François-Antoine de Boissy d'Anglas
François-Antoine de Boissy d'Anglas | |
François-Antoine de Boissy d'Anglas (peinture sur ivoire de François Dumont l'Aîné). | |
Fonctions | |
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Député du bailliage d'Annonay | |
– (2 ans, 6 mois et 5 jours) |
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Gouvernement | Assemblée constituante |
Député de l'Ardèche | |
– (3 ans, 1 mois et 5 jours) |
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Gouvernement | Convention nationale |
Président de la Convention nationale | |
– | |
Gouvernement | Convention nationale |
Député au Conseil des Cinq-Cents | |
– (1 an, 10 mois et 8 jours) |
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Gouvernement | Directoire |
Président du Conseil des Cinq-Cents | |
– | |
Gouvernement | Directoire |
Membre du Tribunat | |
– (2 ans, 10 mois et 24 jours) |
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Gouvernement | Consulat |
Membre du Sénat conservateur | |
– (10 ans, 1 mois et 27 jours) |
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Gouvernement | Consulat Premier Empire |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Saint-Jean-Chambre (France) |
Date de décès | (à 69 ans) |
Lieu de décès | Paris (France) |
Nationalité | Française |
Parti politique | Girondins Modérés |
Profession | Ecrivain |
Distinctions | Pair de France Comte de l'Empire Grand officier de la Légion d'honneur |
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François-Antoine, comte de Boissy d'Anglas, né le à Saint-Jean-Chambre (Vivarais) et mort le à Paris, est un homme de lettres et homme politique français.
Biographie
Fils d'un médecin protestant de l'Ardèche, Boissy d'Anglas étudia le droit et s'installa à Paris où il fut avocat au Parlement. Il acheta l'office de maître d'hôtel de Monsieur, comte de Provence, le futur Louis XVIII. Il se fit connaître par sa critique de l'absolutisme et son combat en faveur des protestants en France.
Durant la Révolution
Élu député du tiers état de la sénéchaussée d'Annonay aux États généraux de 1789, il se montra partisan des principales réformes en faveur des libertés dont la liberté de culte pour les protestants, et la défense des hommes libres de couleur[2]. Peu après la clôture de l'Assemblée constituante en , il fut élu procureur général de l'Ardèche.
Réélu à la Convention par le département de l'Ardèche en , il se signala par la modération de ses opinions et la multiplicité de ses travaux. Avec une partie des Girondins, il vota pour l'appel au peuple, le bannissement de Louis XVI et le sursis () puis en avril pour la mise en accusation de Marat[3].
Son discours à l'Assemblée pour expliquer son vote lors du jugement du roi fut le suivant : « Je regrette l'opinion de ceux qui veulent faire mourir Louis, je vote pour que Louis soit maintenu dans un lieu sûr jusqu'à ce que la paix et la reconnaissance de la République française par toutes les puissances de l'Europe permettent à la représentation nationale d'ordonner son bannissement hors du territoire français ». Il est à noter que la majorité des députés Ardéchois votèrent contre la mort (quatre députés sur sept), les trois restants demandèrent la mort avec sursis. L'Ardèche et les Basses-Pyrénées sont les deux seuls départements dont aucun député n'a voté la mort sans sursis.
Se tenant à l'écart des débats entre Montagnards et Girondins, mais proche de bon nombre de Girondins, il échappa à l'arrestation de ces derniers () et fit partie du groupe de la Plaine. Après le 9 thermidor an II, il devint le chef des modérés. Élu membre du Comité de salut public le 25 frimaire an III, il fut chargé du ravitaillement de Paris. Son intransigeance lui valut le surnom de « Boissy-Famine ». Promoteur du décret du 3 ventôse, instituant la séparation des Églises et de l'État et la liberté des cultes, il est présent à la Convention lors des soulèvements populaires des 12 germinal et 1er prairial an III. Le peuple des faubourgs insurgés, ayant envahi la salle des séances, voulut forcer la Convention à établir la Constitution de 1793[4] ; on menaça le président Théodore Vernier et Boissy d'Anglas, et pour les effrayer, on plaça devant eux la tête du représentant Jean Bertrand Féraud, qui venait d'être assassiné sous leurs yeux. L'événement est relaté par Louvet dans une correspondance adressée à Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave du 5 prairial an III (), quatre jours après les faits (Lettre à Mathieu-Guillaume-Thérèse Villenave). Boissy d'Anglas salua alors la tête de son collègue ; puis il se rassit, impassible jusqu'à l'intervention des sections royalistes de la Garde nationale. Il contribua par ailleurs à la rédaction de la Constitution de l'an III. Il devint alors le symbole vivant « du pays gouverné par les propriétaires »[5].
Sous le Directoire
Élu en au Conseil des Cinq-Cents, il se rapprocha du club royaliste de la rue de Clichy et devint le chef de file de la droite. Lors du coup d'État du 18 fructidor an V (), il est décrété hors-la-loi et exilé à l'île d'Oléron. Il parvint néanmoins à échapper à l'arrestation et à rejoindre l'Angleterre.
