée de Maurétanie[2](25 av. J.-C. - 44)
Langue(s) Berbère, Latin
Religion Croyances berbères, paganisme romain, christianisme
Histoire et événements
avant 200 av. J.-C. Établissement
33 av. J.-C. État-client de l'Empire romain
44 Province romaine
430 Conquête vandale
533 Conquête romaine
698 Conquête musulmane du Maghreb
Roi
110-80 av. J.-C. Bocchus
25 av. J.-C. - 23 Juba II
23-40 Ptolémée de Maurétanie

La Maurétanie (latin : Mauretania), est une région du Maghreb ancien (Libye antique) qui s'étendait de l'Algérie centrale, vers l'océan atlantique, couvrant le nord du Maroc, et vers le sud, jusqu'aux montagnes de l'Atlas[3]. Ses habitants indigènes, des pasteurs semi-nomades, de souche ancestrale berbère, étaient connus des Romains comme les Mauris et les Massæsyles[4].

À l'époque carthaginoise, la Maurétanie ne dépassait pas vers l'Est de la Moulouya (Moulouchat). Mais après la guerre de Jugurtha, le roi de Maurétanie, Bocchus, ayant livré le roi numide Jugurtha aux Romains, fut récompensé par une extension de son territoire; il reçut la Numidie occidentale, pays des Massaesyli, et des Massyli, de la Moulouya, à l'Ampsaga (actuelle Rhummel) - soit - une grande partie de l'actuelle Algérie. Ses fils Bogud, et Bocchoris, se partagèrent ce royaume; ayant pris parti pour Jules César, ils se le virent confirmer.

Dans la lutte d'Auguste, et Marc Antoine, Bogud prit parti pour le second, et fut évincé par son frère. En l'an 25 av. J.-C., Auguste transféra en Maurétanie, le roi de Numidie, Juba II, qui avait épousé la fille d'Antoine, et de Cléopâtre VII, Séléné II. De ce mariage, naquit Ptolémée de Maurétanie, qui régna ensuite sur le territoire, et fut comblé de faveurs par l'empereur Tibère, mais mis à mort sur l'ordre de Caligula. Claude réduisit alors la Maurétanie en province romaine, et la divisa en deux préfectures séparées par la Moulouya, la Maurétanie tingitane, et la Maurétanie césarienne.

La première renferma 7 colonies romaines : Zilis, Babba, Banasa (fondées par Auguste), Tingis, Lixus (fondées par Claude), Rusadir et Volubilis.

La seconde en compta 21 : Cartenna, Gunugi, Igilgilis, Rusconiae, Rusazus, Saldae. Succabar, Tubusuptus (fondées par Auguste); Caesareia, l'ancienne Jol, capitale de Juba, et Oppidum novum (fondées par Claude); Sitifis (fondée par Nerva); Arsenaria, Bida, Siga, Aquae Calidae, Quiza, Rusucurrum, Auzia, Gilva, Icosium (actuelle Alger), Tipasa.

Vers l'an 400, la Notitia énumère en Maurétanie 170 cités épiscopales. La Tingitane, gouvernée par un praeses, dépendait du diocèse d'Espagne; la Césarienne du diocèse d'Afrique; elle fut subdivisée en Maurétanie Sitifensis, et Césarienne.

Lorsque les Vandales sont arrivés en Afrique en 429, une grande partie de la Maurétanie est devenue pratiquement indépendante. Le christianisme s'y est répandu rapidement aux ive siècle, et ve siècle, mais s'est éteint lorsque les Arabes ont conquis la région, au viie siècle-viiie siècle[4].

Royaume mauresque (mauri)

La Maurétanie existait en tant que royaume tribal du peuple berbère Mauri. Strabon note qu'il s'agit de leur nom natif, au début du ier siècle. Cette appellation a également été adoptée en latin, alors que le nom grec pour la tribu était Maurusii (Μαυρούσιοι)[5]. Les Mauri légueront plus tard leur nom aux Maures, de la côte méditerranéenne, en Afrique du Nord, au moins au IIIe siècle av. J.-C.. La côte méditerranéenne de la Maurétanie, avait des ports de commerce avec Carthage, avant le IVe siècle av. J.-C., mais l'intérieur était contrôlé par des tribus berbères, qui s'étaient établies dans la région au début de l'âge du fer.

Le roi Atlas était un roi légendaire de Maurétanie, qui est crédité de l'invention de la sphère représentant la voûte céleste[6]. Le premier roi historique connu des Mauri est Baga, qui a régné pendant la deuxième guerre punique. Les Mauri étaient en contact étroit avec la Numidie. Bocchus Ier (110 av. J.-C.), était le beau-père du redoutable roi numide, Jugurtha.

