Combats du Bois-le-Prêtre

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Combats du Bois-le-Prêtre
Description de cette image, également commentée ci-après
Le secteur de Bois-le-Prêtre en février 1915
Informations générales
Date De septembre 1914 à juillet 1915.
Lieu Bois-le-Prêtre, Ouest de Pont-à-Mousson, France
Issue Indécise
Belligérants
Drapeau de la France France Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Commandants
Drapeau de la France France

Gal Henri Lebocq

Drapeau de la France France

Gal Georges Riberpray
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand Gal Von Strantz
Pertes
Drapeau de la France France 7000 Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand 7000

Première Guerre mondiale

Batailles

Front d'Europe de l’Ouest


Front italien


Front d'Europe de l’Est


Front des Balkans


Front du Moyen-Orient


Front africain


Bataille de l'Atlantique

Coordonnées 48° 54′ 19″ nord, 6° 03′ 17″ est
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Combats du Bois-le-Prêtre
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(Voir situation sur carte : Lorraine)
Combats du Bois-le-Prêtre
Géolocalisation sur la carte : Meurthe-et-Moselle
(Voir situation sur carte : Meurthe-et-Moselle)
Combats du Bois-le-Prêtre

Les combats du Bois-le-Prêtre (« Priesterwald » pour les Allemands) se sont déroulés de septembre 1914 à juillet 1915 dans un massif forestier situé sur la commune de Montauville à quelques kilomètres à l'Ouest de Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle, France). Les combats de Bois-le-Prêtre entrent dans le contexte de la Course à la mer, dernière étape de la guerre de mouvement sur le front occidental du début de la Première Guerre mondiale.

Localisation[modifier | modifier le code]

Le Bois-le-Prêtre se trouve en bordure des actuelles routes départementales RD 958 et RD 3 qui relient Pont-à-Mousson respectivement à Commercy et Thiaucourt-Regniéville. Géographiquement, ce massif forestier est situé sur les hauteurs des côtes de Moselle. Il offre des vues dominantes sur la plaine de la Woëvre qui s'étend entre les côtes de Moselle et les côtes de Meuse.

Lieux-dits du Bois-le-Prêtre[modifier | modifier le code]

La Croix des Carmes
L'Éperon-hors-bois
Le Gros-Chêne
La Fontaine et la maison forestière du Père-Hilarion
Le Mouchoir
Le Quart-en-réserve
Le Ravin du Bois-Pouillot
La Source et fontaine du Cerf

Contexte historique[modifier | modifier le code]

Repoussés aux combats de Mamey les et , les Allemands se retirent dans le bois Le Prêtre. Ils l’occupent dans sa plus grande partie et édifient d'importantes fortifications sur la colline du Quart-en-Réserve. La division de la forteresse de Toul cherche alors à reprendre le bois dans une lutte pied-à-pied, menant des attaques par sections quasi quotidiennes. Les combattants subissent des conditions de combat terribles, avec mines, sapes, camouflets, fusillades continuelles, bombardements de crapouillots ou d'artillerie, parmi la boue, l’eau jaunâtre, le froid extrême et les cadavres [1].

Ordre de bataille[modifier | modifier le code]

La fontaine et la maison du père Hilarion.
Le secteur en début décembre 1914.
Relèves publiées dans le Miroir No 80.

Les Français[modifier | modifier le code]

73e division d'infanterie du général Henri Lebocq
128e division d'infanterie, brigade mixte du général Georges Riberpray. (la division des Loups.)

L' expression "Loups du Bois-le-Prêtre" est attribuée comme épithète à la 128 Division d'Infanterie, composée du 167e régiment d'infanterie, du 168e régiment d'infanterie de ligne[2], 169e régiment d'infanterie, 202e brigade territoriale de la 101e division d'infanterie territoriale , (259e et 268e régiments d'infanterie territoriale)

Les Allemands[modifier | modifier le code]

121. ID
77e et 46e Infanterie Régiment du général Von Strantz

Les batailles[modifier | modifier le code]

Caractéristiques des combats du Bois-le-Prêtre[modifier | modifier le code]

Les déplacements en ligne organisés étant impossibles dans cette forêt dense, les commandements y privilégièrent l’emploi des mines et de l’artillerie de tranchées.

Les soldats témoigneront de l’horreur de ces combats rapprochés (les lignes adverses sont parfois très proches : 20 mètres à la Croix des Carmes), parfois au corps à corps, des attaques surprises et des conditions de vie particulièrement difficiles dans les tranchées boueuses au milieu des débris d’arbres pulvérisés et d’innombrables cadavres.