Rentré en France après le coup d'État du 18 brumaire an VIII () et profitant de l'amnistie, il se rallia à Bonaparte. Le (4 germinal an IX), il fut nommé au Tribunat, qu'il présida, puis au Sénat conservateur le (28 pluviôse an XII) et retrouva son siège à l'Institut. Napoléon le fit comte d'Empire le . En 1814, il fut chargé d'organiser la défense des départements de l'Ouest et se rallia, après la première abdication de l'Empereur, à Louis XVIII puis aux Cent-Jours et à nouveau à Louis XVIII après Waterloo. Il fut nommé pair de France en . Il eut un rôle pacificateur lors de la Terreur blanche de 1815 et défendit la liberté des huguenots vis-à-vis des manifestations catholiques.
Il fut vice-président de la Société biblique et membre de 1803 à 1826 du consistoire de l'Église réformée de France.
Contrairement à une erreur largement répandue, il n'est pas inhumé au cimetière du Père-Lachaise (35e division). La tombe visible est celle de sa fille Suzanne Henriette (1779-1851). Boissy d'Anglas est inhumé dans le cimetière d'Annonay.
Son nom a été donné à une rue de Besançon située dans le quartier de Bregille.
À Annonay (07-Ardèche), ville dont il fut le député, un Lycée et une rue portent son nom en centre-ville. Une statue en bronze du sculpteur Pierre HÉBERT est érigée en son honneur place du champ de mars. Un tableau du peintre Auguste Jean Baptiste Vinchon, grand prix de Rome en 1814, qui montre Boissy d’Anglas à la tribune de la séance de la convention du 1er Prairial an III, est exposé dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville. Ce tableau avait été réalisé dans le cadre d'un concours pour la décoration de la salle des séances de la nouvelle chambre des députés; sur les nombreux artistes qui y participent, cinquante-trois choisissent de représenter le sujet de Boissy d’Anglas à la Convention. Treize de leurs œuvres sont encore aujourd'hui localisées. Parmi lesquelles celles de Hennequin, Alexandre Evariste Fragonard (fils de Jean-Honoré Fragonard), Chenavard, Roehn, Court, Vinchon et Delacroix [1] . Finalement, jamais exposé à Paris, le tableau de Vinchon, qui avait gagné le concours, fut acheté par la commune d'Annonay en 1838.
Famille et descendance
Il s'est marié le à Vauvert (Gard) avec Marie-Françoise Michel, née à Nîmes le et morte à Bougival (Yvelines) le , dont naquirent :
- Marie-Anne de Boissy d'Anglas, née le à Nîmes et morte en ;
- Suzanne de Boissy d'Anglas, née le à Annonay (Ardèche) et morte le à Paris ;
- François-Antoine de Boissy d'Anglas, né le à Nîmes et mort le à Draveil (Essonne). Il fut sous-préfet de l'arrondissement des Andelys, préfet de la Charente, préfet de la Charente-Inférieure, maître des requêtes au Conseil d'État et pair de France.
- Jean Gabriel Théophile de Boissy d'Anglas, né le à Nîmes et mort le à Paris. Il fut député de l'Ardèche (1839) et maître des requêtes au Conseil d'État.
Principales publications
- Deux mots sur une question jugée ou lettre de M. Boissy d'Anglas à Monsieur le rédacteur de la Feuille du jour en réponse à Monsieur de La Gallissonnière (). [2]
- Observations sur l'ouvrage de M. de Calonne, intitulé De l'état de la France, présent et à venir, et à son occasion, sur les principaux actes de l'Assemblée nationale, avec un Postcrit sur les derniers écrits de MM. Mounier et Lally (1791) [3]
- Quelques idées sur la liberté, la révolution, le gouvernement républicain, et la constitution françoise (1792) [4]
- Essai sur les fêtes nationales, suivi de quelques idées sur les arts et sur la nécessité de les encourager adressé à la Convention Nationale (1793) [5]
- Projet de constitution pour la République française, et discours préliminaire prononcé par Boissy d'Anglas, au nom de la Commission des onze, dans la séance du 5 messidor an III-.
- Rapport sur les colonies, 17 thermidor an III-
- Recueil de discours sur la liberté de la presse, prononcés dans diverses assemblées législatives et à diverses époques (1817) [6]
- Essai sur la vie, les écrits et les opinions de M. de Malesherbes, adressé à mes enfants (3 volumes, 1819-1821)
- Les Études littéraires et poétiques d'un vieillard, ou Recueil de divers écrits en vers et en prose, par le comte de Boissy d'Anglas (6 volumes, 1825) T1 [7] T2 [8] T3 [9] T4 [10] T5 [11] T6 [12]
Titres
- 1er Comte de Boissy d'Anglas et de l'Empire (lettres patentes de , Bayonne) ;
- Pair de France[6] :
- ;
- (Cent-Jours) ;
- Révoqué par l'ordonnance du 24 juillet 1815 ;
- Comte-pair héréditaire (, lettres patentes du ).
