Wilhelm Stiassny

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Wilhelm Stiassny
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 67 ans)
Bad IschlVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Ancien cimetière juif de Vienne (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité
Enfant
Sigmund Stiassny (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
signature de Wilhelm Stiassny
Signature
Vue de la sépulture.

Wilhelm Stiassny, né le à Presbourg [1], et décédé le à Bad Ischl[2], est un architecte autrichien d'origine juive, cofondateur du Wiener Bauhütte. Siégeant au conseil municipal de Vienne, il est aussi un membre actif de la communauté juive. En plus des bâtiments résidentiels et commerciaux qu'il a conçus, il est particulièrement célèbre pour avoir intégré le style mauresque dans les nombreuses synagogues qu'il a construites.

Sa vie[modifier | modifier le code]

Maison au 3 Doblhoffgasse à Vienne, construite en 1874-1875
Maison au 13 Rathausstraße à Vienne, construite en 1881-1882 par Wilhelm Stiassny pour sa femme Julia Stiassny. La maison a été partiellement détruite durant la Seconde Guerre mondiale. Seuls les deux étages inférieurs sont d'origine
Maison Königswarter au 15-17 Rathausstraße à Vienne, construite en 1882
Crypte de la famille Rothschild au cimetière central de Vienne, construite en 1894

Wilhelm Stiassny, fils aîné du marchand Abraham Stiassny et de son épouse Josefine, née Breslauer, est né en 1842 à Presbourg, aujourd'hui Bratislava. Il n'a que quatre ans, quand sa famille s'installe à Vienne dans le quartier du textile. À partir de 1848, Stiassny suit d'abord des cours à l'école paroissiale et à l'école secondaire de Leopoldstadt, puis à l'école secondaire de Heiligenkreuzerhof et ensuite au collège situé au centre-ville de Vienne.

Dans les années 1857 à 1861, il étudie au k.k. Polytechnisches Institut de Vienne (actuellement Université technique de Vienne), les mathématiques supérieures, la physique, la géométrie descriptive et pratique, la mécanique, l'agriculture, l'hydraulique ainsi que le dessin. En octobre 1861, il rejoint l'académie des beaux-arts où il étudie jusqu'en 1866 l'architecture avec Eduard van der Nüll, Carl Roesner, Friedrich von Schmidt et August Sicard von Sicardsburg. Avec d'autres étudiants, il fonde en 1862 le Wiener Bauhütte, une association d'étudiants de l'Académie, que rejoindra plus tard, presque tous les architectes viennois. En février 1864, il est admis comme membre de l'Association autrichienne des ingénieurs et des architectes[3]

En 1867, après avoir obtenu son diplôme, Stiassny est nommé délégué de la Commission autrichienne pour les travaux d'installation de l'Exposition universelle de Paris, où il fait partie du jury international pour les maisons ouvrières. Ce sujet l'intéresse particulièrement et le conduit en 1868 à la fondation de la société viennoise de construction à but non lucratif, considérée comme précurseur du Sozialbaubewegung (Mouvement de logements sociaux)[4]

Après cinq ans passé dans l'atelier de Friedrich von Schmidt et plusieurs voyages d'études, Stiassny s'installe en 1868 comme architecte indépendant à Vienne. La même année, il épouse Julia Taussig, un Juive hongroise originaire de Székesfehérvár, qui va favoriser la carrière de son mari, avec son salon viennois[5]. Leur fils unique Sigmund nait en 1873[6].

Stiassny devient bientôt un des architectes les plus recherchés de Vienne. Il emploie plusieurs collaborateurs dont Ignaz Nathan Reiser (1863-1940), qui sera aussi très impliqué dans la construction de synagogues[5].

De 1878 à 1900 et de nouveau de 1904 à 1910, Stiassny est membre du conseil municipal de Vienne en tant que représentant du parti libéral. Il y traite principalement des questions d'architecture et d'urbanisme et doit faire face à un antisémitisme en plein essor. En 1894, il est condamné à douze heures de détention lors d'un procès pour diffamation d'un conseiller municipal antisémite. Ce jugement est confirmé en appel, mais converti en une amende de 50 florins. En 1894-1895, en tant que conseiller municipal de Vienne, il est obligé de quitter son cabinet d'architecte sous la pression antisémite du Christlichsoziale Partei (Parti chrétien-social autrichien) de Karl Lueger[7].