Il est avéré également qu'il eut recourt à l'utilisation de lance-flammes (attaque allemande du 4 juillet 1915) et l'utilisation des gaz de combat.

Progression française dans le bois-le-Prêtre[modifier | modifier le code]

Du 22 au 25 septembre 1914, les hommes de la 73e DI, aidés par ceux de la 128e DI contre-attaquèrent obligeant les Allemands de reculer sur 6 km de profondeur, les acculant à la lisière du Bois-le-Prêtre. Les hommes du général Lebocq y gagnèrent leur surnom de "Loups du Bois-le-Prêtre".

Le 31 octobre 1914, deux bataillons français se lancèrent ainsi à l'attaque sur le débouché est de la tranchée du Père Hilarion. Ils furent stoppés sur la 1re ligne allemande fortement retranchée et bien organisée.

Le 2 décembre 1914, en vue d'une nouvelle attaque, les Français amenèrent en 1re ligne, près du Père Hilarion, quatre compagnies et une section de mitrailleuses. Après une préparation d'artillerie de deux heures, l’assaut fut lancé.

Le 7 décembre 1914. Le capitaine Rozier avec deux compagnies parvint à occuper la 1e ligne allemande. Ceux-ci contre-attaquèrent avec six à huit compagnies et rejetèrent les Français dans leurs positions de départ.

Du 8 au 12 décembre 1914, les Français poursuivirent leur offensive. Ils progressèrent jusqu'à la crête dominant la Croix des Carmes, la crête au nord de la fontaine du Père Hilarion et la tranchée forestière de Villers.

Le 1e Mars, les Allemands font sauter 5 fourneaux à mines à la Croix des Carmes, sous la ligne des Z, le 3e bataillon du 167e et la capitaine Pierrard réoccupe notre tranchée dans l’après-midi. Pendant tout le reste du mois, une activité intense de bombes aériennes et de mines souterraines se fait sentir sur tout le secteur. Hippolyte Benéteau, poilu du 167e régiment d'infanterie témoigne de la journée du 15 mars a son épouse:

"A huit heures du matin, les Allemands ont fait sauter plusieurs tranchées et aussitôt la fusillade a commencé. Toute la journée sans desserrer ; il y avait du danger partout en première ligne comme en deuxième ou en troisième. C’était tout pareil. Les balles, les obus, les grenades et les torpilles pleuvaient. Les arbres sont d’une bonne épaisseur dans ce bois là et bien souvent les obus Allemands tombaient en plein dedans. D’une grosseur d’une brassée, ça les coupait en deux."[3]

Le 22 mars 1915, un match de foot est organisé, avéré par des photos et un récit de guerre.

Le 31 mars 1915, le 5e bataillon sous le commandement du commandant Rozier, fraichement promu, et le 187e bataillon attaquèrent la ligne VIII et le blockhaus allemand au Quart-en-Reserve (situé entre le Père Hilarion et la Croix des Carmes). Les Français prirent la ligne VIII, mais, malgré la reprise des combats le lendemain, échouèrent devant le blockhaus. Trois contre-attaques allemandes ne parvinrent pas à les déloger de la ligne VIII.

La prise de la Croix des Carmes[modifier | modifier le code]

Le 7 juin 1915, le commandant Rozier reprit, le lendemain, avec le 5e bataillon, l’offensive à la Croix des Carmes. Elle débuta par une préparation d’artillerie de 1h30 à laquelle répondront les canons allemands. Ce duel d’artillerie aboutit à la destruction presque complète des premières lignes françaises et allemandes.

Le 4 juillet 1915, les Allemands reprirent tout le terrain gagné par les Français à la Croix des Carmes. La croix elle-même ayant été mise à l'abri par les Français. Le front désormais ne bougera presque plus dans ce secteur. Les combats auront fait plus de 7 000 morts dans chaque camp. Les tranchées françaises au Père Hilarion tombèrent également entre leurs mains quatre jours plus tard, après un violent bombardement. La contre-attaque française, déclenchée le soir du 8 juillet 1915, permit de reconquérir un peu de terrain. De cette journée du 4 juillet, l'avocat Pierre Salva[4] écrit:

"Il y avait dix jours que nous étions dans ces cantonnements quand le 4 juillet, ordre nous a été donné de monter au bois en renfort. Les Allemands avaient attaqué en grande force après un terrible bombardement. Parti en tête du bataillon, j’ai pu conduire ma compagnie sous le feu de l’artillerie sans éprouver de perte malgré l’intensité du feu. Arrivé au point du rassemblement indiqué pour le bataillon j’ai reçu l’ordre de porter ma compagnie aussi près que possible des Allemands et au besoin à un point appelé le gros Chêne. Cette tranchée était sans qu’on le sache encore aux mains des Allemands. J’ai pu conduire encore ma compagnie traverser le tir de barrage et la lancer à la baïonnette sur la tranchée du gros chêne qu’elle a enlevé, réorganiser et s’y installer assez solidement. Moi à cinquante mètres des boches, j’avais reçu un éclat d’obus en haut de la cuisse gauche."