La Maurétanie est devenue un royaume client de l'Empire romain en 33 av. J.-C. Les Romains ont installé Juba II de Numidie comme leur roi-client. Quand Juba II mourut en 23, son fils, Ptolémée de Maurétanie, éduqué dans le monde romain, lui succéda. L'empereur Caligula a fait exécuter Ptolémée en 40[7]. L'empereur Claude a directement annexé la Maurétanie, en tant que province romaine, en 44, sous un gouverneur impérial (soit un procurator Augusti, ou un legatus Augusti pro praetore). Les Maurétaniens ont fait d'efficaces cavaliers légers dans les légions romaines[4].

Maurétanie romaine

Avec l'importance croissante de l'Empire romain, la Maurétanie devient un royaume client (vassal) de Rome. Les Romains y placent Juba II de Numidie comme roi-client. Quand Juba II meurt en 23, son fils, instruit à la façon romaine, Ptolémée de Maurétanie lui succède sur le trône, mais Caligula le tue en 40 et Claude annexe la Maurétanie directement comme province romaine en 44, sous un gouverneur impérial (et non sénatorial). Claude divise la province romaine de la Maurétanie en Maurétanie césarienne et Maurétanie tingitane suivant la ligne du fleuve Mulucha (Moulouya), à environ 180 kilomètres à l'ouest de l'actuelle ville d'Oran :

  • Maurétanie tingitane, du nom de sa capitale Tingis (aujourd'hui Tanger) ; comprenant le nord du Maroc
  • Maurétanie césarienne, comprenant l'Algérie occidentale et centrale et les territoires jusqu'à la Kabylie. La Maurétanie a donné à l'empire un souverain, Macrin, qui s'est emparé du pouvoir après l'assassinat de Caracalla en 217 et qui à lui-même été défait et exécuté par Élagabal l'année suivante.

Avec la réforme tétrarchique sous le règne de Dioclétien (293), le pays est divisé en trois provinces, avec la création de la Maurétanie Sitifienne issue d'une scission de la Maurétanie Césarienne. Le Notitia Dignitatum (vers 400) les mentionne toujours, deux étant sous l'autorité du vicaire (vicarius) du diocèse d'Afrique qui a sous lui :

  • un Dux et provinciae Mauritaniae et Caesariensis, c'est-à-dire un gouverneur romain de praeses du grade des spectabilis vir (homme illustre), qui possède également le grade militaire supérieur de duc. Il a sous ses ordres huit commandants de garnison de frontière, de chaque limitis nommés praepositus. Ces limitis ont pour nom, Columnatensis, Vidensis, inferioris de limitis de Praepositus (c.-à-d. frontière inférieure), Fortensis, Muticitani, Audiensis, Caputcellensis et Augustensis.
  • un praeses (civil) dans la province de la Maurétanie Sitifensis.

Et, sous l'autorité du vicarius du diocèse d'Hispanie :

  • un comes rei militaris Tingitana, se rangeant également comme spectabilis vir, responsable des commandants suivants de garnisons de frontière (limitanei) : préfet des ailes de cavalerie Herculeae, tribun de la cohorte secundae Hispanorum de cohortis de Tribunus à Douga, tribun de la cohorte primae Herculeae à Aulucos, tribun de la cohorte primae Ityraeorum à Castrabarensis, tribun de la cohorte à Sala, tribun de la cohorte Pacatianensis à Pacatiana, tribun de la cohorte tertiae Asturum à Tabernas et tribun de la cohorte Friglensis Friglas ; et à qui trois unités extraordinaires de cavalerie sont assignées : seniores de scutarii d'Equites, seniores et Equites Cordueni de sagittarii d'Equites,
  • un praeses (gouverneur civil) de la même province.

À la fin du IVe siècle plusieurs généraux se révoltent contre l'autorité centrale, on peut citer Nubel et ses fils Firmus en 370-375, et Gildon en 396-397.

Héritage

La province a donné le nom Mauretania, paquebot de la Cunard Line.

Références

  1. https://whc.unesco.org/fr/list/836
  2. « Iol - ancient city, Algeria », sur Encyclopedia Britannica, (consulté le )
  3. (en) Phillip C. Naylor, Historical Dictionary of Algeria, Rowman & Littlefield Publishers, (ISBN 978-0-8108-7919-5, lire en ligne), p. 376
  4. a b et c (en) « Mauretania », Encyclopedia Britannica,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Strabon, Geographica, p. 17.3.2 :

    « "Ici habitent un peuple appelé par les Grecs Maurusii, et par les Romains et les indigènes Mauri" »

  6. M.-J. Ramin, « Atlas et l'Atlas », Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, vol. 84, no 1,‎ , p. 531–539 (DOI 10.3406/abpo.1977.2873, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Anthony A. Barrett, The Corruption of Power, Routledge, , p. 116-117

Voir aussi

Bibliographie

  • V. Bridoux, Les royaumes d'Afrique du nord de la fin de la deuxième guerre punique à la mort du roi Bocchus II (201-33 av. n. è.), Thèse de doctorat sous la direction de Maurice Lenoir, Université Panthéon-Sorbonne, Paris, 2006.
  • Encyclopedie berbère, vol. 10, Edisud, p. 1557

Articles connexes

Liens externes