De 1879 jusqu'à sa mort, Stiassny est membre du conseil de la Communauté juive de Vienne, où il s'occupe principalement des problèmes de construction. Il est également membre fondateur de la loge maçonnique viennoise du B'nai B'rith ainsi que de plusieurs associations d'entraide pour la population juive de Vienne[8]Il fréquente les grandes familles juives viennoises comme les Rothschild ou les Königswarter. Outre la construction de résidences d'apparat, Stiassny construit en leur nom de nombreuses institutions de bienfaisance, comme le Israelitisches Blindeninstitut (Institut israélite pour aveugles) de la Fondation Königswarter sur la Hohe Warte à Vienne, ou le Rothschild-Spital (Hôpital de la communauté israélite) à Vienne-Währing.

Début février 1895, est fondée la Gesellschaft für Sammlung und Conservirung von Kunst- und historischen Denkmälern des Judenthums (Société pour la collecte et la préservation de l'art et des monuments historiques du judaïsme) avec Stiassny comme président élu. Le 1er novembre de la même année, s'ouvre à Vienne, au 13 Rathausstrasse, le premier musée juif au monde. La maison a été construite de 1881 à 1882 par Stiassny pour sa femme et sert jusqu'en 1901, aussi de résidence à sa famille et comme atelier pour Stiassny[9].

Stiassny est en contact avec Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique depuis 1895. En 1904, est créé à Vienne la Jüdische Kolonisationsverein (Association de colonisation juive) dont Stiassny est le président jusqu'à sa mort. Le programme officiel de l'association est détaillé dans une publication de 54 pages divisée en plusieurs chapitres: géographie de la Palestine; sa population; son commerce; son industrie; ses transports; la colonisation; les colonies juives; problèmes politiques; problèmes financiers. Cette publication présente en détail les premiers plans pour les colonies juives en Palestine. En plus Stiassny élabore un plan pour la future ville de Tel Aviv, sans jamais avoir été en Palestine[10].

Stiassny reçoit en 1883 le titre kk Baurat (architecte en chef impérial et royal). Dix ans plus tard, il devient citoyen d'honneur de la ville de Vienne et en 1903, il est décoré de la Croix d'officier de l'ordre de François-Joseph. En 1900-1901, il construit une maison au 8 Krugerstraße dans le centre de Vienne où il vivra et travaillera jusqu'à sa mort. Il meurt le lors d'une cure thermale à Bad Ischl et est enterré le 14 juillet dans le cimetière central de Vienne[11].

Son œuvre[modifier | modifier le code]

Stiassny est l'un des architectes les plus prolifiques de son époque. Il a construit environ 170 bâtiments résidentiels et commerciaux, des usines, des écoles, des hôpitaux, douze synagogues néo-mauresques et néo-romanes, ainsi que des et monuments funéraires principalement pour des clients juifs.

Synagogues[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (de): Enregistrements dans le registre des naissances de la communauté israélite de Presbourg; L'enregistrement Nr. 266, indique comme date de naissance le 14 octobre et non le 15 octobre, et comme prénom du nouveau-né Philipp et non Wilhelm. Le nom du père est écrit Styassny Abraham
  2. Le lieu de naissance et les dates de naissance et de décès ne sont pas identiques selon les auteurs. La Jewish Encyclopedia donne Vienne comme lieu de naissance. Le Wien-Lexikon de Felix Czeike donne le 15 décembre comme date de naissance et le 16 juin comme date de décès. Satoko Tanaka dans sa thèse sur Stiassny, fournit des preuves attestant les dates du 15 octobre 1842 pour la naissance et du 11 juillet 1910 pour le décès. (voir: Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; page: 19)
  3. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 16 à 19
  4. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 16 à 20
  5. a et b (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 20 et suivantes
  6. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; page: 16
  7. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 32 à 37
  8. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 21 et suivantes
  9. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 137 à 140
  10. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; pages: 145 à 156
  11. (de): Satoko Tanaka: Wilhelm Stiassny (1842–1910). Synagogenbau, Orientalismus und jüdische Identität; thèse universitaire; Université de Vienne; 2009; page: 22
  12. (en): Joshua Shanes: Ivano-Frankivs’k; site: The YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe
  13. (en): Bob Martens et Herbert Peter: The Destroyed Synagogues of Vienna. Virtual City Walks; éditeur: LIT Verlag; Münster; 2012; pages: 51 à 60; (ISBN 3643901704 et 978-3643901705)

Littérature[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]