10 octobre 1915 Un avion allemand, un Aviatik C, appartenant à l'escadrille FA70 est abattu dans le ciel du Bois-le-Prêtre par le pilote français Jean Bourhis. L'avion qui s’est écrasé était piloté par Gefr Kurt Kroner, né le 9 mars 1892 à Brand. Il était accompagné de son observateur le lieutenant Guido Fritz Wolf, né le 20 décembre 1893 à Berlin. Jean Bouhris, pilotait un Nieuport de l’escadrille N31.

Le front désormais ne bougera presque plus dans ce secteur. En guise d'épilogue, le , tout le secteur du Bois-le-Prêtre est libéré sans combat par la 90e division d'infanterie américaine, au cours de la réduction du saillant de Saint-Mihiel.

Fraternisation entre soldats allemands et français[modifier | modifier le code]

De l'avis d'un témoin combattant français, elles n'auraient pas eu lieu : « Des imaginatifs ont affirmé qu’à la fontaine du Père-Hilarion, Français et Allemands allaient chercher de l’eau, et que, par suite, d’une trêve tacite, des propos idylliques s’échangèrent entre adversaires. Il n’y a qu’une objection à cet émouvant tableau, c’est qu’il fut matériellement impossible ; jamais la fontaine ne s’est trouvée entre les lignes »[5]. Il y eut tout de même, comme le relate une carte postale de Montauville datant du , des échanges de tabac et de chocolat entre Français et Allemands depuis leurs tranchées séparées d'à peine 10 mètres. Ceci, bien sûr, en cachette de leurs supérieurs. Le 27 octobre 1914, plusieurs soldats allemands rendent visite aux soldats français, pour leur dire que leurs barbelés sont trop hauts, ils leur expliquent comment il faut faire. Cela se passe au bout de la tranchée forestière de Fey en Haie. Ce texte provient de Charles François, historien connu et reconnu de Pont-à Mousson.

Johann Baptiste Mack de la 51e brigade, soldat allemand au Bois-le-Prêtre, fit ce récit :

« nous avions enlevé les cuirs pour creuser, de l'autre côté les Français avaient fait comme nous[Note 1] et ils nous faisaient signe en agitant le képi de la main, nous avons rendu ce salut[6]. »

« ... Alors que nous étions du côté de Remenauville, en 1916, les Français venaient jouer aux cartes avec nous et nous allions chez eux de la même manière[6]. »

Personnalités au Bois-le-Prêtre[modifier | modifier le code]

Personnalités tombées lors des combats[modifier | modifier le code]

Jean-François Chéronnet-Champollion, grand voyageur, artiste peintre et photographe, est l'arrière-petit-fils de l’illustre Jean-François Champollion. De nationalité américaine, il s'engage volontaire et intègre le 168e régiment d'infanterie. Il sera tué au combat le 10 avril 1915. Dans une de ses lettres, il témoigne :

"Nous sommes couverts de boue des pieds à la tête ; c’est une vie sale et misérable au delà de toute description… on dort sous terre, on se couche et on mange dans la boue, nos mains, notre figure, nos uniformes et surtout nos pieds en sont enduits… l’impossibilité de se laver, même les dents, car l’eau, sauf la pluie, est rare et il est interdit de la boire."

Louis Lautrey, capitaine au 346e régiment d'infanterie était historien jurassien et auteur d'une biographie du capitaine Lacuzon, il a été tué au combat le .

Guy Jean-Marie Ossude, sous-lieutenant au 169e régiment d'infanterie. Tué au combat le 1e novembre 1914 au Bois-le-Prêtre, il fût inhumé dans le cimetière provisoire près du Pétant. Son tombeau est toujours visible à la sortie de Montauville juste avant le panneau Maidières. Ce monument est dû à un granitier de Senones dans les Vosges.

Personnalités ayant servi dans les armées française ou allemande[modifier | modifier le code]

Claude Bils, peintre, dessinateur et caricaturiste, servit au 353e régiment d'infanterie qui défend le Bois-le-Prêtre.

Gus Bofa, illustrateur français, fut touché aux deux jambes par un tir de mitrailleuse le .

