Georges Rodenbach

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Georges Rodenbach
Description de l'image Georges_Rodenbach,_portrait.jpg.
Naissance
Drapeau de la Belgique Tournai
Décès
Drapeau de la France Paris
Activité principale
Auteur
Mouvement Symbolisme

Œuvres principales

Georges Rodenbach, né le à Tournai et mort le à Paris, est un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle.

Biographie

Georges Rodenbach est né à Tournai, rue des Augustins (maison disparue). Il a été baptisé à l'église Sainte-Marie Madeleine. Lié, par sa mère, aux familles Baclan et Debonnaire de la ville picarde. Issu d'une famille aristocratique d'origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ; son grand-père paternel, vénérable de la seule loge brugeoise La Réunion des Amis du Nord, chirurgien et député, est l'un des fondateurs de la Belgique ; son grand-oncle a créé la brasserie Rodenbach. Par sa grand-mère paternelle, il descend du poète romantique allemand Christoph Martin Wieland.

Georges Rodenbach passe son enfance à Gand où sa famille s'installe en 1855. Il fait de brillantes études au collège Sainte-Barbe, où il se lie avec Émile Verhaeren, et à la faculté de droit de l'université de Gand. Il est ensuite envoyé par son père à Paris, pour parfaire ses études, mais le jeune homme y fréquente surtout les milieux littéraires, puis il revient à Bruxelles, où il devient le collaborateur de l'avocat Edmond Picard.

En 1877, il publie son premier recueil de vers, Le Foyer et les Champs. En 1878, il effectue un premier séjour dans la Ville lumière où il fréquente assidument le cercle des Hydropathes. Il y nouera ses premières relations parisiennes : Catulle Mendès, François Coppée, Maurice Barrès ...

Délaissant le barreau en 1881, il se consacre à la littérature et collabore à La Flandre libérale et au premier numéro de La Jeune Belgique. Il publie La Mer élégante. En 1886, La Jeunesse blanche lui vaut la célébrité non seulement en Belgique mais aussi en France.

Impétueux animateur de la revue La Jeune Belgique, dont il est l'écrivain le plus doué avec son ami d'enfance Émile Verhaeren, il parvient à organiser en Belgique une tournée de l'écrivain Villiers de l'Isle-Adam. Peu après la mort de celui-ci, il invite son ami Stéphane Mallarmé qui évoque Villiers dans les cercles littéraires belges. Par des conférences, Georges Rodenbach introduit également la pensée pessimiste de Schopenhauer, qui va imprégner une grande partie de son œuvre.

Correspondant du Journal de Bruxelles, il s'installe définitivement à Paris en 1888, où son roman Bruges-la-Morte (1892), publié sous forme de feuilleton dans les colonnes du Figaro du 4 au 14 février et en volume en juin, chez Flammarion, chef-d'œuvre du symbolisme, remporte un très grand succès. Cet ouvrage, dont le personnage central est la ville de Bruges elle-même, contribue grandement à la renommée de la cité flamande. Il s'agit d'un des premiers romans illustrés. Ce procédé littéraire a inspiré André Breton pour son célèbre récit Nadja. Au Figaro, il se lie d'une profonde amitié intellectuelle avec le polémiste anarchisant Octave Mirbeau, celui qui fera découvrir au grand public Maurice Maeterlinck et qui est l'auteur du Journal d'une femme de chambre.

Il convient de mettre en parallèle l'œuvre de Rodenbach avec celle du peintre symboliste belge Fernand Khnopff qui, à l'époque de la parution de Bruges-la-Morte, participe aux Salons Rose+Croix de Sâr Péladan. En effet, le peintre symboliste a conçu le dessin-frontispice de Bruges-la-Morte.

Tombe de Georges Rodenbach au cimetière du Père-Lachaise
Auteur : Charlotte Besnard

Georges Rodenbach se lie avec Stéphane Mallarmé et devient un causeur éblouissant des Mardis de la rue de Rome, Rémy de Gourmont, Edmond de Goncourt qui le cite régulièrement dans son "Journal", Alphonse Daudet, Frédéric Mistral, Joris-Karl Huysmans, l'occultiste Jules Bois, Auguste Rodin, qu'il défend avec passion dans le Figaro, etc.

Parmi ses amis peintres et dessinateurs, il convient de citer Félicien Rops, Jules Chéret, le parrain du fils du poète, Alfred Stevens, Jan Toorop, Georges de Feure, Odilon Redon, Claude Monet, Paul Cézanne, Jean-François Raffaëlli, Albert Besnard, Lucien Lévy-Dhurmer, Eugène Carrière, Puvis de Chavannes, etc.

En 1888, l'écrivain épouse Anna-Maria Urbain, originaire de Frameries dans le Hainaut belge et journaliste, plus tard, à la Tribune de Genève. Albert Besnard en fit un portrait en 1897[1]. Leur fils unique, Constantin, sera naturalisé français.

Il collabore au Figaro où il publie Agonies de villes, série de portraits consacrés notamment à Bruges, Saint-Malo et Gand.

En 1894, il est le premier auteur belge à voir une de ses œuvres, Le Voile, mise au répertoire de la Comédie-Française. Il impose dans le rôle principal la jeune Marguerite Moreno qui l'évoque dans ses souvenirs littéraires. La même année, il est décoré de la Légion d'Honneur.

