Étienne Riché

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Étienne Riché
Illustration.
Photographie d'Étienne Riché en 1931.
Fonctions
Sous-secrétaire d'État à la Défense nationale

(2 mois et 20 jours)
Président Paul Doumer
Gouvernement Tardieu III
Législature XIVe législature
Coalition Union nationale
Sous-secrétaire d'État à l'Air

(1 an et 10 jours)
Président Paul Doumer
Gouvernement Laval I, Laval II, Laval III
Législature XIVe (Troisième République)
Coalition Union nationale
Député français

(2 ans, 1 mois et 30 jours)
Élection 1er mai 1932
Circonscription Sedan
Législature XVe (Troisième République)
Groupe politique GR (1932-1934)
Prédécesseur Jules Courtehoux
Successeur Edmond Barrachin

(3 ans, 11 mois et 30 jours)
Élection 29 avril 1928
Circonscription Mézières 1
Législature XIVe (Troisième République)
Groupe politique GSR (1928-1932)
Coalition Union nationale
Prédécesseur Edmond Petitfils
Successeur Maurice Voirin
Conseiller général des Ardennes

(12 ans, 9 mois et 29 jours)
Circonscription Canton d'Omont
Prédécesseur Georges d'Hôtel
Successeur Ernest Labbé
Biographie
Nom de naissance Jean Marcel Étienne Riché
Date de naissance
Lieu de naissance Charleville
Date de décès (à 51 ans)
Lieu de décès 7e arrondissement de Paris
Nationalité Drapeau de la France France
Parti politique Parti républicain de réorganisation nationale
AD
RI
Fratrie Georges Riché
Diplômé de ELSP
Profession Banquier

Étienne Riché est un homme politique et banquier français, né le à Charleville dans les Ardennes et mort le à Paris.

Issu d'une famille de notables, Riché s'impose localement au cours de l'entre-deux-guerres en devenant le chef de file de la droite ardennaise[1]. Homme de centre-droit, Il est « l'un des talents prometteurs »[2] de sa génération. Ardent défenseur des banques populaires, il s'intéresse aussi aux problèmes touchant l'aéronautique et s'investit dans les milieux anciens combattants.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et famille[modifier | modifier le code]

Petit-fils de Jules François Riché, il est le fils de Maurice (1852-1913), bâtonnier de l'ordre des avocats de Charleville, et de Stéphanie Colle. Il est le frère aîné de Georges Riché et sa sœur Thérèse épouse Édouard Escarra[3] tandis que sa sœur Françoise (1889-1984) épouse Émile Henriot.

Il épouse Madeleine Lenormand. Leur fils aîné Philippe, aviateur, meurt au début de la Seconde Guerre mondiale le à Tagnon[4]. Sa fille Hélène épouse en 1939 Jacques Alibert, fils de Raphaël Alibert. Enfin leur dernier fils Daniel a été, entre autres, délégué interministériel à l'insertion des jeunes [Note 1].

Première Guerre mondiale[modifier | modifier le code]

Officier de réserve, Étienne Riché est mobilisé le 1er août 1914 au 91e régiment d'infanterie de Mézières où il a effectué son service militaire. Deux fois blessé, d'abord en septembre 1914 puis en , il est promu capitaine cette année-là et obtient deux citations. À sa demande, il est affecté à une unité aérienne au sein de laquelle il termine la guerre.

Ancien combattant, Riché devient en 1932 président de l'Association des officiers de réserve de l'aéronautique[5].

Carrière professionnelle[modifier | modifier le code]

Ancien élève de l'École libre des sciences politiques et docteur en droit[Note 2], Étienne Riché se tourne vers le secteur bancaire et s'investit dans les milieux mutualistes. Dans l'immédiat après-guerre, il participe à la fondation de la Société ardennaise de crédit puis dirige la Banque populaire de Charleville.