Henri Desagneaux, juriste, attaché au Contentieux de la Compagnie des Chemins de Fer de l’Est, affecté au 359e régiment d'infanterie, Le 14 juillet 1916, il est au Bois-le-Prêtre.[1]

Albert Guillaume, chanoine et curé de Prény (1909 à 1952), de Pagny-sur-Moselle (1919 à 1952). Il fût brancardier et infirmier au Bois-le-Prêtre.

Ernst Jünger[7], écrivain, des Eparges au Bois-le-Prêtre son récit permet de voir le côté allemand des combats.

Auguste Heiligenstein, maître verrier et céramiste. En 1915, il est désigné pour être observateur en avion à l’escadrille de la division, la MF 5, au Bois-le-Prêtre.

Joseph Lesage, illustrateur français, publie ses dessins dans le «journal de tranchées» de la 73e DI, Le Mouchoir. Il est mort de la grippe espagnole le 19 octobre 1918.

Général René MICHEL, était lieutenant de la 11e Compagnie au167e Régiment d'infanterie lors des combats du bois Leprêtre. Ses souvenirs seront repris dans l'historique du régiment.

Georges Riberpray, est engagé volontaire au 102e RI. Elève à l'Ecole Polytechnique, puis à l'Ecole d'application d'Artillerie à fontainebleau et encore à l'Ecole Supérieure de Guerre, il occupera les postes de professeur adjoint au cours de Fortification à l'Ecole de Guerre et sous-chef de Cabinet de M. Berteaux, Ministre de la Guerre. Lors de la mobilisation, on le trouve colonel, commandant le 10e Génie à Toul. Il est de tous les combats de la Brigade Active de Toul puis de la 128e DI.

Le général Guillaumat, commandant de la IIe Armée à Verdun, lui a décerné à l'occasion de sa glorieuse mort, la citation suivante à l'ordre de l'armée :

"Officier général de la plus haute valeur morale et du plus beau caractère, n'ayant jamais connu d'autres soucis que ceux du bien de l'Armée et de l'accomplissement de ses devoirs militaires. Adoré de ses officiers et de ses hommes, leur prêchait le mépris du danger en leur donnant, chaque jour, l'exemple du plus beau courage. Tombé glorieusement le 11 septembre 1917 en visitant en plein combat et sous de l'artillerie et des mitrailleuses, ses régiments de première ligne."

Pierre Sarrant, tireur d'élite au 353e régiment d'infanterie, 5e bataillon, 19e compagnie parle de ses souvenirs au Bois-le-Prêtre avec en fond des bruitages sonores (parfois gênants pour l'audition). Il relate les circonstances dans lesquelles trois de ses camarades sont tués au combat. Il parle aussi de la journée du 9 mai 1915 et de la triste journée du 4 juillet 1915. Il évoque aussi les cantonnements à PAM, Montauville et Blénod les PAM[8].

Jean de Lattre de Tassigny, lieutenant au 12e R.D., est blessé d’un coup de lance d’un Uhlan dans une clairière du Bois-le-Prêtre, le 14 septembre 1914

Ernst Toller, écrivain allemand, participa aux combats du Bois-le-Prêtre[9]. Il écrit:

"Nous dormons serrés les uns contre les autres dans des abris boueux, l’eau coule des murs, les rats rongent notre pain, la guerre et la patrie sur notre sommeil. Nous n’enterrons pas nos morts. Si je ne me faufile pas dans les tranchées accroupi, je ne sais pas si je passe devant un mort ou un vivant. Ici, les cadavres et les vivants ont les mêmes visages gris jaune."

Victor Tuby organise et défend l'observatoire dénommé par l'état-major « Observatoire Tuby »[10]. Gravement blessé, il reçoit la Croix de Guerre 1914-1918[11].

Autres personnalités[modifier | modifier le code]

Sarah Bernhardt, comédienne, rendit visite aux poilus dans les tranchées du Bois-le-Prêtre dans le cadre du théâtre aux armées en [9].

Eugène Galien-Laloue, peintre français, fît un dessin des combats du Bois-le-Prêtre au Musée des Beaux-Arts de Reims.

André Mantelet-Martel, artiste dessinateur né en 1876 à Pontoise (Oise), fît des dessins du Bois-le-Prêtre. Ceux-ci sont conservés au musée des Beaux-arts de Reims[12].

Raymond Poincaré, président de la République française originaire de Meuse, visite le Bois-le-Prêtre le 7 juin 1915 et le 14 novembre 1915. Il dira par la suite :

"De toute les visions d’horreur que la guerre m’a offertes, c’est au Bois le Prêtre que j’ai vu les plus effroyables.