Distinctions
- Légion d'honneur[7] :
- Légionnaire (4 frimaire an XII : ), puis,
- Commandant (25 prairial an XII : ), puis,
- Grand officier de la Légion d'honneur () ;
Armoiries
Figure | Blasonnement |
Armes du comte de Boissy d'Anglas et de l'Empire
De sable au chevron d'or abaissé ; chef d'argent chargé à sénestre de deux étoiles d'azur ; franc-quartier de comte-sénateur.
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Armes du comte de Boissy d'Anglas et pair de France
De sable au chevron d’or au chef d’argent chargé de trois étoiles d’azur . | |
François-Antoine de Boissy d'Anglas (1781-1850), préfet de la Charente, maître des requêtes au Conseil d'État,
Écartelé au premier de gueules à l'épée en bande et à l'ancre en barre passées en sautoir d'argent ; au deuxième des barons préfets ; au troisième d'azur au miroir antique d'argent, accolé d'un serpent du même ; au quatrième de sable au chevron d'or surmonté d'un comble d'argent chargé de deux étoiles d'azur ; pour livrées : les couleurs de l'écu[8] |
Notes et références
Notes
- Les papiers personnels de François-Antoine de Boissy d'Anglas sont conservés aux Archives nationales sous la cote 175AP [9]
Références
- Esquisse de Delacroix
- Boissy d'Anglas, Deux mots sur une question jugée ou lettre de M. Boissy d'Anglas à Monsieur le rédacteur de la Feuille du jour en réponse à Monsieur de La Gallissonnière (18 mai 1791).
- « François, Antoine de Boissy d'Anglas - Base de données des députés français depuis 1789 - Assemblée nationale », sur www2.assemblee-nationale.fr (consulté le )
- Hervé Leuwers, La Révolution et l'Empire, Paris, Puf, , 276 p. (ISBN 978-2-13-056852-0)
- François Furet, Denis Richet, La Révolution française, Paris, Fayard, 1973, p. 259.
- (en) François Velde, « Armory of the French Hereditary Peerage (1814-30) », Lay Peers, sur www.heraldica.org, (consulté le )
- « Cote LH/273/13 », base Léonore, ministère français de la Culture
- BB/29/968 page 343. Titre de baron, accordé par décret du 30 juin 1811, à François, Antoine Boissy d'Anglas. Saint-Cloud (24 août 1811).
- Voir la notice dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales
Annexes
Bibliographie
- « François-Antoine de Boissy d'Anglas », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
- Hélène Boissy d'Anglas, François-Antoine de Boissy d'Anglas, Paris, l'Harmattan, 2001.
- Gérard Conac (dir.) et Jean-Pierre Machelon (dir.) (préf. Jean Imbert), La Constitution de l'an III : Boissy d'Anglas et la naissance du libéralisme constitutionnel, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d'aujourd'hui », , VIII-295 p. (ISBN 2-13-050332-2, présentation en ligne).
- Marcel Dorigny, « Boissy d'Anglas », dans Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989, p. 127-128.
- Christine Le Bozec, « Boissy d'Anglas et la constitution de l'an III », dans Roger Dupuy et Marcel Morabito (dir.), 1795, pour une République sans révolution : colloque international / organisé [par] l'Institut d'Études politiques de Rennes ; avec le concours de l'Université Rennes 2, URA CNRS 1022, Rennes, 29 juin-1er juillet 1995, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 296 p. (ISBN 2-86847-193-5, lire en ligne), p. 81-90.
- Christine Le Bozec, Boissy d'Anglas : un grand notable libéral, Privas, Fédération des œuvres laïques de l'Ardèche, , 503 p. (ISBN 2-9501554-9-9, présentation en ligne).
- Michel Pertué, « Les projets de déclaration de Daunou et Boissy d'Anglas », dans Les déclarations de l'an I : colloque, Poitiers, 2 et 3 décembre 1993, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Publications de la Faculté de droit et des sciences sociales de Poitiers » (no 28), , 255 p. (ISBN 2-13-047225-7, BNF 36688226), p. 37-53.
- Michel Vovelle, « François-Antoine Boissy (dit Boissy d'Anglas) », dans Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 354-355 (ISBN 978-2846211901)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressources relatives à la recherche :
- Ressources relatives à la vie publique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Député de l'Ardèche
- Naissance en novembre 1756
- Naissance dans la province du Languedoc
- Décès en octobre 1826
- Décès à Paris
- Décès à 69 ans
- Comte de l'Empire
- Grand officier de la Légion d'honneur
- Académie de La Rochelle
- Président de l'Assemblée nationale française
- Personnalité inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 28)
- Personnalité liée à l'Ardèche
- Écrivain français du XIXe siècle
- Académie des inscriptions et belles-lettres
- Député français du tiers état en 1789-1791
- Député de la Convention nationale
- Membre du Conseil des Cinq-Cents
- Membre du Tribunat
- Membre du Sénat conservateur
- Pair de France (Restauration)
- Pair de France (Cent-Jours)
- Membre français d'un consistoire protestant