Serge Charchoune

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Serge Charchoune (en russe : Сергей Иванович Шаршун, Sergueï Ivanovitch Charchoun), né le 4 août 1889 à Bougourouslan en Russie et mort le 24 novembre 1975 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), est un peintre et un poète d'origine russe.

Biographie

Renonçant à une carrière de négociant, Serge Charchoune étudie la peinture à Moscou et tente, sans succès, d'entrer à l'École des Beaux-Arts. Il ne sait pas dessiner : « J'ai toujours détesté dessiner, le dessin et la peinture sont, à mes yeux, les plus grands ennemis[1] ».
En 1912, après avoir déserté le service militaire, il arrive à Paris et s'inscrit à l'atelier du peintre cubiste Henri Le Fauconnier. Après la déclaration de guerre d'août 1914, il se réfugie à Barcelone où il rencontre le boxeur-poète Arthur Cravan, les peintres Albert Gleizes, Marie Laurencin et Francis Picabia, et Josef Dalmau à la fois antiquaire et passionné par l'art d'avant-garde. Grâce à ce dernier, Charchoune expose des peintures abstraites qu'il qualifie lui-même d'« ornementales » (1916 et 1917).

Après la révolution bolchévique d'octobre 1917, il tente de rentrer en Russie, mais échoue finalement à Paris. Le 26 mai 1920, il assiste au Festival Dada de la salle Gaveau et retrouve Picabia. Il fréquente les réunions des dadaïstes au café Certá (passage de l'Opéra) et participe aux manifestations Dada, notamment le « procès Barrès » organisé par André Breton en mai 1921. Au salon Dada de la galerie Montaigne, organisé par Tristan Tzara un mois plus tard, Charchoune expose des dessins inspirés des œuvres « mécaniques » de Picabia. Il compose également un poème illustré de douze dessins Foule immobile très bien accueillis par les dadaïstes.

À son tour, il crée un groupe Dada appelé Palata Poetov (« La Chambre des Poètes ») qui se réunit au café Caméléon, 146, boulevard du Montparnasse. Le 21 décembre 1921, une soirée « dadaïste russe » est un échec malgré la présence de Breton et Louis Aragon. Charchoune ne persiste pas et, en mai 1922, il se rend à Berlin, toujours dans l'espoir d'obtenir un visa pour l'URSS. Il y créé une revue Dada en langue russe Perevoz Dada (« Le Transbordeur Dada ») dont il rédige seul le premier numéro (juin 1922[2]). Après avoir édité une anthologie de poésie dadaïste allemande, française et russe Dadaizm, kompilacija et collaboré à diverses revues comme Merz de Kurt Schwitters, Charchoune délaisse le mouvement.

À Berlin, toujours, il expose une nouvelle série de peintures qu'il appelle « cubisme ornemental ». Il rencontre des artistes russes déçus par la révolution, dont la danseuse Isadora Duncan. Charchoune renonce alors à rentrer en URSS et retourne à Paris (1923). Après sa rencontre avec Amédée Ozenfant, il adopte le style puriste. À partir de 1954 son œuvre devient de plus en plus abstraite et dépouillée, quasi monochrome, inspirée par la musique.
Bien qu'il se gardera de participer à tout autre mouvement, Charchoune n'aura jamais, jusqu'à sa mort, renié son adhésion à Dada.

Man Ray a réalisé un portrait de Charchoune (entre 1922 et 1925)[3].

Œuvres

  • Le Jeu du point. Mouvement d'un film peint, 1916, peinture.
  • Dragon mécanique, 1917, peinture.
  • Chant-canon, 1917.
  • Éclipse, 1921, dessin.
  • Foule immobile, 1921, poème avec douze dessins de l'auteur.
  • Six portraits Dada, 1922, dessin.
  • Paysage Dada, 1922, peinture.
  • Composition, 1927, huile sur toile, 55 × 46 cm, collection particulière[4].
  • Nature morte, 1927, huile sur toile, 23 x 41 cm, Musée Pierre André Benoit, Alès.
  • Nature morte au couteau, 1943, huile sur carton, 38 × 46 cm, Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut[4].

Bibliographie

  • Alain Bosquet « Charchoune, une archéologie de l'âme ».
  • Isabelle Ewig « Serge Charchoune, soleil russe », Galerie Thessa Herold, Paris, 2007.
  • René Guerra « Profil de Charchoune », Galerie de Seine, Paris, 1973.
  • Laurent Le Bon (sous la direction de) « Dada », catalogue de l'exposition présentée au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou du 5 octobre 2005 au 9 janvier 2006, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2005.
  • Giovanni Lista « Dada libertin & libertaire », L'Insolite, Paris, 2005.

Notes

  1. Cité par Luc Vezin dans Beaux Arts magazine n°68, mai 1989, p. 103.
  2. Cette revue perdurera jusqu'en 1949.
  3. Photo reproduite in Laurent Le Bon, op. cité, p. 9.
  4. a et b Reproduction dans Beaux Arts magazine n°68, mai 1989, p. 103.