J’y suis allé plusieurs fois et j’ai vu aux premiers jours d’hiver nos soldats merveilleux d’endurance au milieu de l’humidité et de la boue. Mais la visite qui m’a le souvenir le plus ému, je l’ai faite un jour d’été, par une chaleur torride, alors qu’à la lisière des bois les mouches bourdonnaient autour des cadavres couverts de branchages et que le soleil dardait sur les tranchées que ne tamisaient pas les arbres dépouillés par la pluie d’obus. Je montai jusqu’aux premières lignes, en suivants les boyaux où la température était celle d’une fournaise, et je trouvai, derrière les créneaux, des hommes qui au milieu des blessés non encore évacués et des morts non ensevelis, veillaient tranquillement à la sécurité de leur position.

C’était des soldats de cette 73ème Division d’Infanterie qui a si vaillamment défendu Pont-à-Mousson jusque dans le courant de 1915. Ils étaient là, debout, attentifs, le regard fixe, indifférent à tout sauf à leur consigne et à leur devoir, véritable image de la patrie aux aguets. "[13]

Des fusillés pour l'exemple[modifier | modifier le code]

Les deux soldats Camille Chemin et Édouard Pillet du 37e d'infanterie coloniale sont fusillés près de Montauville pour désertion, mais il s’agit d’un malentendu. En effet, les sacs laissés par les fantassins pendant une attaque précédente avaient été pillés. Les deux hommes sont désignés pour les garder afin d’éviter les vols durant les attaques suivantes. En juin 1915, lors d’une attaque menée par le nouveau capitaine, celui-ci les considère comme disparus au front alors qu’ils étaient à l’arrière avec les sacs. Le 37e RIC fait ensuite mouvement et Chemin et Pillet réintègrent le régiment. Le colonel les considère comme déserteurs et les deux soldats sont traduits le 4 août devant un conseil de guerre et fusillés dès le 5 août. Ces deux soldats fusillés pour l'exemple seront réhabilités en 1934[14].

Journal Le Mouchoir[modifier | modifier le code]

Le Mouchoir est un journal de tranchée fondé le 14 novembre 1915. Il prend le nom d'un lieu-dit du Bois-le-Prêtre que la 73e DI a conquise. Il existe soixante-deux numéros.

Lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Cimetières militaires[modifier | modifier le code]

Les sépultures françaises sont regroupées au nécropole nationale du Pétant, commune de Montauville

Des soldats allemands ont été inhumés au cimetière militaire allemand de Thiaucourt, d'autres au cimetière de Noviant-aux-Prés.

Monuments commémoratifs[modifier | modifier le code]

Choloy-Menillot, monument à la mémoire des Soldats Français tombés dans les combats du Bois-le-Prêtre.

Fey-en-Haye: monument commémoratif au village détruit.

Fey-en-Haye: église Saint-Gorgon dotée des vitraux de Jacques Grüber, réalisés en hommage aux combats de la Croix des Carmes en 1924 et sera classé monument historique, 60 ans plus tard, en septembre 1984.

Fey-en-Haye: chêne mitraillé du Bois-le-Prêtre, retiré en 2005 de son emplacement d'origine et placé, après traitement et séchage, dans l'église.[2]

Montauville: une borne Vauthier, proche de la Croix des Carmes.

Montauville: la Croix des Carmes. Créé par le sculpteur Émile Just Bachelet, elle fut inaugurée le 23 septembre 1923 par Raymond Poincaré.

Montauville: Patte d'Oie, monument commémoratif au 365e régiment d'infanterie qui symbolise l'avancée extrême de l'armée française dans le secteur.

Remenauville: chapelle commémorative du village.

Vilcey-sur-Trey: monument du Lion, à la mémoire du 241 Infanterie Bataillon, réalisé par le soldat Schrader sur un dessin du lieutenant Wortmann. Erigé le 21 Septembre 1915, il met à l’honneur les hommes de 3 régiments et leurs fidèles camarades tombés au Bois-le-Prêtre (Infanterie-Regiment Markgraf Carl (7. Brandenburgisches) Nr. 60, Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 7, Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 56)

Autres lieux de mémoire[modifier | modifier le code]

Observatoire de la croix des Carmes

Vestiges allemands[modifier | modifier le code]

Certains furent décrits par Ernst Jünger, dans son roman Orages d'acier.

Vilcey-sur-Trey: la Fontaine Kühlewein Brunnen 1915-1916- Porte le nom du lieutenant Von Kühlewein commandant la 2e Compagnie de la Brigade Ersatz Bataillon Nr 80.

Vilcey-sur-Trey: la Fontaine Pütter-Quelle ou des trois goulots porte le nom du médecin d’Etat Major Pütter, qui officiait au 80e Brigade-Ersatz-Bataillon.

Vilcey-sur-Trey: Offizier-Kasino im Grolmanlager, Priesterwald.

