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Léon Thérémine

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Léon Thérémine
Léon Thérémine jouant devant son thérémine en 1927.
Fonctions
Directeur général
-
Chef de département (d)
Institut physico-technique Ioffe
à partir de
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalités
Domiciles
Formation
École d'ingénieurs Nikolaïev (d) (années 1910-)
Conservatoire Rimski-Korsakov de Saint-Pétersbourg (jusqu'en )
École militaire électrotechnique (d) (jusqu'en )
Université polytechnique de Saint-Pétersbourg Pierre-le-Grand (-)
Premier gymnasium classique de Saint-PétersbourgVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Conjoint
Lavinia Williams (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Université d'État de Moscou (à partir de )
Conservatoire Tchaïkovski de Moscou (-)
Bureau CKB-29 NKVD (d) (-)
Institut d'État des sciences de la musique (d) (à partir de )
Institut physico-technique Ioffe (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parti politique
Instruments
Distinction
Prix Staline ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Thérémine (), La Chose (), Rhythmicon (d) ()Voir et modifier les données sur Wikidata

Léon Thérémine[Note 1], né Lev Sergueïevitch Termen (en russe : Лев Сергеевич Термен) le et mort le , est l'ingénieur russe qui a inventé le thérémine, le premier instrument de musique électronique[1],[2].

Biographie

Lev Sergueïevitch Termen est né à Saint-Pétersbourg, issu d'une famille aux lointaines origines françaises. Il fait ses études au premier gymnasium classique. Il est passionné de musique et de physique et se consacre à l’étude du génie électrique à l’université de Pétrograd.

En 1919, il met au point l’« éthérophone » ou thérémine, premier instrument de musique électronique. Cet appareil a comme particularité qu’on en joue sans le toucher, en bougeant les mains dans un champ électromagnétique émis par deux antennes. Il en joue devant Lénine en 1922 et enthousiasme l’intelligentsia. En 1927, il entreprend une tournée en Occident et donne des concerts d’« éthérophone » en Europe et en Amérique du Nord. Il s’établit à New York et reçoit un accueil triomphal. Il obtient pour son invention un brevet américain le [3] mais il conclut une entente avec les sociétés General Electric et RCA pour la commercialisation de son appareil, sous le nom de « thereminvox » bientôt raccourci en « thérémine ». C’est un échec mais Léon Theremine continue à donner des cours de « thérémine », des concerts et à faire des inventions dont le « terpsitone » : inspiré du thérémine, cet appareil se présente sous la forme d’une scène munie d’antennes. Des danseurs y évoluent, produisant la musique par les mouvements de leurs corps dans le champ électromagnétique.

Léon Thérémine, qui manquait de connaissances musicales de base, a pu bénéficier des conseils de Clara Rockmore violoniste virtuose qui travailla directement avec lui dès les premiers jours du développement commercial de son instrument aux États-Unis. Elle lui soumit un grand nombre de suggestions et de propositions de modifications pour améliorer l'instrument, qu'il incorpora dans les versions plus tardives. Il la demanda en mariage à plusieurs reprises, mais sans succès[4].

En 1938, l’inventeur disparaît mystérieusement, et sa mort est officiellement annoncée. Les recherches de son épouse et de ses amis n’aboutissent pas et il est progressivement oublié ; certains affirmèrent qu'il avait tout simplement le mal du pays, tandis que d'autres croyaient qu'il avait été enlevé par des agents du NKVD. Plusieurs années plus tard, on a su que Thérémine était retourné dans son pays natal à cause de problèmes fiscaux et financiers aux États-Unis[Note 2],[5]. Toutefois, il aurait dit au physicien-musicien Bulat Galeyev[6] qu'il avait décidé de partir parce qu'il était inquiet devant l'imminence de la guerre.

Peu après son retour, à Léningrad, il fut incarcéré à la prison de la Boutyrka à Moscou, puis déporté pour une durée de huit ans, dans les mines d'or de Kolyma, sous le prétexte d'avoir planifié avec un groupe d'astronomes, l'assassinat de Sergueï Kirov, lors de sa visite prévue à l'observatoire de Poulkovo[7].

Bien que les rumeurs de son exécution aient été largement diffusées, il ne resta qu'un an dans le camp de travail, puis il a été transféré à l'hiver 1940, à Omsk dans une charachka — un laboratoire surveillé par la police secrète, dans le système des camps du Goulag —, en collaboration avec Andreï Tupolev, Sergueï Korolev et d'autres scientifiques et ingénieurs. On le fit travailler sur d’autres sujets de recherche en électronique comme des appareils d'espionnage ou des brouilleurs de communications[7].

Il inventa le système d'écoute Bourane (Буран), (précurseur du micro espion laser), en utilisant, à distance, un faisceau infrarouge de faible puissance pour détecter les vibrations sonores dans la vitre d'une fenêtre. Beria, le chef de l'organisation de la police secrète NKVD (le prédécesseur du KGB), utilisera le dispositif Bourane pour espionner les ambassades européennes et américaines, à Moscou. En 1947, il a reçu le prix Staline pour son invention, et cette avancée technologique de l'espionnage soviétique[8].

Il inventa un autre dispositif d'écoute, basé sur le principe d'une cavité résonante à haute fréquence, associée à de l'électronique Chrysostome (Златоуст), dispositif passif, sans alimentation électrique (The Thing), utilisé pendant 6 ans à la résidence de l'ambassadeur américain à Moscou[Note 3], avant d'être découvert par hasard, par un opérateur radio britannique, en 1952[Note 4],[9].