Il est le premier président de la Chambre syndicale des banques populaires de France. Il a d'ailleurs été le rapporteur du projet de loi visant à la créer en 1929. Une fois devenu député, la trajectoire professionnelle de Riché se confond avec son parcours politique. Il utilise son entregent pour promouvoir le crédit populaire auprès de ses collègues parlementaires et des gouvernements. Il est notamment à l'origine d'un groupe parlementaire de défense des banques populaires[6].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

La carrière politique d'Étienne Riché commence en 1921. Propriétaire à Touligny, il parvient à se faire élire conseiller général[7] du canton d'Omont, mandat qu'il conserve jusqu'à son décès. Aux élections législatives de 1924, il rejoint la liste de l'Union républicain ardennaise, une coalition regroupant les modérés du département, mais n'obtient pas de siège[8].

Au début des années 1920, le conseiller général d'Omont adhère au petit et éphémère Parti républicain de réorganisation nationale fondé en 1919 par des hommes comme Colrat ou Bokanowski. Ce mouvement, appelé également « Quatrième République », réunissait alors des hommes de divers horizons politiques désirant un changement institutionnel. Par la suite, il se rapproche de l'Alliance démocratique[9].

Député et positionnement politique[modifier | modifier le code]

Riché se présente comme radical indépendant en 1928 dans la première circonscription de Mézières. Il est élu de justesse face à Émile Jevais, maire SFIO de Braux, avec seulement six voix d'écart. Il doit sa victoire au maintien du communiste Mayer au second tour. A la Chambre, il adhère au groupe de la Gauche sociale et radicale, rejoignant ainsi des hommes nouvellement élus comme lui tels Cathala ou de Fels, qu'il avait côtoyés au Parti républicain de réorganisation nationale.

En 1932, Riché passe dans la circonscription de Sedan qui vient d'être rétablie. Il est élu dès le premier tour face au socialiste Tellier et au communiste Sampaix. Son précédent groupe n'ayant pas été reconduit, il siège désormais avec la Gauche radicale.

Activités parlementaires et extraparlementaires[modifier | modifier le code]

Étienne Riché, alors sous-secrétaire d'État à la Défense nationale, accueillant le premier ministre britannique Ramsay MacDonald au Bourget, le 20 avril 1932.

À la suite de sa première élection à la députation, il affirme à son ami Jean de Grandvilliers : « J'entre à la Chambre pour y exercer une action bien déterminée. Je veux y sauver notre aviation, je n'y veux pas d'autre tâche »[10]. Depuis son passage dans l'aviation lors de la Première Guerre mondiale, Riché montre en effet un grand intérêt pour les questions aériennes, tant civiles que militaires. Il entre à la commission de l'Aéronautique en 1929 puis en prend la présidence en 1933. La même année, il devient président de l'Aéro-Club de France, succédant à Pierre-Étienne Flandin.

Il occupe les fonctions de sous-secrétaire d'État à l'Air de janvier 1931 à février 1932 au sein des trois premiers gouvernements Laval, puis est nommé sous-secrétaire d'État à la Défense nationale entre février et mai 1932 dans le troisième gouvernement Tardieu. De cette activité gouvernementale, on lui doit notamment la fondation de l'École des apprentis mécaniciens de l'Armée de l'air, devenue École de formation des sous-officiers de l'Armée de l'air.

Malade, Riché se met en congé parlementaire en 1933. Mais ses responsabilités le rappellent et l'obligent à revenir siéger. C'est le cas en mars 1934 lors du vote d'une loi réformant la Chambre syndicale des banques populaires[11].

Comme ancien combattant de la Grande Guerre, il adhère à l'association des Croix-de-Feu[12], dont son frère Georges est d'ailleurs le trésorier. Lors des manifestations du 6 février 1934, Étienne Riché, présent à la Chambre, tient par liaison téléphonique La Rocque au fait de l'attitude de ses collègues parlementaires face aux événements qui se déroulent alors[13].

Rattrapé par la maladie, Riché s'éteint à Paris le . Le lieutenant-colonel André Langeron déclare devant le cercueil dans une détresse bouleversante d'après Grandvilliers : « Un tel homme ne peut être remplacé, lui seul eût été capable de garder à la France sa place de grande puissance aérienne, lui seul possédait l'indépendance, la méthode et la foi ! L'équipe des Ailes[Note 3] décapitée retrouvera-t-elle un chef digne d'elle ? »[14].