Vestiges français[modifier | modifier le code]

Maison forestière du Père Hilarion

Fontaine du Père Hilarion. Pierre Simon (1894-1915), engagé volontaire au 168e régiment d'infanterie, témoigne de l'utilité de cette fontaine dans une lettre adressée à son oncle, le 29 août 1914:

"Je suis arrivé ici le dimanche matin à cinq heures. Quelques heures que j'étais habillé en soldat et après à la soupe et après le rapport, je suis déjà allé à la corvée de lavage. Nous avons lavé des culottes rouges et des treillis (...)"

Hommages[modifier | modifier le code]

Le boulevard du Bois-le-Prêtre est situé dans le 17e arrondissement, à la lisière de la ville de Paris et des communes de Saint-Ouen et de Clichy

La tour Bois-le-Prêtre, sur le boulevard du même nom à Paris.

La rue du Bois-le-Prêtre à Pont-à-Mousson part de la place Colombe vers le nord et longe le canal latéral à la Moselle.

Le Hêtre du centenaire, dans le secteur de la croix des Carmes, cet arbre a été choisi pour représenter la Lorraine en 2014. Un choix symbolique en cette année de commémoration du début de la grande guerre, cet arbre avait survécu aux terribles combats qui eurent lieu à cet endroit. Les agents de l’Unité territoriale ONF du Val de Lorraine présentent le projet en ces termes:

"J’avais environ une centaine d’années en 1914 quand la Grande Guerre a commencé. Les obus et la mitraille ont eu raison de ma ramure me laissant quasiment moribond. Mais la vie a été plus forte. Je suis reparti de mes racines pour devenir le hêtre à nouveau centenaire que voici."

Musée des Baïonnettes à Regneville présente de très nombreuses pièces (armement, matériel, uniformes et documents). Ils sont toutes en très bel état de conservation.

Cérémonie du départ des "loups du Bois-le-Prêtre". Chaque année, mi-juin, élus du territoire, anciens combattants et représentants d’associations patriotiques se réunissent à la Croix des Carmes.

Cérémonie de la gerbe de blé. Chaque année, cette cérémonie rend hommage au poilu et sculpteur Gaston Deblaize et à ses camarades du 356e régiment d'infanterie qui ont combattu dans le bois des veuves.

Chansons sur le Bois-le-Prêtre[modifier | modifier le code]

Le Bois le Prêtre de Paul COLON dit "Paulus" du 47e régiment d'infanterie Territorial le 28 mai 1915

Pont-à-Mousson, brave Cité Lorraine, Avait un bois renommé de partout, Qui fut souvent pour les Mussipontaines, Et les garçons un charmant rendez-vous, On l'appelait "Le joli bois le Prêtre", Quand cette guerre vint amener chez nous, L'empereur allemand qui crût être le maître, Le mis sens dessus d'sous

Refrain

Et sa canonnade éventra nos promenades, Mais ses obus, ses grenades, Ne nous faisaient pas peur, C'était pour la France, C'était pour la délivrance, Que nous avions l'espérance, D'être les vainqueurs

IIe couplet

Le chef du 369e, Dit à celui du Cinquième Bataillon, "vous êtes ici pour la lutte suprême, "Il vous faut prendre le Père Hilarion", "C'est entendu ! Gonflez vos cartouchières !, " A moi les gars ! Dit-il à ses poilus, Je compte sur vous, faut pas faire de manières, Mort aux casques pointus ! ....

Refrain

Et l'Artillerie, le Génie, l'Infanterie, Dans ses tranchées bien blotties, Prêtes à s'élancer, La pipe à la bouche, Nos territoriaux farouches, Devaient porter des cartouches, Aux troupes engagées.

IIIe couplet

Les 75 d'une voix mélodieuse, Dans le concert assuraient le plein chant, Accompagnés par nos p'tites mitrailleuses, Nos crapouillots suivaient le mouvement, A chaque obus de leur tranchée, les Boches, Comme des fous fuyaient épouvantés, Mais nos Lebels fauchaient tous ces alboches, Dans le fond des fossés.

Refrain

Quelle marmelade! C'est une vraie salade!, Les Boches criaient: "Camarades!", Les mains jointes, à genoux, "Chargez à la baïonnette!, La fontaine, prix de la fête, Était bien à nous.

IVe couplet

Pont-à-Mousson, malgré toutes ta misère, Malgré tes deuils et malgré tes tourments, Sous les obus, tu restes calme et fière, Et ton devoir tu le fais simplement, Au jour prochain, jour de la délivrance, au jour béni et qui ne peut tarder, Tu recevras le salut de la France, Tu l'as bien mérité

Refrain

L'Aigle germanique, Plumons le à coups de trique, De l'empereur et de sa clique, Et de tous ses bandits, Supprimons la race, Et qu'il n'en reste plus trace, "Allons alliés! point de grâce, Purgeons le pays.