En 1956, il a été réhabilité mais a continué à travailler dans les bureaux d'études secrets du NKVD, à développer les systèmes d'écoute, jusqu'à sa retraite en 1964.

Après la guerre, le « thérémine » connaît une deuxième vogue à Hollywood dans le domaine des effets sonores. Les Beach Boys utilisent un dérivé du thérémine inventé par Paul Tanner, l'« Electro-Theremin (en) » ou « Tannerin », pour leur chanson Good Vibrations. Robert Moog s’en inspire pour inventer le synthétiseur.

Dans les années 1980, le cinéaste Steven M. Martin (en), décide de tourner un documentaire sur le thérémine. Il rencontre Clara Rockmore, une ancienne virtuose du thérémine et amie de l’inventeur. Faisant des recherches sur sa disparition, ils se rendent en URSS où ils découvrent que Léon Thérémine est toujours vivant. Dans une interview, l'inventeur évoque pour la première fois sa disparition. En 1990, profitant de la « perestroïka » et de la « glasnost », le cinéaste organise son déplacement aux États-Unis où il peut assister à un concert de thérémine à l’université Stanford avant de retourner en Russie où il décède trois ans plus tard.

Autres inventions

  • Dans les années 1920, il a inventé le premier détecteur de mouvement pour portes automatisées qui utilisait le principe d'ondes du thérémine. Il a travaillé aussi sur l'un des premiers systèmes d'alarme antivol.
  • Dans le domaine de la télévision mécanique il a travaillé à l'utilisation du disque de Nipkow et en 1926, il a conçu la technique d'entrelacement pour améliorer la qualité d'un signal vidéo, encore largement utilisée dans la technologie de la vidéo et de la télévision. Cependant, un autre scientifique, l'américain Ulises Armand Sanabria (en) a aussi travaillé dans le domaine de la télévision mécanique en 1926, mais n'a pu breveter son invention qu'en 1931[10].

Famille

  • Premier mariage avec Ekaterina Konstantinova, sans enfants ;
  • Second mariage avec Lavinia Williams, sans enfants;
  • Troisième mariage avec Maria Feodorovna Gushina, dont :
    • Elena Thérémine - fille ;
    • Nathalya Thérémine - fille ;
      • Olga Thérémine- petite-fille ;
      • Maria Thérémine - petite-fille ;

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Notes et références

Notes

  1. Aussi écrit « Leon Theremin » par romanisation du russe vers l'anglais.
  2. Son arrière petit-fils, Peter Theremin, dans un entretien avec un journaliste, a raconté comment son arrière-grand-père était devenu millionnaire aux États-Unis avant de rentrer en 1938 en Russie
  3. Le , une délégation de l'Organisation des jeunes pionniers de l'Union soviétique, a offert une réplique en bois du Grand sceau des États-Unis, à l'ambassadeur Averell Harriman, comme un geste d'amitié de l'URSS, envers son allié. L'ambassadeur américain l'a accroché dans son bureau, à sa résidence à Moscou Spaso House
  4. L'opérateur radio britannique a entendu des conversations américaines sur un canal radio ouvert par les Soviétiques, et rayonnant depuis le bureau de l'ambassadeur. C'est alors que le nouvel ambassadeur George F. Kennan, a fait effectuer des contre-mesures techniques de surveillance secrète (en), qui ont permis de découvrir dans le joint, un microphone et un résonateur, qui pouvaient être activés par un signal radio. Parce que son dispositif était passif, et activé par l'énergie électromagnétique d'une source extérieure, il est considéré comme un précurseur des technologies RFID.

Références

  1. Notes musicales - 08/07/2011, « Le Theremin et les ondes Martenot », sur notesmusicales.wordpress.com (consulté le )
  2. « Le thérémine », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  3. (en) Leon Theremin, « Theremin : The Theremin (1917) », sur sites.google.com (consulté le ).
  4. BFM TV, « Clara Rockmore, virtuose du thérémine, naissait il y a 105 ans », sur bfmtv.com, (consulté le ).
  5. (ru) Jewish.ru, « Как Лев Термен стал миллионером в США и выжил на Колыме (Comment Leo Theremin est devenu millionnaire aux États-Unis et a vécu à Kolyma) », sur forumdaily.com,‎ (consulté le )
  6. Eléonore Schöffer, « "Comment ! vous ne connaissez pas Bulat Galeyev !" », sur olats.org (consulté le ).
  7. a et b (ru) Svetlana Bazhenov, Inventions et inventeurs de Russie, « ЛЕВ СЕРГЕЕВИЧ ТЕРМЕН (1896–1993) - (Lev Sergeyevich Termen (1896-1993) », sur inventor.perm.ru (consulté le )
  8. (ru) Université d'État Lomonossov de Moscou, Département de Physique, « ЛЕВ СЕРГЕЕВИЧ ТЕРМЕН (15.08.1896 – 03.11.1993) », sur phys.msu.ru (consulté le )
  9. (en) Kevin D. Murray, « The Great Seal Bug Story Part 1 », sur spybusters.com (consulté le )
  10. (en) Paul Marshall, « Interlacing – the hidden story of 1920s video compression technology : Entrelacement - l'histoire cachée de la technologie de compression vidéo des années 1920 », sur becg.org.uk, (consulté le ).

Voir aussi

Liens externes

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