En 1896, il publie Les Vies encloses, recueil de poèmes inspiré par l'occultisme (Novalis) et le romantisme allemands. Bien que malade depuis de longues années, il publie un autre chef-d'œuvre, également situé à Bruges, Le Carillonneur (1897) mais d'une veine plus naturaliste, où il relate avec réalisme les débats qui animent la ville autour des partisans du projet Bruges-port-de-mer ou Zeebrugge et les défenseurs d'une ville d'art destinée à l'élite de l'humanité. Le poète craint en fait, mais à tort, que le développement du port commercial contribuera à détruire le patrimoine et l'esprit médiéval de Bruges, comme ce fut en partie le cas de Gand, sa ville d'enfance en proie à l'industrialisation galopante.

Le 12 août 1898, il publie, dans Le Figaro, un article sur Arthur Rimbaud (voir le texte de l'article : Arthur Rimbaud sur Wikisource).

Il meurt à 43 ans d'une appendicite le jour de Noël 1898. Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise. Marcel Proust lui vouait une grande admiration comme l'atteste son long message de condoléances : "M. Rodenbach était pour moi un objet de sympathie, d'admiration extrêmement vive." Par son côté dandy, Rodenbach serait l'un des modèles de Swann de À la recherche du temps perdu.

L'occultiste Catulle Mendès prononce son éloge funèbre.

Rodenbach était pressenti pour faire partie des membres fondateurs de l'Académie Goncourt.

De nombreuses plaques ou monuments commémoratifs honorent la mémoire du chantre de Bruges :

  • 1903 : Monument dû à George Minne, au Grand Béguinage Sainte-Élisabeth de Gand ;
  • 1923 : plaque apposée au 43, Boulevard Berthier à Paris, sa dernière demeure ;
  • 1948 : plaque apposée au 9, Boulevard Frère Orban (maison détruite), dans la ville de sa jeunesse à Gand, à deux pas du Petit Béguinage;
  • 1948 : Plaque apposée au 8, Van Eyckplein à Bruges ;
  • 1999 : Plaque apposée au 93, rue Berckmans à Saint-Gilles, commune de Bruxelles où il composa son premier recueil de qualité La Jeunesse blanche (1886) avant de monter à Paris.

Un médaillon d'Auguste Rodin à la mémoire de Rodenbach devait se dresser face au béguinage mais la Ville de Bruges refusa le projet.

À Tournai, Charlotte Besnard devait ciseler un buste du poète. À la suite de la mort du sculpteur, le projet n'aboutit pas. L'artiste réalisa cependant un surprenant tombeau expressionniste situé au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Le monument funéraire, d'inspiration rosicrucienne et/ou martiniste, montre le poète sortant du tombeau, une rose à la main. Une croix templière est gravée dans la partie inférieure du tombeau[2]. Selon l'avis mortuaire paru dans la presse, le poète aurait dû être inhumé à Bruges.

Selon le témoignage de René Micha, l'écrivain japonais Yukio Mishima aurait relu Bruges-la-Morte peu avant son suicide.

Le Fonds Georges Rodenbach est consultable à la Bibliothèque royale de Belgique (section Archives et musée de la littérature). Son mobilier et sa bibliothèque se trouvent au Musée de la vie tournaisienne à Tournai.

Né à Tournai, déclinant des thèmes flamands en langue française, comme Verhaeren, Georges Rodenbach, premier écrivain belge à réussir à Paris, résume à lui seul toutes les contradictions de la Belgique actuelle. Son cousin, le poète Albrecht Rodenbach s'est d'ailleurs fait le chantre d'une émancipation de la Flandre.

Œuvres

  • Œuvre poétique 2 vol., Archives Karéline, 2008
  • Le Foyer et les Champs (1877), poésies
  • Les Tristesses (1879), poésies
  • La Belgique 1830-1880 (1880), poème historique
  • La Mer élégante (1881), poésies
  • L'Hiver mondain, éditions Henry Kistemaeckers, Bruxelles, 1884
  • Vers d'amour (1884)
  • La Jeunesse blanche (1886), poésies
  • Du Silence (1888)
  • L'Art en exil (1889)
  • Bruges-la-Morte (1892), roman
    • Traduit en néerlandais chez Standaard Uitgeverij, Brugge, die stille, et chez P.N. Van Kampen & Zoon Brugge-de-dode[3]
    • Traduit en anglais (Éditeur Dedalus) par le poète Will Stone.
  • Le Voyage dans les yeux (1893)
  • Le Voile, drame, joué à la Comédie-Française le 21 mai 1894
  • L'Agonie du soleil (1894)
  • Musée de béguines (1894)
  • Le Tombeau de Baudelaire (1894)
  • La Vocation (1895)
  • À propos de "Manette Salomon". L'Œuvre des Goncourt (1896)
  • Les Tombeaux (1896)
  • Les Vierges (1896)
  • Les Vies encloses (1896), poème
  • Le Carillonneur (1897), roman
    • Traduit en néerlandais sous le titre De beiaardier[4]
    • Traduit en anglais sous le titre The Bells of Bruges
  • Agonies de villes (1897)
  • Le Miroir du ciel natal (1898)
  • Le Mirage (1900)
  • Évocations, Notice de Pierre Maes, La Renaissance du Livre, in-18°, 320 p. (1924)

Liens externes

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Notes et références

  1. Madame Georges Rodenbach, Albert Besnard, Toulon, musée des Beaux-Arts
  2. Georges Rodenbach ou La légende de Bruges, catalogue de l'exposition 2005 au Musée départemental Stéphane Mallarmé (Vulaines-sur-Seine)
  3. http://geudensherman.wordpress.com/2011/02/17/brugge-de-dode/
  4. http://www.bol.com/nl/p/nederlandse-boeken/de-beiaardier/1001004001833242/index.html