Destinée à maintenir le moral des troupes, la chanson du chansonnier Lucien Boyer évoque un épisode de l’interminable guerre de tranchées. Son titre: Au Bois-le-Prêtre! sortie en 1915.

Je vais chanter le bois fameux, Où, chaque soir, dans l'air brumeux, Rode le Boche venimeux, A l'œil de traître, Où nos poilus au cœur altier, Contre ce bandit de métier, Se sont battus sans lâcher pied.

Au Bois-le-Prêtre!

On est terré comme un renard, On est tiré comme un canard, Si l'on sort, gare au traquenard, Où l'on s'empêtre, Dès que l'on quitte son bourbier, On reçoit un lingot d'acier, Car l'on est chasseur et gibier.

Au Bois-le-Prêtre !

Tous les arbres y sont hachés, Et des Bavarois desséchés, Là-haut, sont encore accrochés, Sur un vieux hêtre, Ils y sont pour longtemps, dit-on, Car, même le vautour glouton, Vous a le dégoût du Teuton.

Au Bois-le-Prêtre !

Là-bas, le fauve, c'est le pou, Ce que l'on se gratte, c'est fou, D'abord, on lutte avec la poudre de pyrèthre, Puis aux "totos" on s'aguerrit, Et l'on conclut avec esprit : Plus on a de poux, plus on rit.

Au Bois-le-Prêtre !

On est sale, on est dégoutant, On a tout de l'orang-outang, On rit de ressembler pourtant, A cet ancêtre, Dans la boue on vit et l'on dort, Oui, mais se plaindre, on aurait tort, La boue ! Elle a des reflets d'or.

Au Bois-le-Prêtre !

Si, du canon bravant l'écho, Le soleil y risque un bécot, On peut voir le coquelicot, Partout renaître, Car, dans un geste de semeur, Dieu, pour chaque Poilu qui meurt, Jette des légions d'honneur.

Au Bois-le-Prêtre !

Après la guerre nous irons, Et nous nous agenouillerons, Sur chaque croix nous écrirons, En grosses lettres, "Ci-git un gars plein d'avenir, Qui sans un mot, sans un soupir, Pour la France est tombé martyr.

Au Bois-le-Prêtre !

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. vraisemblablement du côté du Haut de Rieupt

Références[modifier | modifier le code]

  1. Jacques Dieterlen, Le BOIS LE PRÊTRE : (OCTOBRE 1914 - AVRIL 1915), , 279 p., p. 15 et 17
  2. Historique du 168ème Régiment d'Infanferie p11
  3. Hippolyte Benéteau et William Benéteau, Ta femme qui t'aime: correspondance entre Hippolyte Benéteau, poilu du Bois-le-Prêtre et sa famille, 1914-1915, Édhisto, (ISBN 978-2-35515-044-9)
  4. Geracy, « SALVA Pierre (1875-1915) », sur memoire.avocatparis.org (consulté le )
  5. Charles François, « Les combats du Bois-le-Prêtre », L'Est illustré,‎
  6. a et b Johann Baptiste Mack, Du "Württemberg" au Bois le Prêtre, Editions Edhisto, 2016
  7. Ernst Jünger combattit au Bois-le-Prêtre, en
  8. Disque 33 tours Bois-le-Prêtre Pont-à-Mousson, mes premiers contacts, avril juillet 1915, villa Scarabée, 32, Fleurance
  9. a et b « Le bois Le Prêtre », sur lieux-insolites.fr (consulté le ).
  10. Lou Pescaire de Peiro-Longo, « Un grand artiste régionaliste : Victor Tuby, lou canenc ! », Lou Soulèu,
  11. « Portrait de Victor Tuby », sur Archives municipales de la ville de Cannes
  12. « Le Bois le Prêtre, MANTELET-MARTEL », sur Portail officiel des Musées de Reims (consulté le )
  13. Propos de Raymond Poincaré lors de sa visite à Pont-à-Mousson du 2 juin 1915.
  14. Les Fusillés de la Grande Guerre et la mémoire collective (1914-1999) de Nicolas Offenstadt a publié en 2000 un livre repris en collection Poche des éditions Odile Jacob, pages 52, 83, 218, 225 et 230.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Benéteau, William, Ta femme qui t'aime, correspondance entre Hippolyte Beneteau poilu du Bois le Prêtre et sa famille (1914-1915), Sennones, Edhisto editions, , 154 p. (ISBN 978-2-35515-044-9, lire en ligne)