Riché, avec quelques autres modérés tels Piétri ou Franklin-Bouillon, a contribué à lancer la carrière du jeune Edmond Barrachin. C'est d'ailleurs ce dernier qui lui succède à la députation de l'arrondissement de Sedan lors de l'élection partielle de [15].

Fonctions gouvernementales[modifier | modifier le code]

Décorations et hommage[modifier | modifier le code]

Sa famille a créé en 1955 un prix Étienne et Philippe Riché qui vise à aider des jeunes à poursuivre une carrière dans l'aéronautique. En 2014, après plusieurs années d'abandon, il a de nouveau été décerné par la Fondation Riché[17].

L'Aérodrome de Charleville-Mézières a été dénommé officiellement le Aérodrome des Ardennes - Étienne Riché en son honneur.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Daniel Riché, poste dans le gouvernement Chirac, 1986-1988.
  2. Sa thèse est soutenue en 1909, à Paris, et portait sur La Situation des ouvriers dans l'industrie automobile. Voir à ce propos: Fiche d'Étienne Riché sur le site de la BnF
  3. Il s'agit de la revue Les Ailes, un hebdomadaire d'aviation ayant paru entre 1921 et 1963 (lire en ligne sur Gallica). Le périodique soutenait l'action parlementaire et gouvernementale de Riché, lui-même y publiait régulièrement.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Raymond Stévenin, « Les élections de 1936 dans les Ardennes », Revue historique ardennaise, no XXI,‎
  2. Gilles Le Béguec, « Edmond Barrachin : le temps des apprentissages », Parlement[s], no 16,‎ , p. 154 (lire en ligne)
  3. Pour le détail des alliances, on peut se reporter à : Vincent Wright, Eric Anceau & alii, notice biographique de "Louis Tirman" dans Les préfets de Gambetta, Paris, PU Paris-Sorbonne, 2007, pp.399-400; disponible en ligne [1].
  4. Voir la fiche de Philippe Riché sur Mémoire des hommes
  5. Historique de l'Association nationale des officiers de réserve de l'armée de l'air
  6. Elisabeth Albert, Les banques populaires, p.70.
  7. Notice biographique d'Étienne Riché
  8. Raymond Stévenin, « Les élections de 1924 dans les Ardennes », dans Revue historique ardennaise, XXIII, pp.181 à 194.
  9. Gilles Le Béguec, « Edmond Barrachin », pp. 154 à 156.
  10. Cité par Jean de Grandvilliers dans sa préface à André Langeron, Misère et grandeur de notre aviation, Éditions Baudinières, 1942; préface disponible sur L'Aviation Française, des Hommes et des Ailes.
  11. Elisabeth Albert, Les banques populaires, pp.78-79.
  12. Jacques Nobécourt, La Rocque, p.385.
  13. Jacques Nobécourt, La Rocque, p.262.
  14. Grandvilliers, ibidem.
  15. Gilles Le Béguec, ibidem, p.152.
  16. Pour toutes ces décorations, se reporter à la fiche militaire (année 1903, matricule 713) de Riché sur: Archives départementales des Ardennes, registres matricules du recensement militaire
  17. Site internet de la Fondation Riché[2]

Sources[modifier | modifier le code]

  • Elisabeth Albert, Les banques populaires, 130 ans de coopération (1878-2008), « Éditions d'organisation », Eyrolles, 2008.
  • « Étienne Riché », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition].
  • Gilles Le Béguec, « Edmond Barrachin: Le temps des apprentissages », dans Parlement[s], Revue d'histoire politique, L'Harmattan, n°16, 2011/2, pp. 150 à 160.
  • Jacques Nobécourt, Le colonel de La Rocque, ou les pièges du nationalisme chrétien, Paris, Fayard, 1996.

Liens externes[modifier | modifier le code]