Czubak, Nicolas, Le Bois-le-Prêtre; scènes de vie, scènes de mort sous l'objectif de photographes français et américains., Ysec édition, (ISBN 978-2-846-73287-1)

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Dieterlen, Jacques, Le Bois-le-Prêtre, octobre 1914-avril 1915, Paris, Hachette et Cie, , 280 p. (ISBN 978-1-015-87375-9)

Drulang, Jean-Pierre, Du "Württemberg" au Bois-le-Prêtre, 1914-1918, Senones, Edhisto Editions, , 407 p. (ISBN 978-2-35515-023-4)

François, Charles, Les combats du Bois-le-Prêtre, L'Est Illustré,

Guides illustrés Michelin des champs de bataille. Le Saillant de Saint-Mihiel. Itinéraire : Verdun, Saint-Mihiel, Commercy, Pont-à-Mousson, Metz, Clermont-Ferrand, Michelin & Cie, , p. 129

Huret, Joël, Les Américains sur le front de Lorraine : Sites et monuments du saillant de Saint-Mihiel, Metz, Éditions Serpenoise,

Huret, Joël, Le Brésilien, un allemand au Bois-le-Prêtre, Paris, Quotidien, , 213 p. (ISBN 978-2-37164-005-4)

Huret, Joël, Le saillant de Saint-Mihiel : 1914-1918. Sites et monuments de la région de Pont-à-Mousson et d'Apremont-la-Forêt, Metz, Éditions Serpenoise, , 145 p. (ISBN 2-87692-339-4)

Lebocq, Henri-Marie (Général), La Division du Bois-le-Prêtre, devant le fort de Troyon et à Lironville, septembre 1914, au Bois-le-Prêtre, septembre 1914 - juillet 1916, Nancy, Impr. centrale de l'Est, , 49 p.

Lebocq, Philippe, "Le Général 15 centimes" (biographie du Général Henri Lebocq), Éditions Les Fous du Désert, (ISBN 2-914130-05-8)

Marthe, Joseph, Lucien, Marcel Papillon, Si je reviens comme je l’espère », Lettres du Front et de l’Arrière, 1914-1918, Paris, Grasset, , 399 p.

Olry, Bernard, Ceux du Bois-le-Prêtre, 1914-1918, Haroué, Gérard Louis éditeur, , 165 p. (ISBN 2-914554-54-0)

Pillard Albert, Classe 15, Paris, Editions Jules Taillandier, , 220 p.

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Rouyer, Bruno, Avoir 20 ans au Bois-le-Prêtre, Haroué, Gérard Louis éditeur, , 240 p. (ISBN 978-2-357-63078-9)

Rouyer, Bruno, Emile K, des champs de blé aux champs d'honneur, Haroué, Gérard Louis éditeur, , 240 p. (ISBN 978-2-357-63137-3)

Toussaint, Dominique, Les Loups du Bois-le-Prêtre, Haroué, Gérard Louis éditeur, , 237 p. (ISBN 978-2-914-55480-0)

Variot, Jean-James, La Croix des Carmes, documents sur les combattants du Bois-le-prêtre..., Paris, Berger-Levrault, , 101 p.

(de) Cron, Hermann, Infanterie-Regiment Markgraf Karl Nr. 60 (de) in dem großen Kriege 1914 - 1918, , 317 p., p. 29

(de) Toller, Ernst, Eine Jugend in Deutschland. - Carl Hanser Verlag, 1978. - (Gesammelte Werke, Bd 4), Les chapitres 3 et 4 concernent le passage de l'auteur au Bois-le-Prêtre en 1915 vraisemblablement près de Norroy-lès-Pont-à-Mousson dans un régiment d'artillerie bavarois]

(de) Toller, Ernst, Leichen im Priesterwald [(1916)] 1924 (Verse vom Friedhof) In: Vormorgen (Potsdam), , p. 17

(de) Zwischen Maas und Mosel, Armee-Abteilung von Strantz. - Siegburg, ca, , 140 p.

(ang) Amis de la France, le Service de campagne de l'Ambulance américaine décrit par ses membres. Traduction [de l'anglais] de Firmin Roz. Préface de S.E.M. J.-J. Jusserand..., Paris, Plon, , 331 p.
(ang) Beston, Henry, 1888-1968. - A volunteer poilu / by Henry Sheahan, Houghton, 217 p.
(ang) Friends of France, The field service of the American ambulance..., New York, Houghton Mifflin company,

Articles connexes[modifier | modifier le code]

American Ambulance

Liens externes[modifier | modifier le code]